Dotremont-Alechinsky, ‘Brassée-séismographique’, lithographie, 1972.
l'idiome propre à Cobra. Quand on considère Cobra en tant que phénomène artistique, on l'associe évidemment à la peinture de Jorn, Appel, Corneille, Constant, Lucebert (
o1924) pour sa période ultérieure et Alechinsky, ou même à l'oeuvre peint de Jan Cobbaert (
o1909) qui pour sa part resta étranger à ce mouvement.
Il est possible de suivre l'évolution de l'idiome de Cobra à partir des oeuvres d'avant-guerre de peintres danois comme Jacobson et Pedersen, en passant par celles de Jorn et des héros néerlandais des années 50 jusqu'aux oeuvres graphiques que continuent encore de produire avec succès nombre d'anciens membres de Cobra ainsi que leurs épigones.
Le monde de Cobra est un monde peuplé d'êtres imaginaires enfantins: enfants, oiseaux, poissons, maisonnettes et landaus forment une famille bien drôle et excentrique. Ces êtres cocasses naissent apparemment de manière spontanée sous le pinceau ou sous le crayon. Des couleurs très contrastées et vives couvrent la toile sur laquelle la composition se détache de manière arbitraire en des lignes et des dessins pratiquement autonomes. La liberté absolue, point de départ de Cobra, conduit curieusement trop souvent à des poncifs. Il faut dire que le but des fondateurs de Cobra n'était pas de produire des chefs-d'oeuvre. N'espéraient-ils pas que leur peinture spontanée déclencherait par là même une révolution sociale de laquelle naîtrait une nouvelle communauté arcadienne?
La collection de Karel P. van Stuyvenberg illustre en détail l'influence de Cobra au niveau international. Les vedettes sont largement représentées. Mais il est intéressant de relever également la présence de partisans anglais et d'Europe de l'Est. Du 9 avril au 31 mai 1993 quatre cents oeuvres furent exposées au Musée d'art moderne de Liège, musée dans lequel le mouvement Cobra fut dissous en 1951. Ce musée est établi dans le Palais des expositions de l'Exposition internationale de Liège de 1905, au coeur du parc de la Boverie sur Meuse. Après des années de négligence, la ville a enfin rénové le bâtiment. Cette exposition Cobra démontre que le musée est appelé à occuper de nouveau la place qui lui revient dans la vie culturelle. La collection de Van Stuyvenberg trouvera quant à elle en 1996 un abri définitif dans les murs du Musée Cobra d'Amstelveen.
Herwig Todts
(Tr. D. Cunin)