Art moderne belge exposé à Paris
Jusqu'au 10 mars 1991, le Musée d'art moderne de la ville de Paris a consacré une exposition à ‘L'art en Belgique - Flandre et Wallonie - au xxe siècle’. Elle constituait le point final du projet culturel ‘Autour d'Ensor’, que le ministère de la Communauté flamande avait mis sur pied dans la capitale française. Le musée même avait choisi les oeuvres à exposer. Suzanne Pagé, directrice du musée, a réuni des échantillons de l'art moderne belge qu'elle présentait comme ‘un point de vue’. Le point de départ de sa sélection était l'absence d'identité, fruit des divisions et de l'incertitude, qui apparaît caractéristique de la Belgique. Cette crise d'identité servirait de base idéale aux artistes pour le développement de leur personnalité artistique.
Le visiteur pouvait accorder la priorité à son propre point de vue. L'exposition était en effet installée dans quelques salles strictement distinctes, sans liaison entre elles. Chacun déterminait quels espaces il voulait visiter, et dans quel ordre. Une vaste section présentant des tableaux principalement sombres de Constant Permeke (1886-1952) et de Frits van den Berghe (1883-1939) était hautement ‘flamande’. Le constructivisme de Victor Servranckx (1897-1965) et l'art abstrait de Georges Vantongerloo (1886-1975) voisinaient avec ces exemples types de l'expressionnisme flamand. Léon Spilliaert (1881-1946) aussi suscitait un grand intérêt. Influencé par des auteurs tels que Maurice Maeterlinck et Émile Verhaeren, cet Ostendais réalisa une oeuvre empreinte de symbolisme, quantitativement limitée mais particulièrement passionnante. Le musée parisien présentait notamment quelques-uns de ses célèbres autoportraits.
Panamarenko, ‘Pastillenmotor nr. 4’, techniques mixtes, ll3 × 36 × 45, 1989, Galerie Isy-Brachot, Bruxelles-Paris.
L'Anversois Panamarenko (o1940) exposait ses Magneetschoenen (Chaussures magnétiques) conçues dans les années 60, au moyen desquelles il se proposait de vaincre la pesanteur, ce qui, d'ailleurs, a échoué... D'une période plus récente datent ses Pastillenmotors (Moteurs-pastille), destinés à propulser ses ‘petits avions sac-à-dos’. La plus jeune génération était notamment représentée par Thierry de Cordier (o1954), artiste est-flamand. Dans un entrepôt vide se trouvait sa sculpture Moi..., un grand ballon de glaise sur un socle de terre. De Cordier est généralement considéré comme l'un des sculpteurs flamands les plus prometteurs. A l'étonnement de beaucoup, un autre Flamand de format international faisait défaut: Guillaume Bijl (o1946); aucune de ses oeuvres n'était exposée à Paris.