Littérature
Dolf Verspoor (1917-1994):
la traduction conçue comme un art
Le 3 décembre 1994 décédait à l'âge de soixante-dix-sept ans Dolf Verspoor, un des traducteurs néerlandais les plus prolifiques et un homme qui cultiva des affinités particulières avec la langue française. A peine âgé de 18 ans, Dolf Verspoor prit le chemin de Paris, ville où il passa les années 1940-45. Après la Libération, il fut durant une longue période correspondant de l'AFP. Parmi les régions où il séjourna, citons l'Inde, Ceylan, l'Indochine, l'Indonésie et Malakka.
Une fois rentré aux Pays-Bas, le traducteur Verspoor acquit de la réputation. C'est avec brio qu'il fit passer des poèmes néerlandais dans la
Dolf Verspoor (1917-1994) (Photo Arno Lingerak).
langue de Voltaire. Grâce à son travail, les oeuvres de plusieurs auteurs néerlandais devenaient accessibles aux francophones. La prédilection que Verspoor montra pour des poètes du
xxe siècle, aujourd'hui rangés parmi les ‘classiques’ de la littérature néerlandaise, ne se démentit jamais. Adriaan Roland Holst (1888-1976), Martinus Nijhoff (1894-1953), J. Slauerhoff (1898-1936), Hendrik Marsman (1899-1940) et Gerrit Achterberg (1905-1962) sont quelques-uns de ceux qu'il traduisit. Ses vers se distinguent par une haute tenue musicale, une rare virtuosité, des trésors d'ingéniosité et le sens du mot juste. Aussi est-ce à bon droit qu'on lui décerna en 1958 le prix Martinus Nijhoff pour la traduction, une des distinctions littéraires les plus prestigieuses dans le monde néerlandophone.
Mais Dolf Verspoor ne se contenta pas de faire passer les frontières à la langue néerlandaise: il procura à des oeuvres d'écrivains espagnols, portugais, italiens ou anglais une édition dans sa langue maternelle. Verspoor était un émiment spécialiste de l'époque baroque