Urbanus van Anus (o1949) dans le personnage de Hector.
au cours des vingt dernières années, peu de coproductions flamando-néerlandaises ont pu se féliciter d'un véritable succès.
A cet égard, la production cinématographique flamande Hector (1987) constitue une exception de taille. Avec une recette de 125 millions FB - plus de 21 millions FF - en Belgique et presque autant aux Pays-Bas, ce film s'est avéré la production la plus lucrative de toute l'histoire du cinéma flamand.
C'est le comique flamand Urbanus - Urbain Servranckx - qui a pris l'initiative de ce film, dont il est par ailleurs le personnage pivot. Depuis une quinzaine d'années, une série de one-manshows l'ont rendu très populaire d'abord en Flandre, puis également aux Pays-Bas, où - contrairement aux habitudes - les spectateurs semblent beaucoup s'amuser avec - ou se rire de? - ce ‘leuke Belg’, ce petit Belge drôle qui s'exprime en dialecte. Plusieurs des 33 tours d'Urbanus cabaretier et chanteur se sont retrouvés en tête du hit-parade. Depuis cinq ans, il fait également fureur en tant que figure de bande dessinée.
Le scénario de Hector ne brille pourtant guère par l'originalité. Urbanus joue un orphelin bon enfant de 35 ans que sa jolie tante - l'actrice néerlandaise Silvia Millecam - arrache de l'orphelinat pour qu'il vienne aider son mari - Frank Aendenboom - dans sa boulangerie. Elle pourra ainsi se consacrer pleinement à la préparation de sa carrière théâtrale et cinématographique, et son cher fils - Marc van Eeghem - pourra s'appliquer à la course cycliste. Dès que Hector commence à travailler à la boulangerie, tout va évidemment de travers. De plus, le mitron, tour à tour simplet et futé, tombe amoureux de sa tante plutôt aguichante...
Le film est une succession ininterrompue de gags complètement dingues caractéristiques d'Urbanus, parfois spirituels, parfois vulgaires et banals. Les gags purement visuels donnent les meilleures scènes. En outre, le charme de Hector réside dans l'évocation de plusieurs aspects de la vie villageoise flamande: le café du coin, la course cycliste annuelle, et ainsi de suite. A ce propos, la séquence où les cyclistes d'une ‘course de kermesse’ se retrouvent au beau milieu d'une troupe de porcs échappés du camion d'un marchand de bestiaux donne d'emblée le ton. Le jeune cinéaste Stijn Coninckx, qui a déjà une grande expérience comme assistant de réalisateur, met le tout en images de manière très rectiligne.
Le succès financier de Hector, d'une part, s'explique par le dit effet Urbanus et est dû, d'autre part, à la manière professionnelle dont le producteur Erwin Provoost, de Multimedia, a assuré la promotion de son film. Une grande campagne publicitaire et la mise en circulation de Hector avec un nombre considérable de copies - 40 rien que pour la Flandre - n'ont pas manqué leur but.
En outre, au treizième Festival international du film d'humour de Chamrousse, au mois de mars dernier, Hector a été couronné du Grand prix, d'un montant de 600.000 FF destiné à la promotion du film en France. Se référant au film The Gods must be crazy, de James Uys, du Botswana, couronné jadis au festival, Urbanus a laconiquement remercié le jury en disant: ‘Les dieux nous sont tombés sur la tête!’ Hector partira-t-il à la conquête des cinémas et du marché video français?
Wim de Poorter
(Tr. W. Devos)