Turfgravers (Les tourbiers, 1930), à 21 ans, suivi, deux ans plus tard, de Gevangenis (Prison), un univers qu'il avait appris à connaître de l'intérieur pour y avoir passé quelque temps en qualité d'objecteur de conscience. Abandonnant ensuite la poésie, il ne publia un nouveau livre qu'en 1964. Auparavant il avait fait paraître sous divers pseudonymes un certain nombre de nouvelles dans sa revue Tirade.
L'oeuvre littéraire de Van Oorschot se compose de cinq livres: Uitgestelde vragen (Questions différées, 1964), Twee vorstinnen en een vorst (Deux reines et un roi, 1975), Mijn tante Coleta (Ma tante Coleta, 1976), Mijn moeder was eigenlijk een Italiaanse (Ma mère était en fait une Italienne, 1977) et De man met de urn (L'homme à l'urne, 1981). Ces livres furent publiés dans son propre fonds sous le pseudonyme R.J. Peskens. Le patronyme était celui d'un anarchiste, ami de son père, tandis que les initiales renvoyaient aux prénoms de deux poètes flamands qu'il vénérait et que d'ailleurs il édita: Richard Minne (1891-1965) et Jan van Nijlen (1884-1965).
Uitgestelde vragen, sa première oeuvre en prose, se compose de cinq nouvelles, cinq portraits de femmes tourmentées par un amour non partagé ou malheureux et qui en parlent à coeur ouvert. Le livre portait incontestablement la griffe d'un écrivain. En dépit de ses qualités - puissance narrative, style concis délesté de toute fioriture, capacité manifeste à créer une certaine tension au sein d'une intrigue s'élevant à peine au-dessus de la banalité quotidienne - il n'obtint guère de succès. Un jour, Van Oorschot déclarait dans une interview: ‘Je suis partisan d'une écriture dépouillée à l'extrême. Chaque phrase, chaque mot sans fonction me semble superflu et doit donc être rayé. Dans un récit rien ne peut être redondant. Il faut l'alléger de tout ce qui n'est pas absolument essentiel. Tout ornement le pervertit.’ Voilà une conception respectable, voire admirable du style, sans doute empruntée à Tchekhov, orfèvre en la matière, auquel Van Oorschot vouait, à juste titre, un véritable culte. Mais une telle ‘exigence’ ne peut jamais être que l'expression d'un idéal dont la poursuite implique, au premier chef, qu'on sache quelle fonction est essentielle ou superflue, quel ornement est inutile ou, au contraire, indispensable. Même si on est impressionné par le tempérament de Peskens, à le relire on se rend compte qu'il avait visé trop haut sans se montrer suffisamment critique envers lui-même. D'une grande perspicacité psychologique lorsqu'il s'agissait de scruter ses personnages, il percevait mal son propre besoin de ‘pathétique’. Ce qui frappe dans la quasi-totalité de ces premières
nouvelles, c'est la façon dont elles sont racontées. Le ‘dépouillement’ qui s'en dégage naît de la sobriété des mots utilisés, disposés en courtes phrases et souvent porteurs d'effet. Mais le dépouillement fait défaut dès lors qu'il s'agit d'exprimer des sentiments. L'on sent que l'écrivain est lui-même saisi par les émotions qu'il entend susciter. Il cherche à les intensifier mais cette tension accrue ne débouche pas sur le tragique, comme il le voudrait, mais sur le mélodrame et sur la sentimentalité. Or, celle-ci n'est jamais authentique en tant que sentiment, même s'il est vrai que l'on peut être sincèrement sentimental.
Le succès obtenu par son deuxième livre, Twee vorstinnen en een vorst, était, lui, pleinement mérité. Ce qui manquait trop dans le premier livre, à savoir le sentiment authentique, était présent à profusion dans le second. C'est le récit ou, si l'on préfère, le