Economie
Les deux problèmes de l'économie néerlandaise
L'économie néerlandaise qui, vers les années quatre-vingt, s'en tirait sensiblement plus mal que celle des autres pays de la Communauté Européenne, s'est remarquablement redressée depuis 1982, année de l'entrée en fonction du premier cabinet-Lubbers. Mais il reste deux domaines où les Pays-Bas sont encore en retard sur les pays environnants: les finances publiques et le marché du travail.
Dans les années à venir, le Nederlandse Centraal Planbureau (Bureau central du plan néerlandais) - qui, contrairement à ce que son nom ferait supposer, ne fait pas de plans mais uniquement des prévisions - s'attend au maintien d'une croissance modérée de l'économie néerlandaise, laquelle n'empêchera pas le déficit budgétaire et l'adaptation de la demande d'emploi à l'offre de demeurer des soucis majeurs.
La récession économique, engagée vers 1980 par le second choc pétrolier, a frappé les Pays-Bas plus durement que les autres pays. Les débouchés des entreprises se réduisirent, les bénéfices déjà fort bas s'amenuisèrent encore et le déficit budgétaire monta en flèche.
Alors que dans l'ensemble de la Communauté Européenne les investissements gardaient leur niveau, entre 1977 et 1982, ils diminuèrent en moyenne aux Pays-Bas de 2,6% par an. Cela s'expliquait par une hausse des coûts salariaux bien supérieure à celle des autres pays au cours des années soixante-dix, si bien que les entreprises néerlandaises prévoyaient un recul de leur compétitivité et donc de leurs ventes.
Pour les investissements, le coût de l'argent, les taux d'intérêt constituaient un handicap supplémentaire. L'inflation néerlandaise était notablement inférieure à celle des autres pays de la Communauté. En dépit d'exportations en forte baisse, les Pays-Bas souhaitaient maintenir le couplage du florin au mark allemand, ce qui entraînait des taux d'intérêt réels élevés (le taux d'intérêt réel est le taux d'intérêt nominal amputé de l'inflation). Au cours de la période 1977-1982, ce taux d'intérêt réel ne descendit pas en dessous de 4,1% aux Pays-Bas, alors que la moyenne n'était que de 1,5% au sein de la Communauté.
La situation commença à se retourner après 1982 quand la hausse des salaires commença à prendre du retard sur l'étranger. Certes, cela eut pour effet de diminuer la consommation intérieure mais les exportations purent se rétablir. Aidés par le rétablissement de la conjoncture économique internationale, les investissements néerlandais reprirent avec une vigueur inconnue jusqu'alors.
Cette remontée des investissements industriels jointe à une hausse des salaires inférieure à celle de l'étranger entraînèrent, avec une croissance économique, une forte reprise de l'offre d'emploi. Mais, du fait d'une donnée démographique spécifique aux Pays-Bas, à savoir l'arrivée simultanée de nouveaux demandeurs d'emploi sur le marché du travail, le chômage en fin de compte ne baissa pas. Après des oscillations intermédiaires assez importantes, le chômage se maintient à peu près au niveau de 1982.
Le déficit budgétaire est tout aussi préoccupant. Les bénéfices tirés du gaz naturel ont fortement diminué du fait de la chute du prix du pétrole et de la baisse concomitante de la production. Ce manque à gagner force les autorités à réduire les sommes consacrées à la sécurité sociale, lesquelles sont plus élevées aux Pays-Bas que dans tout autre pays. Année après année, le gouvernement néerlandais est contraint de comprimer toujours davantage ces dépenses, économies qui se heurtent à une opposition croissante.
C'est ainsi qu'il existe aux Pays-Bas un salaire minimum légal qui sert de référence aux allocations de chômage. Or le cabinet-Lubbers voulait n'accorder ce salaire minimum qu'à partir de 27 ans au lieu de 23 comme maintenant. Mais cette mesure ne fut pas seulement rejetée au Parlement par l'opposition (dont la principale composante est le parti socialiste ou Partij van de Arbeid) mais aussi par les deux partis gouvernementaux, le CDA chrétien-démocrate et le VVD libéral. Tout semble cependant indiquer que le gouvernement va continuer à chercher un moyen d'arriver à une diminution du salaire minimum néerlandais qui permettrait en même temps de faire baisser le chômage et de diminuer le déficit budgétaire.
A un autre point de vue encore, le gouvernement néerlandais essaie d'épouser les évolutions internationales. Le parlement a approuvé des projets de loi tendant à abaisser en 1990 le barême de l'impôt tout en le simplifiant. L'impôt sur les sociétés qui se monte actuellement à 43% sera lui aussi ramené à 35%. Cette baisse du taux d'imposition n'augmentera pas le déficit budgétaire car elle s'accompagnera