ensuite, sous la direction de J. Van Nuffel, F. Peeters et M. de Jong à l'Institut Lemmens de Malines où il obtint en 1927 son diplôme d'orgue. Peu après, il fut nommé organiste de l'église décanale Saint-Amand de Geel et professeur de musique au conservatoire communal. En 1943, il devint directeur de l'Académie de musique de Mortsel-Anvers, mais il fut démis de ses fonctions après la guerre. Brisé par cette expérience amère et sans ressources, il travailla durant une dizaine d'années comme voyageur de commerce, éleveur de poulets et organiste dans des cinémas et des tavernes. De 1957 à 1968, il fut professeur de musique à l'Institut technique des Religieuses Ursulines à Hasselt.
Armand Preud'homme était un homme modeste dont le sourire légèrement ironique rayonnait de chaleur humaine. Malgré ses nombreux succès, sa vie ne fut pas toujours rose. Son profond attachement au pays flamand lui valut d'amères désillusions. Il souffrait aussi du peu d'intérêt que les media montraient pour les chants flamands et de l'incompréhension de la jeune génération devant les messages que véhiculaient ses chansons.
Bien qu'il ait composé quelques messes et d'autres chants religieux, il a surtout marqué la chanson de société. Il écrivit plus de 400 mélodies pour toutes sortes de circonstances et de mouvements: airs de marche, chants patriotiques, chansons guerrières, mélodies plus intimes, etc. Nombre d'entre elles connurent une grande popularité; certaines, comme
Kempenland (Pays campinois, 1938) sur un texte de Jozef Simons, sont devenues de véritables hymnes nationaux pour le peuple flamand. D'autres airs célèbres sont:
Heimwee doet ons hart verlangen (La nostalgie fait soupirer notre coeur),
Voor outer en heerd (Pour l'autel et le foyer),
Als de brem bloeit (Quand fleurit le genêt) et surtout le chant de Noël
Susa Nina dont la renommée a dépassé nos frontières. Ils
Armand Preud'homme (1904-1986).
se caractérisent par une mélodie harmonieuse et spontanée, facile à chanter, et par un rythme entraînant adapté au texte dans un esprit romantique. Armand Preud'homme composa aussi une dizaine d'oeuvres lyriques -
Hallo, Chérie; Bengel (Galopin) - parmi lesquelles l'opérette
Op de pur'pren Heide (Sur la lande pourpre - plus de 600 représentations, entre autres à l'Opéra royal de Flandre) est un chef-d'oeuvre du genre.
La musique d'Armand Preud'-homme est sans nul doute liée à son époque. Tout le mérite du compositeur a consisté à introduire au bon moment des chansons qui reflétaient les désirs et les besoins d'une société aimant la musique et attachée au terroir flamand. Il a composé pour les jeunes et les adultes de sa génération un répertoire de chants qui réveillaient tant leurs instincts guerriers et leurs aspirations communautaires que leur dévotion et leur amour pour la nature. Peu de compositeurs ont joui d'une telle popularité. La jeune génération nourrit d'autres idéaux; la musique d'Armand Preud'homme ne répond plus aux nouvelles conceptions des mouvements de choristes et de chansons populaires; l'industrie moderne de la musique ne peut s'enrichir en produisant son oeuvre. Et pourtant, il arrive qu'une chanson de ce compositeur patriotique par excellence enflamme le public et soit reprise avec enthousiasme par les jeunes et les vieux. Une chanson populaire réussie ne disparaît pas du jour au lendemain. Armand Preud'homme ne vit pas uniquement dans le souvenir.
Hugo Heughebaert
(Tr. Ch. Gerniers)