Septentrion. Jaargang 4
(1975)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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[Nummer 1]néerlandais et flamand: deux littératures ou une seule?r.p. meijerNé à Zwolle (province d'Overijsel), le 2 janvier 1926. Etudes de philologie et de littérature néerlandaises à Amsterdam. Docteur ès lettres néerlandaises. Maître de conférences de langue et de littérature néerlandaises à l'université de Melbourne de 1951 à 1971. Depuis 1971, professeur à l'université de Londres. Lors de la représentation, en 1973, de Friday de Hugo Claus, - version anglaise de sa pièce Vrijdag (1971), jouée également en français (Vendredi) à Bruxelles et à l'étranger -, le petit théâtre londonien s'était efforcé de fournir au public quelque information sur l'auteur. Celui-ci, apprenait le spectateur, écrivait non seulement en néerlandais et en français, mais également ‘en belge’. Cette affirmation se classe parmi les informations les plus absurdes de ces dernières années. Le lecteur y réagira en fonction de son tempérament, et un peu de sa nationalité. Les Belges s'en offusqueront plus que les Néerlandais, auxquels ils reprochent parfois un certain manque de mordant, du reste. Comment réagir en l'occurrence? Faut-il hausser les épaules et grommeler quelques phrases au sujet de ces idiots d'étrangers, ou cracher sa bile dans une lettre adressée au journal The Times? Je me bornerai à prendre l'anecdote comme point de départ à mon article. La ‘langue belge’ n'existant pas, il est impossible d'écrire ‘en belge’. La Belgique est un pays bilingue. On y parle le néerlandais et le français. Voilà qui simplifie quelque peu la question. Aux yeux de l'étranger, elle se complique cependant du fait que le néerlandais tel qu'il est parlé en Belgique est souvent désigné par le terme de flamand. D'aucuns tiennent coûte que coûte à cette distinction; d'autres déplorent cette situation et préféreraient voir le terme ‘flamand’ banni de la langue. Avant d'aborder le problème sous l'angle de la littérature, j'aimerais m'étendre un peu sur cette questionGa naar eind(1). | |
Le flamand et le néerlandaisAu Moyen Age, les Pays-Bas comptèrent de nombreux dialectes. Le brabançon, le limbourgeois, le flamand et le hollandais en étaient les principaux. Plusieurs chefs-d'oeuvre de la littérature néerlandaise médiévale | |
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étant écrits en flamand, celui-ci jouissait d'un prestige et d'une autorité considérables en tant que langue littéraire. A la fin du XVIe siècle, le centre de gravité en matière culturelle se déplaça du Sud vers le Nord à la suite d'une évolution politique et militaire. Le dialecte de la Hollande a fini par s'imposer. Il est devenu ce que nous appelons le Algemeen Beschaafd Nederlands (sigle: ABN), c'est-à-dire le néerlandais standardisé, le néerlandais uniformisé et cultivé. Dans le Nord, celui-ci put se développer sans que des facteurs externes ne l'entravent. Dans le Sud, en revanche, la situation était bien favorable au développement d'une langue standard. Au XVIe siècle, les vicissitudes de la guerre ont entraîné la séparation des provinces septentrionales et méridionales. Lors du traité de Münster, en 1648, le Nord fut déclaré indépendant, tandis que le Sud restait sous la domination espagnole pour être transféré à l'Autriche ultérieurement. Ces années se révélèrent décisives. Le Nord évolua vers la République néerlandaise indépendante, connut une identité nationale bien définie, une culture florissante dans une atmosphère de liberté et de tolérance relative. Dans le Sud, en revanche, la Contre-Réforme étouffa pour ainsi dire la culture néerlandaise. Langue du Nord rebelle et hérétique, le néerlandais fut relégué à l'arrière-plan et devint la langue domestique. Le français le remplaça en tant que langue littéraire et culturelle au sens large du terme. Administré directement par la France à la fin du XVIIIe siècle, le Sud, et plus particulièrement la région flamande, fut francisé de façon plus active et plus délibérée encore. A cette époque-là, le terme flamand, désignant l'ensemble des dialectes néerlandais parlés dans le Sud, prit manifestement la signification péjorative de patois flamand. Après la défaite de Napoléon, en 1815, les territoires de langue néerlandaise et de langue française du Nord et du Sud furent réunis en un royaume unique: le royaume des Pays-Bas sous le roi Guillaume ler. L'expérience échoua pour plusieurs raisons. En 1830, le Sud se révolta, proclama son indépendance et créa le royaume de Belgique, où furent parlés le néerlandais et le français. Toutefois, royaume ne signifie pas nécessairement nation. Administré en français, le nouvel Etat souffrait de divisions internes. En 1840, des milliers de néerlandophones signèrent une pétition demandant au gouvernement de reconnaître le néerlandais en tant que langue officielle dans les régions où il se parlait. Voilà, schématisée et simplifiée, l'origine du Mouvement flamand; le terme employé ironiquement par la presse de l'époque, fut repris par les néerlandophones qui en firent un titre d'honneur. Laissons de côté ses multiples aspects et les controverses auxquelles il a donné lieu, et retenons qu'il a chargé le terme flamand d'un contenu émotionnel assez fort, qui explique pourquoi d'aucuns veulent s'y accrocher et pourquoi d'autres préféreraient l'abandonnerGa naar eind(2). Si, en matière de langue et de littérature, le terme flamand est actuellement dépassé, il n'en a pas toujours été ainsi. Pendant très longtemps s'est imposée une distinction entre le néerlandais tel qu'il se parlait et s'écrivait aux Pays-Bas et le néerlandais langue vivante en Belgique. Même si le terme flamand était toujours imprécis du fait qu'il désignait à la fois le dialecte spécifique de la Flandre et l'ensemble des dialectes néerlandais parlés en Belgique, il fallait des termes distincts puisque la région de langue néerlandaise en Belgique ne connaissait pas le néerlandais uniformisé tel qu'il existait aux Pays-Bas. De plus, en Belgique on a hésité sur la question de savoir s'il fallait adopter | |
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comme norme la langue standard des Pays-Bas septentrionaux, ou s'il fallait créer une langue standard du Sud qui s'appuierait sur la tradition littéraire flamande. Bien que les défenseurs de la dernière solution fussent nombreux dans la seconde moitié du XIXe siècle, ce particularisme flamand, dont l'un des promoteurs les plus éloquents était le poète Guido Gezelle, est toujours resté un mouvement minoritaire. Les écrivains ultérieurs considéraient généralement le néerlandais des Pays-Bas septentrionaux comme le modèle à suivre. Cette orientation a fini par devenir le choix général et officiel, prôné entre autres par les premiers dirigeants du Mouvement flamand, J.F. Willems, Ph.M. Blommaert et F.A. Snellaert. A l'heure actuelle, cette tendance l'a nettement emporté. Les écrivains, l'enseignement, la radio, la télévision, le théâtre et le cinéma ont exercé une influence telle qu'en Belgique, la langue néerlandaise standard occupe de nos jours une place incomparablement plus forte qu'il y a quarante ou cinquante ans. Bien sûr, il subsiste des différences de prononciation, de vocabulaire ou parfois de construction syntaxique, entre le Nord et le Sud, mais elles sont si insignifiantes par rapport aux concordances, que l'emploi d'un terme distinct pour désigner le néerlandais langue vivante en Belgique, dans un contexte autre que purement philologique, serait illogique et fâcheux. Etant donné l'intégration culturelle toujours croissante des Pays-Bas et de la région de langue néerlandaise en Belgique, ces différences et nuances se réduiront de plus en plus. Pour ce qui est de la langue littéraire, les différences sont encore moins importantes. Des écrivains comme Stijn Streuvels, Karel van de Woestijne, Gerard Walschap ou Louis Paul Boon emploient sans doute des mots ou expressions que le lecteur du Nord ne comprend pas toujours immédiatement. N'en concluons pas qu'ils écrivent une langue différente. Sinon, il faudrait formuler les mêmes restrictions pour les mots et expressions inconnus en dehors d'Amsterdam dans le roman sur le quartier populaire amstellodamois De Jordaan (Le Jourdain) d'Israël Querido, pour les mots propres à Rotterdam dans Stad (Ville) de Ben Stroman, ou pour le vocabulaire de la région du Peel, dans le Limbourg néerlandais, chez Anton Coolen. Il faudrait exclure, en fait, toute couleur locale ou régionale. Mais que faire alors de Jean Giono, de Thomas Hardy et d'Adalbert Stifter respectivement dans les littératures française, anglaise et allemande? Il est donc inexact et regrettable d'employer le terme flamand pour désigner le néerlandais en Belgique, puisque l'étranger doit en conclure qu'il a affaire à deux langues distinctes, alors qu'il ne s'agit que d'une seule et même langue. | |
Deux littératures ou une seule?La question de savoir si la littérature écrite dans cette langue doit être considérée comme une seule littérature ou non intéressera en premier lieu l'historien de la littérature, et plus particulièrement l'historiographe de la littérature néerlandaise, qui devra prendre une ou plusieurs décisions. Il devra être convaincu que son entreprise fait partie d'une science de valeur certaine, alors que le bienfondé de l'histoire littéraire a souvent été contesté au cours des dernières années. Cette question n'étant pas un problème typiquement néerlandais, nous l'écartons provisoirement pour concentrer notre attention sur la question de savoir si l'historiographe dont nous avons parlé présentera la littérature néerlandaise comme un tout ou s'il la divisera en deux parties. Ségrégation ou intégration, voilà la question! | |
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Homme prudent qui, selon la tradition néerlandaise, ne s'engagera pas à la légère, notre historiographe se demandera comment les littératures étrangères abordent cette question. L'Allemagne connaît actuellement le même problème. Certains historiens de la littérature allemande constatent une rupture dans l'unité de cette littérature, rupture qui résulterait des idéologies opposées de l'Allemagne de l'Est et de la République fédérale. Que cette rupture soit réelle ou imaginaire, les défenseurs de la ségrégation dans la littérature néerlandaise ne pourront jamais invoquer cet argument, les Pays-Bas et la Belgique n'étant pas séparés par des oppositions idéologiques de semblable importance. Avant la division de l'Allemagne, la question ne se posait pas. Bien sûr, il y a les quatre gros volumes de la Deutsch-Österreichische LiteraturgeschichteGa naar eind(3), mais ce genre de livres ne prouve rien pour ou contre la ségrégation. Nombreuses sont les histoires de la littérature écrites d'un point de vue spécifiquement régional. Il a même été publié une étude sur les auteurs de langue néerlandaise dans l'ancienne colonie belge en AfriqueGa naar eind(4). Sans doute d'autres études couvrent-elles un domaine encore plus restreint. Tout cela est parfaitement acceptable et n'appelle aucune objection. Le problème est de savoir comment les histoires de la littérature plus générales tranchent la question. Aucune histoire de la littérature allemande ne se demande si elle doit accueillir ou non des auteurs suisses (Jeremias Gotthelf, Salomon Gessner, Gottfried Keller, Conrad-Ferdinand Meyer, Carl Spitteler, Max Frisch, Friedrich Dürenmatt), tchèques (Max Brod, Franz Kafka) ou autrichiens (Franz Grillparzer, Adalbert Stifter, Arthur Schnitzler, Hugo von Hofmannsthal, Rainer Maria Rilke, Robert Musil, Georg Trakl, Franz Werfel), etc. Les historiographes Karl Goedeke, Wilhelm Scherer, Helmut De Boor, Richard Newald et Frits Martini ne suggèrent même pas qu'un auteur écrivant en allemand puisse ne pas appartenir à la littérature allemande, même si l'on se fonde sur son domicile ou sa nationalité. Estimant qu'il s'agit là d'une sorte d'annexion dont il ne veut pas se rendre coupable, notre historiographe se tournera vers la France. Au XIXe siècle, les historiens de la littérature française semblent assez difficiles. Il semble parfois qu'un écrivain doive habiter Paris pour mériter une place dans l'histoire de la littérature française. Gustave Lanson, Joseph Bédier et Ferdinand Brunetière sont assez sélectifs. Ils accueillent Jean-Jacques Rousseau et Benjamin Constant, bien sûr, mais ils écartent les Suisses et les Belges qui ne se sont pas établis en France. Louis Petit de Julleville, en revanche, les réunit sous le titre inattendu Les influences étrangères en France, s'acquittant d'une dette d'honneur pour ce qu'ils ont donné à la France, ajoute-t-il. Plus souples et moins exclusives, les histoires ultérieures abandonnent le point de vue selon lequel ‘ce qui n'est pas vraiment français ne l'est pas du tout’. La plus récente, celle d'André Lagarde et de Laurent Michard, est encore assez sélective, mais les auteurs déclarent explicitement que leur sélection se fonde sur la qualité littéraire, et non pas sur des critères de domicile ou de nationalitéGa naar eind(5). Ils insistent sur le fait que les écrivains qui écrivent en français font virtuellement partie de la littérature française: ‘Un dramaturge comme Ghelderode, un romancier comme Simenon, un poète comme Michaux ont beau être belges, ils n'en appartiennent pas moins à la littérature “française”, tout comme tels autres écrivains nés hors de nos frontières, le Mauricien Malcolm de Chazal, l'Irlandais Becket, le Libanais Schéhadé ou le Suisse Jaccotet’. Les Français ont pour ces cas | |
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spéciaux un terme approprié. Il s'agit d'écrivains francophones, ce qui, selon le Larousse, signifie simplement ‘qui parlent le français’. Ils rejoignent leurs collègues africains et canadiens écrivant en francais au chapitre sur la Francophonie, où il est dit qu'‘ils appartiennent de plein droit au domaine universel des lettres françaises’. Admettons qu'une telle attitude trahisse un soupçon de paternalisme plutôt qu'une tentative d'annexion. Il est évident, toutefois, que de nos jours, les Français autant que les Allemands se fondent uniquement sur le critère de la langue et de la qualité littéraire, et non plus sur la nationalité ou le domicile de l'auteur. Rejetant l'attitude annexionniste allemande et le paternalisme français, notre historiographe subtil s'informera auprès des Anglais afin de savoir comment ils ont, eux, abordé le problème de la littérature américaine. Aujourd'hui, celui-ci semble résolu par la littérature américaine elle-même. Actuellement, il n'y a plus d'histoire de la littérature anglaise, je crois, qui traite également de la littérature américaine. Même la très exhaustive Cambridge History of English Literature s'abstient de l'aborder, alors qu'elle consacre des chapitres aux littératures anglo-irlandaise, anglo-indienne, canadienne, australienne et néo-zélandaise, et à la poésie sud-africaine. Ces chapitres trouvent assez curieusement leur place parmi des chapitres sur le journalisme, la caricature, la littérature sportive et l'éducation. On les croirait conçus de façon à inciter les Australiens, les Néo-Zélandais et tous les autres à proclamer leur indépendance littéraire, et à écrire l'histoire de leur propre littérature, ce qu'ils ont fait, du reste. Abstraction faite de cas tels que celui d'un Henry James, d'un Thomas Stearns Eliot ou d'un Ezra Pound, il y a actuellement unanimité sur le fait qu'il faut considérer la littérature américaine comme une littérature à part. En premier lieu, il s'agit d'un problème d'étendue. Interviennent ensuite des influences qui ont contribué à déterminer le caractère spécifique de la littérature américaine, y compris le développement de nouveaux thèmes, de nouvelles formes ainsi que de notions difficiles à définir telles que le reflet d'une identité nationale dans l'oeuvre des auteurs. Puis, il y a toujours les différences considérables dans la langue anglaise, entre celle qui est parlée aux Etats-Unis et celle qui est parlée en Angleterre, différences bien plus nombreuses que celles qui existent entre le néerlandais parlé aux Pays-Bas et celui qui est parlé dans la moitié nord de la Belgique. Avec Ludo Simons, on pourrait dire que ‘en raison des facteurs d'espace, et des facteurs d'ordre social et psychologique, l'évolution linguistique aux Etats-Unis s'est déroulée d'une façon exactement opposée à celle qu'à connue la Flandre’Ga naar eind(6). En d'autres termes, l'anglais d'Amérique et l'anglais de Grande-Bretagne s'écartent toujours davantage l'un de l'autre. En revanche, les différences entre les deux variantes du néerlandais s'amenuisent de plus en plus. Pour des raisons analogues, il faut considérer la littérature sudafricaine écrite en afrikaans comme une littérature à part, et non pas comme faisant partie de la littérature néerlandaise. Pourtant, aucune histoire de la littérature anglaise n'exclut un écrivain comme Robert Burns, même si sa langue diffère, plus encore que celle de Walt Whitman ou de Ralph Waldo Emerson, de l'anglais standardisé. Exception faite de certains critiques grincheux, aucun historien sérieux de la littérature anglaise n'a jamais écarté des Irlandais tels qu'Oscar Wilde, George Bernard Shaw et James Joyce. L'exclusion des écrivains irlandais, habitant l'Angleterre ou non, signifierait une saignée telle pour la littérature anglaise que | |
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le patient ne s'en relèverait pas de si tôt. Quelles qu'en soient les raisons - l'instinct de conversation, un restant d'impérialisme ou d'absentee-land-lordism (absentéisme des propriétaires fonciers résidant hors de leurs terres), l'arrogance ou la déférence, le paternalisme ou le bon sens -, il s'agit là, pour l'historien de la littérature, d'un fait incontestable. | |
Historiographes de la littérature néerlandaiseAyant fait le tour des trois littératures importantes qui l'entourent, notre historiographe interrogera ses prédécesseurs. Le premier qui ait eu le courage d'écrire une histoire de la littérature néerlandaise du Moyen Age jusqu'à son époque fut Willem Jozef Andreas Jonckbloet (1817-1885)Ga naar eind(7). Prenant un grand essor avant d'aborder son sujet, il commença son livre par une généalogie de la langue néerlandaise et par un exposé sur la poésie en vieux haut allemand, sans laquelle la littérature néerlandaise lui semblait difficilement compréhensible. Jonckbloet était un romantique plein de spontanéité, dont le style fait parfois songer à un conte: ‘Sur les plateaux montagneux du nord de la mer Caspienne vécut, dans des temps lointains, une tribu de race caucasienne qui se répandit aussi bien vers l'Extrême-Orient que vers l'Extrême-Occident’. Avec ses larges vues romantiques, Jonckbloet n'était pas homme à établir des nuances en distinguant le caractère flamand ou néerlandais des écrivains. Sans expliciter ses conceptions à ce sujet, il se demandait toutefois quelle serait la meilleure dénomination pour la langue dans laquelle écrivaient les Néerlandais et les Flamands. Rejetant les termes flamand, hollandais et thiois, il préféra le terme néerlandais. Ce choix admirable suggère que Jonckbloet voyait la littérature écrite en néerlandais comme une unité. Soit chronologiquement, soit thématiquement, les écrivains du Sud sont entièrement intégrés dans l'histoire générale. En témoignent, par exemple, ses commentaires sur Willem van der Elst, Peter Gheschier et Adriaen Poirters comparés à Jacob Cats, et ses commentaires sur Jacob van Zevecote et Guillelmus Ogier. Jonckbloet ne les tient pas en grande estime et, un instant, il se demande même pourquoi il s'occuperait encore du Sud puisque ‘Phébus et ses compagnons’ vivent aux Pays-Bas. Mais ses jugements sévères de professeur de littérature à l'université de Leyde étaient connus, et il éreintait de la même façon plusieurs écrivains du Nord. Quel que soit notre jugement sur l'histoire de la littérature néerlandaise de Jonckbloet - et nous ne la tenons pas en grande estime non plus -, il lui revient l'honneur d'avoir à son nom la première histoire importante de la littérature néerlandaise, où les littératures néerlandaise et flamande soient considérées comme faisant un tout. Bien sûr, il ne faut pas perdre de vue que, lorsque Jonckbloet publia son premier volume en 1868, le renouveau de la littérature néerlandaise en Belgique avait à peine commencé. Le problème de l'intégration ou de la ségrégation se présente à ses successeurs de façon bien plus complexe. Jan ten Brink (1834-1901) succéda à Jonckbloet, d'abord comme professeur, puis comme historiographe de la littérature néerlandaiseGa naar eind(8). Ce n'était pas l'homme idéal pour cette fonction. Busken Huet (1826-1886) se serait certainement mieux acquitté de cette tâche mais, ayant l'art de se faire des ennemis parmi ceux qui occupaient des fonctions importantes, il fut écarté de Leyde et refusa toujours d'écrire une histoire de la littérature. Ce ne fut donc pas l'érudit Huet à la riche imagination, mais le superficiel Ten Brink, ‘de mémoire passagère’ selon l'expression d'un contemporainGa naar eind(9). Dans son introduction | |
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à la nouvelle histoire de la littérature néerlandaise qu'il a cru devoir écrire, Ten Brink estime nécessaire de ‘déterminer à larges traits comment nous devons embrasser du regard cette vaste matière’. Il ne s'attarde pas le moins du monde sur la question des littératures néerlandaise et flamande alors que, précisément, sur ce point-là, il s'écarte des conceptions de son prédécesseur. En effet, il était le premier partisan - fût-ce sans le dire - de la ségrégation. Son approche est étrange et illogique. Pour la période allant jusqu'au XVIe siècle, il traite les écrivains du Nord et du Sud, y compris Anna Bijns et Jan Baptist Houwaert, comme appartenant à une littérature unique et apparemment indivisible. Pour la période ultérieure, il se borne à l'histoire exclusive de la littérature des Pays-Bas du Nord. Bien sûr, pour le XVIIIe siècle, il n'y pas grand-chose à dire sur le Sud. Il est curieux, cependant, qu'il ait mis de côté les écrivains du Sud du XVIIe siècle pour les reprendre au dernier chapitre sous le titre Le Mouvement flamand, dont il fait ainsi remonter les origines à un passé bien plus lointain que nous ne l'avons toujours cru. Son côté superficiel n'a pas empêché Ten Brink de créer une tradition en ce qui concerne l'étude des écrivains des Pays-Bas méridionaux. Par la suite, plusieurs historiens suivirent son exemple, mettant ainsi les écrivains flamands dans une position de parents pauvres par rapport à leurs collègues du Nord. A son tour, le troisième professeur de littérature néerlandaise à Leyde, Gerrit Kalff (1856-1923), écrivit une volumineuse histoire de la littérature néerlandaise, nettement plus importante que les deux précédentesGa naar eind(10). Abstraction faite des différences de méthode entre Kalff et ses prédécesseurs, pour ce qui est de l'intégration ou de la ségrégation, Kalff penche plus du côté de Ten Brink que de celui de Jonckbloet. Il établit une distinction entre les écrivains du Nord et du Sud à partir du XVIe siècle, distinction qui, dans les tomes V et VI, aboutit à des chapitres isolés sous le titre Littérature et théâtre aux Pays-Bas méridionaux et Littérature et théâtre en Belgique flamande. Bien qu'écrivant une histoire générale de la littérature néerlandaise, Ten Brink et Kalff adoptent donc manifestement le point de vue du Nord. Les chapitres qu'ils consacrent au Sud ressemblent plutôt à des appendices et concernent uniquement le Moyen Age. Or, la littérature médiévale est principalement méridionale. Celui qui refuse d'intégrer la littérature des Pays-Bas méridionaux dans une histoire générale de la littérature néerlandaise, devrait réserver le même sort à la littérature néerlandaise médiévale. S'il estime nécessaire de ranger les écrivains ultérieurs du Sud dans des chapitres annexes, il devrait étudier la littérature du moyen-néerlandais dans des chapitres préliminaires. Or, aucun historiographe de la littérature néerlandaise ne le fait. ‘Il est de fait que si nous parlons de l'ensemble de notre littérature, qui couvre quelque huit siècles, il faut reconnaître que le Nord n'a pas vraiment de littérature médiévale. Beatrijs, Mariken van Nimweghen, de Abele Spelen, Hadewych, tout ce qui vaut la peine d'être signalé au Moyen Age se situe dans les Pays-Bas du Sud’, écrit Garmt Stuiveling, défenseur de l'intégration qui a dénoncé à plusieurs reprises cet illogismeGa naar eind(11). Cependant, toutes les histoires de la littérature néerlandaise considèrent la littérature du moyen-néerlandais comme faisant partie de l'histoire générale des lettres néerlandaises, même si elles la décrivent exclusivement du point de vue du Nord. Elles sont un peu moins assurées pour le XVIe et le XVIIe siècle et, pour le XIXe et le XXe siècle, elles appliquent la ségrégation. | |
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Avant de passer à l'historiographie moderne, jetons encore un coup d'oeil sur Jan te Winkel (1847-1927), le dernier des classiques. On a beaucoup critiqué son histoire de la littérature qui, à nos yeux, possède cependant des qualités inestimablesGa naar eind(12). Il l'écrivit à peu près à l'époque où Kalff travaillait à la sienne. On ne pourra nier qu'il y ait eu entre eux une certaine émulation: si l'on considère l'appréciation esthétique, celle-ci prévaut nettement chez Kalff; mais la reconstruction positiviste d'une évolution historique est propre à Te Winkel, et on peut voir là aussi un aspect de la concurrence que se faisaient les universités d'Amsterdam et de Leyde. En effet, Te Winkel fut le premier Amstellodamois à mettre fin au monopole de Leyde en ce qui concerne l'historiographie de la littérature néerlandaise. Tout comme Kalff, Te Winkel adopte le point de vue du Nord sur la question de savoir s'il faut considérer qu'il y a ‘deux littératures ou une seule’. Aucun des écrivains du Sud ne figure dans ses chapitres sur Les vieux poètes, Les jeunes poètes, Le théâtre après 1850. Ils sont étudiés dans des chapitres distincts: Le théâtre flamand en Belgique, Le Mouvement flamand, La poésie flamande et Les jeunes poètes des Pays-Bas méridionaux. Les différents manuels postérieurs à l'histoire de Te Winkel n'apportent aucun élément nouveau sur ce point. Signalons, à notre grand regret, que la Geschiedenis van de Letterkunde der Nederlanden - l'étude la plus imposante jusqu'à présent, toujours inachevée, hélas - adopte encore la méthode ségrégationnisteGa naar eind(13). Dans le préambule du quatrième tome de son manuel de l'histoire de la littérature néerlandaise, paru en 1953, Gerard Knuvelder (1902) annonce qu'il étudiera séparément la littérature néerlandaise des Pays-Bas et de BelgiqueGa naar eind(14). Il s'appuie principalement sur l'autorité de Marnix Gijsen, écrivain du Sud et auteur notamment d'une étude sur la littérature des Pays-Bas méridionauxGa naar eind(15). Toutefois, il cite également une autre affirmation de Gijsen, disant qu'‘à l'avenir, l'étude distincte de la littérature moderne des Pays-Bas septentrionaux et méridionaux paraîtra quelque peu artificielle et témoignera d'un esprit de méthode stérile’. Knuvelder n'explique guère son choix et s'abstient de toute déclaration de principe. Il rappelle avoir ‘dans une large mesure, intégré la littérature flamande dans l'ensemble de la littérature néerlandaise’ dans un livre précédent. Il en aurait fait autant, cette fois-ci, s'il avait disposé d'études préalables suffisantes. Sa décision semble donc se fonder sur des raisons d'ordre pratique plutôt que de principe. Il ajoute encore que sa méthode de ségrégation confère plus de relief à la littérature flamande qu'il n'aurait été possible de lui en donner autrement. Sans doute sous-entend-il qu'il ne considère aucunement la littérature flamande comme, si l'on peut dire, le parent pauvre du Nord. Toutefois, cette remarque sur le relief de la littérature flamande ressemble quelque peu à une explication rationnelle. Un point d'interrogation semble dès lors se justifier en l'occurrence. Cornelis G.N. de Vooys ressentait cela de la même façon, et faisait observer que des auteurs flamands tels qu'August Vermeylen, Stijn Streuvels, Herman Teirlinck et Karel van de Woestijne ‘bénéficient de moins de place que leurs contemporains du Nord’Ga naar eind(16). Les éditions ultérieures du manuel de Knuvelder confirment que les tendances ségrégationnistes de l'auteur s'accentuent. Ainsi, dans la cinquième édition, de 1970, Justus de Harduwijn, par exemple, quitte le chapitre où il avait été traité avec ses contemporains du Nord pour un chapitre spécial sur la littérature flamande de 1598 à 1780, modification qu'il | |
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me semble difficile de justifier par l'absence d'études préalables. Dans un article de 1959, Literaire integratie mogelijk? (L'intégration littéraire est-elle possible?), Knuvelder confirme son attitude de plus en plus réticente à l'égard de l'intégration et développe quelques arguments de principeGa naar eind(17). Tous ses exemples se fondent sur la chronologie, c'est-à-dire sur le fait que des évolutions déterminées au Sud sont postérieures à des évolutions comparables au Nord. Aucun exemple n'a trait à la langue, au style ou aux thèmes. Ainsi, le mouvement de Quatre-Vingts aux Pays-Bas a été suivi en Flandre, quelque dix ans plus tard, par un mouvement analogue mais nullement identique. Donc, conclut Knuvelder, ‘la réalité impose deux séries d'études’. Des exemples analogues dans des littératures étrangères ne semblent pas aboutir à des conclusions aussi radicales. Bornons-nous à un seul exemple. La réaction de l'écrivain suisse Carl Spitteler au naturalisme est antérieure à celle de ses collègues allemands. Les historiographes allemands n'en ont pas conclu à la séparation des littératures allemande et suisse. Knuvelder cite encore favorablement une affirmation de l'écrivain flamand Herman Teirlinck: ‘Il est impossible d'intégrer entièrement notre Guido Gezelle, notre Karel van de Woestijne et notre Stijn Streuvels dans les lettres hollandaises’Ga naar eind(18). Mais, précisément, il n'en est nullement question. Intégration suppose équivalence. Dans tous les autres cas, il s'agit d'annexion. Il ne s'agit pas d'intégrer Gezelle et les autres dans les lettres hollandaises, mais de les faire entrer dans l'ensemble de la littérature écrite en néerlandais, ce qui est tout différent. Sans doute n'est-ce pas là tâche facile. Il n'est pas facile, non plus, d'intégrer Guido Gezelle dans la littérature du Sud, ou Multatuli dans celle du Nord! Rien n'est facile, sur cette terre, mais impossible est un bien grand mot! Dans son compte rendu du manuel de Knuvelder, De Vooys se déclare d'accord avec la décision de l'auteur qui l'amène à étudier séparément les littératures néerlandaise et flamande. En dépit du ‘rapport qu'elles ont entre elles’ et de leur ‘interaction’, il décèle dans le Sud ‘une différence caractéristique’ ainsi que ‘des influences que le Nord ignore’, dont il ne cite qu'un seul exemple, à savoir le Mouvement flamand. Un an plus tard, il reprend la question en illustrant sa position d'exemples plus nombreux, à l'occasion de la parution de deux nouvelles histoires de la littérature flamandeGa naar eind(19). ‘Sont notamment décisives les caractéristiques typiques et la toile de fond culturelle toute particulière...’, écrit-ilGa naar eind(20). Les romans historiques de Hendrik Conscience diffèrent beaucoup de ceux de Jan Frederik Oltmans, et encore davantage de ceux d'Anna Louisa Geertruida Bosboom-Toussaint. Les récits de village de Conscience et de Jacob Jan Cremer ne se rejoignent pas davantage. Le mouvement littéraire d'Anvers, vers 1840, n'est pas un écho du mouvement qui s'est fait autour de la revue De Gids (Le guide), fondée en 1837 dans le Nord, et Van Nu en Straks (Aujourd'hui et demain) en Flandre possède d'autres caractéristiques que De Nieuwe Gids (Le nouveau guide), la revue du mouvement de Quatre-Vingts au Pays-Bas. Des exemples de ce genre ne prouvent strictement rien, et constituent autant de preuves du malentendu auquel on se heurte toujours lorsqu'il est question d'intégration ou de ségrégation. Bien sûr, il y a un monde entre Conscience et Oltmans mais, pour ne pas sortir de la littérature des Pays-Bas, il y a un monde entre Oltmans et Bosboom-Toussaint, entre celle-ci et Jacob van Lennep, entre celui-ci et Aarnout Drost, pour nous limiter au seul roman historique. Or, | |
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personne ne contestera le fait qu'ils appartiennent à la même littérature, et qu'on peut les étudier, en toute logique, en tant que représentants de divers courants au sein d'une même littérature et d'un même genre. Le malentendu, c'est que l'historien de la littérature entend rencontrer au Sud des évolutions pour ainsi dire identiques à celles du Nord. S'il ne les trouve pas d'emblée, il conclut à l'existence de deux littératures distinctes, tout en faisant abstraction des évolutions divergentes ou contradictoires qu'il rencontre soit dans la littérature du Nord, soit dans celle du Sud. Mais ces différences de style et cette diversité de thèmes se retrouvent chez les écrivains contemporains de toutes les littératures: comparons Alfred Döblin et Thomas Mann, Paul Valéry et Paul Fort, les écrivains américains sudistes William Faulkner, Carson McCullers et Flannery O'Connor ou les écrivains juifs des grandes villes Bernard Malamud, Saul Bellow et Norman Mailer! Ces différences ne se révèlentelles pas bien plus importantes que celles qui existent entre les poèmes de Willem Elsschot et la poésie parlée d'Eddy du Perron, entre les romans de Hugo Claus et ceux de Harry Mulisch, entre la poésie de Jacques Bloem et celle de Jan van Nijlen? On peut démontrer, en outre, qu'une étude de la revue Van Nu en Straks gagne en profondeur si on la situe dans le contexte de phénomènes apparentés et comparables dans le Nord, et qu'elle s'appauvrit si on la réduit à un phénomène flamand isolé. C'est ce qui ressort notamment de l'excellent modèle d'histoire de littérature intégrée qu'est le livre Een Eeuw Nederlandse Letteren de Garmt StuivelingGa naar eind(21). Revenons un instant aux contestations dont l'histoire de la littérature a fait l'objet aux Pays-Bas, vers 1955, comme partout ailleurs, du reste. On la taxait de pseudo-science, et on l'accusait de se fonder sur la biographie et sur d'autres données non littéraires plutôt que sur les caractéristiques et valeurs intrinsèques des oeuvres. Aux Pays-Bas, les années 1955 et 1956 de la revue Maatstaf (Etalon) furent la scène d'une confrontation mémorable entre Paul Rodenko et Evert Straat. Depuis, les angles se sont quelque peu arrondis. En 1967, Cornelis de Deugd put constater qu'entre la théorie littéraire et l'histoire de la littérature, ‘il n'y avait guère d'hostilité ouverte, mais guère de collaboration ni d'appréciation mutuelle non plus’Ga naar eind(22). Toutefois, cette confrontation entre les historiens et les antihistoriens a contribué à rendre les historiens de la littérature plus conscients des fondements de leur spécialité. Nombreux sont ceux qui estiment actuellement que l'oeuvre littéraire doit occuper une place centrale dans une histoire de la littérature, et non pas les données biographiques et historiques. En 1963, Knuvelder lui-même témoigna de son attitude modifiée et suggéra une synthèse de l'histoire de la littérature traditionnelle et d'une histoire morphologique des styles et des formesGa naar eind(23). En 1965, Nicolaas A. Donkersloot qui, étant à la fois historien, théoricien et comparatiste, se trouvait bien placé pour avancer une opinion objective, prédit que la future histoire de la littérature s'orienterait de plus en plus vers l'histoire du styleGa naar eind(24). A l'heure actuelle, donc, on estime généralement que dorénavant, l'histoire de la litérature devra accorder une plus grande atention à l'oeuvre littéraire et à ses caractéristiques intrinsèques, et que ‘la forme devient le critère de classement de la matière’Ga naar eind(25). Les chapitres biographiques sur Joost van den Vondel, Pieter Cornelisz Hooft, Multatuli, etc. devront être remplacés par des chapitres sur le drame classique, la poésie lyrique au XVIIe siècle, le sonnet, le symbolisme, | |
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etc. Si, en outre, on tient encore compte des résultats de l'histoire de la littérature comparative, il faut admettre que tout cela jette une nouvelle lumière sur la question de savoir s'il faut considérer la littérature du Nord et celle du Sud comme formant un tout ou non. La biographie des écrivains, le lieu où ils vivent et, dès lors, leur nationalité s'effaçant devant l'oeuvre elle-même, le dédoublement de la littérature de langue néerlandaise ne s'en révèle que plus artificiel. L'historiographe de la littérature néerlandaise se tromperait s'il négligeait cette tendance antibiographique et la valorisation des qualités littéraires et linguistiques. En optant pour la ségrégation, il prend, dans le contexte international, une position isolée. Les arguments qui ont été avancés jusqu'à présent ne tiennent pas si on tient compte de ce qui se passe dans des littératures étrangères. Ils sont, du reste, totalement dépassés du point de vue des évolutions récentes dans l'historiographie de la littérature contemporaine. Concluons-en que la littérature de langue néerlandaise ne se compose pas de deux littératures distinctes, mais qu'elle ne constitue qu'une littérature unique. | |
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Cet article est la version française du discours inaugural prononcé par le professeur R.P. Meijer à Londres, le 16 mai 1973, sous le titre Dutch and Flemish: Two Literatures or One? La version néerlandaise en a paru dans Ons Erfdeel, 16e année, no 5, novembre-décembre 1973. Pour Septentrion, elle a été adaptée et traduite par Willy Devos. |
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