Septentrion. Jaargang 18
(1989)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermdCommémoration de Christophe PlantinTout pays qui se respecte ou presque peut s'enorgueillir d'avoir possédé un grand imprimeur. Les Français se plaisent à évoquer la célèbre famille Estiennes. Les Pays-Bas eux aussi disposèrent fort tôt d'une florissante tradition de l'imprimerie. A Haarlem (Hollande-Septentrionale) et Alost (à mi-chemin entre Gand et Bruxelles) Laurens Janszoon Coster d'une part et Dirk Martens d'autre part firent abondamment oeuvre de pionnier et, à partir d'Anvers, Christophe Plantin joua un rôle-clé d'importance internationale. Le 1er juillet 1989, il y avait très exactement 400 ans que Plantin était décédé à Anvers. Cet anniversaire a donné lieu à trois publications: un recueil scientifique, une étude sur Plantin et les sciences exactes et enfin un nouveau guide du Musée Plantin-Moretus situé sur la Vrijdagmarkt (place du Vendredi) d'Anvers. En outre la BRT (Belgische Radio en Televisie - Radio et Télévision belge, chaîne flamande) consacra un documentaire à la vie et à l'oeuvre du grand imprimeur. L'honnêteté oblige à souligner que Plantin était au moins pour moitié un Français. Il naquit vers 1520 à Tours. Il doit également avoir résidé quelques années à Caen. Il y travailla chez Robert II, Macé, relieur et libraire. A la fin des années 1540, Plantin se fixa à Anvers, où il ne tarda pas à créer sa propre imprimerie. Il aurait obtenu le capital de départ d'une secte religieuse, secrète mais tolérante, la Maison de l'Amour. Il choisit pour emblème un compas en or avec la devise Labore et Constantia, lequel ne tarderait pas à devenir un célèbre label de qualité. Certes Plantin dut se contenter au départ de réimprimer des ouvrages de Paris et de Lyon, mais dès la seconde moitié des années 1560, il avait fait de son entreprise la plus impressionnante imprimerie d'Europe. On y imprimait et on y éditait régulièrement les oeuvres de célèbres humanistes, notamment du Français Grévin. Sa propre librairie avait d'ailleurs une filiale à Paris! Commercant fort avisé, Plantin réussit en
Christophe Plantin (Vers 1520-1589).
outre à s'insinuer dans les bonnes grâces de Philippe II d'Espagne. Sur commande de ce dernier, il publia une imposante série d'ouvrages liturgiques. C'est en outre l'empereur espagnol qui finança un des joyaux de Plantin, la monumentale Bible polyglotte. L'ouvrage se composait de huit énormes pavés et son impression prit quatre ans. Il s'agit d'une bible en cinq langues, dont le latin, le grec et l'hébreu. Malgré tout, Plantin connaissait lui aussi nombre de problèmes. Il faut dire qu'il vivait à une époque bien troublée. Les Pays-Bas s'insurgeaient contre la domination espagnole, puissamment aiguillonnés entre autres par des motifs religieux. Le calvinisme naissant minait l'influence du catholicisme. En 1562, on découvrit dans l'imprimerie anversoise une publication calviniste et Plantin fut aussitôt mis sur la sellette. Pourtant il n'eut pas à se forcer pour professer un catholicisme convaincu, dont témoignent les liens étroits qu'il avait avec Philippe II. Lorsque la lutte entre les Pays-Bas et l'Espagne sembla tourner à l'avantage des rebelles, Plantin commença pourtant à douter fortement. En 1583, l'imprimeur gagna la protestante Leyde (Hollande-Méridionale), où il fonda une nouvelle entreprise. L'imprimerie anversoise continuerait à tourner grâce à ses gendres Frans Raphelengius et Jan Moretus, lequel succéderait au grand maître. Quand deux ans plus tard les Pays-Bas du sud retombèrent définitivement aux mains des Espagnols, Plantin retourna tout bonnement à Anvers... Des trois publications récentes, c'est sans conteste le recueil scientifique qui est la plus intéressante. En presque 700 pages richement illustrées, une trentaine d'historiens du livre traitent de divers aspects du personnage de Plantin et de son imprimerie. L'introduction bibliographique a été rédigée par L. Voet, conservateur honoraire du Musée Plantin-Moretus. Septentrion a déjà publié un article de lui sur l'histoire ultérieure de l'imprimerie de PlantinGa naar eind(1). Depuis quelques décennies déjà, cette ancienne imprimerie s'est muée en un musée très fréquenté. On peut y sentir revivre une importante page de l'histoire de l'impression.
Hans Vanacker
(Tr. J. Fermaut) Ex Officina Plantiniana. Studia in memoriam Christophori Plantini (ca. 1520-1589) Ed. M. de Schepper et Fr. de Nave, Vereniging der Antwerpsche Bibliophielen (Association des Bibliophiles Anversois), Anvers, 1989, 692 p. |
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