Evolution économique favorable aux Pays-Bas mais les soucis demeurent
Aux Pays-Bas, l'année parlementaire s'ouvre traditionnellement le troisième mardi de septembre sur le Discours du Trône, lu par la Reine à La Haye dans la Salle des Chevaliers, devant les assemblées réunies des deux chambres des Etats Généraux (le Parlement néerlandais). Immédiatement après, le ministre des finances présente le budget pour l'année suivante: en 1988, c'était donc celui de 1989.
Ce budget, élaboré par le cabinet chrétien-démocrate et libéral Lubbers, brosse un tableau favorable de l'économie néerlandaise en 1988 et 1989. Initialement prévue de 1%, la croissance du PNB se révèle atteindre cette année 2½% et l'on s'attend à une croissance identique l'année prochaine. Ces dernières années, les résultats se sont toujours avérés supérieurs aux prévisions. Les bénéfices des entreprises vont continuer à croître et l'inflation, maintenue cette année à 1%, n'excédera pas ce chiffre l'an prochain, en dépit des hausses de prix prévues au plan international.
Ce maintien de l'inflation à un niveau aussi bas sera permis par la baisse de TVA de 20 à 18½% que le gouvernement envisage d'introduire en 1989. Cette baisse de l'imposition est rendue possible par une forte hausse des recettes fiscales consécutive à l'embellie économique.
Ces dernières années, l'emploi a fortement progressé aux Pays-Bas, davantage que dans les autres pays d'Europe. Cette progression continuera l'année prochaine, mais le chômage reste élevé (environ 670 000). La raison de ce nombre élevé de sansemplois réside encore toujours dans un afflux croissant de demandeurs d'emploi sur le marché du travail, lequel s'explique par la croissance démographique passée et par le phénomène que, le nombre de femmes au travail étant, naguère encore, moindre aux Pays-Bas qu'ailleurs, les femmes se présentent maintenant de plus en plus nombreuses sur le marché du travail. Il s'ensuit qu'un groupe assez important de gens peu formés restent longtemps en chômage, ce qui est de plus en plus ressenti comme un problème plutôt social qu'économique, et constitue l'un des grands soucis du cabinet Lubbers.
Le second problème important est qu'en dépit de la bonne marche des affaires, le déficit budgétaire reste élevé: 6% du PNB en 1989 (il y a quelques années, il dépassait encore les 10%). Ce n'est qu'à très grand-peine que le gouvernement est parvenu à diminuer quelque peu les dépenses de l'Etat. Ainsi la dette publique continue-t-elle à croître fortement. Fin 1987, elle atteignait déjà 80% du PNB. Le service de la dette, qui s'élève actuellement à plus de 20 milliards de florins est dès à présent le deuxième poste budgétaire. Il n'y a que trois pays dont la dette publique soit supérieure à celle des Pays-Bas: l'Irlande (141% du PNB), la Belgique (125%) et l'Italie (93%). La France par exemple a une dette publique qui s'élève à 47% du produit national brut, celle de l'Allemagne atteint 43%.
Le gouvernement est décidé à ramener le déficit budgétaire à 5,25% en 1990, mais il est d'ores et déjà certain qu'ensuite il faudra continuer à porter le fer dans les dépenses de l'Etat.
Christiaan Berendsen
(Tr. J. Fermaut)