nederlandse taal- en kultuurpolitiek
nederlandse taal en kultuur in het buitenland
Echos Roumains de la littérature néerlandaise.
La foule déferlait - nous racontait le poète Karel Jonckheere - cohorte indéfinie traînant avec elle lits, malles et casseroles, se pressant, les yeux hagards, fyant l'ennemi dont les blindés roulaient à quelques kilomètres en arrière. Et dans cette multitude, un seul homme ne se pressait pas; marchant à pas comptés, il tenait à bout de bras un bouquet de roses: seul objet qu'il avait voulu sauver de la débâcle. L'homme marchait ainsi, et marchait, et marchait, symbole d'un monde au seuil de l'anéantissement, portant avec soi toute la candeur, toute la pureté du monde.
Il est presque impossible de ne pas revoir cette image en lisant, ou plutôt en relisant, ‘Isabelle - 1940’ de Dirk de Witte. La figure de Francis, du jeune homme qui meurt ayant sur les lèvres le nom qu'il avait attribué à la jeune fille rencontrée une seule fois pendant l'exode, vous évoque la même nostalgie que la présence de l'Ostendais aux roses. Présentée pour la première fois au public roumain dans le volume ‘Nuvele din Flandra’, traduite par P. Solomon, la nouvelle de De Witte a suscité un intérêt tout spécial de par la beauté de son lyrisme.
Dans les mêmes ‘Nuvele din Flandra’, publiées en 1968 par l'Editura pentru Literatură Universală, les matériaux traduits par R. Boureanu, V. Sadoveanu et P. Solomon, comprennent des oeuvres signées par: S. Streuvels, W. Elsschot, R. Brulez, M. Roelants, Gerard Walschap, M. Gijsen, M. Gilliams, K. Jonckheere, L.P. Boon, J. Daisne, M. D'Haese, J. Vandeloo, H. Claus, W. Ruyslinck et D. de Witte.
Une gamme variée de thèmes, allant de l'analyse des plus simples aspects de la vie jusqu'au sondage d'états psychiques d'une ténébreuse complexité. Peut-on ne pas être touché aux larmes par la figure de Peut, personnage de ‘Petrus’ de Gerard Walschap? L'homme est tributaire de son éducation, semble vouloir nous dire l'auteur de cette nouvelle, mais il est en même temps écrasé par le milieu au moment où ce dernier agit en vertu d'une opinion préconçue. Mettant en oeuvre des moyens simples, Walschap reflète parfaitement cette destruction du personnage, cette annihilation d'une valeur qui, le temps aidant, aurait bien pu être quelque chose, mais qui ne s'est jamais réalisée.
Dans son ‘Mon ami l'assassin’, Marnix Gijsen présente un autre portrait d'homme abattu; cette foisci c'est l'impitoyable main de la famille qui en est la cause. Hyppoliet, probablement coupable, semble l'être bien moins pourtant que sa famille qui le pousse vers la mort.
D'une étrange et émouvante beauté, cette nouvelle que Ward Ruyslinck a intitulée ‘Le sommeil des augures’. C'est sans doute un chefd'oeuvre du genre. Sans trop s'attarder à des considérations au sujet de la motivation intérieure, la nouvelle est, pourtant, psychologique par excellence de par le développement de l'action même. Un autre conte, ‘Le mur’ de Jos Vandeloo, semble être plutôt un monologue tragique de l'homme moderne.
Utilisant un prétexte en guise d'action, Willem Elsschot réussit, dans ‘Le Feu follet’, ce que très peu d'auteurs sont capables de faire: en l'espace de quelques pages il faut défiler sous les yeux du lecteur toute une gamme de personnages appartenant à des mondes des plus divers, lesquels personnages sont tellement bien contourés, qu'il vous semble les voir, les entendre. D'ailleurs, l'auteur suggère aussi bien que possible la course après un idéal à laquelle s'oppose une dure réalité que les héros refusent d'admettre, continuant d'attendre la réalisation du rêve.
Ecrite dans un style presque télégraphique, ‘La mésaventure de Joey le couvreur’ de Stijn Streuvels est l'oeuvre d'un grand maître des profondeurs de l'âme humaine. Là où un autre écrivain n'aurait trouvé qu'un personnage obscur, Streuvels a créé, en partant du petit vieillard rabougri, un personnage complexe ayant une vie bien à lui, qu'il ne dévoile qu'au seuil de la mort.
Si ‘La lanterne Aladin’ de Raymond Brulez présente, tout comme dans les autres cas précédents, un fragment de réalité spéculée du point de vue psychologique en des teintes sombres (le procédé littéraire utilisé jette un masque sur la réalité par le truchement du facteur hallucinant qu'il implique), les nouvelles de K. Jonckheere (‘La très attendue’) et de L.-P. Boon (‘Mal à l'estomac’), bien qu'étant foncièrement psychologiques, n'en suivent pas moins des voies complètement différentes. Ainsi la nouvelle de K. Jonckheere après un lever de rideau bien sombre et chargé à un dénouement qui est bien loin d'être prévisible. La replique du héros jaillit brusquement, comme une détente des nerfs, comme une victoire totale remportée sur le pessimisme.
Le fatalisme et le caractère étrange de ‘La Mort à motocyclette’ de Johan Daisne s'opposent à l'ironie du ‘Mal à l'estomac’.
Les ‘Nuvele din Flandra’, ont été reçues avec beaucoup d'intérêt par l'opinion publique de Roumanié et elles ont produit une vive impression en mettant en valeur les ‘résultats dignes de toute l'attention’ du genre court flamand, ainsi que ne le dit