Économie
Répondre aux demandes globales du marché
Les Pays-Bas ont beau être un petit pays, ils possèdent à l'intérieur de leurs frontières un certain nombre de sociétés industrielles de dimension mondiale. Les sociétés Royal Dutch/Shell, Unilever et Philips se classent parmi les premiers acteurs au niveau international dans leurs secteurs respectifs.
L'industrie chimique est représentée de la même façon par Akzo La compagnie aérienne Koninklijke Luchtvaartmaatschappij (KLM-Royal Dutch Airlines, Compagnie aérienne royale néerlandaise), tout en ne figurant pas parmi les sociétés de transport présentes au niveau mondial, concurrence les meilleures compagnies aériennes pour ce qui est de la qualité.
Des sociétés de ces dimensions peuvent uniquement fonctionner si elles font du monde entier leur marché. Les Pays-Bas et même l'Europe sont trop petits pour remplir le rôle de marché exclusivement intérieur.
Il devient de plus en plus clair que d'autres sociétés industrielles importantes (selon les normes néerlandaises) sont à la recherche de perspectives internationales et de possibilités d'expansion en dehors de leurs frontières nationales. D'après une étude, les Pays-Bas possèdent largement trois fois plus de sociétés étrangères que des propriétaires étrangers ne possèdent de sociétés néerlandaises. Les entreprises néerlandaises se rendent compte que le monde devient de plus en plus un village, c'est-à-dire, en d'autres termes, que leur marché devient de plus en plus important, global. Et cela pour plusieurs raisons. En premier lieu, le monde devient littéralement de plus en plus petit. Les moyens modernes de transport et de communication ont entraîné la globalisation de l'information. Cela a abouti à une standardisation de la demande du côté des clients industriels, qu'il s'agisse d'autres entreprises industrielles ou de clients individuels. En d'autres termes, seul ce qui est le meilleur fait l'affaire.
L'industrie automobile fournit un excellent exemple à cet égard. Au Japon, ce secteur a réussi non seulement à atteindre un niveau qualitativement élevé, mais il a su le faire avec un coût salarial relativement peu élevé. Cela lui a conféré un avantage très considérable sur les constructeurs d'automobiles européens et américains, qui n'ont commencé à réagir que ces toutes dernières années seulement.
La justesse de cet exemple est tout à fait claire dans l'histoire de Nedcar, le constructeur d'automobiles établi aux Pays-Bas. Initialement, Nedcar était une entreprise établie aux Pays-Bas, sous le nom de DAF. Vers les années 70, il était clair que DAF était trop petit pour continuer à fonctionner indépendamment, et l'usine fut reprise par l'entreprise suédoise Volvo. Lorsqu'il s'avéra que Volvo aussi était incapable d'assurer le développement à part entière de l'usine, la société suédoise vendit une part majoritaire à l'État néerlandais. L'usine était trop petite pour fonctionner dans l'industrie automobile particulièrement concurrentielle, et le gouvernement fut obligé de chercher des partenaires. Finalement, la société japonaise Mitsubishi se montra à même de faire en sorte que Nedcar puisse poursuivre sa production. Grâce à ce partenariat, Nedcar pourra d'ici peu doubler sa production. L'usine pourra en outre construire maintenant des véhicules qui répondent aux critères les plus élevés (c'est-à-dire japonais).
La création du marché européen constitue une autre raison pour la globalisation de l'industrie néerlandaise. Les frontières internes de l'Europe sont en traîn de disparaître. Des concurrents étrangers auront plus facilement accès a d'autres marchés européens, tout comme des entreprises néerlandaises sont mieux à même de s'introduire dans des pays étrangers. Nombre de sociétés unissent leurs efforts pour être en mesure de faire face à la concurrence grandissante.
Le rachat du constructeur d'avions néerlandais Fokker par la société aérospatiale allemande DASA est exemplaire à cet égard, au même titre que l'acquisition de British Leyland par le constructeur de poids lourds DAF. Comme l'indique ce dernier exemple, le succès n'est pas toujours garanti.
Le processus d'internationalisation qui est en cours ne se réalise pas uniquement à travers des acquisitions et des fusions. Un produit unique peut également permettre d'aboutir à dominer le marché mondial dans son ensemble. La société néerlandaise Stork, par exemple, occupe la première place sur le marché dans le domaine des presses rotatives pour l'industrie textile ainsi que celui des machines de transformation automatisée de la viande.
Les récents rachats de sociétés industrielles néerlandaises importantes telles que Nedcar et Fokker par l'étranger ont ranimé les débats sur la politique industrielle néerlandaise. Une réflexion récente se concentre sur le groupement stratégique. Si le gouvernement considère une société comme l'élément essentiel d'un tel groupement, il consentira des efforts supplémentaires pour faire en sorte qu'une telle entreprise reste entre des mains néerlandaises. Une telle entreprise fonctionne en réalité comme un centre de technologie, fournissant de l'emploi à des universitaires hautement qualifiés et créant du travail de haute qualité pour des producteurs industriels et des sociétés de service dans l'entourage immédiat, tout en produisant des applications secondaires pour d'autres secteurs.
Dans ce cas, le gouvernement tient prioritairement à ce que la société demeure aux Pays-Bas, sans que pour autant elle doive rester entre les mains de propriétaires néerlandais. La propriété n'est qu'un des nombreux intérêts au service d'une société rentable.
Christiaan Berendsen
(Tr. W. Devos)