Face au phénomène nazi, la presse néerlandaise a eu, grosso modo, un mouvement quasi unanime de rejet. Il est toutefois intéressant de constater qu'ici ou là des ‘ponts idéologiques’ ont été jetés et qu'il y a eu, comme le dit M. Gerth, ‘des cheminements d'idées permettant d'effectuer la liaison entre les familles de pensée néerlandaises en principe hostiles au nazisme et l'adversaire ou concurrent nazi’. Il montre que cela a pu se produire, surtout en 1933, à l'occasion d'événements d'actualité qui aux Pays-Bas furent jugés de méme nature et de même importance que ce qui se passait alors en Allemagne. Bien des Néerlandais ont pu croire que leur pays allait, voire devait, évoluer d'un point de vue politique et social, dans un sens comparable à celui de l'Allemagne.
Cependant, conclut M. Gerth, la presse néerlandaise a très largement assuré sa mission d'information et d'éveil des consciences et ‘elle démontre, en l'occurrence, pour la première fois, qu'elle allait effectivement devenir l'une des partenaires essentielles de la démocratie dans les formes nouvelles de dialogue que cette dernière allait construire en Europe à l'ère de la communication de masse’.
Belle conclusion, révélatrice de l'esprit européen de l'auteur, chargé de mission près l'Académie de Lille, spécialiste de l'enseignement bilingue, lui-même trilingue parfait (français, allemand, néerlandais), aptitudes qui ont dû profiter à son étude. Elle mérite l'intérêt de tous les néerlandisants, historiens ou non.
Aart van Zoest