Septentrion. Jaargang 20

La correspondance de Roland Holst

Un des dilemmes auxquels le poète Adriaan Roland Holst (1888-1976) a été confronté pendant sa jeunesse, était de savoir si des aspirations idéalistes vers un monde meilleur devaient constituer le fil conducteur de sa poésie. Sa tante, la poétesse Henriette Roland Holst-van der Schalk (1869-1952), a contribué pour une large part à la solution du problème. Dans la poésie néerlandaise, elle a été l'un des principaux porteparole du socialisme, et elle a propagé son idéal politique non seulement dans sa poésie mais également dans la pratique de chaque jour. En 1921, elle entreprit un voyage en Russie afin de faire connaissance avec la nouvelle société communiste, voyage duquel elle revint déçue, et elle adopta par la suite une attitude plus modérée à l'égard du socialisme. Elle était mariée à Richard Roland Holst (1868-1938), frère du père d'Adriaan, plasticien et auteur d'une seule oeuvre en prose.

Une amitié solide et chaleureuse a existé entre ce couple et leur neveu, et les trois Roland Holst ont entretenu une correspondance suivie. Les 280 lettres conservées ont paru à l'automne 1990 dans une édition prestigieuse, accompagnées d'annotations détaillées et d'une introduction savante.

Dans la première lettre, qui date du 4 décembre 1908, l'oncle accueille son neveu dans deux pays: la Hollande où celui-ci venait de rentrer après un séjour à Oxford, et le ‘royaume des lettres’ auquel Adriaan Roland Holst venait d'ac-

Adriaan Roland Holst (1888-1976).

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céder avec la publication de ses premiers poèmes. La correspondance, qui vient d'être éditée, couvre en majeure partie les trente années qui séparent cette première lettre de la mort de Richard Roland Holst.

Dans ces lettres, pour la plupart d'Adriaan Roland Holst, nous décelons les différents stades du développement de la personnalité du jeune poète. Il y est question de l'échec de ses études à Oxford, puis nous voyons comment à Lynmouth il découvre la véritable nature de sa poésie. Nous le suivons dans un périple à travers les villes d'art d'Italie et nous lisons ses récits sur Paris. C'est là qu'il se lie d'amitié avec le poète André Germain, qui l'introduisit dans les salons littéraires, ainsi qu'avec des personnalités de la noblesse parisienne, telles que la duchesse de la Salle de Rochemaure, avec qui il fit un voyage en Grèce, et le comte de Castelbajac, chez qui il logea au château d'Ételan en Normandie. Ce milieu l'éloignait considérablement des idées socialistes. A noter que sa tante, dans une des premières lettres, lui déconseille de s'engager à la légère dans cet idéalisme: elle n'ignorait pas que cela était incompatible avec le tempérament de son neveu.

Dans cette correspondance, Henriette Roland Holst est davantage une tante compréhensive qu'une socialiste combative. La relation avec l'oncle est dominée entre autres choses par les jugements que lui, homme du monde, portait sur le style de vie de son neveu. Il est également intéressant d'y découvrir les quelques difficultés avec lesquelles était aux prises Richard Roland Holst en tant qu'artiste ‘monumental’.

Ce recueil constitue un document à la fois passionnant et précieux: passionnant par le style et la vivacité, précieux par l'époque que ces lettres font revivre. ■

Jan van der Vegt

(Tr J. Deleye)

a roland holst, Briefwisseling met R.N. Roland Holst en H. Roland Holst-van der Schaik (Lettres à R.N. Roland Holst et H. Roland Holst-van des Schaik), édition établie et annotée par Erik Menkveld et Margaretha H. Schenkeveld, Prwé-Domein, De Arbeiderspers, Amsterdam, 1990, 507 p.

Appel: Jan van der Vegt travaille à une biographie d'Adriaan Roland Holst. Il aimerait obtenir de plus amples renseignements biographiques sur les personnes citées dans cet article (André Germain, la duchesse de la Salle de Rochemaure, le comte G. de Castelbalac) ou entrer en relation avec des personnes apparentées. Adresse: Ewisweg 26, NL-1852 EK Heiloo.