le logement, et le ministère de CRM pour le fonctionnement, les salaires, l'installation des bureaux, etc. Mais la nouvelle construction qui, pour nombre d'années à venir, va résoudre le problème de l'espace nécessaire à une telle entreprise dont les collections se multiplient de jour en jour, pose de ce fait même d'autres questions, d'ordre financier, pas faciles à résoudre et qui pourraient même, dans le pire des cas, être une entrave au déménagement de ce Musée. Car l'installation dans des locaux plus grands et pourvus d'équipements modernes exige une majoration de subsides que le ministre ne semble pas pouvoir accorder.
Le monde littéraire attend donc anxieusement ce qui va se passer. Car il serait inconcevable - même en cette époque de crise économique - que l'avenir du Musée littéraire soit en péril à cause de quelques centaines de milliers de florins. Nous ne pouvons qu'espérer que le nouveau ministre de CRM, André van der Louw, considérant l'importance nationale de cette institution, en particulier en ce qui concerne la documentation littéraire devenue indispensable à l'étude des lettres, trouve rapidement les fonds nécessaires...
Entre-temps le déménagement de la Bibliothèque Royale se poursuit. Pendant quelques mois on ne pourra pas consulter ses richesses et les grandes ressources qu'elle offre aux intéressés et qui, faute de place, se trouvaient emmagasinées dans divers endroits éparpillés dans la ville.
L'ancien bâtiment principal, une magnifique bâtisse du XVIIIe siècle, au Lange Voorhout à La Haye, a été construit à partir de 1733 par l'architecte français Daniel Marot et sa façade forme le plus beau monument baroque de la ville. En 1813, le nouveau souverain, le roi Guillaume I, le choisissait pour quelques années comme palais et c'est lui qui décida en 1819 d'en faire la Bibliothèque Royale.
On lui a trouvé à présent une nouvelle destination digne des anciens occupants: après l'aménagement des locaux, il hébergera les bureaux de la Nederlandse Taalunie.
◼ le traité d'union linguistique entre la Belgique et les Pays-Bas a été signé fin janvier à La Haye par les ministres de la Culture, de l'Enseignement et des Affaires Etrangères des deux pays. Car, selon la formule du ministre néerlandais Van Kemenade: ‘Il est question ici d'un traité par lequel deux gouvernements décident de soumettre à des résolutions communes, un certain nombre de tâches du gouvernement se rapportant à la langue. Une parcelle de souveraineté nationale est ainsi abandonnée de part et d'autre et la langue sera dorénavant, aussi dans le sens du droit public, un domaine partagé par nos deux pays’.
Le secrétaire général pour la période constitutive de l'Union, est B.J.E.M. de Hoog, mais après cette période d'un à deux ans, un Belge deviendra en principe le premier ‘vrai’ secrétaire général.
Les quatre points sur lesquels repose l'intégration de la langue sont la science linguistique, l'enseignement, les lettres et les médias de masse. Le budget modeste du début, de 1,2 millions de florins, sera pour les deux tiers à charge du gouvernement néerlandais, le reste à charge du gouvernement belge. Le personnel, de 12 à 20 personnes, se composera pour l'instant de fonctionnaires des deux pays, ‘prêtés’ par les différents ministères. A l'avenir ils seront uniquement au service de l'Union, qui sera une organisation indépendante sous l'égide d'un comité de ministres belges et néerlandais.
Ce traité, dont il est difficile à présent de prévoir toutes les conséquences, juridiques et autres, n'est pas un phénomène artificiel. De Hoog disait à ce sujet dans une interview: ‘C'est une conséquence évidente d'une évolution sociale. Au fond l'Union est arrachée aux gouvernements. Dans cette évolution - l'intégration du néerlandais du nord et du sud - on en est arrivé à un point qui nécessite une sanction officielle’.
◼ un événement qui, chaque année, au mois de décembre, attire l'attention, est la remise des prix littéraires décernés par le Jan Campertstichting, fondation qui a pour but de favoriser et d'encourager le développement de la littérature. Cette fois cinq auteurs furent choisis pour des raisons différentes. Le prix, destiné à couronner une oeuvre entière, le Constantijn Huygensprijs, fut alloué à Hella S. Haasse, auteur dont l'oeuvre considérable se distingue par la diversité et les qualités d'honnêteté intellectuelle et littéraire. Appréciée par un grand nombre d'admirateurs, Hella Haasse n'a jamais été tentée de chercher à leur plaire. Née en 1918 à Djakarta (alors Batavia) aux Indes néerlandaises, elle débuta en 1945 avec un recueil de poèmes. Trois années plus tard, elle atteignait pour la première fois le grand public avec un petit roman Oeroeg, suivi depuis par d'autres romans (historiques et contemporains), de pièces de théâtre, d'essais, d'études et d'oeuvres d'inspiration autobiographique. Ce qui la caractérise, c'est la recherche du sens de la vie et, dans cette recherche, le fonctionnement de la conscience individuelle, dans une perspective historique, sociale et philosophique.