Guido Gezelle
Karel van de Woestijne
mais il présente en quelques lignes les quatre poètes de son choix et publie ensuite sa version d'une vingtaine de poèmes de chacun d'eux.
A mon avis, et pour des raisons qui m'échappent, Maurice Carême a mieux réussi dans le cas de Karel Van de Woestijne, pessimiste et baroque, et de Paul van Ostaijen, souple et réputé si léger, que dans le cas de Guido Gezelle et de Jan van Nijlen.
Gezelle demeure un défi et une forteresse inexpugnable. Maurice Carême préfère l'introduire comme celui qui a ‘retrouvé la veine adorablement naïve de la poésie populaire - poésie... qui est le fondement de son génie - grâce à une musique exquise que l'on ne peut comparer qu'aux poèmes de Verlaine dans Sagesse’. Et c'est en effet dans les poèmes de cette veine que le traducteur a obtenu les résultats les plus convaincants. Mais nous sommes loin de Gezelle tel qu'il nous a été montré par Walther Willems à travers ses traductions dans Guido Gezelle, Poète de Flandre (1972) (voir Septentrion 1-2, p. 82). Quel est donc le secret de ces poèmes religieux, si émouvants en néerlandais, qui deviennent parfois prières incolores, voire totalement désuètes en traduction? C'est le mérite de Maurice Carême d'avoir évité cette erreur grossière.
Dans le cas de Jan van Nijlen, sans aucun doute le moins important des quatre poètes représentés, on peut se demander si ce n'est pas le ton tout à fait personnel de ses vers qui en fait oublier, dans la version originale, le manque de souffle et d'envergure. Ce ton spécifique de Van Nijlen étant affaibli considérablement