Septentrion. Jaargang 3
(1974)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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L'ancien Bergkwartier à Deventer, dont l'histoire remonte jusqu'au Moyen Age, constitue l'exemple type d'une rénovation de centre urbain réussie (photo Office national de protection des monuments).
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les vieux centres néerlandaisj.e. van der wielenNé à La Haye en 1907. Etudes à l'Ecole supérieure de commerce. Etudie les institutions politiques. Directeur de la rédaction de La Haye du journal Algemeen Handelsblad I Nieuwe Rotterdamse Courant. Actuellement rédacteur en chef de la publication Heemschut et assistant du Greffier de la Première Chambre des Etats généraux. Pour que vive une culture, il faut qu'elle s'enracine dans le passé. L'affirmation du célèbre historien de la culture qu'a été le professeur J. Huizinga citée en exergue résume le problème complexe que constitue le maintien des vieux centres aux Pays-Bas. Le mérite d'en avoir fait une affaire de gouvernement revient au chevalier Victor de Stuers (1843-1916), qui a toujours combattu en faveur du maintien des monuments.
Nombreux sont ceux à qui il a révélé la valeur irremplaçable des beautés de l'architecture des siècles passés, et plus particulièrement du seizième et du dixhuitième siècle. Les Pays-Bas doivent se féliciter que De Stuers ait su communiquer son enthousiasme à de nombreux particuliers pour la défense de sa cause. Des associations telles que le Bond Heemschut, Hendrik de Keyser et Menno van Coehoorn furent toutes créées il y a quelque soixante ans. Initialement, la réalisation de leurs objectifs ne se heurtait pas à de grandes difficultés. Les grands problèmes auxquels les protecteurs des belles oeuvres pittoresques du passé et des monuments de nos villes doivent faire face à l'heure actuelle sont bien plus considérables qu'au début du vingtième siècle. L'accroissement de la population, l'industrialisation et la circulation, voilà quelques-uns des nombreux facteurs qui compliquent le problème du maintien et de la protection des centres ‘historiques’. Nous nous rendons compte qu'il ne s'agit pas là d'un probème typiquement néerlandais, mais que de nombreux pays européens doivent faire face à des problèmes analogues.
Il est vrai toutefois que, sous certains aspects, le caractère des vieilles villes néerlandaises | |||||||||||||||
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Maastricht est l'une des villes les plus anciennes des Pays-Bas. Lors de la rénovation du quartier de la Stokstraat, on s'est efforcé de sauvegarder au maximum le caractère pittoresque original. Remarquez les deux pierres de parement ornant la façade de l'immeuble du milieu (photos Ministère du Logement et de l'Aménagement du territoire).
diffère de celui de nombreuses villes situées en d'autres pays d'Europe. Aux Pays-Bas, surtout les régents et les citoyens ont profondément marqué l'architecture de leur ville. Cela vaut également, d'ailleurs, pour une partie assez importante de la Belgique. Dans des pays tels que la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Autriche - pour nous en tenir à ceux-là - les souverains exercèrent une influence considérable sur l'aspect monumental de leurs villes.
Bien que les Pays-Bas aient conservé par-ci par-là un nombre respectable de monuments historiques datant du Moyen Age, il faut mettre l'accent sur le seizième et le dix-septième siècle. Cela est dû à la situation géographique des Pays-Bas. La situation en bord de mer à été déterminante pour l'évolution du pays, et elle l'est encore. La navigation et la pêche ont beaucoup influencé son économie. Les Pays-Bas ont eu leurs villes hanséatiques telles que Hoorn, Harderwijk, Deventer et Harlingen. La grandeur d'Amsterdam réside dans sa navigation et sans son commerce avec les pays lointains.
Le secteur de la construction navale avec les diverses sortes d'artisanat qui s'y rat- | |||||||||||||||
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tachent et avec ses activités complémentaires telles que la voilerie et la corderie a également beaucoup marqué l'aspect de nombreuses villes néerlandaises. Avec ses magnifiques maisons patriciennes et ses entrepôts modèles, Amsterdam peut passer pour une exemple typique. Le caractère monumental de la ville de Franeker est dû en grande partie à son université, qui a été un centre scientifique florissant. D'autres villes, grandes et petites, doivent leur caractère particulier en tant que forteresses à l'importance stratégique qu'elles ont eue au cours des siècles passés (d'où poudrières, arsenaux, remparts et ravelins). Citons ici Coevorden, Heusden, Woudrichem, Brielle et Naarden. A partir du douzième siècle, la présence de la Cour détermine le caractère monumental de La Haye; la ville est devenue le siège gouvernemental historique et elle l'est toujours. Le Binnenhof, avec sa salle des chevaliers, a été l'ancien palais des comtes de Hollande et ultérieurement la résidence des stathouders. La famille d'Orange y construisit des palais ou transforma des maisons patriciennes en palais.
Les canaux caractéristiques de tant de villes néerlandaises déterminaient le caractère urbaniste de la ville, ce qu'ils ne font plus que partiellement de nos jours. Dans certains cas, leur rôle stratégique intervenait également, mais l'accent doit surtout être mis sur la navigation et le commerce (des céréales, des denrées coloniales, des bois, de l'huile, etc.). Outre les canaux, il faut évidemment mentionner les ports. Il est évident qu'il y a un lien entre tous ces éléments et que surtout au seizième et au dix-huitième siècle, la prospérité a Le vieux centre de Dordrecht fait l'objet d'importants travaux de rénovation. Les deux photos montrent le résultat des travaux au Spuihaven, avec le Spui-boulevard actuel (photos Ministère du Logement et de l'Aménagement du territoire).
permis à la guilde des architectes de réaliser des centaines de monuments, à l'intérieur desquels les peintres, sculpteurs et ébénistes ont pu donner libre cours à leurs capacités artistiques. De plus, l'esprit fort religieux du peuple néerlandais nous a valu plusieurs cathédrales et églises monumentales, mais sur ce | |||||||||||||||
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Restauration et rénovation à Delft. Anciens immeubles du marché avant et après la restauration. A droite: la Vieille-Eglise (photos Ministère du Logement et de l'Aménagement du territoire).
point, les Pays-Bas n'occupent sûrement pas une place de choix en Europe. L'impact du calvinisme y est pour quelque chose.
Revenons-en à notre sujet, à savoir la restauration des vieux centres aux Pays-Bas. Notre brève introduction historique permettra cependant de mieux comprendre ce qui suit.
Bien que Victor de Stuers et ses associés n'aient pas oeuvré en vain, il faut bien constater qu'à la fin du siècle dernier et au début du vingtième siècle, les Pays-Bas n'ont pas témoigné d'un grand respect pour leurs maisons pittoresques et de leurs monuments. Jusque dans les années vingt, de nombreuses administrations communales se sont rendues coupables de vandalisme. Combien de canaux n'a-t-on pas comblés pour des raisons de circulation, déjà à cette époque-là!, ce qui perturbait totalement les proportions initiales des constructions riveraines, et non pas seulement leurs proportions. Très souvent, la fonction initiale des constructions riveraines et, partant, l'image monumentale dominante des villes, s'est également perdue. Aujourd'hui encore, il faut combattre les projets de comblement des canaux à | |||||||||||||||
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Leeuwarden, à Alkmaar, à Leyde et à Utrecht. Les vieux ports intérieurs n'y ont pas échappé davantage et certains (Rotterdam et Flissingue) sont encore menacés. Toutefois, ne soyons pas trop pessimistes. Depuis quelques années, on s'est rendu compte qu'il faut conserver les vieux centres, et ce pour plusieurs raisons. Le gouvernement a donné un témoignage de ce nouvel état d'esprit dans la seconde note relative à l'aménagement du territoire. On y consacre une attention particulière à la rénovation urbaine et à l'avenir du centre dans les villes. De plus, il y a quelque temps, le gouvernement a annoncé un avant-projet de loi relatif à la rénovation urbaine. Entre-temps, bon nombre d'administrations communales s'occupent du problème en rédigeant des notes-programmes concernant l'aménagement du territoire. Il leur a fallu du temps; espérons toutefois qu'il n'est pas encore trop tard. Beaucoup de choses peuvent encore être conservées, même si au cours de ces dernières années des pâtés de maisons entiers situés dans les centres ont été rasés sans que l'on sût précisément d'avance à quoi les terrains ainsi libérés seraient destinés et sans que l'on eût suffisamment conscience de la corrélation étroite et indestructible entre ce qui a été démoli et ce qui devrait être conservé. Voilà l'une des raisons parmi d'autres pour lesquelles plusieurs centres de villes néerlandaises se caractérisent par un déséquilibre injustifié entre les monuments conservés et les constructions nouvelles. Ces démolitions en série, on les a crues nécessaires parce qu'on estimait, très souvent à juste titre, que de nombreuses habitations dans les vieux centres ne répondaientLes moulins à vent demandent un environnement spécifique. Très souvent, cette condition n'est pas remplie. Dans la plupart des cas, on semble disposé à sauvegarder un vieux moulin et à le restaurer si nécessaire, mais on construit à proximité immédiate. Le Vliegermolen situé à Voorburg (province de la Hollande méridionale) est un exemple à ne pas imiter (photo Heemschut).
plus aux normes modernes en ce qui concerne l'habitabilité. Les autorités se sont rendu compte, trop récemment hélas, qu'il aurait mieux valu procéder à une rénovation qu'à la démolition pure et simple. Le désir de la bourgeoisie de pouvoir continuer à vivre dans l'entourage accoutumé a beaucoup contribué à répandre cette nouvelle vue sur la question. Des comités d'action ont été créés en vue de réaliser cet obectif. On leur doit le maintien du célèbre quartier populaire de Jordaan à Amsterdam ainsi que du Schilderwijk à La Haye. Il est particulièrement réjouissant que les jeunes gens s'intéressent de plus en plus au caractère résidentiel typique des vieux centres.
Une publication du Rijksplanologische Dienst (Office national de l'urbanisme) a attiré l'attention sur l'avenir du centre des villes dans le contexte du problème de la rénovation urbaine. L'analyse du problème s'y trouve résumée de la façon suivante: | |||||||||||||||
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On élabore des projets ambitieux pour la reconstruction de la station balnéaire Scheveningen. De nombreux immeubles y ont été rasés. Même le Kurhaus datant du siècle dernier a été menacé de démolition. Il a été sauvé grâce à l'action conjointe de la bourgeoisie locale, de l'association Heemschut et de nombreuses autres organisations qui s'attachent au maintien et à la sauvegarde des monuments (photo Heemschut).
‘L'expansion particulièrement rapide de nos villes a commencé à l'époque de la révolution industrielle au cours des dernières décennies du dix-neuvième siècle. Les quartiers datant de cette époque, produits de cette urbanisation hâtive, doivent être sérieusement refaits ou même remplacés. Ils sont dépassés de plusieurs points de vue; il y a là un déclin d'ordre économique et, par conséquent, une régression sociale. La nécessité d'une rénovation est d'autant plus urgente que pendant une période de quarante ans - la crise, la guerre, la reconstruction et la crise du logement de l'après-guerre - on n'a pu consacrer suffisamment d'attention à l'amélioration de la situation. La motorisation ultra-rapide et débordante constitue un second facteur qui rend l'évolution de nos centres problématique. Le dépeuplement en est un autre.’ L'année dernière, ce problème du dépeuplement | |||||||||||||||
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Le vieux Delft passe pour l'un des vieux centres les mieux conservés des Pays-Bas. Les voitures stationnées nuisent hélas à l'aspect pittoresque de la ville (photo Heemschut).
a incité le Koninklijk Zeeuws Genootschap (l'Association royale zélandaise), le Bond Heemschut (la Ligue de la protection des sites) et l'administration de Middelburg (chef-lieu de la province de Zélande, dans l'île de Walcheren); à organiser un congrès dont la devise originale était ‘Leve(n)de binnenstad’, slogan quasiment intraduisible en français parce qu'il combine le cri ‘Vivre le centre’ et la notion de ‘Centre vivant’. Le professeur E.H. ter Kuile, ancien professeur d'histoire de l'architecture à l'Université technique de Delft, disait à cet sujet: ‘Les centres sont des organismes qui se sont développés, lieux des scènes les plus variées. Du point de vue écologique, le centre abrite des caractéristiques extrêmement salubres. Le charme émanant des centres réside partiellement dans le fait qu'en général tout y est à la mesure de l'homme. Les composantes du centre, | |||||||||||||||
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A gauche: l'ancien hôtel de ville de La Haye (seizième et dix-septième siècle) qui n'est plus employé à cet effet, fait l'objet actuellement de travaux de restauration. A côté se trouve la tour de la Grande-Eglise ou Saint- Jacques, restaurée après la seconde guerre mondiale. A droite: la tour d'un immeuble de bureaux, oeuvre de l'architecte Hendrik Berlage. A l'avant-plan: construction moderne récente contiguë à l'ancien hôtel de ville, avec un contraste de style prononcé entre les deux parties. L'aile moderne comprend notamment la salle où se réunit le conseil communal et où est établi le syndicat d'initiative (photo Heemschut).
à savoir le plan et l'élévation, sont assez hétérogènes, mais il en résulte néanmoins une harmonie frappante.’ Le professeur ter Kuile et les autres orateurs spécialistes ont seulement tenu à souligner à l'occasion de ce congrès, qu'il faut s'efforcer de maintenir les centres actifs et vivants. Actifs, cela signifie en l'occurence qu'il faut une population locale qui y habite effectivement; vivants, c'est-à-dire que doivent pouvoir s'y développer toutes les formes du commerce humain (celles des magasins, des manifestations culturelles telles que théâtre, opéra, concerts, ballet, cabaret, etc., des bars, des discothèques, des cafés, des restaurants, des cinémas, etc.). Il ne suffit pas d'installer des jardinières et des bancs pour rendre le centre vivant, écrivait récemment le Neue Zürcher Zeitung. Nous aimerions ajouter qu'il ne suffit pas de destiner les noyaux des centres exclu- | |||||||||||||||
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sivement à des zones réservées aux piétons. De toute façon, celles-ci ne devront pas couvrir une surface trop étendue et surtout, elles doivent être facilement accessibles (ouvertes aux transports publics, avec des parkings à proximité immédiate).
La publication de l'Office national de l'urbanisme déjà citée attire également l'attention sur d'autres problèmes. Dans la plupart des cas, le prix des terrains situés dans les centres a augmenté au point que la rénovation urbaine justifiée du point de vue de l'économie privée dans le cadre des affectations existantes, est devenu soit impossible soit inacceptable du point de vue social. Il faudrait éviter dès lors que l'on modifie l'affectation de vieux immeubles (des bureaux qui vont s'installer dans les terrains situés en dehors de la city). Le gouvernement de La Haye le fait à l'heure actuelle. Plusieurs départements ainsi que d'autres services de l'Etat se sont déjà établis en dehors du territoire de la ville même de la Haye, à savoir dans les communes périphériques de Leidschendam et Rijswijk. Depuis quelque temps, le gouvernement est revenu sur l'idée de cette dispersion, puisqu'on projette de loger à nouveau trois départements au moins dans le centre de La Haye. Il est intéressant d'observer à ce sujet qu'au lendemain de la seconde guerre mondiale, l'urbaniste mondialement connu Willem Marinus Dudok avait élaboré un plan d'aménagement dans lequel il projetait un nouveau centre gouvernemental au coeur même du centre de La Haye. Le gouvernement de l'époque a rejeté ce plan. On estimait qu'aux heures du soir, le quartier des bâtiments ministériels ne devait pas être un quartier déserté! Le gouvernement revient maintenant sur cette position. L'administration communale de La Haye a commis une erreur identique irréparable en faisant construire le nouvel hôtel de ville en dehors du centre, et cela après 1945, c'està-dire à une époque où il y avait suffisamment de place dans le centre pour y construire un hôtel de ville. On a commis à La Haye d'autres erreurs de taille: la nouvelle salle de concert qui fait partie du Nederlands Congresgebouw (Palais des congrès néerlandais) a été construite loin du centre. L'administration communale de Rotterdam a adopté une meilleure politique sur ce point, même si elle soulève encore quelques critiques. Exception faite de la Lijnbaan, le centre des magasins, la reconstruction du centre de Rotterdam après les bombardements de mai 1940 constitue en grande partie un échec du point de vue urbaniste, et cela du fait du trop grand nombre de buildings que l'on a réservés à des bureaux.
Il ressort de ce qui précède que la politique menée jusqu'à présent en ce qui concerne la rénovation des centres de nos villes n'a pas été la bonne.
Selon les conceptions modernes des urbanistes, des sociologues et d'autres spécialistes tels que les spécialistes de la circulation, par exemple, on ne peut détacher le centre proprement dit, le centre historique, de son entourage, c'est-à-dire des quartiers environnants. On trouve un exemple de ce point de vue dans la récente note-programme de l'administration communale de La Haye, où l'on établit une distinction entre la city, noyau urbain, et le centre, terme qui semble donc couvrir une réalité plus étendue que le noyau urbain proprement dit.
Grâce à De Stuers, on a commencé à s'intéresser | |||||||||||||||
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Travaux de reconstruction des remparts et des ravelins de Heusden. A l'arrière-plan: des immeubles restaurés (photo Heemschut).
à la sauvegarde des monuments à la fin du siècle dernier, mais ce mouvement a été très lent à se développer. Il a fallu attendre 1933 pour que soit établie une liste provisoire des monuments. Elle comporte douze chapitres: les onze provinces et Amsterdam. Entre-temps, on avait créé un Rijksbureau voor de monumentenzorg, réorganisé ultérieurement dans le Rijksdienst voor de Monumentenzorg (Office national de protection des monuments) qu'abrite depuis peu le château restauré de Zeist. Cet office relève du ministère de la Culture, des Loisirs et des OEuvres sociales.
Il est évident que le maintien et la protection des monuments est une affaire culturelle, mais dans les centres précisément, on ne peut dissocier cet aspect de la nécessité d'une rénovation urbaine. On en est arrivé, par conséquent, à une excellente collaboration avec le ministère du Logement et de l'Aménagement du territoire. Dans son rapport annuel de 1970, la direction centrale du logement disait ‘qu'il ne suffit pas “de démolir et de remplacer de grandes parties de centres de construction vétuste”, mais que ces centres, “nécessitent d'importants travaux de réfection coordonnés selon un plan d'ensemble”’. Dans le rapport en question on admet qu'en fait on a entrevu trop tard le lien entre la rénovation urbaine d'une part et la préservation des monuments et la protection des paysages urbains et ruraux de l'autre. La rénovation ne peut être une intervention unique; il s'agit d'un processus qui doit se dérouler dans le temps. A partir de cette idée de base, on s'est proposé une série d'objectifs d'ensemble tels que l'extension de la city, (parce que dans sa circonférence actuelle, il n'y a plus de logements adéquats pour les personnes et les institutions qui y remplissent telles ou telles fonctions) et la réhabilitation de ce qui a une valeur historique et doit être maintenu. Il s'agit le plus souvent de groupes de monuments, ou de quartiers dont l'ensemble a gardé un caractère monumental. Tel qu'il est formulé, le premier objectif implique que la city ne peut plus, ou presque plus, avoir une fonction d'habitat.
Mais nous voilà déjà en 1974, et les idées ont à nouveau évolué. Non seulement, comme je l'ai déjà fait observer, il y a une nette tendance à réhabiliter des habitations vétustes - notamment à la demande de la bourgeoisie - mais, de plus, on s'est rendu compte que le caractère actif et vivant d'un centre dépend en grande partie des gens qui y habitent. Il y a de plus en plus d'urbanistes pour en tenir compte lorsqu'ils élaborent leurs projets. Le dépeuplement tel qu'il s'est produit au cours des dernières décennies a déjà fort | |||||||||||||||
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L'ancienne ville fortifiée de Heusden constitue un exemple de reconstruction satisfaisant (photo Heemschut).
modifié le caractère des centres. La fréquentation des églises, par exemple, a diminué au point qu'il a fallu fermer de nombreuses églises monumentales. Dans plusieurs cas, on les a démolies. Il s'agit là d'un problème sérieux, surtout lorsqu'on avait affaire à des édifices historiques. Souvent on veut bien conserver une église fermée, mais alors il faut faire face au problème suivant: quelle destination faut-il donner aux églises où l'on n'organise plus de services religieux? Une église vide et qui ne sert plus au culte constitue un élément mort dans l'ensemble d'un centre. Entre-temps, la construction d'habitations lors de la rénovation urbaine entraîne à son tour de nombreux problèmes, dont le plus important est sûrement le problème financier. Dans les centres, le prix du terrain | |||||||||||||||
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La réalisation d'une ligne de métro à Amsterdam a beaucoup endommagé la ville. La ligne de l'est traverse des vieux quartiers du centre de la capitale tels que le quartier juif, où beaucoup d'immeubles avaient été démolis au cours de la seconde guerre mondiale. Pour la construction du métro, on en a encore rasé davantage. Par la suite, on y a érigé des bâtiments modernes contrastant très fort avec les vieil les constructions conservées, les vieilles tours d'église, par exemple (photo Heemschut).
est bien supérieur à celui des quartiers périphériques. Le financement de la construction d'habitations est une question de première importance. Finalement, il faut que les habitations soient abordables.
Cette question financière nous ramène au maintien et à la protection des monuments. Les organisations privées estiment que les pouvoirs publics ne mettent pas assez d'argent à la disposition de ceux qui gèrent ce secteur. Le budget du ministère de la Culture, des Loisirs et des OEuvres sociales pour l'année budgétaire | |||||||||||||||
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1974 prévoit cinquante millions de florins, soit quelque cinq millions de florins de plus qu'en 1973, pour la restauration de monuments, y compris des moulins. On pourrait se réjouir de cette majoration, si elle n'était pas immédiatement absorbée par l'augmentation des frais, des salaires, du coût des matériaux, etc. Ce montant pourrait encore être majoré des quelque douze millions de florins représentant le montant total des subsides accordés par les administrations provinciales et communales.
L'aide publique reste insuffisante parce que les Pays-Bas ont un grand retard en ce qui concerne la restauration des monuments. C'est particulièrement le cas d'Amsterdam. L'aide privée contribue à majorer quelque peu le montant des sommes consacrées à la protection des monuments. De plus, depuis peu le ministère du Logement et de l'Aménagement du territoire prévoit des subsides spéciaux destinés à la rénovation urbaine. On a reconstruit l'hôtel de ville d'Almelo dans l'ancien style. Avec le magasin moderne avoisinant, il constitue un exemple de rénovation mal coordonnée (photo Heemschut).
Cet article serait incomplet si nous ne faisions pas état des dispositions relatives à la protection des monuments. Nous avons déjà parlé de l'Office national de protection des monuments. Après la seconde guerre mondiale, on a voté une loi provisoire relative à la protection des monuments, remplacée en 1961 par une loi définitive. Les Pays-Bas sont en retard sur de nombreux autres pays d'Europe qui ont adopté une législation à ce sujet depuis bien plus longtemps.
En plus de la protection légale des monuments, la loi prévoit:
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La Weesperstraat à Amsterdam avant la seconde guerre mondiale (photo Archives de la ville d'Amsterdam).
Le point e nous intéresse particulièrement. Il ne s'agit pas de la seule protection des monuments isolés. L'environnement, le décor de la rue, d'une place, des canaux, avec les arbres, les ponts et les voies ou les plans d'eau peuvent être importants pour la beauté d'une ville ou d'un village, dit H.C. van Eck dans un commentaire sur la loi relative à la protection des monuments, dont l'article 20 prévoit la protection des paysages urbains et ruraux. Il incombe au ministre de la Culture, des Loisirs et des OEuvres sociales de déterminer les paysages urbains et ruraux qu'il faut protéger. Il est évident que cela peut beaucoup influencer la rénovation urbaine. Les sites protégés compliquent indubitablement le problème de la rénovation urbaine. Cela nécessitera une bonne collaboration entre tous les intéressés. La procédure est longue et entraîne | |||||||||||||||
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La Weesperstraat à Amsterdam après la seconde guerre mondiale (photo: Archives de la ville d'Amsterdam).
le plus souvent des polémiques. Citons à titre d'exemple le cas récent du KurhausGa naar eind(1) de Scheveningen. Il existe depuis des années des projets de rénovation du centre de cette station balnéaire où le Kurhaus occupe une place centrale. A un moment donné, cet édifice risquait de faire obstacle aux projets de rénovation de la station balnéaire. Il fallait donc le supprimer de la liste des monuments protégés. Finalement, à la suite de nombreuses protestations, en provenance tant du pays que de l'étranger, on a renoncé à ce projet. Le professeur A.W. Reininck a exprimé ce que représente le Kurhaus dans les termes suivants: ‘Ce bâtiment donne une originalité, un caractère particulier à cette station balnéaire. Les qualités du Kurhaus résident dans son allure internationale, dans l'approche grandiose des grandes masses de construction, calculées de façon qu'elles soient reconnues à distance, tant du côté de la mer que de l'intérieur du pays. Il constitue le résultat d'un effort pleinement couronné de succès visant à donner à Schevenin- | |||||||||||||||
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gen un point culminant sur le plan architectural et urbaniste.’ La polémique passionnée concernant le maintien du Kurhaus dans la presse et au conseil communal de Scheveningen prouve à quel point le public se soucie de la protection et du maintien des monuments ainsi que de la rénovation urbaine. Dans les autres parties du pays, il en va de même, heureusement. La construction du métro à Amsterdam, qui a déjà entraîné la destruction de tant de coins pittoresques de la ville et en menace d'autres encore, prouve de façon encore plus convaincante que l'architecture historique et monumentale est une notion bien vivante chez les Néerlandais, qui s'intéressent de plus en plus à la rénovation urbaine. Ce n'est pas uniquement une question de sentimentalité chez les gens plus âgés; les jeunes générations s'y intéressent également. Après tout ce qui a été perdu aux Pays-Bas en ce qui concerne le cadre urbain pittoresque, un temps semble venu où l'on apprécie de plus en plus la valeur culturelle de ces richesses. Dans de nombreux cas, il n'est pas encore trop tard pour en arriver à une rénovation urbaine si nécessaire. Voilà une tâche réservée aux autorités publiques, aux urbanistes et aux architectes, et qui en vaut vraiment la peine. | |||||||||||||||
Littérature:Stadsvernieuwing (La rénovation urbaine), Rijksplanologische Dienst, 1970-1972; Stadsvernieuwing, programma op korte termijn, Gemeente Amsterdam, 1971; Sociale aspecten van stadsvernieuwing (Les aspects sociaux de la rénovation urbaine), Ministerie van Cultuur, recreatie en maatschappelijk werk, 1971; 19e Eeuwse buurten Haarlem, Delft, Schiedam, Dordrecht (Quartiers du dix-neuvième siècle de...), stedebouwkundige studiegroep sanering Technische Hogeschool Delft, 1971; De saneringswijken van Amsterdam (Les quartiers à assainir d'Amsterdam), Universiteit van Amsterdam, 1973; Nota wijkvernieuwing (Rénovation des quartiers), Gemeente Haarlem, 1973; Wijkvernieuwing, drs. P.J. van der Ham, 1973; Doelstellingennota (note-programme), Gemeente Groningen, 1973; Doelstellingennota, Gemeente 's-Gravenhage, 1973; Jaarverslag Centrale dienst volkshuisvesting, 1970. | |||||||||||||||
Annexe:Après que le présent article avait été écrit, le ministre du Logement et de l'Aménagement du territoire et son secrétaire d'Etat ont soumis à la Seconde Chambre des Etats généraux une note comportant un avant-projet de loi sur la rénovation urbaine. Celui-ci est l'oeuvre d'un groupe de travail qui estime, comme il l'exprime dans son rapport destiné aux hommes politiques, qu'il est nécessaire avant tout que les villes puissent continuer à fonctionner en tant que centres administrant un périmètre urbain qui va en s'amplifiant. En ce qui concerne la rénovation urbaine, il faudra, en second lieu, attirer l'attention sur la préservation et la modernisation des habitations situées dans les quartiers datant du dixneuvième siècle. La note insiste beaucoup sur la qualité de l'environnement dans les quartiers plus anciens des villes.
Traduit du néerlandais par Willy Devos. |