Chronique et analyse de l'oeuvre de Gust. De Smet
L'Expressionnisme en art est un phénomène typiquement germanique bien qu'il ait également compté des adeptes dans d'autres pays. En France, on peut considérer comme expressionnistes des artistes comme Georges Rouault, Marcel Gromaire, le Picasso d'une certaine période, Amedeo Modigliani et Chaïm Soutine. Mais une autre forme, le Fauvisme, est quant à elle typiquement romane ce qui ne signifie pas non plus que son influence ne soit pas décelable dans d'autres pays, notamment en Flandre. Toutefois c'est l'expressionnisme qui y a nettement percé et qui a dominé le monde de l'art avant et après la première guerre mondiale. Dès lors qu'on évoque l'expressionnisme en Flandre, trois personnages occupent les devants de la scène: Constant Permeke, la plus forte personnalité, Frits Vanden Berghe qui évoluerait par la suite vers une forme de réalisme fantastique et Gust(ave) De Smet, le Gantois encalminé, presque replié sur lui-même et cramponné à son territoire. Un territoire qui se situait dans la région de Sint-Martens-Latem, un village des bords de la Lys, dans les parages de Gand. Au sujet de Gust. De Smet vient de paraître un livre exceptionnellement passionnant, rédigé avec un soin hors du commun par Piet Boyens.
L'auteur s'est bien gardé de tomber dans l'hagiographie: il brosse au contraire le portrait d'un artiste qui, à partir de son savoirfaire artisanal, se met en quête d'un style propre. Boyens n'escamote ni les passages à vide ni les influences mais il a le mérite de camper l'homme et l'artiste dans sa globalité. De Smet s'est durement façonné lui-même, il a vécu assailli de doutes et a évolué pas à pas jusqu'à produire une oeuvre qui échappe par sa qualité à toute suspicion. De Smet (1877-1943) n'a pas traité de grands thèmes. Chez lui, ni dramaturgie extravertie ni morphologie ampoulée. Il ne peint pas les sentiments de toute une société, il n'exprime ni joie intense ni profonde tragédie: c'était plutôt un contemplateur qui livrait ses sentiments à la toile d'un pinceau apaisé. Son oeuvre, écrit Boyens, n'est nulle part révolutionnaire, ce qui explique sans doute que De Smet, comme du reste la plupart des peintres flamands, à ce jour, n'ait point ou guère soulevé d'intérêt à l'étranger. Et pourtant De Smet, tout