Histoire
F.P. van Oostrom et la littérature à la cour néerlandaise vers 1400
Ces dernières années, le baromètre des études sur la littérature moyenne néerlandaise retourne franchement à la synthèse. Les spécialistes se convainquent à nouveau qu'un panorama (fût-il provisoire) permet de reculer les frontières de la recherche. Symptomatique entre autres à cet égard, l'intérêt renaissant pour l'histoire de la littérature, sujet encore considéré comme tabou par les scientifiques il y a une décennie.
F.P. van Oostrom, professeur de littérature ancienne à l'université de Leyde, est sans aucun doute l'un des pionniers de ce revirement; dans son dernier ouvrage, non content de décrire de façon exemplaire la littérature à la cour de Hollande vers 1400, il a en même temps esquissé le cadre d'une nouvelle approche historico-littéraire, attentive à la réception immédiate et différée d'une oeuvre et à la dimension sociologique de la communication littéraire, ce qui implique un nouveau rapprochement avec l'histoire proprement dite. En outre le regroupement des textes selon leur milieu d'origine (et de mise en oeuvre), permet certes de traiter côte à côte les genres les plus divers, chroniques, poèmes d'amour courtois, sommes religieuses et traités d'amour, mais autorise aussi une étude des centres d'intérêt communs et des corrélations intertextuelles réciproques.
Le résultat en est surprenant. Contrairement à l'opinion commune, il s'avère que la cour comtale de La Haye, sous la dynastie bavaroise, fut un milieu culturel du meilleur aloi, tout à fait au niveau de la culture internationale de cour. Un Dirc van Delft a su rédiger dans son Tafel vanden kersten ghelove (Manuel de la foi chrétienne) un monument de science théologique en langue vulgaire qui est en même temps un