l'oeuvre dramatique de M. de Swaen (1654-1707), Flamand de Dunkerque, ensuite dans les dictionnaires et encyclopédies du
xviiie siècle (notamment la célèbre
Encylopédie de Diderot et d'Alembert). Le plus grand nombre de pages est consacré toutefois aux traductions, représentations, études et commémorations. Comme dans l'article de P. Brachin,
Vondel in het Franse pak (1979), les traductions de Jean Cohen, de Collin de Plancy, de Dostert, de P. Brachin, mais surtout de Jean Stals (
Cinq Tragédies, 1950, mais publiée seulement en 1969) sont passées en revue et commentées. L'auteur en profite pour prendre position dans ce domaine; il opte résolument pour une traduction moderne ou actualisée d'un texte ancien. Il s'attarde ensuite assez longuement aux diverses représentations de pièces de Vondel en France: en 1927, le
Vlaamsche Volkstooneel donne une représentation de
Lucifer à Paris en néerlandais, dans une mise en scène ‘moderniste’ du Néerlandais Johan de Meester; les critiques sont excellentes. En 1950, Les Théophiliens, troupe estudiantine parisienne, joue des extraits de
Lucifer et
Adam en exil dans la traduction française de Stals. En 1952, c'est le festival d'Orange qui organise au théâtre antique une représentation de
Joseph vendu par ses frères dans une adaptation moderne de Jean Giono, basée sur une traduction littérale du lecteur de néerlandais à Strasbourg J. Plessen. Thys nous donne un aperçu de la réception enthousiaste par le public français à travers les coupures de journaux de l'époque.
Viennent ensuite les articles, études, communications et commémorations. Jean Cohen, J. van Lennep, J.W. Brouwers, C. Picqué, Jan Walch, le Père Molkenboer ont fait la fortune de l'oeuvre en France au
xixe et durant la première moitié du
xxe siècle. A partir de 1950, c'est essentiellement dans le sillage de W.A.P. Smit, le grand spécialiste vondélien utrechtois, qui, de surcroît, entretint des contacts avec la France,
Joost van den Vondel (1587-1679).
que le processus de reconnaissance de Vondel comme poète universel est mis en route. En 1964, lorsque Brachin publiera en français un condensé de 185 pages des trois tomes de W.A.P. Smit, la percée de Vondel dans le milieu universitaire français est effective. Dans la
Revue de Littérature Comparée paraîtront encore d'importants articles de P. Mesnard et de J. Voisine sur Vondel dans les années 60. Depuis 1968, l'intérêt pour Vondel diminue, mais ce phénomène n'est pas propre à la France.
A la lecture de cet aperçu, on peut se demander à qui s'adresse cet ouvrage. Certainement pas au néophyte français qui espérerait en savoir plus sur celui qu'on appelle ‘le prince des poètes néerlandais’; l'ouvrage s'adresse plutôt à celui qui a une connaissance globale de l'oeuvre de Vondel et qui, de surcroît, s'intéresse à la réception de cette oeuvre en France. Qui répond à ce double critère? Le néerlandiste français et, peut-être, tel ou tel germaniste ou Néerlandais émigré en France. Bref, un produit ‘intra muros’; paradoxalement, cette étude, d'un abord facile, car assez anecdotique et descriptive, ne s'adresse tout de même pas au grand public.
Ces anecdotes sont certes intéressantes et ont, eu égard à la bibliographie mentionnée, nécessité pas mal de recherches qui ont dû, comme l'auteur le souligne à maintes reprises, être menées en un laps de temps très bref (deux ans). La ‘tragédie personnelle’ de Stals par exemple, sans cesse confronté à la malveillance de l'Ambassade des Pays-Bas, m'a personnellement éclairée sur la non-diffusion de ses excellentes traductions en alexandrins. (La Nederlandse Taalunie a partiellement remédié dernièrement à cette situation en envoyant, aux instituts de néerlandais ‘extra muros’ qui n'en possédaient pas encore, un exemplaire de ces Cinq Tragédies.)
Les promoteurs de la littérature néerlandaise en France méritaient également l'hommage qui leur est rendu dans ce livre par leur collègue lillois.
De lecture agréable et intéressante donc, cette étude éclaire sans aucun doute la réception du poète et dramaturge néerlandais en France et incite à nombre d'autres études plus approfondies - le livre fourmille de suggestions de recherches à faire.
Pour terminer, je voudrais toutefois exprimer deux regrets. Le premier concerne les digressions auxquelles se laisse quelquefois aller l'auteur (considérations - sympathiques - sur le Rhin, pp. 12-13 - reproduction du sonnet de M. de Swaen, pp. 40-41 - digression sur le Wilhelmus traduit par Stals, p. 65). Le second a trait au manque de correction du langage dans ce texte traduit du néerlandais par ‘une équipe d'anciens étudiants et d'étudiants de la Section de néerlandais de l'Université de Lille III’. Certaines tournures sont lourdes ou peu heureuses en français (un exemple, p. 123: ‘Homme de théâtre et metteur en scène il savait aussi, de par cette polyvalence, être partisan de ce qui est le contraire du théâtre classique’); d'autres sentent la traduction du néerlandais (p. 48: ‘Probablement le plus ancien article... est un texte...’ - p. 66: ‘Tout cela admis, Stals a quand même...’ - p. 106: ‘A l'appui de cette assertion...’); d'autres enfin sont carrément fautives (p. 57: ‘la partie... avait en fait parue...’ - p. 106: ‘sous l'optique du xiiie siècle’). Que