Vic Gentils, ‘Saint Michel’, bois, 70/40, 1971.
Vic Gentils, ‘Retable’, 1965.
Vic Gentils, ‘Pianorelief’, 1963.
Toute l'aventure des succès à l'étranger, des relations, des influences, des dépendances, la lutte contre soi, la chute et le redressement, le fait de succomber à la tentation du confort, de ressusciter après avoir disparu, de redevenir soi-même, tout cela, Vic Gentils l'a connu. A soixante et un ans, aujourd'hui, il peut en sourire. Mais il a dû solidement garder les pieds sur terre, pour en arriver là. Sa carrière n'est qu'une lutte pour se chercher, pour se trouver. Tel un mouvement de pendule, son art oscille d'abord entre la peinture et l'assemblage, tridimensionnel, jusqu'à ce qu'il tranche le noeud, comme le révèle un entretien de 1967: ‘Je me suis toujours senti peintre. Même lorsque j'emploie des débris, je suis surtout guidé par la couleur’. Son point de vue ainsi défini, les choses n'en sont pas plus faciles pour ceux qui le regardent. Dans les années soixante, déjà, Gentils avait commencé à sculpter, à partir de toutes sortes de débris de bois, mais la frontière de la sculpture était loin d'être franchie. Creuser le dilemme sculpture-peinture ne me semble cependant pas fondamental dans la compréhension de l'oeuvre de Gentils. Il est beaucoup plus important de savoir ce qu'il veut exprimer et par quels moyens il y parvient.
Gentils est un représentant typique de l'assemblage en honneur chez les dadaïstes dans les années vingt, chez des artistes ‘Merz’ comme Kurt Schwitters et chez certains surréalistes, assemblage désignant ici la technique par laquelle l'artiste rassemble toutes sortes d'objets, soit sur une surface plate, soit dans une forme sculpturale. Ces objets-trouvés, base du travail n'ont, à vrai dire, aucun point commun, mais de leur assemblage naît une oeuvre d'art. Chez Gentils, cette technique résulte d'une première période picturale. Issu du postexpressionisme dans lequel débutèrent tant d'artistes flamands de sa génération, il évolue dans une direction plus abstraite, et même jusqu'à une sorte de néo-surréalisme. Mais il lui apparaît très vite que, dans l'univers bidimensionnel de la peinture, l'aventure, pour lui, est terminée. Il se met alors à expérimenter les matériaux les plus courants: papier chiffonné, disques usagés, plexi, fer, cuivre, des débris rassemblés dans des magasins ou aux puces. Les reliefs qu'il en tire lui offrent de nouvelles possibilités, sans pour autant lui donner entière satisfaction. Après un bref retour à la peinture, il se tourne vers un matériau qui deviendra définitivement le sien: le bois. Et, notamment par manque de moyens financiers, il le cherche où on le trouve: épaves de l'Escaut, près duquel il habite, débris laissés sur des chantiers, bois de démolition. Son atelier devient un grand hangar où s'amoncellent les formes les plus diverses. Hasard ou prédestination, chez nous comme à l'étranger, Gentils n'est pas le