sidérablement celui de la plupart des autres pays européens. Une comparaison des Pays-Bas avec la Belgique permet de constater qu'avant 1940, la population néerlandaise (8 millions) était numériquement inférieure à la population belge (9 millions), alors qu'aujourd'hui - soit près de cinquante ans après -, les Pays-Bas comptent 14.530.000 habitants et la Belgique un peu moins de 10 millions.
Cette croissance démographique de la population néerlandaise est due à l'excédent considérable des naissances de la première année après la guerre (voir statistique), explosion démographique qu'avaient également connue en 1920 les pays qui venaient de sortir de la première guerre mondiale. La population néerlandaise semble s'être lancée dans la nouvelle période de paix avec des espoirs démesurés.
Cette poussée démographique, à son tour, s'est répercutée sur le nombre des naissances vingt à vingt-cinq ans après 1946. C'est ce qui explique pourquoi les Pays-Bas constituent toujours une nation encore jeune au niveau européen à l'heure actuelle. Toutefois, le chiffre annuel des naissances a tellement baissé qu'en 1973, le niveau de fertilité en dessous duquel on finira par connaître une décroissance de la population a été franchi.
La première vague de naissances a abouti, dans les années 1950-1960, à une forte émigration notamment vers le Canada, la Nouvelle-Zélande, etc. En la stimulant, le gouvernement menait pour la première fois - fûtce indirectement - une politique démographique, politique devant laquelle on se montre très hésitant, y compris de nos jours.
L'explosion démographique d'après guerre aboutit également à l'industrialisation des Pays-Bas demeurés agricoles jusqu'en 1945. A son tour, cette industrialisation tardive nécessitait des travailleurs étrangers. Sur le plan numérique - 500.000 -, les deux groupes se compensent, avec cette correction qu'aussi bien chez les émigrés provenant des Pays-Bas que chez les travailleurs étrangers immigrés, le nombre de naissances est supérieur à la moyenne actuelle, plutôt peu élevée, aux Pays-Bas. Actuellement, la femme étrangère met au monde deux fois et demie plus d'enfants que sa consoeur néerlandaise.
La société néerlandaise étant fortement organisée, le gouvernement a fait procéder à des études démographiques au début des années quatre-vingt. Les premières conclusions ont trait aux allocations sociales. Prenons aussi, par exemple, les pensions de retraite, assez élevées aux Pays-Bas, dont le paiement repose sur des cotisations qu'apportent de moins en moins un nombre toujours décroissant de jeunes actifs. En outre, l'espérance de vie s'avère particulièrement élevée aux Pays-Bas: annuellement, le taux de décès est de 8,3 sur mille Néerlandais, alors que la moyenne est de 11 sur mille Européens. On peut objecter que les dépenses publiques destinées à l'enseignement pour un nombre de jeunes décroissant d'année en année baisseront - en l'an 2000, 25 p.c. de moins qu'en 1981; pour les allocations familiales, en l'an 2030, deux tiers des dépenses de 1981 -mais ces économies ne compenseront pas les dépenses consenties par les pouvoirs publics pour les personnes âgées. On estime, en effet, qu'en l'an 2030, ces dépenses représenteront le double du montant payé en 1981, notamment du fait que les frais des soins infirmiers et médicaux pour personnes âgées s'accroîtront considérablement.
De plus, il y a les conséquences sur le plan du logement, qui constitue toujours un problème aux Pays-Bas. Actuellement, le jeune Néerlandais a droit à son propre logement dès l'âge de dixhuit ans. Par ailleurs, conséquence ou non de la multiplication des divorces, le nombre de familles à parent unique s'accroît considérablement. On a calculé que le parc de logements augmentera de 5,2 millions en 1983 à 6, 4 millions en 2015.
En raison de ce ‘déverdissement’ continu de la population, le gouvernement multiplie les scénarios. Il a promis à la Deuxième Chambre de déposer tous les deux ans un rapport politique, comme ce fut le cas dans les années cinquante, quand la population néerlandaise s'accroissait à un rythme nettement plus rapide que les autres populations d'Europe. Mais nous constatons aujourd'hui, par exemple, que des écoles et des églises construites il y a à peine un quart de siècle doivent être démolies. Des villes satellites construites dans les polders du lac de l'Yssel connaissent une expansion largement inférieure à ce qui avait été escompté, avec toutes les conséquences qui en résultent, par exemple au niveau de l'aménagement de voies ferrées coûteuses en direction de ces villes.
L'évolution du comportement des humains est difficile à prévoir, même et surtout dans un pays où concevoir des projets pour l'avenir est devenu comme une seconde nature...
Kees Middelhoff
(Tr. W. Devos)