pouillement des formes et la rigueur des proportions constituent une parfaite illustration de l'architecture cistercienne du xiie siècle.
Jouissant de la belle vue sur la vallée de l'Imergue ou déambulant dans les ruelles pittoresques du bourg, le touriste ne s'étonnera pas que la splendeur du lieu ait pu attirer et inspirer les ‘poètes du pinceau’. Dans les années 50, des peintres tels Victor Vasarely et Jean Deyrolle, sensibles, comme Vincent van Gogh (1853-1890), à la luminosité exceptionnelle du ciel provençal, établissent leurs ateliers dans un village qui porte encore les stigmates des bombardements subis au cours de la deuxième guerre mondiale.
A l'exemple de tant d'autres artistes avant lui, le peintre flamand Pol Mara (
o1920) s'éprend à son tour de la beauté lumineuse du Midi, découverte lors d'un séjour de convalescence à Murs en 1960, et finit par se fixer à Gordes où il passera dorénavant en famille une bonne partie de l'année. Dans la suite, d'autres artistes flamands, parmi lesquels Jacky de Maeyer et Simone Conrad, l'y rejoindront. Entretenant d'excellents rapports avec Maurice Chabert, maire de Gordes et grand amateur d'art, Pol Mara se voit offrir, en 1984, l'occasion d'exposer ses oeuvres dans la localité vauclusienne, avec le concours du ministère flamand de la Culture. Ce sera le début d'une merveilleuse aventure poursuivie jusqu'à ce jour. Chaque année, au mois d'août, un certain nombre d'espaces municipaux, tels la Chapelle des pénitents blancs, l'Aumônerie Saint-Jacques et la Charité Saint-Eutrope, accueilleront les oeuvres d'artistes flamands. A Pol Mara succéderont, entre autres, le sculpteur Jacky de Maeyer (1985), Marcel Maeyer (1986) et Simone Conrad (1987). En 1993, la dixième édition de cette manifestation, devenue au fil du temps de plus en plus réputée dans la région, a été inaugurée en présence de Hugo Weckx, ministre flamand de la Culture. Un hommage appuyé a été rendu à Pol Mara ainsi qu'à son épouse, promus entre-temps citoyens
Pol Mara, ‘Coupe débordante’, 125 × 88, 1991.
d'honneur de Gordes et, depuis la première heure, les infatigables artisans de l'alliance culturelle et amicale entre le village provençal et la communauté artistique flamande. Dans le cadre de la manifestation intitulée ‘Dix années à Gordes, 1984-1993’ le public a pu admirer, du 5 au 25 août 1993, des oeuvres de Frans Minnaert, André Goezu, Ingrid Ledent et Mieke Everaet.
Lorsque, sur la somptueuse affiche annonçant l'événement, on lit, sous la plume de Maurice Chabert (décidément très gentil), que la présence d'artistes flamands à Gordes constitue ‘un apport très enrichissant, un échange culturel conséquent permettant un rayonnement artistique international’, on se met à rêver et à se demander quel Flamand pourrait rester de marbre face à des propos si élogieux.
Urbain Dewaele