Septentrion. Jaargang 6

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Notices - Livres

1977: Année Rubens.

L'inconvénient des siècles d'or, c'est que l'homme a tendance à les commémorer, ne fût-ce que pour rappeler à l'esprit ses grandeurs passées. Impossible donc d'échapper au quatrième centenaire de la naissance de Pieter Pauwel Rubens (1577-1640), peintre flamand mondialement connu. Au dernier quart du vingtième siècle, ce qui, en 1877, était principalement une grande fête populaire au niveau anversois, devient une manifestation internationale, voire mondiale. En effet, l'Unesco n'a-t-elle pas décidé de patronner cette commémoration et de lui conférer, en outre, une signification spéciale en mettant l'accent sur les activités diplomatiques déployées par Rubens en faveur de la paix à l'époque turbulente qui fut la sienne?

Depuis le début de 1975, la province et la ville d'Anvers, à laquelle Rubens est lié quasi indissolublement, connaît une intense activité qui lui est toute consacrée. Hommes, groupes d'études, groupes de travail et un comité de coordination - y compris une conférence des maires des ‘villes Rubens’ - ont mis sur pied un programme particulièrement varié: nombre d'expositions, médaille commémorative, timbres spéciaux, programmes éducatifs, feuilleton télévisé, représentations théâtrales, ballet, spectacle son et lumière, un riche programme musical étalé sur toute l'année, une série de manifestations populaires, des promenades Rubens dans le centre historique d'Anvers, une formule de séjour spéciale, même un plat Rubens sans oublier, bien sûr, une bière Rubens...

De son côté, l'Unesco consacrera à P.P. Rubens un numéro de son Courrier (mai ou juin) et une médaille commémorative et organisera une commémoration à Paris ainsi qu'une série de conférences à Anvers, complétant le Colloque scientifique sur Rubens qui s'y déroulera sous les auspices du Centre international d'histoire de l'art.

La presse et le monde de l'édition aussi s'associent pleinement à la célébration. Chaque journal, hebdomadaire ou revue consacre des pages à Rubens et à son époque et s'efforce de trouver quelque sujet encore moins exploré ou d'éclaircir quelque aspect moins connu le concernant. Signalons la publication de nombreux ouvrages et, plus spécialement, la réédition de deux importants ouvrages de synthèse: celui de Frans Baudouin (Anvers, Fonds Mercator) et celui de Roger Avermaete (Bruxelles, Arcade).

Venons-en au chapitre des expositions. Noblesse oblige: Anvers se réserve la part du lion avec la Grande exposition P.P. Rubens (tableaux, esquisses à l'huile, dessins) au Musée royal des beauxarts d'Anvers (28 juin - 30 septembre), qui comportera notamment des oeuvres exposées pour la

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première fois. Le spectateur aura tout le loisir de se replonger dans l'atmosphère où vécut Rubens, puisqu'il pourra visiter toute une série d'expositions complémentaires qui se proposent d'illustrer différents aspects de son époque: Les arts graphiques aux Pays-Bas à l'époque de Rubens (12 mars - 11 avril); Exposition Rubens didactique (18 mars - 30 septembre); OEuvres d'art du siècle de Rubens dans les églises et couvents anversois (30 avril - 19 septembre); L'argent et les finances à l'époque de Rubens (2-31 mai); Gravures d'après Rubens (7 mai - 4 juillet); Rubens aujourd'hui: concept ou produit? (7 mai - 12 juin); Les rapports entre Rubens et Rockox (juin - août); La gloire de Rubens (18 juin - 25 septembre); La mode (25 juin - 18 septembre), la médecine (1er juillet - 30 septembre), la musique (31 août - 16 octobre), juristes et vie judiciaire (15-30 octobre), le diamant (22 octobre - 20 novembre) au temps de Rubens. Du 3 avril au 16 octobre, il circulera une exposition itinérante sur La province d'Anvers au temps de Rubens.

Aux Musées royaux des beaux-arts de Bruxelles se déroulera une exposition consacrée à La sculpture au siècle de Rubens dans les Pays-Bas du Sud (15 juillet - 2 octobre).

Au niveau européen, signalons les expositions suivantes: Dessins de Rubens de l'Albertine, à Vienne (5 avril - 11 juin); P.P. Rubens' Drawings and Oil Sketches, à Londres (15 juin - 30 octobre); Hommage à Rubens, à Florence (juillet); Rubens en Italie, à Cologne (15 octobre - 1er décembre); P.P. Rubens dans la tradition paysagiste flamando-néerlandaise, à Siegen. Le Musée de l'Hermitage de Léningrad aussi projette une exposition.

De son côté, la France contribuera à l'année Rubens avec deux expositions à Paris (fin octobre - fin janvier 1978): Le siècle de Rubens dans les collections publiques françaises, au Grand Palais, et Dessins de Rubens et de son entourage au Musée du Louvre. Une exposition consacrée à La peinture flamande du siècle de Rubens dans les musées du Nord de la France passera par trois villes importantes de cette région: Lille (6 avril - 20 juin), Calais (3 juillet - 31 août) et Valenciennes (10 septembre - 31 octobre). En outre, une exposition itinérante de photographies en couleur de grand format d'OEuvres de Rubens appartenant à la ville d'Anvers, qui circulera dans plusieurs pays, empruntera, du 8 janvier à la fin du mois de décembre, le parcours suivant en France: Le Mans, Caen, Angers, Douai, Saint-Quentin, Saint-Omer, Arras, Maubeuge, Calais, Le Touquet, Lille (Galerie Septentrion, 6-30 septembre), Dijon, Metz, Aix-en-Provence, Perpignan, Tours.

Le danger n'est pas imaginaire qu'une opération de ce genre, à l'intention d'une des gloires de notre passé, ne contribue en même temps au renforcement de certains mythes tenaces dont celle-ci peut éventuellement être auréolée. Par le passé, d'aucuns sont allés jusqu'à prétendre que Rubens - simplifions un peu - n'aurait pas ou presque pas mis la main à nombre de toiles que nous lui attribuons. Il est vrai aussi qu'étant donné l'époque riche et florissante où il vécut - sans laquelle il n'y aurait certainement pas eu de Rubens - et les milieux qu'il fréquentait, la frontière précise entre le travail purement artistique et la production d'atelier plutôt commerciale n'est pas toujours facile à établir... On ne s'étonnera pas, dès lors, que puisse se manifester aussi le désir de démystifier, de nous rappeler que même Rubens n'était, à tout prendre, qu'un homme comme les autres. C'est dans cet esprit qu'il convient d'interpréter une pièce à sketches comme Is Hélène Fourment schuldig aan de moord op Rubens? (Hélène Fourment est-elle coupable de l'assassinat de Rubens?) du jeune auteur et journaliste flamand Paul Koeck. Il n'est pas exclu que l'esprit contestataire n'inspire encore quelque happening appelé à relativiser la tournure solennelle que peut prendre une célébration de ce genre. Ce n'est certes pas un mal en soi puisque, de toute façon, il nous reste toujours les tableaux, que dans le décor baroque où il vit, l'Anversois se considérera toujours comme une demi-frère du peintre et que comme l'a dit espièglement un poète flamand nostalgico-humoristique, dans un quatrain intitulé Caractéristiques: ‘Nous reconnaissons Van Gogh à ses ciels (...) et Rubens à ses cuisses’...

Pour toutes informations et précisions concernant le programme de l'année Rubens, s'adresser:

Office de tourisme, Suikerrui 19, 2000 Anvers (Belgique).

Willy Devos.