sique supposée sclérosée. Par ailleurs - notamment à la suite de la prospérité due au gaz naturel -, les universités en place étaient devenues des institutions extrêmement onéreuses. Il n'était aucunement question d'une coopération avec la Flandre, mais je reviendrai encore sur cet aspect-là.
Université ouverte. Les Pays-Bas ont repris au modèle créé en Angleterre bien plus que la seule dénomination; du reste, ce n'est pas la première fois qu'ils empruntent quelque chose à l'Angleterre, car ils s'orientent volontiers vers le monde anglo-saxon. Le terme d'ouverte traduit la notion de liberté: pas besoin de diplômes à titre de ticket d'entrée (contrairement à ce qui se pratique en Allemagne); l'étudiant lui-même détermine les programmes et le rythme auquel il entend travailler; liberté de choix quant à l'endroit où l'on veut étudier. Mais l'enthousiasme n'était pas général. Ce système d'université ouverte contribuerait à isoler l'étudiant, ce qui amenait un étudiant - il doit avoir été Amstellodamois - à faire observer lors d'un débat: ‘Quand je suis des cours, j'ai toujours des jumelles avec moi’. Cependant, il y a aussi des différences par rapport au système anglais. L'Université ouverte néerlandaise, quant à elle, fait bel et bien appel aux établissements d'enseignement supérieur, et si l'Université ouverte britannique peut se féliciter de disposer de 24 heures d'accompagnement d'études à la télévision par semaine, son pendant néerlandais n'en compte que 40 par an.
On a longtemps hésité si l'Université ouverte devait s'intégrer aux institutions universitaires existantes ou si elle devait être le produit d'un système de coopération entre celles-ci. Les deux formules furent rejetées et on opta pour une université sui generis; dans ces conditions, le droit au choix d'un établissement d'étude répondant à des conceptions philosophiques déterminées, garanti par la Constitution, devait se refléter au niveau de la composition pluraliste du conseil d'administration.
L'Université ouverte en étant encore au stade de la mise sur pied, on a opté pour les programmes d'étude et cours suivants: droit néerlandais; économie, où l'accent est mis sur l'informatique; sciences sociales et culturelles. En outre, il y a également d'autres cours: mathématiques appliquées; physique, chimie et biologie; langue, histoire et civilisation néerlandaises; psychologie, pédagogie et andragogie.
Pour l'accompagnement des étudiants, 18 centres d'études ont été créés, répartis sur l'ensemble du territoire, où l'on fournit des informations concernant les matières à choisir, le rythme à suivre, etc. et où l'on peut répondre aux questions qui surgissent au cours des études. Il est certain, dès à présent, que ces centres s'avèrent un support indispensable. Ensuite, il y a la guidance par la voie des différents médias, etc., dont l'Université ouverte prend à sa charge les frais de production et le département de la Culture les frais de diffusion. Mais il ne s'agit là que d'une forme d'accompagnement venant illustrer les cours écrits.
Conformément aux bonnes coutumes néerlandaises, on a sérieusement analysé qui étudie quoi, où et pourquoi: âge moyen 32 ans; 50% entre 26 et 40 ans; 15% ont passé la cinquantaine; parmi ces derniers: 40% de femmes, 60% d'hommes; 32% sans profession (dont la moitié sont chômeurs). Seulement 17% n'ont pas reçu la formation préalable nécessaire. Motifs: 1/3 cherche à développer et à enrichir leur propre personnalité; 1/3 espère pouvoir monter dans l'échelle sociale. Il est frappant que 43% des étudiants sont originaires de régions où sont établies des écoles supérieures. Les sciences du droit attirent 50% des étudiants.
L'étudiant paie 138 florins (= ± 2400 FB ou ± 370 FF) pour 100 heures de cours (guidance comprise); calculé sur base annuelle, le montant global équivaut au droit d'inscription dû aux ‘autres’ universités. Le budget global s'élève à 30.700.000 florins (= ± 527.250.000 FB ou ± 81.000.000 FF).
Bien que l'on ait d'emblée plaidé en faveur de la coopération avec la Flandre (cf. Ons Erfdeel, 14e année, nos 2 et 4, 1971), rien n'a été envisagé pour concrétiser, sur ce point précis, la volonté d'intégration culturelle entre la Flandre et les Pays-Bas si fréquemment prônée dans les discours. Maintenant que l'Université ouverte fonctionne, le Vlaamse Interuniversitaire Raad (VLIR -Conseil interuniversitaire flamand) envisage d'aboutir finalement à une Université ouverte pour l'ensemble des néerlandophones. Le centre de Heerlen croit et espère que d'importants progrès pourront être réalisés sur le plan de l'intégration en 1985. Dès à présent, on enregistre déjà 475 étudiants flamands (2000 avaient manifesté leur intérêt): 30% d'Anvers, 21% de Bruxelles et autant de Gand, 13% de Louvain, 9% de Diepenbeek et 5% de Courtrai.
Le centre administratif de l'Université ouverte (350 unités) est établi à Heerlen, dans le Limbourg néerlandais, à l'extrêmesud des Pays-Bas, parce que le gouvernement y avait promis des emplois de substitution lors de la fermeture des charbonnages. La direction occupe une villa qui s'appelle Zonneweelde (Plein soleil). Pour ce qui concerne l'Université ouverte, le nom de Dageraad (Aurore) eût été plus approprié.
Kees Middelhoff / NL-Hilversum
(Tr. W. Devos)