La correspondance de Huizinga
L'historien Johan Huizinga (1872-1945) fait partie des rares auteurs néerlandais dont le nom rende un son familier à l'étranger. Un certain nombre de ses oeuvres, ainsi
Herfsttij der Middeleeuwen (L'automne du Moyen Age) et
Homo ludens (Des jeux et des hommes), traduites dans des dizaines de langues, passent pour des classiques européens. Il est vrai qu'Huizinga était bien plus qu'un simple historien: nourri de culture tant européenne qu'asiatique, riche de connaissances universelles en littérature, musique et arts plastiques, il était en somme un pivot de la vie scientifique, artistique et culturelle de son temps. Il entretenait des contacts avec nombre de sommités. Mais jamais on ne lui a accordé toute la considération qu'il méritait. Quarante ans après sa mort, le projet de trois historiens, Hanssen, Van der Lem et Krul, constitue un pas dans la bonne direction: ils se proposent de rassembler, de ranger et d'annoter la correspondance de Huizinga; l'entreprise, assurée de la collaboration de la
Stichting ter bevordering van de beoefening
Johan Huizinga (1872-1945).
van de Cultuurgeschiedenis in Nederland (Fondation pour la promotion de l'histoire de la culture néerlandaise) et d'une subvention du
Prins Bernhardfonds (Fonds Prince Bernhard), débouchera sur la publication d'un ouvrage en deux tomes. Le fait qu'Huizinga ait correspondu avec des personnalités comme Henri Pirenne, Paul Hazard, Lucien Febvre, Albert Verwey, H. Roland Holst, Van Eyck, Romein, Geyl, Nijhoff, Ter Braak et bien d'autres, confère par définition au projet un intérêt certain. Il manifeste la réalité d'une culture néerlandaise qui sait être convaincante, également à l'étranger, - et pas seulement ‘comme lubrifiant’.
Pierre H. Dubois
(Tr. J. Fermaut)