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hugo claus
traduit du néerlandais par maddy buysse
la mère
Je ne suis pas, je ne suis que dans ta terre.
Lorsque tu hurlas et que ta peau frémit,
(Ma mère, prise dans sa peau,
Change au rythme des années.
Son oeil clair échappe à l'ardeur
Des années en me regardant,
En m'appelant son fils joyeux.
Elle n'était ni un lit de pierre ni une fièvre animale,
Ses jointures étaient de jeunes chats,
Mais, pour elle, ma chair est sans excuse
Et les grillons de ma voix sont immobiles.
- Tu m'échappes, dit-elle en lavant
Lentement les pieds de mon père, et elle se tait
Comme une femme sans bouche.)
Lorsque ta peau hurla, mes os prirent feu.
Tu m'as déposé, jamais plus je ne reporterai cette image.
J'étais l'hôte invité mais meurtrier.
Et plus tard, aujourd'hui viril, je te deviens étranger.
Tu me regardes venir, tu penses: ‘Il est
Ma chair et les chiens qui m'habitent.’
Alors que chaque jour tu te meurs,
Pas avec moi, je ne suis pas, je ne suis que dans ta terre.
En moi ta vie s'éteint en tournoyant, tu ne reviendras
Pas vers moi, de toi je ne guéris pas.
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hugo claus
traduit du néerlandais par maddy buysse
un père
Prisonniers de la chaleur humaine, nous avançons déjà plus lents
Dans les broussailles du contre-coeur, dans les prés contaminés,
Et suivons pas à pas les mutilés. Ils murmurent.
Leurs lèvres sèchent au soleil, au soleil tardif.
Nous entendons le crépuscule, nous entendons
Le râle quotidien des pendus, nous entendons
Le louveteau écorché, nous entendons
Le Juif dans le buisson ardent et la nonne bancale,
La soeur pieuse du juge et la soeur lascive,
Les païens dans le parc, les chasseurs de corbeaux et les chevaliers.
Le bec saumâtre du coucou nous mange dans la bouche.
Un tropique enferme notre sang.
Sous le tilleul, dans l'ombre et la rosée,
Le père repose, inébranlable,
Et tout le long des jours, il regarde ses enfants domptés.
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hugo claus
traduit du néerlandais par maddy buysse
le mot clef: maison
Entre les tentacules d'un vent si amer
Que la terre me lâcha et je fus
Et hiver devint la colère
De ma peau qui, brûlante, se figea.
Le sang des femmes, et vif il monta et bondit
Dans ma colonne. Et je devins chair et griffe
Je n'échappe plus. En cette saison, l'année
Qui, à coup d'aile, me féconde de ses doigts,
Ma vie. Ils cèdent en tournoyant,
Ardents comme des femmes dans la neige.
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hugo claus
traduit du néerlandais par maddy buysse
le mot clef: maison
Alors ma voix s'est brisée
Comme si j'avais tendu trop haut,
Comme si je devenais soif et me perdais dans la soif, la pitié, la colère
Et me figeais dans le monde, cette eau dure.
Le pardon est de l'homme, le poison, de la femme;
Comme entre l'écorce et le fruit. Et j'accomplis
Le métier secret de l'homme en son tropique.
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