Septentrion. Jaargang 17
(1988)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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Coudenberg: Quelle Belgique pour demain?Le ‘Coudenberg’ est une des collines sur lesquelles est construite la ville de Bruxelles; cela pourrait faire penser à l'une des sept collines sur lesquelles fut construite la Rome antique. Ce nom deviendra-t-il également l'une des collines symboliques sur lesquelles devra se construire la nouvelle Belgique de demain? Le ‘rapport Coudenberg’ constitue la première copie rendue par ledit ‘Groupe Coudenberg’. Celui-ci, né il y a cinq ans, réunit un certain nombre d'intellectuels flamands, wallons et bruxellois qui se sont rencontrés et trouvés en raison de leur souci commun du modèle de société belge à établir pour l'avenir. Les résultats des premiers mois de réflexion se trouvent consignés dans un rapport Coudenberg, publié sous forme de livre en version néerlandaise et françaiseGa naar eind(1). Le message fut ensuite présenté solennellement et avec beaucoup de façons à l'opinion publique belge lors d'une manifestation à laquelle assistaient quelque 1 200 sommités, notamment des dirigeants syndicaux, des ministres, des managers industriels. Les hommes politiques y étaient conviés en tant qu'hôtes. Le groupe Coudenberg lui-même ne comporte pas de politiciens en activité. Un véritable événement, donc, un événement politique belge... Ou ne s'agirait-il tout de même que de quelque chose d'éphémère? Depuis la présentation officielle du rapport, tout semble devenu très silencieux autour du groupe Coudenberg. Et si l'on entend encore quelque chose, c'est la nouvelle que l'un ou l'autre des membres décroche parce qu'il ou elle ne peut se déclarer d'accord avec les conclusions du groupe. Il convient de souligner qu'en Flandre surtout, le rapport a été rejeté presque unanimement et avec une grande fermeté. ‘Une mesure pour rien’, a écrit la Vlaams Economisch Verbond (Fédération économique flamande). Le groupe Coudenberg déclare qu'il veut examiner les problèmes que pose notre ménage flamando-wallo-bruxellois. Il se propose non seulement de formuler un diagnostic - qui est, par ailleurs, un volet particulièrement intéressant du rapport -, mais il entend aussi apporter des suggestions en vue d'une solution des problèmes. Pour ce qui est du premier volet, celui-ci ne prête guère à la critique. Le diagnostic de la maladie belge est acceptée par quasiment tout le monde, ce qui n'est même pas étonnant. Mais s'il y a consensus sur l'analyse, c'est la tentative de solution qui suscite nombre de réactions négatives. Une issue possible envisagée par le groupe Coudenberg est, en effet, un fédéralisme multipolaire qui devrait se substituer à la situation actuelle, une sorte de fédéralisme à deux à la belge tel qu'il a pris forme au cours de l'été 1980 sur le plan institutionnel. Le groupe rejette catégoriquement cette forme de fédéralisme, qui est tout simplement inapplicable et ne peut en aucun cas constituer une solution définitive pour la maladie belge. Pourquoi? Parce qu'il n'existe aucun exemple de fédéralisme à deux. Il convient dès lors de remplacer la construction institutionnelle de 1980 par autre chose, par exemple par un fédéralisme basé sur les provinces, ce qui a l'avantage de répondre à un système fédéral classique tel qu'il s'en trouve dans tous les manuels. C'est précisément ce fédéralisme provincial qui a soulevé des protestations véhémentes en Flandre. Le groupe Coudenberg a beau dire qu'il ne veut pas revenir en arrière ni retourner à l'époque du bon vieux temps de la bonne vieille Belgique de papa, qu'au contraire il importe de faire un pas sérieux en avant dans la direction d'une structure étatique claire, on réplique en Flandre que ce fédéralisme provincial est exactement le contraire de ce que les Flamands, mais aussi les Wallons, disent vouloir, à savoir l'évolution vers un fédéralisme sur la base des deux grandes communautés qui composent la Belgique, c'est-à-dire la communauté flamande et la communauté francophone. L'idée de vouloir endiguer, voire supprimer par un détour ce qui a déjà été mis sur pied ou est en cours d'élaboration est ressentie, surtout en Flandre, comme un réflexe belge assez brutal, comme la négation de l'autonomie culturelle et économique déjà acquise. Il en résulte que ce rapport Coudenberg risque d'être - ou est déjà - une énième mesure pour rien dans cette longue et difficile quête d'une Belgique nouvelle. Le rejet du rapport a également pour effet qu'un autre aspect du rapport ne retiendra probablement pas toute l'attention souhaitée, à savoir le fait que la réforme de l'Etat d'août 1980 ait été déclarée impraticable par un groupe aussi important de personnalités de premier plan, constitue un élément non négligeable dans la discussion qui, de toute façon, devra être reprise et poursuivie dans un proche avenir. Marc Platel (Tr. W. Devos) |
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