Monument commémoratif de la ‘Boerenkrijg’ (Guerre des paysans) à Bornem (province d'Anvers).
méridionaux. Les premiers commentaires s'attachent à décrire la période 1792-94: les questions militaires et les fluctuations de l'opinion publique y occupent la part du lion. Dans la deuxième partie, Piet Lenders traite avec force détails du Directoire. La politique préconisée par ce régime (1795-97) est passée au crible et jugée en toute objectivité. A la différence de beaucoup de ses confrères, Piet Lenders ne tire pas de conclusions sur le Directoire en se fondant sur la période antérieure, la Convention, ou bien sur l'ère napoléonienne qui suivit. Il juge le Directoire au titre des propres réalisations de ce régime. Dans sa peinture du passage d'une société représentée par les trois ordres à une société de classes, E. Hélin peut établir pour sa part que le sapement de la noblesse et du clergé était déjà bien avancé dès avant la Révolution. Dans sa contribution, L. Dhondt entend interpréter la
Boerenkrijg (Guerre des paysans, 1798) comme un ‘maillon d'une mutation plus large’; les données historiques, comme celles que révèle le dépouillement d'archives, manquent encore pour procéder à un travail comparatif (quelles étaient les réactions dans les Pays-Bas français face à la politique linguistique? face à la conscription? face à la politique en matière religieuse? etc.) ou pour jauger cette hypothèse.
Dans cette étude, l'ère napoléonienne (1799-1814/1815) obtient la faveur des plus larges commentaires. La société de l'époque y est examinée avec soin, tant sous ses facettes religieuse et culturelle, que sous son aspect économique. Toute une génération d'entrepreneurs, de fonctionnaires et de militaires est observée au regard de ses relations avec les autorités. La presse n'est pas non plus oubliée, elle qui avait fort à faire pour survivre sous le régime de la censure impériale. On s'est aussi attaché à cerner les concepts d'‘opinion publique’ et de ‘patriotisme’. J. Olcina est d'avis qu'aucune des formes de résistance observée ne peut être analysée comme une manifestation d'un sentiment national belge. Pour cette question également, une approche comparative pourrait apporter des lumières; qu'en était-il en l'occurrence de l'opinion publique dans le Nord de la France à partir du printemps 1813?
La dernière partie de l'ouvrage comprend un certain nombre de contributions ne couvrant pas l'une des périodes ci-dessus considérées; aussi sont-elles détachées de l'ensemble. Il s'agit, dans l'ordre, d'une présentation de la politique linguistique, d'un exposé sur les sens de la ‘fête’ à l'époque révolutionnaire ainsi que d'un utile tableau chronologique des événements survenus entre 1789 et 1799. Les autres apports font la part belle à l'historiographie. M.-R. Thielemans et S. Deruette renvoient aux travaux traitant de ‘la période française’ et qui furent rédigés par des historiens belges au xixe et au xxe siècle. Il est toutefois regrettable que ces contributions ne fassent pas une juste balance des choses: pour connaître imparfaitement l'historiographie de