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recherche scientifique et relations université-industrie dans le nord de la france
françois pouille
Geboren in 1937 te Armentiers (Noord-Frankrijk). Licentiaat in de rechten, hogere studies in de ekonomische wetenschappen, gediplomeerde van het ‘Institut d'Etudes Politique de Paris’.
Momenteel ‘Chargé de travaux dirigés’ aan de fakulteit van de rechten en de ekonomische wetenschappen te Parijs, ‘chargé de recherches’ aan een partikulier instituut te Parijs en ‘adjoint au délégué général’ van het ‘Comité Interprofessionnel social et économique du Nord et du Pas de Calais’ (regionale, patronale organisatie). Gespecialiseerd in de problematiek van Noord-Frankrijk.
Adres: Avenue de la République 559, Marcq-en-Baroeul (N.-Fr.).
Au début du mois d'octobre 1969, Lille a été, pour 36 heures, la capitale européenne des relations université-industrie et de la recherche scientifique. Un congrès international organisé par A.D.R.I. Nord, l'Association pour le Développement de la Recherche dans le Nord, se tenait en effet dans la nouvelle cité scientifique de la métropole du Nord de la France, sur le thème ‘L'Europe, la Science, l'Economie’. Des spécialistes parmi les plus éminents de chacun des pays du Marché Commun étaient venus décrire et confronter leurs expériences respectives avec la ferme volonté de déboucher sur des solutions concrètes de leurs problèmes communs.
Cette manifestation n'a pas été seulement l'affaire d'experts, la région entière s'est intéressée à cet évènement. La presse, la radio et la télévision ont donné de très larges comptes-rendus des débats et exposés qui remplissaient chacune des séances de travail. Surtout, une exposition de matériel scientifique où figuraient les équipements de laboratoires les plus modernes, ceux qui permettront d'introduire dans nos existences les bouleversements technologiques des années à venir, pouvait être visitée par le public. De même, les laboratoires de l'Université organisaient à cette occasion une journée ‘portes ouvertes’.
La surprise la plus marquante de ces journées fut certainement la présence dans les laboratoires et à l'exposition d'une foule très nombreuse d'hommes et de femmes de tous âges, de tous milieux, curieux de découvrir ce monde inconnu et mystérieux de l'activité scientifique, soucieux de se familiariser avec les lazers, les ordinateurs et les microscopes électroniques. L'affluence fut telle que le service d'ordre ne tarda pas à être débordé.
Le rappel de ces fait témoigne d'une évolution très profonde qui marque actuellement la région du Nord. Pendant bien longtemps le sentiment a prévalu que l'université et l'industrie constituaient deux mondes distincts, dont les rapprochements ne pouvaient être qu'occasionnels et de portée limitée.
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Relations université-industrie et conversion économique.
Dans leur souci d'opérer une conversion et une réanimation de l'économie régionale, les responsables de l'industrie se sont préoccupés de développer, d'intensifier, d'approfondir leurs contacts avec les milieux universitaires. Certains, d'ailleurs, avaient déjà l'expérience de réalisations importantes rendues possibles grâce à la coordination, à la valorisation de travaux de recherche scientifique menés dans les laboratoires des facultés et des grandes écoles, d'une part, dans les entreprises d'autre part. Leur souci fut surtout de rendre systématiques et de généraliser des procédures dont l'usage demeurait trop rare et trop particulier.
De leurs côtés, bien des professeurs et des chercheurs avaient déjà aperçu la liaison de plus en plus étroite entre leurs recherches et le besoin d'innovation des industries modernes. Ils avaient conscience de l'intérêt que peuvent présenter, pour les jeunes chercheurs surtout, les contacts avec des entreprises où se réalisent les applications industrielles et pratiques des innovations nées du progrès scientifique.
Les équipements universitaires de Lille, d'autre part, répartis dans de nombreux établissements publics et privés de haute réputation ont acquis un attrait nouveau depuis que s'édifie dans la ville-Est de la métropole un très vaste ensemble scientifique. Déjà le Centre Universitaire Scientifique de Lille-Annappes, avec la Faculté des Sciences et l'Ecole Nationale de Chimie, offre aux chercheurs et aux étudiants de magnifiques locaux harmonieusement disposés autour d'une bibliothèque scientifique qui étonne et séduit par sa forme ronde particulièrement originale.
D'autres constructions seront prochainement entreprises, dans le même secteur géographique, pour donner aux sciences humaines également de nouvelles possibilités de développement.
Dans le voisinage des bâtiments universitaires, des terrains sont d'avance
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réservés à l'édification de laboratoires mis directement au service des industries régionales. Deux projets sont déjà bien proches des réalisations pratiques. Le Centre de Recherches Technologiques des Industries Alimentaires, CERTIA, dont le rayonnement doit dépasser très largement les limites de la région, et le Centre de Recherches et d'Enseignements Supérieures Textiles, CREST, qui réunira fort opportunément en un même lieu un laboratoire de recherche, une école de spécialisation d'ingénieurs dans les disciplines textiles, deux départements d'Institut Universitaire de technologie affectés, l'un à la chimie textile, l'autre à la mécanique textile, et enfin un centre d'expérimentation de matériels nouveaux.
Ainsi, la région du Nord trouve-t-elle depuis quelques années à la fois la volonté et les moyens d'opérer efficacement le rapprochement indispensable entre l'université et l'industrie pour se donner les bases du développement à long terme de son économie et lui offrir des perspectives de progrès renouvelées. L'idée s'est rapidement imposée, dans ces circonstances, qu'il était nécessaire de créer une structure parfaitement adaptée aux exigences particulières des liaisons université-industrie. Dans les enceintes où l'on discutait de la politique régionale de recherche scientifique, en particulier dans les commissions spécialisées réunies par le Préfet de région pour définir les options du plan, le projet est né de constituer entre l'Université et l'Industrie une association qui serait à la fois l'instrument et le cadre de ces contacts qu'il convenait de multiplier et d'intensifier. L'exemple d'initiatives semblables déjà prises dans d'autres régions donnait des indications sur ce qu'il était possible de réaliser.
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Création d'A.D.R.I.NORD.
En fin 1967 les statuts d'une association sans but lucratif ont été élaborés en commun par l'université et par l'organe représentatif des industries régionales, le Comité Interprofessionnel Social et Economique. L'Association pour le Développement des Recherches Scientifiques et Informatiques dans le Nord, A.D.R.I.NORD, acquit ainsi une existence légale et ne tarda pas à avoir un caractère officiel avec les agréments accordés par le Ministre de l'Education Nationale et le Ministre de la Recherche Scientifique.
Au cours du printemps 1968, le Recteur Debeyre et le président du Patronat régional (C.I.S.E.), Monsieur Maurice Hannart, purent faire connaître les noms des membres du Conseil d'Administration de la nouvelle Association. Ils représentent les diverses disciplines universitaires, sciences physiques et chimiques, médecine, droit et sciences économiques, sciences humaines et les différentes branches de l'activité industrielle, régionale, houillères, métallurgie, textiles, bâtiments et travaux publics, industries alimentaires, activités de services. Le Préfet de région donne, au sein de ce conseil, le point de vue des administrations, tant régionales que nationales. Le président d'A.D.R.I.NORD est Monsieur Bedhome, président de la Commission de la recherche du C.I.S.E. Sa longue carrière aux Houillères du Nord dont il a dirigé l'ensemble des activités chimiques lui a permis d'acquérir une très vaste expérience des problèmes de recherche scientifique et de relations avec l'université, pour la mise au point de procédés révolutionnaires, de production d'eau lourde à Mazingarbe notamment.
Dotée des structures indispensables, A.D.R.I.NORD a lancé dès la fin de 1968 un programme d'activités qui ont conféré aux relations université-industrie un apect que, jusqu'alors, elles n'avaient jamais connu.
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Au service des chercheurs.
L'un des premiers objectifs, et non des moindres, que vise A.D.R.I.NORD consiste à aider tous les chercheurs, qu'ils appartiennent à une faculté, une grande école ou une entreprise, à se rencontrer et à mettre en commun leurs préoccupations. Toutes les manifestations qui sont organisées à cet effet
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permettent en même temps de mettre en valeur les efforts de recherche de la région. Par deux fois l'Association et tous ses membres ont eu l'honneur de recevoir un ministre français de la recherche scientifique. Mais ce fut aussi pour les animateurs d'A.D.R.I.NORD une joie certaine que d'accueillir Monsieur Théo Lefèbvre, venu à Lille où il a pu s'intéresser particulièrement aux services rendus aux chercheurs universitaires par le service Time Sharing de la compagnie Bull-General Electric.
Dans son souci d'assurer véritablement les relations publiques de la recherche régionale, A.D.R.I.NORD s'est associée à la foire internationale de Lille dont le thème en 1969 était centré sur les sciences et les techniques électroniques et nucléaires. Sur le stand de l'association, étroitement intégré à un ensemble très remarqué où étaient présentés les laboratoires de la faculté des sciences, les visiteurs pouvaient poser toutes les questions souhaitables sur les activités scientifiques et universitaires du Nord de la France.
A côté de ces rencontres, qui prennent obligatoirement un caractère un peu exceptionnel, un organe permanent de liaison entre les chercheurs. le bulletin d'A.D.R.I.NORD, intitulé ‘Recherche’ apporte à chacun un lot d'informations très précieuses sur la vie scientifique de la région. Chaque numéro est divisé en deux parties. L'une présente les efforts de la région dans une discipline donnée, l'informatique par exemple. L'autre, constituée d'une série de rubriques régulières, est très largement ouverte aux membres de l'association qui peuvent y faire connaître les évènements marquants de leurs laboratoires, leurs succès, leurs projets, les initiatives des diverses sociétés scientifiques de l'Association; y sont présentées aussi, bien entendu, les dispositions administratives susceptibles d'intéresser les chercheurs.
Une importante primordiale est ainsi accordée aux relations, aux contacts entre les hommes qui, à des degrés divers, ont des responsabilités dans le domaine de la recherche ou se préoccupent de son développement. Il est bien évident que l'on ne peut concevoir aujourd'hui les relations université-industrie comme des relations entre deux entités distinctes et monolithiques. Au contraire, le besoin se fait impérieusement sentir de rencontres, d'échanges très étroits entre des hommes que les circonstances et les carrières placent dans des milieux différents mais qui ne peuvent que s'enrichir en se connaissant mieux.
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Contrats de recherche.
C'est d'ailleurs à ce stade que se situent le plus souvent les réalisations concrètes et que prennent corps de très fructueux proiets communs. Aussi, dans le cadre d'A.D.R.I.NORD, il eût ce tainement été très insuffisant de se limiter aux rencontres, en laissant ensuite les uns et les autres trouver seulles modalités administratives et financières de leur collaboration.
Lorsqu'un chercheur de l'Université et un industriel souhaitent collaborer sur un thème scientifique d'intérêt commun, A.D.R.I.NORD leur offre la procédure des contrats de recherche qui permettent à une entreprise de bénéficier de travaux de recherche fondamentale tout en préservant l'indépendance totale de l'universitaire. Pour que les opérations se déroulent avec toute la souplesse voulue et que la lourdeur des formalités administratives et le poids des exigences financières et comptables ne viennent pas alourdir le climat des relations entre hommes de science, A.D.R.I.NORD assure la gestion du contrat, reçoit les fonds de la part de l'industriel, règle toutes les factures afférentes aux travaux, rémunère le personnel, cotise en son nom aux organismes de sécurité sociale et se préoccupe de préserver touiours les intérêts des deux contractants. Pour jouer efficacement ce rôle, A.D.R.I.NORD est juridiquement partie au contrat et la signature de ses responsables est le symbole de l'engagement pris par l'Association dans l'opération convenue.
Au fil des mois, les contrats deviennent de plus en plus nombreux. Ils lient
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d'ailleurs parfois les laboratoires de Lille à des entreprises d'autres régions, ce qui contribue efficacement à assurer le rayonnement le plus large des activités scientifiques régionales. Mais on ne sait pas encore suffisamment dans l'industrie qu'il n'est pas nécessaire d'avoir les budgets de recherche des grandes sociétés internationales pour pouvoir collaborer utilement avec les laboratoires universitaires. Il est symptomatique de constater que bien souvent, au contraire, les grandes firmes n'hésitent pas à conclure avec des professeurs des conventions limitées à la fois financièrement et dans le temps. L'objectif poursuivi peut être alors par exemple de faire le point sur une question mal connue, d'utiliser ensemble et mieux un matériel complexe et coûteux, de compléter dans un domaine précis un programme d'étude plus vaste.
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Politique de la recherche.
Au fur et à mesure que se sont développés les contacts université-industrie, A.D.R.I.NORD est devenue, progressivement, un organe privilégié d'informations sur tout ce qui touche la politique de recherche scientifique, au plan national surtout.
Certaines grandes administrations voient même dans cette Association le relai indispensable de leurs relations avec les ressortissants de la région. La nouvelle Agence Nationale de Valorisation de la Recherche, ANVAR, qui est destinée à assurer dans les meilleures conditions économiques le passage de la découverte scientifique à l'innovation industrielle a confié à A.D.R.I.-NORD le soin d'être son correspondant régional. A.D.R.I.NORD collabore avec l'ANVAR pour repérer les inventions susceptibles d'applications futures, aider leurs auteurs dans leurs démarches en vue de l'obtention d'un brevet et dans la recherche d'un industriel susceptible d'assurer l'exploitation des produits ou procédés nouveaux qui en résultent. Avec l'aide de cette Agence Nationale extrêmement efficace et dynamique, le lien entre la recherche scientifique et l'activité économique sera, dans l'avenir, assuré de la manière la plus concrète.
Plus récemment, A.D.R.I.NORD a donné aux contacts qu'elle entretenait déjà avec la Délégation Générale à la Recherche Scientifique et Technique un tour plus opérationnel. Il s'agit de permettre aux chercheurs de la région, dans l'université comme dans l'industrie, de bénéficier des crédits d'actions concertées, subventions accordées par les pouvoirs publics à concurrence de 50% en général du coût des recherches les plus importantes pour la nation, et des crédits d'aide au développement qui permettent de créer des prototypes en vue d'une commercialisation ultérieure.
La préparation du Vlème Plan Français, enfin, donne à la région l'occasion de se fixer une politique scientifique ambitieuse, capable d'accompagner l'effort de conversion qu'elle poursuit depuis quelques années. Les projets sont nombreux, dans toutes les disciplines. Encore faut-il que soient effectués des choix judicieux, susceptibles de s'imposer parmi les grandes options qui seront retenues à l'échelon national, susceptibles aussi d'ouvrir au Nord et à sa population les perspectives les plus larges pour la mise en oeuvre d'activités nouvelles et pour la promotion de la main-d'oeuvre vers des emplois d'une qualification supérieure.
Très naturellement, tous les hommes qui, dans le cadre d'A.D.R.I.NORD ont pris l'habitude de se concerter espèrent que cet organe leur permettra de définir ensemble les voies à suivre et les programmes à retenir pour la période 1970-75. Les premiers souhaits qui aient été exprimés visent le développement des centres dans lesquels la position de la région est suffisamment affirmée ou dont la création est déjà prévue. Ainsi sont attendues la promotion du laboratoire de calcul de la faculté des sciences au rang des premières unités françaises dans le domaine de l'informatique, la mise en oeuvre active du CERTIA pour les industries alimentaires et du CREST pour les textiles.
Mais aussi s'élabore actuellement un
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programme d'action très vaste dans les disciplines de la chimie et de la physique, de la médecine, de la pharmacie, des sciences humaines.
A.D.R.I.NORD offre aux auteurs des différents projets la possibilité de proposer aux pouvoirs publics la mise en oeuvre dans la région d'une politique scientifique cohérente. Bien entendu, les circuits administratifs normaux conservent toute leur valeur. Mais les instances régionales, Commissions du Plan, Commission de Développement Economique Régional, auront à étudier et à transmettre à Paris des dossiers qui intègrent véritablement les activités scientifiques de la région dans les perspectives de son développement futur.
Cette vision prospective conduit très logiquement les responsables de la région à s'interroger sur leur position dans l'ensemble humain et géographique de l'Europe du Nord Ouest, dont la région du Nord est une partie. La recherche scientifique est assurément un domaine privilégié de coopération internationale. Le langage scientifique, les symboles mathématiques, les thèmes de recherche ne connaissent pas de frontières. Le Congrès d'A.D.R.I.-NORD des 2 et 3 octobre 1969 a amplement prouvé qu'il en était bien ainsi. Il est évident que la voie est largement ouverte à des échanges entre A.D.R.I.NORD et les organismes qui, dans les pays voisins, se préoccupent à des titres divers du développement de la recherche scientifique et des relations université-industrie.
L'expérience récente de la région du Nord a parfaitement démontré que les liaisons université-industrie dans le domaine de la recherche sont d'abord la source de relations entre les hommes qui ressentent, même s'ils ne l'expriment pas toujours bien, le besoin de se mieux connaître. Les progrès qu'ils ont faits dans leurs contacts et leurs échanges leur permettent aujourd'hui d'envisager la promotion de leurs activités respectives et la concertation sur leurs démarches à venir. Liaisons, concertation, promotion, trois moyens qui ouvrent aux chercheurs de nouvelles possibilités de travailler ensemble au renouveau économique et social de leur région. |
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