S'ouvrant sur une évocation de l'Amsterdam assez mouvementé de la fin du seizième et du début du dix-septième siècle et de la place qu'y occupaient les juifs provenant de la presqu'île ibérique, le chapitre biographique essaie de faire le point sur un certain nombre d'inexactitudes, de mythes et de légendes et sur le peu de faits biographiques connus avec certitude et ayant trait à la jeunesse, à la scolarité, aux activités commerciales, à la formation (d'autodidacte?) ainsi qu'à ses contacts avec les Collégiants d'Amsterdam, des opposants à l'Eglise réformée officielle condamnés en 1653 par les Etats de Hollande, et à son excommunication de la communauté juive qui s'en suivit le 27 juillet 1656. Par la suite, il séjournera à Rijnsburg, près de Leyde, à Voorburg, près de La Haye et à La Haye.
Le chapitre sur la pensée spinozienne indique comment, dès l'oeuvre de jeunesse, la quête métaphysique de Spinoza s'orienta vers ‘un bien véritable’, ‘une chose éternelle et infinie qui nourrit l'âme...’, en d'autres termes: le principe de ‘la perfection humaine la plus élevée’ par l'intermédiaire de ‘l'idée de l'Etre le plus parfait’. Pour y arriver, Spinoza emprunta le chemin du raisonnement géométrique en vue d'une compréhension systématique et rationnelle de la vérité. Des commentaires sur Descartes, le Court traité, Le Traité de la réforme de l'entendement et l'important Traité théologico-politique, examen critique de la Bible et traité de la liberté et de la tolérance dans les domaines philosophique et religieux, publié anonymement en 1670, voilà autant de jalons dans la longue élaboration de la grande oeuvre, l'Ethique, de ce philosophe accusé d'athéisme et dont les écrits sont frappés d'interdiction, cette somme philosophique englobant sa conception du monde et sa psychologie, sa vérité devenue la vérité de son univers.
Un dernier chapitre est consacré à la postérité de l'oeuvre spinozienne - éditions et traductions, réfutations et prolongements -, au sort réservé au spinozisme, avec ses creux et ses périodes de regain d'intérêt.
Ainsi ce catalogue complétera-t-il utilement les ininformations que puisera le lecteur et aspirant spinoziste notamment chez Gilles Deleuze (P.U.F., Sup-Philosophes), Robert Misrahi (Ed. Seghers, Philosophes de tous temps, 6) ou Pierre-François Moreau (Seuil, Ecrivains de toujours, 97, 1975), avant d'aborder avec profit, trois cents ans après les Opera Omnia (1677), posthumes, les OEuvres complètes de Spinoza dans la Bibliothèque de la la Pléiade (1954) ou ses principaux traités parus dans la collection garnier-Flammarion.
Willy Devos.
Spinoza. Troisième centenaire de la mort du philosophe. Institut néerlandais, 121, rue de Lille, Paris 7, mai-juin 1977. Paris, Les Presses Antiques, 83 p.