flèche de l'hôtel de ville, il
Tournoi de chevalerie sur la Grand-Place, 1838, Archives de la ville, Bruxelles.
n'y a pas grand-chose à voir. On la voit dans une initiale enluminée de 1438 et sur un panneau de la châsse de sainte Ursule de Hans Memling (entre 1430/1440-1494), en tant qu'élément d'une vue de Bâle! Puis il y a encore un dessin attribué à Rogier van der Weyden (vers 1400-1446) d'un chapiteau de l'hôtel de ville, la ‘scupstoel’, un détail minime - il s'agit d'un instrument servant à l'application de peines corporelles -, qui sert cependant de prétexte à un exposé sur le droit pénal médiéval.
La première image qui illustre vraiment le concept du livre date de 1496 et représente l'entrée solennelle de Jeanne de Castille (la Folle), la mère de Charles Quint. L'architecture de la Grand-Place n'était visiblement pas le principal souci du peintre. Suivent les joyeuses entrées, les prestations de serment et des événements plus dramatiques telles des exécutions, qu'on découvre grâce à la gravure, ce média journalistique par excellence du xvie siècle. Goedleven fournit la traduction des légendes rédigées en latin, en moyen haut allemand ou en d'autres langues, ce qui rehausse encore l'intérêt du document pour le lecteur d'aujourd'hui.
Plus spectaculaires encore sont les grands panneaux peints par Denis van Alsloot (vers 1570 - vers 1625) de l'Ommegang qui s'est déroulé le 31 mai 1615 en l'honneur de l'archiduchesse Isabelle. On ne peut imaginer meilleur (et plus grand) document pour expliquer la structure sociale de Bruxelles de l'époque dans son ensemble. En effet, toutes les guildes participaient à ce cortège, et parmi le public on trouve des exemples de toutes sortes de Bruxellois. Le chapitre qui présente la description précise de tous les participants à l'Ommegang constitue l'un des passages les plus forts de l'ouvrage.
En passant, Goedleven s'attarde également sur des questions qui ne se laissent pas ramener à un seul fait. Il décrit ainsi les vues d'optique concernant Bruxelles, l'éclairage des rues, au gaz, puis à l'électricité, etc. Il s'agit là d'une contribution utile à l'histoire de la vie quotidienne au marché, sujet quelque peu relégué au second plan par rapport à toutes les visites royales et tous les grands événements politiques qui bénéficient nettement d'une attention plus grande.
Il en est de même pour le xxe siècle: pour la moitié des sujets traités, les membres de la famille royale se voient attribuer un rôle principal. Les livres sur des sujets royaux se vendent actuellement comme de petits pains: l'auteur de l'ouvrage Les serres royales de Laeken en est visiblement conscient, tout comme son éditeur, du reste. La question se pose cependant de savoir s'il se justifie du point de vue historique de réduire à ce point la Grand-Place à un décor de réceptions royales.