Fusion de quotidiens aux Pays-Bas
A la mi-novembre 1988, on annonçait aux Pays-Bas une fusion de deux grandes entreprises de presse quotidienne qui, si elle se réalisait, rassemblerait cinq des grands quotidiens du pays en une seule main. De Telegraaf, journal du matin qui paraît à 720.000 exemplaires à Amsterdam, garderait seul son autonomie. Les deux entreprises qui envisagent une union sont la Nederlandse Dagbladunie (NDU - Union néerlandaise de presse quotidienne) de Rotterdam et la Perscombinatie (PC - Combinat de presse) d'Amsterdam. La NDU est une filiale de la maison d'édition amstellodamoise Elsevier.
La NDU édite le NRC Handelsblad (Nouveau journal de Rotterdam/Journal économique), un journal libéral qui, tirant à 215.000 exemplaires, est considéré comme le quotidien de qualité le plus important des Pays-Bas. Le NRC est un journal du soir que la NDU double d'un journal du matin plus populaire, l'Algemeen Dagblad (Le quotidien pour tous), qui, fort d'un tirage de 417.000 exemplaires, constitue le plus important concurrent de De Telegraaf. Les deux journaux de la NDU affichent une belle santé ce qui en fait de dignes rejetons d'Elsevier, maison d'édition qui considère depuis belle lurette une forte rentabilité comme la priorité des priorités.
La Perscombinatie amstellodamoise édite un trio de journaux très hétérogènes. Le plus important en est De Volkskrant, qui a connu ces dernières années une croissance sans problèmes. En 1988, le tirage s'est accru de plus de 13.000 unités pour atteindre 310.000 exemplaires. Catholique au départ (propriété du grand syndicat catholique NKV), ce journal du matin s'est peu à peu affirmé ces vingt dernières années comme le principal journal progressiste des Pays-Bas.
Les scores flatteurs de De Volkskrant servent toutefois également, au sein du groupe PC, à maintenir à flot les deux autres publications. Le plus mal en point est Het Parool, un journal du soir dont le principal secteur de diffusion, et de loin, est la ville d'Amsterdam. Het Parool est né de la résistance socialiste à l'occupation allemande au cours de la Seconde Guerre mondiale. Le tirage de ce quotidien a baissé d'un peu moins de 10.000 unités en 1988 et s'établit à 113.000 exemplaires.
La troisième publication du groupe PC est Trouw, un journal du matin dont le tirage stagne à quelque 119.000 exemplaires. Trouw, issu tout comme Het Parool de la résistance, se caractérise par son christianisme protestant.
La collaboration entre ces trois journaux fort divergents a posé pas mal de problèmes au groupe PC et n'a pu se maintenir que grâce à une concentration des pouvoirs entre les mains des plus hautes instances de la direction, qui gardent secrets, même au sein du groupe, les résultats financiers respectifs des journaux.
Si la fusion se réalise, on verra naître un empire de presse dont les journaux atteindront tous ensemble un tirage de 1,3 million d'exemplaires.
De Telegraaf, qui, en plus du journal du matin publie aussi à Amsterdam un journal du soir, atteint, tous tirages confondus, les 777.000 exemplaires. Outre ces journaux grand public, il existe encore un journal national spécialisé, une petite publication indépendante qui s'assure un franc succès, à savoir Het Financiële Dagblad qui a vu son tirage croître de 11,8% en 1988 pour dépasser les 35.000 exemplaires.
Au sein du nouvel ensemble, bien que s'étant assuré la propriété de 75% des avoirs économiques, Elsevier ne disposera sur le papier que de 50% des voix. En fait, le nouveau conglomérat de presse sera très dépendant d'Elsevier.
Aussi cette perspective a-t-el-le déclenché les discussions sur l'opportunité de cette fusion, que la direction motive par les avantages de l'économie d'échelle. L'identité des différents journaux resterait garantie, et les diverses publications auraient toute latitude pour continuer à se concurrencer mutuellement. Mais ces déclarations soulèvent un croissant scepticisme. Les rédactions de quatre des cinq journaux concer-