Économie
Pays-Bas: la modération salariale en 1994
Si la solidité d'une monnaie est révélatrice de la santé d'une économie nationale, il ne fait pas de doute que l'économie néerlandaise se porte comme un charme, le florin ayant été, au cours d'une bonne partie de l'année 1993, la monnaie la plus forte au sein du Système monétaire européen. Depuis 1980, les échanges économiques réalisés par les Pays-Bas avec l'étranger sont nettement excédentaires. La valeur totale des biens et services exportés, majorée des recettes provenant des capitaux néerlandais placés à l'étranger, dépasse celle des biens et services importés, augmentée de la rémunération des capitaux étrangers investis aux Pays-Bas.
Cet excédent de la balance des transactions courantes est investi à l'étranger. Depuis longtemps, les Pays-Bas, considérés comme un petit pays, comptent parmi les plus gros investisseurs étrangers aux États-Unis, après avoir été le plus gros même jusqu'à il y a quelques années. A cet excédent et au florin fort s'ajoutent une faible inflation et des taux d'intérêt relativement bas. Voilà, en substance, les atouts dont dispose l'économie néerlandaise.
Mais il y a aussi le revers de la médaille. Alors qu'à l'étranger il y a création d'emplois en partie grâce à l'apport de capitaux néerlandais, aux Pays-Bas mêmes le chômage se maintient à un niveau alarmant. On comptera, en 1994, 64 000 chômeurs de plus, ce qui fera passer leur nombre à 662 000. Dans le même temps, le gouvernement ne réussira toujours pas à réduire le déficit budgétaire qui se monte actuellement à 3,75% du PNB. La dette publique représentera ainsi environ 70% du revenu national. Bien que, d'une part, les Pays-Bas bénéficient depuis des années d'une inflation toute raisonnable et de taux d'intérêt relativement bas et que, d'autre part, la totalité du montant de la dette publique ait pu être empruntée en florins en raison de la confiance qu'inspire cette monnaie à l'étranger, le service de la dette constitue quand même le deuxième grand poste de dépenses.
Il est évident que les pouvoirs publics ont intérêt à endiguer le chômage, non seulement pour des motifs d'ordre socio-politique mais aussi pour d'évidentes raisons financières. L'augmentation du chômage accroît sérieusement les dépenses publiques en raison de l'existence d'un système de protection sociale très développé et, par conséquent, fort onéreux. Aussi le gouvernement a-t-il menacé, à l'automne 1993, d'interdire les augmentations de salaires prévues pour 1994, se mettant ainsi à dos non seulement les syndicats mais aussi le patronat et la plupart des partis politiques. Un peu partout, on a émis des doutes sur l'applicabilité de la mesure et sur son impact positif à plus long terme.
Quoi qu'il en soit, la menace d'une telle interdiction a sans doute puissamment contribué à la conclusion, en novembre 1993, d'un accord interprofessionnel entre le patronat et les confédérations syndicales. Bien que les négociations por-