Les soucis budgétaires du nouveau gouvernement néerlandais
L'ampleur de la croissance à laquelle peut s'attendre, dans les années qui viennent, l'économie néerlandaise ne saurait inciter à la sinistrose. Lors des pourparlers engagés au lendemain des élections législatives (mai 1994) en vue de mettre sur pied une coalition tripartite (associant socialistes, libéraux de droite et libéraux de gauche), les négociateurs avaient tablé sur une croissance annuelle de 1,75%. Actuellement, le Bureau central du plan prévoit un taux de croissance se situant entre 2,5% et 3%, ce qui permettait aux trois partis réunis autour de la table des négociations de s'entendre plus facilement sur les solutions à apporter aux graves problèmes budgétaires de l'heure.
Il faut savoir, en effet, qu'en dépit de la bonne santé de l'économie néerlandaise, les trois gouvernements qui, depuis 1982, se sont succédé sous la houlette de Ruud Lubbers (o1939), n'ont pas réussi à réduire le ratio dette publique/PIB (Produit intérieur brut). Au cours de la même période, la pression fiscale s'est légèrement accrue et l'on enregistre, ces dernières années, une brusque remontée du chômage, bien que les Pays-Bas se situent à peu près en tête du classement européen en matière de création d'emplois. Dernière ombre au tableau: le vieillissement de la population menace la survie d'un généreux système d'assurance vieillesse octroyant une retraite de base à tout citoyen en âge d'y prétendre.
Le déficit budgétaire s'élèvera en 1994 à 4,1% du PIB, en augmentation de 0,4%, soit de 2 milliards de florins (6,5 milliards de FF / 40 milliards de FB) par rapport à l'année précédente. Rappelons qu'en 1990, le cabinet Lubbers III s'était fixé comme objectif de le ramener à 3,25% du PIB. Ce déficit aurait été beaucoup plus élevé encore si les dépenses publiques n'avaient pas été partiellement couvertes par des recettes exceptionnelles, dues, entre autres, à une perception accélérée des impôts et à la vente d'actions appartenant à l'État. On pourrait citer ici, à titre d'exemple, la privatisation partielle (portant sur 30% des actions) de l'entreprise publique KPN (Koninklijke PTT Nederland - Postes et Télécommunications néerlandaises), réalisée avec succès en juin 1994. Sans le produit de ces opérations ponctuelles, non reconductibles à l'avenir, le solde net à financer se monterait en 1994 à 5,7% du PIB.
L'annonce électoraliste d'une diminution des impôts, faite à la veille des élections législatives de mai 1994 (et finalement peu payante si l'on en juge par la cuisante défaite infligée à la coalition au pouvoir) ne fera qu'aggraver les problèmes budgétaires au cours de la prochaine législature.
Étant donné qu'une fiscalité alourdie gonfle les coûts salariaux des entreprises (supérieurs de beaucoup aux salaires nets) et que, par ricochet, celle-ci contribue en partie à l'aggravation du chômage, il est évident qu'une baisse des impôts ne peut être que bénéfique pour l'économie