Onze Eeuw. Jaargang 13
(1913)– [tijdschrift] Onze Eeuw– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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Groen in Parijs.
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Kabinet was gaan sprekenGa naar voetnoot1), die, op zijn beurt, den wensch van den doctor aan Z.M. had overgebrachtGa naar voetnoot2). Hoe weinig hij zelf daarmede was ingenomen, heeft hij ons later verhaaldGa naar voetnoot3). Hun, die hem goed kenden, scheen het zelfs niet onwaarschijnlijk, dat hij bedanken zou, toen hij, ruim een jaar later, tot referendaris bij het Kabinet werd benoemdGa naar voetnoot4). De vader mocht dat toen echter niet weten en aardig is het te zien, hoe goed de jonge man reeds verstond om, zonder eene onwaarheid te zeggen, te verbergen wat hij eigenlijk meendeGa naar voetnoot5). Dr. Groen zal, ten minste, geloof ik, niet hebben vermoed, dat de zoon, niet uit vrees voor mislukking, maar uit weerzin tegen het plan, aan hem alles overliet, daar hij een plaats aan het Kabinet, van al de hem aangeboden betrekkingen, wel de minst aanlokkelijke vondGa naar voetnoot6). Doch vooral om de, reeds in den aanvang genoemde reden, bood ik deze brieven ter openbaarmaking aan. Groen is vaak genoeg en op velerlei wijze geschilderd, maar steeds in denzelfden toon en dezelfde kleuren. Alleen; kracht zoekende ‘in zijn isolement’ tegenover een gansche phalanx; als de zoon van Calvijn, de zoon van Plato; | |
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op Nederlandschen bodem, een der laatste indrukwekkende vertegenwoordigers van het dualistisch idealisme in zijn minder indrukwekkenden vormGa naar voetnoot1). Dat er nog een andere Groen is geweest; een Groen, die paard reed en danste, die ongaarne een tooneelvoorstelling of een avond in de opera verzuimde en met geestdrift daarover schreef,.... wij kunnen het ons niet voorstellen. Toch is het zoo; het is de Groen dezer brieven. Allen zijn zij nog in het Fransch. Eerst kort te voren was hij Nederlandsch beginnen te schrijven. De knaap deed dat bij uitzonderingGa naar voetnoot2) en de student bediende zich, in den eersten tijd althans, veel van het LatijnGa naar voetnoot3). | |
Paris, la 1 Septembre 1826.Je m'empresse chers Parens!Ga naar voetnoot4) de vous faire savoir, que je suis arrivé hier après midi a Paris, vers les trois heures en bonne santé. Mardi j'ai pris à Anvers la diligence, qui part à 3 heures, a 8 j'étois à Bruxelles, où j'eus encore le temps de me préparer au voyage en prenant un bon souper. A neuf heures et demie j'entrai dans la | |
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grande diligence de Paris, qui m'a conduit ici après deux nuits et presque deux jours entiers de marche. Dat is een heele tour; mais les logemens sur la route ne parroissent pas très engageans à s'y arreter longtemps en het is dan ook maar beter dat lastige hoe eer hoe liever achter den rug te hebben. Heureusement je suis venu encore à temps pour trouver une place dans le coupé ou l'on est mille fois mieux placé que dans l'interieur. Malheureusement je venois trop tard pour prendre un des deux coins; et je dus donc me consoler d'être pastytje, ce qui d'ailleurs ne m'auroit pas beaucoup gené vu la largeur de la voiture, sans l'enorme rotondité de mon voisin de droite qui de temps en temps était assez desagréable. Du reste j'avois bonne societé. Aussitôt que je suis arrivé, jai pris, d'après le bon conseil de MarieGa naar voetnoot1), un fiacre et me suis fait conduire à l'Hotel des Etrangers; il y avoit encore un petit appartement du second sur le devant, c'est à dire une petite chambre à coucher avec canapé, secrètaire et armoire, et puis une alcove pour se toiletter, pour déposer des effêts etc., le prix à 3 francs par jour. Je n'y retrouvois pas la proprieté Hollandoise; de verf is zoo goed niet onderhouden, de venstergordijnen zoo helder niet, etc., mais comme je suppose que ce sera le cas dans tous les hotels, puisque c'est un defaut general, comme d'ailleurs on est ici au centre de la ville et que plusieurs de mes connoissances ont été fort bien ici, je l'ai loué, y ai parfaitement bien dormis cette nuit, et me voici donc établi. J'ai rendu bien promptement visite au Palais Royal, j'ai diné chez les 3 Frères Provinceaux à la carte; en dat ging waarlijk heel goed; le vol au vent à la financière etoit délicieux; j'ai pris ma demi tasse à la rotonde et puis un cabriolet pour me conduire au champ de Mars, ou se donnoit la petite guerre en commémoration de la prise du Trocadèro par le duc | |
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d'Angoulême le 31 Aout. On avoit bati une espèce de fort ou de caserne sur les hauteurs de Meudon, defendu par quelques milliers de soldats et que quelques milliers de soldats attaquaient. Vu l'obscurité on ne pouvoit beaucoup distinguer des militaires; mais comme les fusils et les cannons étoient chargés à feu d'artifice et que la caserne du Trocadèro presentoit une demi-cercle magnifiquement solaire le long des collines, ces milliers de fusées éclairant de temps en temps la scènee formoient un coup d'oeil vraiment superbe. D'ailleurs tout Paris s'y étoit posté; il y avoit une foule incroyable d'equipages, de fiacres et de pïetons. Adieux mes chers Parens! il n'est dèja plus de fort bonne heure et les momens sont précieux. Ecrivez moi vîte, et bien souvent: peutêtre que comme voisins vous pourrez me faire savoir si Mr. DominicusGa naar voetnoot1) est dèja de retour, ou bien s'il vient à Paris; je ne l'ai pas trouvé dans mon hotel. Dites milles choses de ma part à Mimi,Ga naar voetnoot2) Cornelie, Marie, ainsi qu' à vos deux logées et croyez moi bien sincèrement et dans une grande hâte de curiosité. Votre devoué fils Guillaume. | |
Paris 2 Sept. 1826.Mes chers Parens! Je suis allé prendre hier mon déjeuner à la Rotonde, j'ai fait le tour du Palais-Royal me suis muni d'un Manuel du Voyageur à Paris, et puis à onze heures, accompagné de mon domestique de place, j'ai commencé mes courses, dans un cabriolet. D'abord je suis allé trouver l'homme indispensable au voyageur le banquier et j'ai causé quelques instans avec Messieurs Audinet Père et Fils qui m'ont reçu poliment, mais sans beaucoup d'empressement ni d'invitation aucune. De là j'ai rendu | |
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visite a Mr. Marron;Ga naar voetnoot1) aussitôt que je me suis nommé, il a demandé des nouvelles du Papa de la Maman etc. etc. Il étoit très amical et m'a d'abord invité à diner pour Mercredi prochain; invitation, dont je me suis cependant débarrassé par quelque pretexte specieux. Après s'être entretenu quelque temps avec moi, il m'a conduit, lorsque je voulois partir, à la chambre de Mdm. Marron; et lui a crié à la porte: Te rappelles tu un de ces Groen qui ont été autrefois ici! Malheureusement Madame qui ne savoit apparemment pas, que je suivois immèdiatement son mari, ne jugea pas à propos de dissimuler son défaut de mémoire; et même lorsque Mr. Marron dit en me présentant: ‘en voici un’ il n'y eut, à mon grand étonnement, pas encore de reminiscence. Je me hatois alors de citer Cornelie et Marie, supposant qu'au moins un souvenir de trois années ne seroit pas encore entièrement effacé; et en effet ce fut l'ancre de mon salut. ‘A la bonne heure’ dit elle, je me les remets et peu à peu elle se souvint de toute la famille et me reçut, comme son mari, très amicalement. Ensuite je me fis conduire, chez Mr. le Chevalier de FabriciusGa naar voetnoot2), que je trouvais travaillant avec le jeune Boreel; du moins celui ci etoit assi près de lui; Boreel me reconnut d'abord et etoit, je dois l'avouer, extrêmement poli; Mr. Fabricius me parla aussi d'abord très obligeament, et lorsque je lui remis les lettres du cousin VerstolkGa naar voetnoot3) et de son bon ami CannemanGa naar voetnoot4), il me promit de tout faire cequ'il pourrait afin de me rendre le sejour de Paris agrèable en me procurrant des entrèes etc. etc. Comme tout voyageur doit rendre une de ses premières visites au Musée, c'est en le parcourant que je continuois la journée: je me propose y revenir encore plusieurs fois; 't was nu maar om er een algemeen denkbeeld van te krijgen; il faut le voir par divisions; sans | |
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cela on risque une indigestion de statues et de tableaux. Cependant la collection de statues, ou l'on manque les plus célèbres, l'Apollon, le Laocoon et la Venus de Medicis, est bien déchue de sa splendeur primitive: mais quand à la galerie de tableaux elle est peut-être tout aussi riche qu' autre fois, puis qu'on à reparé ses partes aux depens d'autres collections superbes, par exemple celles de Luxembourg. Je dinais à l'hotel à table d'hote; on nous y servit très bien; c'est un avantage, lorsqu'on est seul, de n'être pas obligé de dîner, journellement chez un restaurateur. Le soir je fus au Grand opèra, ou l'on donnait la Vestale et les Filets de Vulcain. J'ai été vraiment émerveillé. Quelle richesse; quelle varieté, quelle élégance dans les costumes, dans les décorations, quelle pompe et quelle magnificence incroyable dans les marches, les triomphes, etc! Et puis ce ballet; où tous les beaux arts se réunissent, où le chant, la danse et la musique au plus haut degré de perfection vous enlevent de la Terre et vous transportent au beau millieu de l'Olympe. Les Dieux volent à travers la scène comme si de rien n'étoit, je m'étois pas douter que l'art put porter l'illusion aussi loin dans des choses aussi inimmitables. La salle m'a paru superbe; et j'ai aussi beaucoup admiré ce superbe foyer dont Cornelie m'avait déja tant raconté avec ses lustres, ses miroirs et le beau monde de Paris qui embellissoit encore tous ces beaux ornemens. | |
3 Sept.Hier matin j'ai continué mes visites, mais j'ai été moins heureux: Mr. Ch. CocquerelGa naar voetnoot1) et Mr. CousinGa naar voetnoot2) n'étaient pas chez eux. Mr. le Prof. BlondeauGa naar voetnoot3), auquel van Hall m'a donné une lettre de recommandation est hors de ville et reste à la campagne jusqu' à la Toussaint. Heu- | |
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reusement je trouvais à la maison Mr. JulienGa naar voetnoot1), redacteur de la Revue Encycoplédique auquel Mr. Fabricius m'a recommandé et qui m'a donné des billets entre autre pour voir les collections du musée de'Hist. Nat. à des heures particulierement reservées à l'étude. Je passai cequi me resta de la matinée à faire un tour au Jardin des Plantes, dont j'etois tout près. J'admirai, en passant, la Halle aux Vins, le superbe Pont du Jardin du Roi, autre fois d'Austerlitz, l'Eglise de St. Etienne du Mont, l'Ecole de Droit, etc, et me fis conduire au Jardin des Tuileries, ou je me promenais jusqu'au dîner. Après m'être regalé chez les Frères Provinceaux j'allais m'asseoir chez Tortoni, ou tout en prenant une glace je ne pus me lasser de voir la foule de voitures et de pietons qui couvroit le Boulevard des Italiens. A sept heures je m'arrachoi de là pour aller aux Italiens, ou j'ai entendu Mme Pasta dans l'opera tout nouveau de Zelmire par Rossini. Je suis bien persuadé, dat het eigenlijk niet aan mij besteed is, mais cependant je n'ai pas été tout à fait insensisible à ce chant et à cette musique et je puis très bien comprendre qu'un véritable amateur comme Marie pourroit aller de Rotterdam en deligence à Paris et se trouveroit amplement dedommagé s'il falloit revenir immediatement après avoir entendu chanter aux Italiens Mme Pasta. Mme Schutz chantoit aussi hier au soir mais elle paroit ici sous un aspect bien secondaire. - Je fais partir ma lettre aujourdhui, parceque vous m'avez tant recommandé de vous ecrire souvent: dans trois ou quatre jours je vous ecrirai de nouveau, cependant je ne reponds pas que mes lettres seront toujours longues. Le matin aussitôt qui je puis, je me mets en marche; et comme je je ne reste ici que peu de temps, il faut en profiter: je me sui levé à six heures pour vous ecrire celle-çi et vraiment c'est être trop matineux pour Paris. Je languis extrémement de recevoir de vos nouvelles; ecrivez moi bien souvent: dites mille choses de ma part à Mimi, Cornelie et | |
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Marie, recommandez moi à leur plume, faites bien mes compliments à la TanteGa naar voetnoot1) et à Cornelie Bodel et croyez moi votre devoué fils Guillaume.
P.S. Mimi m'a parlé d'un collier, quelle vouloit que je lui apportais de Paris: il faudra qu'elle m'en donne une discription bien claire et distincte; car sans cela de pareilles commissions sont si embarassantes pour des Messieurs. - Si Mr. de M.Ga naar voetnoot2) n'a pas demandé à voir les papiers que j'ai donné a Papa, je voudrais bien que Mr. CoppelloGa naar voetnoot3) les reçut avec mon billet, surtout parceque ses vacances sont bientôt finies et qu'alors il aura moins du temps pour en prendre lecture. Il les rendra toujours au besoin. Je vous les recommande, parce qu'ils m'ont couté beaucoup d'ouvrage et que je n'en ai pas de copieGa naar voetnoot4). | |
Paris le 6 Sept. 1826.Je reprends la plume mes chers Parens! mais voici la quatrieme lettre que je vous écris sans avoir reçu encore un seul mot de vos nouvelles. Si vous saviez combien une lettre me fait de plaisir vous ne me feriez sans doute pas languir aussi longtemps. Vous êtes à trois pour la correspon- | |
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dence sans compter Cornelie et Marie qui m'ont aussi promis de m'ecrire et moi je suis tout seul; et d'ailleurs vous ne croiriez pas comme j'ai peu de temps; car naturellement je suis presque toujours en course et je rentre le soir fatigué. Dimanche après avoir visité Notre Dame et St. Roch, je me suis fait conduiser au Champ de Mars ou il y avait course de chevaux pour les Prix Royaux de 5000 à 6000 francs. Vous qui avez vu des fêtes brillantes au Champ de Mars pourrez par votre propre experience vous faire une idée de l'empression qu a du produire sur moi le coup d'oeil de cette immense plaine couverte de chevaux et bordée de spectateurs. Et puis lorsque la course fut finie, il auroit fallu voir cette foule qui s'agitoit et se confondoit de toutes partes, ces fiacres, ces cabriolets, ces magnifiques équipages, ses superbes coursiers, se passant, se croisant le long des quais, dans les Champs Elysées etc. La soir j'allois au Gymnase ou Theatre de Madame. Je vis jouer avec beaucoup de plaisir la charmante Léontine Fay. Lundi je suis allè à Montmorency: j'ai fait un pelerinage à l'hermitage de J.J. Rousseau, qui fut ensuite le jardin de Gretry; ce n'est pas sans quelque émotion qu'on se voit entouré de tant de souvenirs de ces deux grands hommes;Ga naar voetnoot1) il paroit qu'on a conservé très religieusement tout ce qui servit jadis à leur usage. Je fis un tour à cheval dans la forêt. Que cette vallée de Montmorency est belle! Quelles vues charmantes; et comme tous ces villages, ces maisons de campagne, ces chateaux, cet immense Paris dans la lointain presentent un coup-d'oeil pittoresque et animé! J'ai été également enchanté de ma visite aux eaux d'Enghien, qui sont à une demie lieue de Montmorency, et ont depuis quelques années une grande vogue; les établissemens y sont en très bon ordre, et la nature admirable! En retournant à Paris, je me rendi à l'abbaye de St. Denis, qui est | |
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en grande parti restaurée: je vis les tombes de Louis XII, de François I etc, et puis les caveaux et les statues des rois de France, la chapelle expiatoire et le tombeau du Prince de Condé. Le soir je fus aux Varietés, ou il y eut de quoi rire: Potier surtout m'a beaucoup amusé. Hier j'ai vu le Georama, j'ai monté la Colonne de la Place Vendôme; j'ai eté au Musée Encyclopédique de Mr. Bossange et j'ai fait visite à Mr. Thuret ou du moins taché de la faire, car malheureusement il est avec Madame à Boulogne où il restera encore quinze jours pour prendre les bains de mer. Ensuite je me promenais aux Tuileries, et vers les cinq heures je me fis conduire chez Mr. Julien, redacteur de la Revue Encyclopédique qui m'avait engagé de prendre part à un diner piquenique, qui se donne tous les mois, et ou se réunissent beaucoup de savans étrangers. Nous dinâmes à la grande Chaumière au Boulevard Parnasse; il y avoit une soixantaine de convies. J'y vis entre autres Mr. Sismondi auteur de l'Histoire des Republiques ItaliennesGa naar voetnoot1), Mr. SayGa naar voetnoot2) celebre economiste; le Professeur Cousin, deux envoyés de Haiti, Mr. BignonGa naar voetnoot3), Mr. Garat chanteur renommé qui nous regala au dessert de plusieurs airs fort jolis et beaucoup d'autres personnages intéressans. J'etois placé entre le ci-devant Comte de Palamos, qui a reconduit le Roi Ferdinand en Espagne et a subi ensuite sa disgrace avec tout ce qu'ilya en Espagne de distingué, homme très aimable, instruit et intéressant par ses conoissances variées, ses voyages lointains et ses avantures remarquables; et mon autre voisin étoit un Polonnais très poli et d'une conversation fort agréable; il me raconta que le jeune Lubowinski a été tué en duel-Je suis mieux logé ici qu'au commencement; on m'avait donné une petite chambre bien mal meublée et très malpropre; maintenant j'ai deux petites pièces attenantes très jolies: j'ai renvoyé mon domestique de place, quoique ce | |
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fut le même dont Mrs. Dominicus et Philipse se sont servis l'an passé, mais je connois Paris dèja assez pour me tirer d'affaire sans avoir toujours un gaillard ennuyeux à mes cotés. J'ai par contre loué le cabriolet de l'hotel; ce n'est pas bon marché; mais quand on reste peu de temps et qu'il faut faire beaucoup de courses c'est presque nécessaire. Je voudrois bien savoir, combien il faut donner pour fooi au cocher, quand on le garde un mois; ces pourboire m'embarassent de temps en temps beaucoup: en donne l'on quand on dîne en ville? J'espère que sur toutes les demandes de ce genre que je vous ai dèja faites, vous me ferez bientôt parvenir la reponse; car sans cela zou het mostert na de maaltijd zijn. Adieu mes chèrs Parens! mille choses à Mimi, Cornelie, Marie et vos logées, et croyez moi. Votre devoué fils Guillaume.
P.S. Donne-'t-on en partant, des pourboires aux domestiques de l'hotel. | |
Paris le 8 Sept. 1826.Mes chers Parens! J'ai reçu hier votre lettre, qui m'a fait un bien grand plaisir, et d'autant plus, que je commençois tout de bon à craindre qu'il ne s'en fut égaré. Je me recommande de nouveau à la plume de tous ceux qui ont promis de m'ecrire; les nouvelles que vous me donnez m'intéressent toujours tant, et je vous ecris si souvent que je m'attends à un peu de reciprocité. Comme le temps m'est devenu trés peu favorable, car nous avons eu ici des pluies à verse et beaucoup de vent je n'ai pas fait depuis ma dernière lettre de tours dans les environs. Avant hier j'ai vu la Halle au blé, batiment très vaste et très beau; le Temple, ou il n'est cependant pas permis d'entrer; c'est maintenant un couvent: mais il falloit néamoins lui rendre visite à cause de ses souvenirs. Le marché du Temple est aussi très interessant, il y avoit là une foule de monde, une quantité de marchandises surtout | |
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étonnante: tout est à Paris si excessivement grand en de keus is overal zoo ruim; il n'y a que l'embarras du choix, qui en est l'inévitable inconvenient. Je me rendi aussi la même matinée au Conservatoire des Arts et Metiers; c'est une belle institution; on y reunit les modèles de toutes les nouvelles inventions, qui se font non seulement en France mais aussi dans l'Etranger. Un établissement pareil doit être d'une bien grande utilité. Mr. et Mme Boddaert avec leur soeur et Mr. de Geer s'y trouvaient en même temps que moi. Hier j'ai diné fort agréablement avec Mr. de Geer à Very. Du reste je n'ai pas encore rencontré de Hollandois excepté deux dames Schneither, mêre et fille, qui logent ici à l'hotel et se disent de la Haye; je ne puis absolument pas me les remettre. Mercredi j'ai aussi été au Diorama, ou j'ai entre autres admiré la belle vue du village d'Unterseen; on se croit vraiment transporté en Suisse: l'illusion est complête; il faut que ce soit admirabliment peint. Le soir j'ai été à l'Opéra ou l'on donnoit Armide. Les décorations m'ont beaucoup mieux plu que la musique, qui étoit, ce me semble, passablement langoureuse et monotone; mais la grande place à Damas, les divertissements royaux, l'Ile des Plaisirs, le Palais enchanté d'Armide tout cela étoit superbe en verité; mais ce qui m'étonna le plus, ce fut l'embrasement complet de ce superbe palais, lorsque Armide abandonnée de Renaud ordonne dans son désespoir aux démons ses satellites d'y mettre le feu: le batiment entier tombe avec fracas, Armide s'enrole sur un char trainé par des dragons et le tout se termine par une pluie ou plutôt par une cascade de feu, qui couvre toute la largeur du théatre. Ma journée d'hier a aussi été assez bien employée. Je suis allé au Palais de Justice; c'est presque une petite ville à part: une si grande étendue, tant de salles, tant de galleries, de marchands, etc. On me montra la Conciergerie, et la le cachot où Marie Antoinette et Madame Elisabeth ont subi une longue et douloureuse captivité et qui maintenant est changé en chapelle expiatoire. | |
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9 Sept.J'ai vu jouer avant hier, Mlle Mars dans deux pièces, la Fille d'Honneur que Cornelie m'avoit bien recommandé de ne pas manquer, et le Manteau ou le reve du mari. Ces deux pièces étoient bien propres à lui faire déployer tout son inimitable talent. Je ferois presque pour elle ceque Marie vouloit faire pour Mme Pasta. - Hier j'ai été aux Invalides, j'ai vu le dôme; c'est bien l'edifice qui m'a le plus frappé depuis que je suis ici. Que de grandeur et que de simplicité. Je fus aussi hier à la salle de l'Institut, à la Chambre des Deputés et j'allois voir les statues colossales, qui devront orner sous peu le pont de la Concorde, et qui sont superbes; c'est une belle idée d'y placer les hommes qui ont le plus illustré la France, BayardGa naar voetnoot1), SugerGa naar voetnoot2), ColbertGa naar voetnoot3), Duguay-TrouinGa naar voetnoot4), CondéGa naar voetnoot5), TurenneGa naar voetnoot6) etc. Le soir je me fis conduire au théatre de la Porte St. Martin ou l'on donnoit la première representation du Chateau de Woodstock et une pantomine appelée Saramonstre ou la Statue du Commandeur; cette derniere étoit l'histoire de Don Juan ou du Festin de Pierre. Il y avait une affluence considérable, tout etoit pleine comme un oeuf. La pièce fut très bien acceuillie et l'auteur demandé: c'etoit certain Mr. Felix. Le temps m'a été hier et avant hier très défavorable; autrement j'aurois fait un tour dans les environs. Votre lettre m'a fait bien du plaisir mais celle de Papa a vivement excité ma curiosité. Peut être craignez vous de tout confier au papier, mais sans cela je voudrois bien savoir litéralement ce qu'on a dit; vous sentez combien cela m'interesse. Du rest tenez moi s.v.p. bien au courant et | |
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surtout ayez la bonté de m'avertir bien a temps de l'audienceGa naar voetnoot1). Sans doute j'aimerais bien à rester ce mois entier ici; cependant encore huit ou dix jours et j'aurai assez vu om des noods met fatsoen de terugreis te kunnen aannemen. J'anticipe d'une journée, car je pense que celle ci vous parviendra le 12 pour vous feliciter à l'occasion de l'anniversaire de Cornèlie. Je me propose de lui ecrire demain et de lui témoigner combien je m'interesse sincèrement et vivement à son bonheur. Adieu mes chers Parens! Mille choses à Mimi et à vos logées et croyez moi Votre dévoué fils Guillaume.
P.S. Faut-il demander à Mr. Audinet à combien montre le port qu'il paye pour mes lettres? Mimi n'a-t elle pas quelques momens à me donner! J'ai pensé qu'il valoit mieux ecrire aujourdhui à Corn: enfin de ne pas faire payer inutilement double port. Ayez la bonté de lui donner ma lettre à son anniversaire. Je tacherai de mettre à profit l'article par rapport à Mr. F. En verité un étranger, qui veut tout voir, depense bien assez, sans qu'il risque de perdre encore par dessus le marcher. | |
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longtemps en voyage, puisqu'elle a mis à faire le trajêt le double du temps que j'y ai employé moi même. Ayant reçu des prijsjes sur mon exactitude à vous ecrire je veux continuer à les meriter et à vous donner un recit succint de mes avontures, dont je vous réserve le detail pour mon rétour. Samedi j'ai passé une grande partie de la matinée au Jardin des Plantes, ou je me suis particulierement occupé ce jour de la Galérie d'Histoire Naturelle. Ensuite je me suis promené dans le Jardin du Luxembourg qui m'a beaucoup plu par ses grandes proportions et par les beaux édifices entre autre la chambre des Pairs, le val de Grace et l'Obsèrvatoire, qui l'avoisinent. Le soir j'ai été au Thèatre Français, vu que Mdn. Mars jouait encore dans deux pièces le Glorieux et la Jeunesse de Henri V, elle m'a entièrement captivé, cela va sans dire. Hier je me suis rendu à Versailles ou je suis arrivé vers les onze heures. Malheureusement les eaux ne jouaient pas et ne joueront apparement pas ce mois ci. Du reste je n'epargné mes jambes. Je visitais le parc, le grand Trianon, le Petit Trianon, avec ses jardins charmans, le chateau de Versailles, sa galerie, sa salle d'Opéra, etc. Comme surtout en voyage je ne suis pas des plus lambins, j'avois terminé toutes ces promenades à 3 heures et après avoir vite diné, je me fis conduire à St. Cloud ou c'était la fête patronale du village. Les eaux jouoient; je vis de très près le duc de Bordeaux, qu'on promenait pas à pas dans le parc. Il y avoit une affluence incroyable de promeneurs une infinité de boutiques et le soir les lumières qui eclairoient cette quantité de monde dans ces belles allées formoient un effet charmant. Ce matin j'ai commencé ma matinée en faisant visite à Mr. Cousin et ensuite à Mr. Cocquerel; j'eus le plaisir de les trouver tous deux à la maison et leur conversation était fort interessante. Puis j'ai vu là Sorbonne, St. Sulpice, l'Eglise de St. Germain des Près. De la, après avoir pris du chocolat à la crême chez Tortoni, j'ai été au Montmartre; vous savez que la vue y est superbe; c'est le Panorama de Paris. Maintenant je vais faire un peut de toilette, afin d'aller tantôt à un piquenique de Hollandois. C'est une idée de | |
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Mr. Boddaert; nous dinerons chez un restaurateur à huit; lui, sa femme et sa soeur, Mr. et Mdm. de Vry, Mr. de Geer et Mr. Ram. Je pense que ce sera fort agréable. | |
12 Sept.Effectivement je me suis très bien amusé à notre diner Hollandois. C'etoit chez un restaurateur au coin de la rue Castiglione et de la rue Rivoli, par consequent dans un des quartiers les plus fréquentés de Paris; il y avait un passage de voitures, qui ne finissait point. Nous avions une chambre particulière, le diner étoit excellent et les convives fort animés. Après le diner, j'assistois à une séance de la societé de la morale Chretienne ou Mr. Julien et Mr. Coquerel m'avoient engagé de venir. C'était assez interessant; vous pourrez en lire bientôt le narré dans la Revue Protestante. Je longuis beaucoup de recevoir la lettre, que Papa m'a promis de m'ecrire Samedi. Si le Roi donne audience le 20, il faudroit bientôt me disposer pour le retour. Maar in de gegeven omstandigheden zou ik toch zeer ongaarne de audientie missenGa naar voetnoot1). Racontez s.v.p. à tout le monde, que vous ne croyez pas que je resterai longtemps, qu'il faut que je sois à la Haye quelques jours avant la fin des | |
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vacancesGa naar voetnoot1), etc. Adieu mes chers Parens! Cette lettre n'est pas très longue, mais je crois qu'il vaut mieux vous l'envoyer comme elle est, que de vous faire attendre un jour de plus. Dites mille choses de ma part à tous les habitans de Vreugd en RustGa naar voetnoot2) et croyez moi à jamais. Votre devoué fils Guilliaume. | |
Paris de 14 Sept. 1826.Ik haast mij lieve Papa! om U met omgaande post op het artikel van N.S.Ga naar voetnoot3) te antwoorden. Ik heb hem altijd beschouwd als iemand, die mij inderdaad zeer genegen is, ik geloof, dat hij veel invloed heeft en zou dus zeer gaarne zien, dat mijn verlangen aan hem werd medegedeeld, omdat ik vertrouw, dat hij mij gaarne in die zaak behulpzaam wezen zou, namelijk indien hij niet bang is om zijn credit te gebruiken, en indien er geen ander is, aan wien hij de bewuste plaats liever toegewezen zag. In het eerste geval zou hij, dunkt mij, niets voor mij, doch, in het tweede geval zou ik zelfs met al mijne overtuiging aangaande zijne toegenegenheid er geen staat op maken, dat hij mij niet tegenwerken zou, en zijne tegenwerking doet, geloof ik, even als zijne voorspraak, zeer veel af. Als dan ware het zeker verkieslijker hem buiten het geheim te houden. Vooral daar wij door de bekende discretie van de H.d.M. en M. vertrouwen kunnen dat de zaak inderdaad geheim gebleven is. Daarentegen weten wij bij ondervinding dat de K. gewoon is bij verschillende menschen informatie te nemenGa naar voetnoot4) en daaronder kon in ons geval | |
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N.S. wel behooren. Dan ware het zeker wederom veel beter hem gepraevenieerd te hebben. Ziedaar, lieve Papa! eenige redenen voor en tegen, welke ik denk dat U hebben doen aarzelen en die ook mij aarzelen doen; weshalve ik geloof U niets voor mijne belangen veiliger te kunnen schrijven, dan dat ik alles ook ten dien opzigte aan U overlaat, die op de plaats zelve zijt, die de betrekkingen en karakters der gemelde heeren veel beter kent dan ik en aan wien ik geheel en al het op touw zetten van deze zaak verschuldigd ben. Ik zal er alles naar inrigten om voor den 27 te huis te zijn, en schrijf U nader den dag mijner afreize, zoodra dezelve bepaald zal zijn. Cette lettre suivant de si près la derniere j'ai moins de matiere de la correspondance pour celle ci que pour les autres. Mardi j'ai été avec Mr. Marron voir les collections de tableaux d'antiquités, etc. appartenant à Mr. Pancoucke; elles sont extrêmement interessantes: il ya une salle Egyptienne, une salle d'Herculanum, une du 15e siecle, une des sauvages, et dans ses differentes chambres on trouve réunie une infinité de choses precieuses et curieuses qui se rapportent à ces temps ou à ces endroits. En outre il y avoit plusieurs jolis tableaux entre autres de charmans portraits d'Isabey. Ensuite nous visitames le magnifique établissement de Mrs. Firmin Didot dont les presses ont fourni tant d'éditions superbes. Quand on nous eut montré tout ce qui avoit rapport à l'imprimerie et à la fonderie, nous passames dans le salon d'un de ces messieurs et là nous admirames aussi une charmante collection de tableaux, entre autres de David et surtout de Girodet. Nous terminames nos courses en visitant la Galerie d'Angoulême au | |
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Louvre, ou l'on retrouve une grande partie des monumens autrefois exposées au Musée des Petits-Augustins. Le soir je n'ai pas été au spectacle, quoique je n'ai diné ni en ville, ni à la campagne; et cependant on jouoit de très jolies pièces entre autre au Theatre Français. Je vous rèserve le mot de cette enigme à mon retour. Hier j'ai premièrement passé une couple d'heures au Musée; ensuite j'ai eté voir la manufacture de porcelaine à Sèvres; j'ai monté a Montretout, et je suis revenu a Paris par St. Cloud et Neuilly. Le soir j'ai de nouveau admiré Mdl Mars dans le Tartuffe et surtout dans Valèrie. Adieu mes chèrs Parens. Mille choses à tout le monde à Vreugd en Rust croyez moi Votre devoué fils Guillame.
P.S. J'oubliois presque ma chère Maman! de vous dire, que vous n'auriez pas du vous inquièter au sujet de mon tour dans la forêt en doutant de ma prudence accoutumée. C'était une tournée le long de la lisière du bois dans un pays parsemé de chaumières et de chateaux, enfin je n'etois pas seul, mais accompagné d'un guide, qui trottoit à pied à coté de moi. La course avec Mr. Marron m'a procuré la connaissance de Mr. van Marlen de Bruxelles et puis du cousin et de la cousine HoevenaarGa naar voetnoot1). Le cousin s'est beaucoup informé de toute la famille. | |
Paris le 17 Septembre 1826.Votre quatrième lettre, mes chers Parens! m'a fait ainse que celle de Mimi bien grand plaisir; sans doute je vous remercie beaucoup de votre assiduité à la correspondance; vous ne croiriez pas comme c'est agréable de recevoir des lettres quand on est seul à quelque distance de sa famille | |
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et de son pays. Jeudi matin après avoir moi même porté ma lettre à la poste précaution, que je n'ai pas encore negligée, je me rendis chez Mr. Fabricius qui me donna une lettre pour le Chevallier de PraetGa naar voetnoot1), Conservateur de la Bibliotheque du Roi. Grace à ce talisman j'eus la satisfaction de voir malgré les vacances, la bibliothèque la plus considérable de Paris et une des plus celèbres de l'Europe et de faire en même temps la connoissance d'un savant extrêmement distingué. Je fis ensuite des visites chex Mr. de Vry, Mr. Ram et chez un jeune Polonais, dont j'ai fait connaissance chez Mr. Jullien et qui m'avoit rendu visite il y a quelque temps. Personne n'etoit à l'hotel. Je me consolais de ce mecompte en me faisant conduire au bois de Boulogne, auquel vraiment chex nous on n'oseroit donner un titre aussi pompeux: à peine s'il y a de l'ombre. Je vis les restes de l'abbaye des Longchamps et me promenai jusqu'au lac de Suresnes ou l'on a une vue charmant sur le Mont Valerien. Après avoir fait encore un tour de promenade dans les Tuileries et avoir diné chez Very j'allai voir la Dame Blanche qu'on jouait au Feydean pour la 116 fois. On commença par une petite pièce le Mulitier. Le spectacle m'amusa beaucoup et étoit fort gai; il me semble que ce doit être un des théatres les plus agréables. Vendredi j'ai commencé la journée en examinant le modèle a plâtre de l'Elephant Fontaine, qu'on va élever sur la Place de la Bastille; c'est un plan projeté depuis fort longtemps, mais dont l'execution avance très lentement. De là je me rendis au cemetière du Père la Chaise; voila cequi m'a paru extrêmement interessant; c'est une promenade charmante, la vue sur Paris est magnifique, les souvenirs historiques sont très curieux, il y a beaucoup de monumens superbes, beaucoup de tombes, qui contiennent les restes des personnes célébres sous differens rapports, mais en general cependant je trouve qu'il y a beaucoup trop de luxe, de magnificence d'appareil pour qu'on y éprouve ces émotions agréablement melancholiques, qu'on est accoutumé à trouver dans les | |
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lieux pareils. Après m'y être promené assez longtemps, j'allois à Vincennes où je me fis montrer la Chapelle avec le monument élevé à la memoire du duc d'Enghien, l'endroit où il a été fusillé, la chambre ou on l'a jugé et les cachots de la fatale tour, ou l'on enfermoit autre fois les prisoniers d'état. De Vincennes à St. Maux en traversant le bois de Vincennes il y a encore une lieue: je vis à St. Maux le canal sousterrain, qui a été ouvert en 1820 à la navigation, et qui sert pour éviter un grand détour que fait la Marne; je ne me repentis pas de cette course; car c'est un ouvrage fort extraordinair. Je n'ai jamais rien vu en ce genre là; un canal de 24 pieds de large et qui a plus du 1800 pieds de long: les voitures qui vous passent, sur la tête font un effet effroyant, comme si l'on entendoit gronder le tonnerre. Le soir je fus à l'Odéon, où l'on donnait la le représentation d'Ivanhoe; il y avoit une affluence considérable; on applaudit beaucoup: j'espère que ce fut principalement pour la musique, qui étoit de Rossini et, comme de raison était fort belle: car du reste la pièce ne significoit pas grand chose et n'était pas supportable pour ceux qui ont lu le chef d'oeuvre de Walter Scott. Hier j'ai passé ma matinée à faire des visites: premièrement chez Mr. Cousin je causais longtemps avec lui, et je compterai les entretiens que j'ai eu avec lui parmi les momens les plus agreables de mon séjour à Paris; ensuite chez Mr. Jullien; daar waren mijn fondsen zeer gerezen: il paroit qu'on lui en avoit fait un compte avantageux de mes dissertations; au moins il va en donner une notice dans la Revue Encyclopédique et même il m'a prié de devenir Correspondant de ce Journal.Ga naar voetnoot1) Il vient sous peu en Hollande, et j'espère que nous pourons lui faire alors quelque politesse. C'est un homme d'age; qui a beaucoup de connoissances, | |
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et paroit être fort aimable en conversation. Je ne trouvais pas Mr. Coquerel à la maison, mais bien Mr. Viguieir collaborateur de la Revue Enc., auquel Mr. Julien m'avoit recommandé et qui a voyagé trois ans en Allemagne et en Italie; je passais très agréablement quelques instans avec lui. J'ai diné hier à la campagne de Mr. Audinet à Pierre-Fittre encore plus loin que St. Denis; c'est à plus de 3 lieues de Paris. Il n'y avoit que la famille et Mr. van Teuil d'Utrecht, avec qui nous avons diné chez Mr. Canneman. Je m'amusais passablement et suis bien content de n'avoir pas eu beaucoup d'invitations à dîner; c'est toujours bien dommage pour le spectacle. Je pars probablement jeudi le 21; je ne suis pas encore decidé si ce sera par Lille ou par Cambrai et si je resterai un jour à Bruxelles; je ne pense pas être à Vreugd en Rust avant Lundi ou Mardi: mais apparemment je vous ecrirai encore une fois avant mon départ. Croyez moi à jamais. Votre dévoué fils Guillaume.
Ma chére Mimi! je te remercie bien de ceque tu m'as enfin ecrit une petite lettre; comme tout cequi me vient de toi, elle m'a fait un bien grand plaisir. Je t'assure, que les avontures dont tu me parles, sont très interessantes; je n'en ai eu aucune qui puisse être comparée à celle que tu me communiques en finissant. Ce bon d'E. Il n'a pas choisi le bon moment. Pourquoi ne pas attendre mon retour? Il ne...... dont en se seroit servis en sa...... tu sais la part que je prends à ses interêts et je...... que tu agiras en consequenceGa naar voetnoot1). Mon départ approche à grand pas. Je n'aurai pas été longtemps ici; et il y a plusieurs choses que le manque de temps m'aura empeché de voir, entre autres les Gobelins, l'interieur des Tuileries, dont il est cependant assez difficile d'obtenir l'entrée etc. Je n'irai aussi pas à Morfontaine et à Ermenonville; c'est trop éloigné; je prefère rester dans le voisinage de Paris. | |
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Mais j'aurai ou cependant bien des choses interessantes, j'ai une idée de Paris et j'y ai fait des connaissances, dont le souvenir me sera bien agréable. Voila dans trois semaines une assez bonne récolte pour ne pas les regretter. Adieu ma chère Mimi! Crois moi à jamais. ton devoué frère Guillaume. | |
Paris le 20 Septembre 1826.Voici, je pense, mes chèrs Parens! la dernière lettre que vous recevez de moi pendans ce voyage. Vous aurez dèja appris par ma precédente que je m'étois proposé de partir Jeudi; car il me semble aussi qu'il vaut mieux ne pas revenir, tout à fait le dernier jour, et c'est pour cela que j'ai renoncé au plaisir de faire le voyage en très bonne société, savoir celle de Mr. Jullien qui va, comme je vous l'ai deja marqué, faire avec son fils, une tournée dans les Pays Bas; mais nous n'avons pu avoir des places dans la diligence pour Lille que pour Samedi; et je trouvois cela un peu trop hazardé. Malheureusement les places dans le coupé de la diligence pour Bruxelles étoient également retenues jusqu'a Vendredi; et je me suis donc vu forcé de différer mon départ d'un jour. Je compte donc partir d'ici Vendredi matin et arriver Samedi soir à Bruxelles; je suppose que je aurai trop fatiqué pour me remettre immédiatement en route, et que par consequent, ce ne sera que Lundi soir que j'aurai le plaisir de vous revoir. Votre lettre reçue hier m'a fait, comme de raison, bien de plaisir, je remerci beaucoup Papa d'avoir si promptement renvoyé les papiers à Mr. van Eys; je m'étonne que van Hall n'ait pas songé à mon absence. Je suis aussi tout à fait de votre avis mon chèr Papa! quant à l'article dans votre lettre précédante sur le C.S.Ga naar voetnoot1) et je suis bien contant que vous ayez borné notre confidence à deux personnes, sur la discretion desquelles il me semble que nous pouvons compter. Dimanche mes chèrs Parens! après avoir été entendre la Messe à Nôtre Dame et après avoir visité l'exposition de | |
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Tableaux au profit des Grecs, où il y a plusieurs fort beaux morceaux je me rendis à St. Cloud, ou le second Dimanche de la fête Nationale attiroit un monde prodigieux. Je vis les eaux jouer et, cequi me fit grand plaisir, je vis plusieurs fois de fort près le Roi en calèche avec le Dauphin, la Dauphine et les Enfants de France. Je revîns diner à Paris et le soir j'allois au Théatre François ou l'on donnoit Tancrède et une comedie fort gaie Turcaret. Quoique la Tragèdie ne soit pas extrêmement bien montée en ce moment, j'aurois été faché de ne pas voir au moins une pièce tragique pendant mon séjour ici. Afin de ne pas manquer le spectacle, je partis le lendemain deja à 7½ heures, cequi ici est fort matineux pour St. Germain. Le chemin est extrêmement agréable; il y a sur la route une infinité de jolies maisons de campagne; je vis entre autres celle du banqier La FitteGa naar voetnoot1) qui appartenoit autre fois à la Comtesse DubarryGa naar voetnoot2) de scandaleuse memoire; celle du fameux M. OuvrardGa naar voetnoot3) etc. Je descendis de cabriolet pour voir la machine de MarlyGa naar voetnoot4) qui a été beaucoup été simplifiée encore et qu'on se propose de simplifier encore plus. Arrivé à St. Germain après avois joui du magnifique coup d'oeil que presente la terrasse, je fis un tour de trois heures dans la forêt, afin de visiter le Chateaux de Laval, celui de la Muette et le Couvent des Loges; je fis cette expedition montée sur un âne et accompagné d'un guide: certainement ma prudence en cette occasion m'auroit attiré vos éloges; car, quoique le loueur des ânes m'assuroit que le chemin était facile à trouver, je me souvins des conseils de Maman et ce fut bien pour elle que je retournais à St. Germain pour y chercher un conducteur. Cependant j'eus raison de m'en applaudir, car tout seul je crois que je m'en serois difficil- | |
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lement tiré. A cinq heures j'étois de retour à Paris et je terminais une journée fort agréable en assistant à la representation qu'on donnoit au Theatre Frydean de Marie, très joli Opèra Comique precédé d'une petite pièce la Chambre à coucher. Hier je fis prendre congé de Mr. Audinet: ensuite je me fis conduire à la superbe Carrière de la Villette, où l'on voit le Canal de l'Oureg, et de là au passage des Panoramas, où on me montra celui de Rome qui est magnifiquement peint et dont l'illusion est complète. Après avoir pris, comme à mon ordinaire un tasse de chocolât, je me rendis au Val de Grace église suberbe et fort bien entretenue et ensuite je fis une petite excursion du coté d'Issy, ou l'on a une fort belle vue sur Paris. Je me promenais en suite aux Tuileries et dinais à l'Hotel de France en societé avec Mr. Ram. Quant à Mr. de Geer, il y a deja bien longtemps, qu'il est parti. Le soir je vis encore Mdl Mars dans deux pièces, le rêve du mari où je l'avais déja vue, mais ou je la revis avec bien du plaisir; et puis dans la Coquette corrigée; c'est une Comédie, qui lui fournit l'occasion de déployer toutes les ressources de son admirable talent. - Voila le fidèle narré de mes aventures, dont j'espère vous donner encore beaucoup de details, mais quant à des observations, je me creuse vainement la tête, je n'en ai pas encore beaucoup trouvé, et si la cousine Laregnère me fait effectivement l'honneur de compter sur cette lecture, je crains bien de ne pouvoir répondre à son attente. Mon Manuel de Paris donne une description bien plus complête et plus exacte des localités de Paris, que celle que je pourrois en donner; et dans trois semaines on ne peut guere voir que les localités; les reflexions que je pourrois faire seroient pour la plupart faites bien à la légère et tres hazardées. D'ailleurs les ouvrages de l'art ont bien plus d'uniformité que les beautés de la nature, et puis il y a encore une quantité d'autres raisons que je n'ai pas le temps de dévellopper mais qui me font vraiment croire que quelque plaisir que m'ait fait ce voyage, je ne serois pas en état de faire une description circonstanciée de tous ces monumens, ces théatres, ces tableaux, | |
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ces statues etc. Ce n'est pas par paresse, je vous assureGa naar voetnoot1). Au reste, je me fais un grand plaisir de récapituler auprès de vous tout ce qui m'est arrivé. Adieu mes chers Parens! mille choses de ma part à tous les habitans de Vreugd en Rust et quelques reproches s.v.p. a Mimi. Je suppose que l'histoire de d'E. lui causa beaucoup d'ambarras; sans cela il seroit vraiment impardonnable de n'ecrire á un frère que trois petites pages dans quatre semaines. Je languis beaucoup de vous revoir, et de vous dire que je suis a jamais votre devoué fils Guillaume. |
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