Mededelingen van het Cyriel Buysse Genootschap 15
(1999)– [tijdschrift] Mededelingen van het Cyriel Buysse Genootschap– Auteursrechtelijk beschermd
[pagina 203]
| |
Cyriel Buysse over
het toneel in Vlaanderen
| |
[pagina 204]
| |
dans sa réalité vivante et populaire, l'âme flamande moderne. Ses pièces, la Famille Van Paemel, Veillée d'Epiphanie, Un crime socialGa naar voetnoot(1), sont représentées régulièrement sur les théâtres populaires, avec éclat’. [..] ‘Le théatre belge d'expression flamande végète encore toujours dans le marasme. C'est à peine si l'on peut se demander s'il existe un théâtre national flamand. En effet, les trois quarts des pièces représentées sont des traductions des répertoires français et allemand. Pour ce qui regarde les pièces originales, celles de terroir ou qui sont censées en être, les auteurs dramatiques flamands se sentent pour ainsi dire ligottés et bâillonnés par l'indirecte censure qu'exercent les comités officiels qui doivent approuver leurs oeuvres et distribuer les primes. Je considère ces comités et ce système de primes officielles, surtout sous un gouvernement clérical, comme la mort même du théâtre flamand. Les auteurs se trouvent astreints à des principes et à des règles surannés qui détruisent toute liberté, zoute spontanéité. Pour vous en donner une idée, on exige avant tout les préceptes de morale établis, on est très pudibond, très vice choqué, et il faut que le dialogue soit littéraire, bien entendu, dans le sens professoral et rhétoricien. C'est ainsi que l'on entend chaque soir, sur les scènes flamandes, des paysans, des braconniers, des mendiants qui parlent comme des dictionnaires. Le dialecte est banni, l'expression pittoresque du terroir bafouée. Sinon pas de prime, et sans cette prime, que les directeurs des théâtres officiels partagent en dépit des règlements avec l'auteur, pas de représentation. | |
[pagina 205]
| |
Notez avec cela que la tendance dramatique flamande est généralement réaliste, ce qui fait hurler encore plus fort le contraste entre cette réalité et la manière dont elle est présentée sur la scène. Aussi, pour moi, le théâtre national flamand officiel, surtout dans son orientation réaliste, n'existe pas. C'est donc dans les petits théâtres d'á coté, où les primes ne jouent pas leur rôle dissolvant, sur les scènes de quelques sociétés, qu'il faut chercher les rares expressions vraies de l'art dramatique flamand. Il n'y a guère que les théâtres socialistes, la Maison du Peuple à Bruxelles, Ie Vooruit de Gand et quelques autres qui ont osé l'aborder. J'ajouterai toutefois que, sur les théâtres officiels, une certaine tendance vers plus de vérité commence timidement - oh! très timidement - à se manifester depuis ces dernières années. On a parfois osé jouer une ou deux pièces de Heyermans, Hauptmann, Ibsen et Gorki. Mais le public, habitué aux vieux mélodrames, s'est trouvé fort dérouté. Toute son éducation dramatique est encore à faire. Vous citerai-je quelques noms parmi les auteurs à primes officiels? Il y a Lodewyk ScheltjensGa naar voetnoot(2) et Jan BruylantsGa naar voetnoot(3), qui présentent à leur façcon, en beau langage correct selon le léxique, mais non sans quelque talent et vérité d'âme, les paysans de la Campine; it y a Raphaël VerhulstGa naar voetnoot(4), l'auteur de la tragédie chrétienne en vers Jezus de Nazarener, it y a DélattieGa naar voetnoot(5), MelisGa naar voetnoot(6) et quelques autres, tous imbus des traditions rhétoriciennes. A noter aussi l'unique tentative (jusqu'à présent) de Styn Streuvels, le conteur intimiste bien connu, avec son drame en un acte SoldatenbloedGa naar voetnoot(7). Lui non plus, malheureusement, n'a pu s'affranchir | |
[pagina 206]
| |
des traditions établies, et de plus, l'oeuvre du charmant conteur possédait fort peu de qualités scéniques et dramatiques. J'ajouterai à l'honneur de Streuvels qu'il n'essaya pas de faire primer sa pièce. J'espère que ces quelques renseignements vous donneront une idée assez exacte de la situation.’
Tot daar Buysse; en Lemonnier voegt er aan toe ‘Je n'ai rien, pour ma part, à y ajouter.’ |
|