L'art flamand en Bretagne
Après la guerre de Succession au xive siècle, opposant deux maisons rivales qui se disputaient le duché, la Bretagne connut une ère de prospérité. Grâce à une position maritime privilégiée mais également aux différents traités commerciaux scellés par le duc Jean V, la marine commerciale bretonne prit un essor prodigieux. Ainsi, à partir du xve siècle, les célèbres caravelles voguaient vers le Nord à la conquête de débouchés, transportant pour le compte d'autrui, entre autres, du sel de la région de Guérande et de la baie de Bourgneuf, du vin bordelais ainsi que des toiles de Locronan et de Vitré.
La destination principale des navires bretons était les bouches de l'Escaut, alors plaque tournante des activités commerciales en Europe. En 1457, à Sluis, avant-port de Bruges, 38% du nombre des bateaux étaient bretons. A la suite du déclin de Bruges à la fin du
xve siècle, dû essentiellement à l'ensablement du Zwin, et durant plusieurs décennies, Arnemuiden, dans l'île de Walcheren, devint leur port de prédilection. Entre le 1er octobre 1475 et la fin 1483, 85% des navires enregistrés
Caravelle sculptée sur l'église de Penmarc'h.
arborent le pavillon breton; en 1533-1534, le trafic breton représente encore 80%, dont un tiers était armé à Penmarc'h.
Mais dès la fin du xve siècle, Anvers était devenu le premier marché mondial et un centre industriel des plus florissants, attirant par conséquent beaucoup d'étrangers. La métropole jouissait, en outre, d'une grande activité artistique. Peintres, architectes, sculpteurs et graveurs s'y côtoyaient. Des ateliers spécialisés dans la diffusion des gravures reproduisant les grands maîtres flamands virent le jour. Dans toute l'Europe circulaient certains thèmes ou motifs. La gravure a été la courroie de transmission de la sensibilité religieuse mais aussi des goûts artistiques, constituant une inspiration puissante pour le vitrail et la statuaire en Bretagne. Parmi les graveurs de grande réputation figurent Jacob Cornélis, Dirk Vellert, Joost de Negker et surtout Lucas de Leyde, leur chef de file. Notons que ces graveurs étaient en même temps d'excellents peintres-verriers. Anvers possédait également de féconds ateliers qui produisaient et exportaient des sculptures sur bois, notamment ces fameux retables à compartiments retraçant la vie des saints.
Certaines archives ont signalé la présence de marchands flamands aux foires de Rennes ou de La Martyre. D'autres font état d'artistes, peintres, verriers ou sculpteurs qui sont venus s'installer en Bretagne, ou y travailler, surtout à Rennes et Tréguier. Signalons, à titre d'exemple, Jean de Diest ‘menuisier des imaiges’, dont le nom apparaît dans les comptes de la cathédrale de Tréguier. De plus, des retables, des statues et surtout des gravures, celles-ci expédiées par tonneau, constituaient souvent une partie du fret de retour des navires bretons.
Ainsi, il subsiste en Bretagne deux retables qui ont été importés des Flandres. La cathé-