Septentrion. Jaargang 21
(1992)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermdActuellesA la mi-juin 1992, la femme de lettres flamande Christine D'haen (o1923) obtenait le Prijs der Nederlandse Letteren (Prix des lettres néerlandaises), la plus haute distinction littéraire officielle de toute la néerlandophonie, laquelle est décernée par un organisme intergouvernemental, De Nederlandse Taalunie (Union de langue néerlandaise). Le prix est attribué tous les trois ans, alternativement à un écrivain néerlandais et à un écrivain flamand. Christine D'haen s'est surtout fait un nom dans la poésie. Ses poèmes sont généralement fort maniérés et fourmillent d'allusions aux classiques, à la bible, et à une foule d'expressions artistiques et de faits historiques. D'haen a également publié deux recueils de fragments autobiographiques en prose et une biographie du grand poète flamand Guido Gezelle (1830-1899). Voir aussi Septentrion, XVI, no 4, 1987, pp. 80-81.
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En juin 1992, l'Institut néerlandais de Paris obtenait le prix Visser Neerlandia. Cette distinction lui était décernée par l'association flamando-néerlandaise Algemeen Nederlands Verbond (Alliance générale néerlandaise) qui siège à La Haye. L'‘Institut’ affectera les 10 000 florins (30 000 FF / 180 000 FB) au développement de ses cours de néerlandais. Le prix Visser Neerlandia doit son nom au Juif néerlandais Lodewijk Alexander Visser (1872-1943). A sa mort, Visser légua la moitié de sa fortune à l'Algemeen Nederlands Verbond, qui devait en disposer au profit du prix. Aussi la distinction est-elle régulièrement attribuée à des personnes ou des associations qui ont bien mérité de la langue ou de la culture néerlandaise.
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Le numéro d'été 1992 de la revue néerlandophone Gierik-Nieuw Vlaams Tijdschrift publiait une longue interview de l'écrivain David Scheinert (o1916), réalisée par Liliane Wouters (o1930), collaboratrice de Septentrion. David Scheinert est d'origine judéo-polonaise. En 1924, il se réfugia avec ses parents en Belgique où il devint un écrivain francophone écouté et divers. Scheinert a écrit nombre de recueils de poèmes, de nouvelles, de romans et de pièces de théâtre. Il aime à souligner son vif intérêt pour la culture néerlandaise de Belgique. Aussi, au cours de l'entretien avec Liliane Wouters, se qualifie-t-il lui-même de ‘Franco-Flamand’ convaincu. A commander chez: Paradox pers vzw, Leopoldstraat 55/1, B-2000 Antwerpen 1.
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Du 8 au 19 août 1992, le journal flamand De Standaard a publié une série d'interviews de Flamands qui résident dans l'agglomération parisienne. L'auteur en était Peter Vandermeersch, correspondant du journal en France. Vandermeersch s'y entretient avec des représentants de l'enseignement, du monde de l'art et de la culture, des médias, du clergé et du secteur culinaire. L'association Vlamingen in Parijs constitue entre autres une preuve décisive de la présence flamande à Paris. Depuis 1981, on peut y écouter Radio-Flandre, composante de Radio-Pays, la voix des minorités culturelles à Paris. La section néerlandaise du Lycée international de Saint-Germain-en-Laye assure 6 à 8 heures de cours en néerlandais par semaine. Durant l'année scolaire 1991-92, cette section comptait plus de 200 élèves, dont 70 originaires de Flandre belge.
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Le 1er septembre 1992, Philippe Noble (o1949), rédacteur de Septentrion, a été nommé directeur de l'institut culturel français d'Amsterdam, la Maison Descartes. Philippe Noble y est notamment responsable de la programmation. Sous sa direction, on organisera comme par le passé des expositions consacrées aux arts plastiques, au design et à l'architecture. L'intérêt pour les événements littéraires et musicaux reste grand lui aussi. Lors de l'organisation de colloques et de tables rondes, le nouveau directeur attache une grande importance à une approche solide et scientifique. Afin de réduire l'appréhension des | |
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non-francophones, Noble veut dorénavant éditer des programmes bilingues et faire davantage appel à des interprètes. Jusqu'à sa nomination à la Maison Descartes, Philippe Noble était professeur de néerlandais à l'Université de Paris-Sorbonne (Paris IV). Il s'était également fait une réputation d'avocat de la littérature néerlandaise en France et de traducteur talentueux. Noble traduisit notamment des oeuvres de Multatuli (1820-1887), Edgar du Perron (1899-1940), Etty Hillesum (1914-1943), Harry Mulisch (o1927), Cees Nooteboom (o1933) et J. Bernlef (o1927). En 1981, il obtint le prix de Traduction Martinus Nijhoff, décerné par le Prins Bernhard Fonds néerlandais. Depuis 1987, Noble a formé beaucoup de jeunes traducteurs dans l'‘Atelier de traduction’ qu'il animait à Paris.
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Le 9 septembre 1992, la chorégraphe flamande Anne Teresa de Keersmaeker (o1960) a reçu le prix Thersite pour son oeuvre des dix dernières années. Cette distinction est attribuée par la Vlaamse Vereniging ter Bevordering van de Theaterkritiek (Association flamande pour la promotion de la critique théâtrale) et se double d'une somme de 100 000 FB (soit 5 000 florins ou 17 000 FF). Anne Teresa de Keersmaeker est l'une des figures de proue de la danse flamande. Sa compagnie Rosas s'est acquis un renom international, notamment avec Fase (Phase), Rosas danst Rosas (Rosas danse Rosas), Elena's Aria (L'aria d'Hélène), Achterland (Arrièrepays) et Mozart/Concert Arias (Les arias du concert Mozart). Cette dernière production connut sa première au Festival d'Avignon au cours de l'été 1992.
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Du 29 août au 8 novembre 1992, le Cabinet d'estampes du Rijksmuseum (Musée national) d'Amsterdam a exposé 100 dessins de la collection Frits Lugt (1884-1970). Cette exposition offrait une image suggestive de l'art du dessin au xvie siècle, aux Pays-Bas, en Flandre et en Allemagne. On pouvait y admirer des oeuvres de Pieter Brueghel l'Ancien (vers 1530-1569), Lucas van Leyden (1489-1533), Abraham Cornelisz. Bloemaert (vers 1564-1651) et Jacob Gheyn l'Ancien (1532-1582). On peut se procurer un catalogue en trois parties au Prentenkabinet du Rijksmuseum, Stadhouderskade 42, NL-1071 ZD Amsterdam. Le Néerlandais Frits Lugt était un collectionneur d'art acharné. En 1947, il confia sa collection à la Fondation Custodia qu'on logea en 1953 dans un grand immeuble de la rue de Lille à Paris. En 1957, Frits Lugt ouvrit dans le même immeuble l'Institut néerlandais. A la fin de sa vie, il possédait six mille dessins, trente mille estampes, deux cents toiles et d'innombrables objets usuels antiques.
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Le 17 septembre 1992, l'Autrichien Simon Wiesenthal (o1908) obtenait le prix néerlandais Érasme: il s'était fait un nom de publiciste et de dénonciateur des crimes nazis. Cette distinction tire son nom de l'humaniste Desiderius Erasmus (1469-1536) et est attribuée chaque année par la Stichting Premium Erasmianum (Fondation prix Érasme). Elle est destinée à des personnes et à des institutions qui ont contribué aux progrès de la conscience européenne ou à l'enrichissement de la culture européenne. En 1971, 1972 et 1973, le prix Érasme a été successivement décerné à Olivier Messiaen, Jean Piaget et Claude Lévi-Strauss.
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On a fêté le 23 septembre 1992 le quatre-vingt-quinzième anniversaire du célèbre peintre belge Paul Delvaux (o1897). La ville de Furnes (Flandre-Occidentale) a fait cadeau à son ‘citoyen d'honneur’ d'un buste de bronze qu'on pourra désormais admirer dans le parc de la ville. Cette sculpture a été réalisée par l'artiste flamand Fernand Vanderplancke (o1938). Le Musée Paul Delvaux de Sint-Idesbald a organisé une exposition de photos sur la vie de l'artiste. Jusqu'à fin 1993, on peut voir dans ce même bâtiment une partie de l'ancien atelier de Paul Delvaux. Paul Delvaux a acquis la célébrité par son oeuvre surréaliste. Bien qu'il ait subi au départ l'influence de De Chirico, Delvaux développa une expression propre, caractérisée par ses nus féminins dans des gares nocturnes, des salons surannés et des champs de ruines. A l'automne 1992, le Grand Palais de Paris a organisé une rétrospective consacrée à son oeuvre. ●
Sadi de Gorter (o1912) (Photo Marc Simon).
Le 19 octobre 1992, Sadi de Gorter, le Néerlandais de Paris, fêtait ses 80 ans. Fidèle collaborateur à Septentrion, il y tient, sans discontinuer depuis 1978, une ‘Chronique’ fort prisée. En hommage à Sadi de Gorter, Jozef Deleu, rédacteur en chef de Septentrion, vient de publier, sous forme d'édition originale et privée, Sadi de Gorter. Poèmes et traductions, recueil qui rassemble des poèmes français de Sadi de Gorter suivis de ses traductions françaises d'oeuvres de poètes néerlandais. Septentrion rendra compte de l'ouvrage dans une de ses prochaines livraisons.
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Jusqu'au 1er novembre 1992, le Musée Dhondt-Daenens de Sint-Martens-Latem a organisé une exposition présentant des oeuvres de l'artiste flamand Michel Seuphor (o1901, pseudonyme de Fernand-Louis Berckelaers). Michel Seuphor | |
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Michel Seuphor (o1901), en conversation avec Paul Delmée (à gauche) et le peintre italien Enrico Prampolini (à droite).
est originaire d'Anvers, mais habite en France depuis les années 20. Il s'est acquis une renommée internationale par des toiles, des dessins et des collages abstraits de style linéaire. Michel Seuphor publia en français quelques importants essais sur l'art abstrait ainsi que des romans et de la poésie. (Voir aussi Septentrion, XX, no 1, 1991, pp. 51-55).
● Le 11 octobre 1992 mourait à l'âge de 55 ans Georges Adé, écrivain et critique flamand. Georges Adé, qui avait commencé à publier sous le pseudonyme de Laurent Veydt, était un personnage particulièrement protéiforme. Il était l'auteur de quelques romans, d'un
Georges Adé (1936-1992) en compagnie de l'écrivain flamand Monika van Paemel (o1945) lors d'une soirée littéraire, organisée par la fondation flamando-néerlandaise ‘Stichting Ons Erfdeel’, à Redu, village du livre, le 18 novembre 1989.
recueil de poèmes, de traductions de poèmes et de pièces de théâtre, de scénarios et de nombreuses considérations critiques sur la littérature, les arts plastiques, le cinéma et la télévision. Georges Adé était aussi un collaborateur apprécié de programmes culturels à la radio et à la télévision publiques flamandes. Il écrivit notamment le scénario de Het gedroomde boek (Le livre rêvé), film consacré à l'oeuvre de l'écrivain flamand Maurice Gilliams (1900-1982). Georges Adé entretenait des liens étroits avec la culture française. En 1971, il obtint à la Sorbonne un doctorat de linguistique française. En 1977, il devint professeur de français au département Traducteurs et Interprètes de la Katholieke Vlaamse Hogeschool (Haute école catholique) d'Anvers. Mandaté par la radio flamande, il interviewa entre autres Michel Butor, Alain Robbe-Grillet, Marguerite Yourcenar et Eugène Ionesco. Il était en même temps un collaborateur très apprécié de Septentrion. Il publia notamment des articles sur Maurice Gilliams (IX, no 3, 1980, pp. 24-29), Hugues C. Pernath (XII, no 2, 1983, pp. 16-22); avec traductions de poèmes) et Ivo Michiels (XX, no 3, 1991, pp. 48-51). Aussi sa mort est-elle une grande perte pour notre revue. C'est avec reconnaissance que nous continuerons à penser à lui.
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Jusqu'au 29 novembre 1992, s'est déroulée au Musée Boymans-Van Beuningen de Rotterdam l'exposition Impressionisme: een schone kijk (L'impressionnisme: un beau regard). Les oeuvres exposées appartenaient toutes aux vastes collections propres d'art impressionniste. On pouvait notamment y voir des oeuvres de Claude Monet, Georges Seurat, Paul Cézanne, Alfred Sisley, Camille Pissarro, Pierre-Auguste Renoir et Edgar Degas. On peut se procurer le catalogue au Musée Boymans-Van Beuningen, Mathenesserlaan 18-20, NL-3015 CK Rotterdam.
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Les Éditions Albatros (21, rue Jozef de Brue, B-1933 Sterrebeek) ont publié Vie et Mort de J.K. Mortal professeur extraordinaire de Mark Eyskens (o1933). Cette publication a paru en 1988 d'abord en néerlandais, et a été traduite par Catherine Kercks et Claude Morier. Vie et Mort de J.K. Mortal est une ‘fable philosophique’ contemporaine. Eyskens y décrit la rébellion du physicien mondialement connu J.K. Mortal. Le protagoniste, en tant que personne, prend à partie l'hégémonie du ‘on’ sur l'individu (‘je’). Cette domination du ‘on’ impersonnel conduit à une aliénation et à un nivellement extrêmes. L'homme moderne se sent seul dans une société hostile, pleine de structures complexes. Hans Vanacker |
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