Sirène.
Les nuits d'été surtout, les nuits si lourdes, où l'air comme embrasé s'apesantit sur l'eau, j'aimais flotter autour des barques de pêcheurs, là-bas en Armorique.
Je suivais le sillage des filets azurés et parfois accrochant mes bras lunaires à la proue goudronnée, je me haussais et leur montrai mes seins rigides.
Certains poussaient un cri d'effroi, se détournaient et d'autres murmuraient une oraison rapide.... mais les plus passionnés, avides, se penehaient.... et alors je poussais ma plainte rauque.
Ce fut ainsi qu'un d'eux m'ayant enfin saisie, me jeta sur le pont parsemé de dorades et parmi ces poissons nacrés, mon corps visqueux maintenu par ses mains si rudes, se tordait....
Oh! celui là.... c'était un homme, il était beau! Sur sa poitrine nue, la croix, un coeur et l'ancre en bleu, étaient tatoués et de petits anneaux brillaient à ses oreilles. Tout en me terrassant il riait, il riait.... et les autres à distance, effrayés, regardaient.
‘Fille d'enfer’.... soupirait-il dans mes cheveux et le vol des goêlands bruissait sur notre étreinte. Mais soudain en poussant un cri il se leva et titubant, les yeux agrandis de démence, il m'enfonça au coeur son vieux couteau de fer tout maculé de sang.
Les nuits d'été surtout, les nuits si lourdes....