George Haseneier.
Nous croyons être agréable à nos lecteurs, en donnant la biographie de M. Haseneier, nommé récemment directeur de la nouvelle société musicale.
M.G. Haseneier, né à Coblenz le 20 Mai 1844, cultiva la musique dès l'âge de neuf ans. En 1857 il commença à se faire entendre dans les concerts, où son apparition produisit le plus grand effet. Les journaux du temps parlent de lui comme d'un phénomène. Après avoir voyagé pendant plusieurs années, M. Haseneier alla se fixer à Bruxelles, pour travailler avec le célèbre Fétis l'harmonie et le contrepoint. En 1869 il se rendit à Paris, et obtint la place de chef d'orchestre d'une troupe d'opéra, qui se proposait d'aller à Valparaiso. Mais après trois mois de voyage le navire périt, et les malheureux qui survécurent à ce désastre furent contraints de donner des concerts pour subvenir aux besoins de leur existance. Le seul artiste vraiment remarquable parmi eux ètait Haseneier. Son talent fit merveille. A chaque audition son succès s'accrut, et le public américain accourut en foule, faisant pleuvoir l'argent dans la caisse de la Société, dont Haseneier s'était improvisé directeur. Après deux années de labeur, il eut la satisfaction de ramener en Europe ses compagnons, qu'il avait sauvés de l'indigence, donna plusieurs concerts avec Vieuxtemps et Mlle Artot, et se rendit enfin à Amsterdam, où il occupa l'emploi de chef d'orchestre du Thèâtre National.
Lorsqu'en 1873 un concours fut ouvert à Liége, dans le but de donner un successeur à M. Massart, neuf concurrents se présentèrent et M. Haseneier fut nommé par acclamation professeur de clarinette. C'était plus qu'un succès, c'était un triomphe. Depuis ce jour sa riche organisation et sa vaillante nature d'artiste sont pleinement appréciées, et le maître accompli sut donner aux classes de clarinette et de saxophone du conservatoire un éclat incomparable. N'oublions pas de dire que M. Haseneier s'est fait avantageusement connaître par plusieurs fantaisies et autres compositions pour orchestre, et afin de lui donner un témoignage de sympathie, ses concitoyens lui ont offert le poste d'officier chef de musique de la garde civique.
Nous finirons cette courte notice en exprimant le désir que le nouveau directeur saura se concilier ici, comme partout où il a été, la faveur du public, et quron oubliera les petites rancunes pour se rallier sous la bannière de cet homme intelligent, capable de rendre à notre ville son ancienne réputation musicale.
P.S. Nos lecteurs auront entendu dire probablement que la clarinette est un instrument d'où sort parfois le cri d'un oiseau de mauvais augure; mais après avoir entendu M. Haseneier, ils seront convaincus que toutes les calomnies, qu'on s'est plu à répandre sur la clarinette, sont des canards.