dernières années la capacité financière des entreprises privées s'est fortement consolidée. Le gouvernement y a bien contribué pour sa part avec succès en diminuant la charge fiscale, mais sa propre situation financière n'est rien moins que saine. Certes, le déficit budgétaire annuel, qui atteignait encore 10½% du PNB en 1983, aura été ramené à 5% en 1990, mais cette réduction est sensiblement inférieure à celle de la plupart des autres pays. Cette moindre performance s'explique pour une part par le fait que la baisse des prix de l'énergie - qui profite aux autres pays européens - prive le Trésor néerlandais d'une partie des revenus qu'il tirait du gaz naturel, le manque à gagner s'élevant à 4% du PNB.
Par suite de déficits budgétaires persistants, la dette publique, de 205 milliards de florins en 1982 (soit 62% du produit national), sera passée à 400 milliards de florins en 1990 (soit 90% du PNB). Aussi le nouveau gouvernement néerlandais sera-t-il contraint de réduire plus énergiquement encore le déficit budgétaire.
La masse du déficit budgétaire a eu pour corollaire la difficulté pour le cabinet Lubbers de réduire les charges qui incombent à la solidarité nationale. Aux Pays-Bas, il y a presque autant de personnes à attendre leurs revenus de la solidarité nationale que du secteur privé. Ce ne sont pas seulement les chômeurs qui sont inactifs. S'y ajoutent un nombre exceptionnellement élevé d'inaptes au travail, un important absentéisme pour raisons de santé et un vieillissement croissant de la population.
En dépit de ces handicaps, le PNB néerlandais par habitant est à peu près aussi élevé qu'en France, en Belgique ou en Angleterre. Cette performance est rendue possible par une exceptionnelle productivité du travail dans l'économie de marché. Le PNB néerlandais par travailleur (et donc pas par habitant) est beaucoup plus élevé que dans tout autre pays de la CEE, et même qu'au Japon. Mais de ce revenu brut élevé, celui qui travaille aux Pays-Bas dans le secteur privé doit en moyenne en abandonner plus de la moitié sous forme d'impôts et de cotisations sociales. Cette charge collective atteint 52% du produit national.
Cette situation, tant pour des raisons internationales que nationales, n'est pas tenable à la longue. Que les syndicats, après des années de modération salariale, se mettent à poser des exigences plus hautes (les profits des entreprises sont là pour les y pousser) et le système de l'indexation les répercutera automatiquement au niveau des salaires des fonctionnaires et des diverses allocations. Ce serait impossible à financer.
Aussi le nouveau gouvernement devra-t-il diminuer la part du secteur collectif et parvenir à diminuer le nombre d'inactifs, de façon à ramener la charge fiscale au niveau international et à diminuer les différences entre salaire brut et salaire net. Cela permettrait une poursuite de la modération des salaires et par conséquent un renforcement de la position concurrentielle des entreprises néerlandaises.
Christiaan Berendsen
(Tr. J. Fermaut)