Le Prix H.C. Andersen pour Annie M.G. Schmidt
A la Foire Internationale du livre pour enfants de Bologne, Annie M.G. Schmidt a reçu le très convoité Prix H.C. Andersen, considéré généralement comme la distinction la plus prestigieuse de la littérature pour l'enfance et la jeunesse. C'est la première fois que ce prix échoit à un auteur de langue néerlandaise. Annie M.G. Schmidt prend ainsi rang parmi d'autres célébrités de la littérature pour la jeunesse comme Astrid Lindgren, Maurice Sendak, Erich Kästner et Christine Nöstlinger.
Fille de pasteur, Annie M.G. Schmidt est née le 20 mai 1911 dans la localité zélandaise de Kapelle. De 1933 à 1946, elle fut bibliothécaire, d'abord à Amsterdam, puis à Vlissingen. Elle y accumula une grande expérience des livres et des enfants. En 1946, elle entra au journal Het Parool. Elle y écrivit des sketches, des billets et des poèmes pour enfants. En 1950 parurent ses premiers livres: En wat dan nog (Et quoi encore?) qui rassemblait des textes pour chansonniers et Het fluitketeltje en andere versjes (La petite bouilloire et autres petits poèmes pour enfants). Plus de soixante-dix titres viendraient s'y ajouter: poèmes et contes pour enfants, programmes de radio et de télévision, comédies musicales, chroniques, textes pour chansonniers et pièces de théâtre. Dans tous ces domaines elle acquit une immense popularité. Divers livres furent traduits en plusieurs langues et son oeuvre fut maintes fois couronnée, notamment en 1965 par le premier Prix de l'Etat Néerlandais de Littérature pour l'Enfance et la Jeunesse, en 1968 par le Prix de l'Etat Autrichien et en 1981 par un Oscar de Littérature Enfantine attribué à Otje.
Lors de sa parution, son premier recueil de poèmes pour enfants, Het fluitketeltje, constitua incontestablement un moment historique dans la littérature enfantine néerlandaise. Le sifflement de la petite bouilloire réveilla les antiques et sages Pays-Bas. Les angéliques et adorables petites têtes blondes et les adultes compassés et moralisateurs qui peuplaient et le monde véritable et celui des livres, décampèrent sous les sifflets. Annie M.G. Schmidt lâcha dans ses petits poèmes des garnements rebelles, polissons avec délices, qui n'acceptaient plus de continuer à observer un silence poli:
Je ne veux plus, je ne veux plus:
Je ne veux plus donner la main.
Je ne veux plus dire chaque fois.
Oui-da madame, oui-da monsieur...
non, de ma vie jamais plus.
Je garde les mains dans le dos
et je biche à ne rien répondre.
Les adultes de ses poèmes sont généralement de curieux bonshommes, de petites dames marrantes ou des rois bizarres. Elle est passée maître dans l'invention de situations et de personnages absurdes: monsieur Van Zoeten qui se lave tous les jours les pieds dans l'aquarium, Tata Trui et Tata Toosje qui après une inondation dérivent à bord de leur canapé et le roi Maggelhaan dont les oreilles deviennent aussi grandes que des ailes d'aéroplane. Annie M.G. Schmidt sent mieux que personne ce que les enfants trouvent comique. Cela l'amène à briser bien des tabous, tout particulièrement celui de l'autorité et celui des bonnes manières. Qu'elle écrive pour des jeunes ou pour des moins jeunes, elle n'a jamais cessé de s'en prendre au prestige, à la manie de se draper dans sa dignité, à l'autorité ampoulée qui refoule l'imagination et le jeu. A sa manière propre, volontiers piquante, elle tourne en ridicule toute sorte de situations choquantes.
Ses poèmes pour enfants appartiennent depuis plusieurs décennies déjà au répertoire des écoles primaires néerlandaises et flamandes. Il faut dire qu'ils se prêtent à merveille à la déclamation par leur subtil dosage d'éléments dramatiques et narratifs