Mededelingen van het Cyriel Buysse Genootschap 2
(1986)– [tijdschrift] Mededelingen van het Cyriel Buysse Genootschap– Auteursrechtelijk beschermd1Jersey-City le 14 Novembre 1891 91-93 Morgan Street.
Mon cher Oncle,
Il y a longtemps que je vous devais une lettre, mais depuis mon arrivée à New York j'ai été toujours si occupé que, jusqu'à présent, j'ai du me borner au strict nécessaire pour mes correspondances. J'ai appris avec un profond regret que vous avez été blessé dans ce malheureux accident de l'Heirnisse, mais les lettres d'AliceGa naar voetnoot(1) m'ont rassuré et, à l'heure qu'il est, j'espère bien que vous êtes entièrement rétabli. Je suis arrivé ici à l'époque des plus grandes chaleurs et, quoique, immédiatement après mon arrivée, j'aie quitté New York | |
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pour aller habiter au bord de la mer, les fièvres du pays m'ont pris et j'ai été assez longtemps et assez sérieusement malade. - J'ai eu la chance, peu de jours après mon arrivée, de découvrir à Jersey-City un tindroit très convenable pour établir notre fabrique de chicorée. C'est le troisième étage, d'un grand bâtiment neuf situé à proximité du débarcadère de la Red Star et de l'Inmon Line. I1 dispose d'une place ayant 125 pieds de long sur 50 de large, avec force motrice de 5 chevaux, pour le loyer annuel de 1600 dollars. C'est plus que suffisant pour potre fabrication et nous y sommes très bitin à l'aise; je puis emmagasiner un stock de 100 mille kilos de marchandises. Depuis le 15 Octobre nous aeons pu commencer à fabriquer et je ne suis pas en peine pour écouler mes produits. Tout ce que je puis produire est vendu par contrat à un seul client et it Arend livraison au fur et à mesure que nous fabriquons. Le payement se fait au comptant, sans escompte. Les frais d'installation opt été très chers ici; je n'ai pas encore reçu tous les comptes, pourtant je ne crois pas que la somme totale dépassera 15 mille francs. En somme, je crois que c'est une bonne affaire et qui a surtout un bon avenir. En ce moment la concurrence est certainement très forte et la production trop grande mais on commence à s'occuper de cet article nouveau etGa naar voetnoot(2) encore inconnu ici; on cherche à le lancer et comme il a une valeur réelle je crois qu'il finira par réussir complètement. Il y a longtemps que je n'ai plus vu Mr. Friedlander et je saurais difficilement vous dire en ce qui le concerne quelque chose qui puisse vous intéresser. Comme vous le savez, sans doute, son associé Mr. Foerster, est arrivé ici it y a quelques semaines. Il m'a dit qu'il comptait rester une couple de mois, puis qu'il repartirait. Lorsque j'habitais New York j'allais très souvent passer une soirée chez Mr. Friedlander et j'y étais reçu de la façon la plus cordiale, mais à présent que j'habite Jersey-City, c'est tout un voyage pour aller chez lui et j'ai tapt à faire pendant le jour que je suis heureux de pouvoir me reposer le soir. La vie en Amérique est des moins agréables sous le rapport des divertissements. Les théâtres sont ineptes et la musique af- | |
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freuse, sauf lorsque les Sarah Bernhardt, les Patti ou les ReszkeGa naar voetnoot(3) arrivent; et alors les prix des places sont si élevés que mes moyens pécuniaires ne me permettent pas d'y aller. Je me suis rudement fourré le doigt dans l'oeil en me contentant d'un appointement de 500 fr par mois. Il n'y a absolument pas moyen de vivre convenablement avec cette somme-là. Toutes choses sont ici d'un prix exorbitant; aussi it est heureux que nous gagnons de l'argent maintenant, sinon je m'endetterais. Ainsi par exemple, le dernier des cigares un tant soit peu fumables coûte ici 50 centimes; se faire raser 0.75, couper les cheveux 1.50, cirer les bottines 0.50 etc. etc., sans fin. Je compte revenir une fois en Europe le printemps prochain, lorsque le beau-frère de Mr. HaesaertGa naar voetnoot(4), qui est appelé à diriger la fabrique sera ici et au courant des affaires; puis si notre industrie s'agrandit et prospère comme je le pense, je reviendrai ici pour m'y fixer peut être. D'ici à quelques mois, je verrai bien quelle tournure prendront les affaires. Maintenant, mon cher oncle, je termine cette lettre en vous souhaitant encore un prompt et complet rétablissement. Je serafs très heureux de recevoir aussi une lettre de vous, et dans cette attente je vous serre bien cordialement la main en vous priant aussi de présenter mes amitiés à ma tante et à tous les membres de la famille
Votre neven dévoué Cyrille |
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