Publications de la Société Historique et Archéologique dans le duché de Limbourg. Deel 10
(1873)– [tijdschrift] Jaarboek van Limburgs Geschied- en Oudheidkundig Genootschap– Auteursrechtvrij
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Notice biographique du poëte Maastrichtois Pierre Égide Schols.Dans les villes de deuxième et de troisième ordre on rencontre parfois des hommes distingués par la science et par le talent, auxquels il n'a manqué qu'un plus vaste théâtre pour jouir dans le pays et même à l'étranger d'un renom bien mérité. De ce nombre fut incontestablement celui, auquel nous consacrons cette courte notice. Esprit original, coeur noble et droit, caractère simple et modeste, il cherchait dans la culture des lettres des jouissances qui étaient le but et la récompense de ses études désintéressées. Satisfait du suffrage d'un petit nombre de sincères amis, voués comme lui au culte des muses, il ne connût jamais l'ambition et les tristes passions qu'elle engendre. Pierre Égide Schols fils de Pierre Antoine Schols et de Machtilde Niesten naquit à Maastricht le 8 Août 1768. Son éducation fut foncièrement chrétienne. Ses parents lui inspirèrent les sentiments d'une piété solide auxquels il demeura invariablement fidèle durant sa longue carrière. | |||||||||||||||||||||
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Au sortir de l'école primaire le jeune homme entra au collegium romano-catholicum de sa ville natale. L'instruction à cet établissement était forte et assez complèteGa naar voetnoot(1) pour le temps. Les trois chaires supérieures y étaient alors occupées par des professeurs de mérite: les abbés Hendriks, Boenemayer et Partoens; l'abbé Hendriks préposé à la troisième était un grammairien exact et consciencieux. En seconde Boenemayer se montrait grand latiniste, savant interprête des classiques en même temps que poëte facile et enjoué. Partoens était un esprit fin et délié, se distinguant par une assez grande variété de connaissances et sachant surtout inspirer à ses élèves le goût de l'étude et des lettres. Partoens ne manquait pas d'un certain talent oratoire. Son débit était facile, son organe clair et sonoreGa naar voetnoot(2). | |||||||||||||||||||||
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Le jeune Schols profita des leçons de ces habiles maîtres; aux distributions des prix il figurait au premier rang. Comme latiniste il laissait loin derrière lui tous ses condisciples et il manifestait dès-lors son aptitude particulière pour l'art des vers; plus loin nous tâcherons de faire apprécier plus particulièrement son talent poëtique. La sincère piété de Schols n'avait fait que se développer pendant les années consacrées aux études humanitaires, et ses aspirations le portaient vers l'état ecclésiastique. Il se rendit donc à l'université de Louvain et commença à y suivre les leçons de la faculté de philosophie; mais la fermeture des cours de cette école célèbre par suite des événements politiques, le ramena bientôt à Maestricht. Il s'appliqua alors au notariat et suivit l'étude du notaire A. Ruiters; lorsqu'il crut avoir acquis les connaissances requises, il fut, à sa demande, admis à l'examen dont le résultat répondit à son attente. A la fin de 1792 ou au commencement de 1793 il fut pourvu d'un office de notaire par les commissaires déciseurs députés par le prince évêque de Liége. Après la conquête française on lui offrit la place de clerc au greffe du tribunal supérieur; mais il paraît qu'il n'accepta pas ces fonctions, puisque le 7 Pluviôse an IV il fût nommé commis greffier de la 1re section du tribunal civil. Par arrêté des président et membres de l'administration du département de la Meuse inférieure du 7 Nivôse an V il fut admis en qualité de notaire provisoire à condition de prêter le serment contenant la formule de haine à la royauté. Ce serment répugnait à la conscience de Schols catholique et conservateur convaincu; il offrit d'accord avec ses collègues Gudi, Habets et Wouters de jurer simplement fidélité à la république. Cette offre ne fut point | |||||||||||||||||||||
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agréée dès le 17 Pluviôse an V l'administration centrale répondit, qu'il ne lui appartenait pas de modifier les termes du serment prescrit par la loi du 19 Ventôse an IV. Par suite la justice réclama des notaires non maintenus dans leurs fonctions la remise de leurs minutes. Cette remise cependant n'eût lieu que le 14 Pluviôse an XI. Au commencement de 1801 arriva à Maestricht un événement qui eût pu avoir pour notre compatriote les plus funestes conséquences. Le père Henri Windels, prêtre non assermenté, avait été condamné à la déportation et venait d'être arrêté le 12 Février; un attroupement de bourgeois se forma dans la rue des Lanternes pour arracher le proscrit des mains de la force publique; une lutte s'engagea, dans la bagarre un adjoint de police crut reconnaître Schols; celui-ci fut mis en arrestation et resta en prison jusqu'au 2 Avril de la même année. Ce jour il comparut devant la cour criminelle, y établit son alibi et fut acquitté. L'accusateur public Michiels lui-même y conclut à la mise immédiate en liberté du prévenu; ce magistrat prit pour texte de son réquisitoire les mots de l'évangile de St. Jean (c. 18 v. 38) Ego nullam invenio in eo causam, faisant allusion au jour même, où il portait la parole qui était celui du Vendredi-Saint. Schols chercha-t-il sous l'empire à être réintégré dans ses fonctions notariales? Nous l'ignorons; mais sous le gouvernement des Pays-Bas il fit des démarches à cette fin; cependant ces démarches furent infructueuses. A quelle cause cet insuccès si peu mérité doit-il être attribué? Notre compatriote avait de fortes convictions; ses opinions étaient nettes et tranchées et il avait trop de loyauté pour dissimuler ses principes. Blessa-t-il par sa franchisse, la susceptibilité de quelque haut fonctionnaire? Déplut-il | |||||||||||||||||||||
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ainsi aux gouvernants de l'époque? cela ne serait pas impossible. Mais si Schols n'occupa plus des fonctions de l'état son existence ne fut ni inactive ni inutile. Il avait une véritable passion pour l'étude; parmi les auteurs profanes il accordait la préférence à Virgile, à Horace, à Cicéron; la belle latinité avait pour lui d'irrésistibles attraits. Cependant ses aspirations religieuses le portaient fréquemment vers des lectures encore plus sérieuses. Il lisait et relisait sans cesse la Bible, ce livre si plein de poësie, ainsi que l'Imitation de J.C. et certains traités de St. Augustin et de St. Thomas. Il aimait même à se mêler parfois aux discussions théologiques de savants ecclésiastiques tels que les curés Cyrus, Wynandts et Lebens, qui l'honoraient de leur haute estime et de leur amitié. Le culte extérieur et le temporel de l'église lui semblaient aussi des objets dignes de la sollicitude de l'homme sincèrement religieux. Pendant plus de 18 ans, de 1825 à 1843, il fut marguillier, trésorier, successivement de St. Nicolas et de Notre-Dame. On sait qu'en 1837, l'ancienne collégiale de Notre-Dame, le premier sanctuaire du Christ de l'antique pons mosae, la cathédrale probablement, où plusieurs de nos saints évêques eûrent leur siége, fut enfin rendue au culte et remplaça l'église paroissiale de St. Nicolas. Cette restauration depuis longtemps appelée par les voeux des habitants, exigea de grandes dépenses et une habile administration. Içi Schols fit preuve de zèle et d'activité. Il trouvait aussi une douce jouissance à contribuer à la splendeur des fêtes en composant des chronogrammes et d'autres pièces de circonstance, marquées souvent au coin d'une véritable originalité. | |||||||||||||||||||||
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Notre compatriote était parvenu à l'àge de 36 ans et il avait définitivement renoncé à l'état ecclésiastique, lorsque le 3 Mai 1804, il épousa Marie Marguérite Hustinx, appartenant à une honorable famille bourgeoise de notre ville. De cette union naquirent plusieurs enfants. Schols était excellent père et sa famille lui rendait bien l'affection, qu'il lui portait. Au foyer domestique comme au milieu de ses amis il était d'une humeur gaie et enjouée; toujours plein d'aménité, il se laissait volontiers aller à de sympathiques épanchements. Nous nous rappelons l'avoir vu au temps de nos études dans un cercle de jeunes gens qu'il charmait par ses saillies pleines d'esprit et de verve. Un homme de ce caractère ne pouvait manquer d'avoir de nombreux amis, cependant il mettait dans le choix de ses intimes le même discernement, la même délicatesse que dans celui de ses lectures. Celui qui le jugerait d'après le vieil adage: dis-moi qui tu hantes et je te dirai qui tu es, lui rendrait bonne justice. Son attachement du reste à ses amis était aussi vif que constant. Pendant de longues années il fut étroitement lié avec son ancien maître Partoens, avec les professeurs Gulikers, Kersman et Ruyters, avec notre antiquaire Vanheylerhoff et avec son beaufrère Hustinx, qui était aussi un latiniste distingué. On comprend aisément ce que la conversation de tels hommes devait avoir d'intéressant et d'instructif. Maestricht était à cette époque une ville éminemment intelligenteGa naar voetnoot(1). | |||||||||||||||||||||
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Après une union aussi longue qu'heureuse Schols perdit son épouse le 2 Mai 1843. Cette mort l'affecta profondément, il éprouva dès-lors un irrésistible besoin de quitter Maestricht et de se mettre ainsi à l'abri de trop pénibles souvenirs. Il régla ses affaires et se retira auprès de son fils, curé à Ayeneux près de Soumagne au diocèse de Liége. Là il décéda pieusement le 18 Septembre 1847, dans sa quatre-vingtième année. La famille de Schols habite encore Maestricht, où ses petits-fils portent avec honneur un nom justement estimé. Nous voudrions faire connaître maintenant, avec quelque exactitude, les travaux littéraires et poëtiques de notre compatriote; mais la chose est difficile; ses oeuvres embrassent en effet une très-grande variété de sujets, et un très-petit nombre en a seulement été publié. Bien qu'il ait écrit en français, en hollandais et en latin, ses poësies latines forment incontestablement la meilleure partie de ses travaux. Voici les titres de quelques uns de ses ouvrages, mais cette liste nous l'avouons à regret est très-incomplète:
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Appelons pour terminer plus spécialement l'attention de nos lecteurs sur un petit nombre de morceaux choisis de notre auteur; ils seront ainsi mieux en état d'apprécier le caractère particulier de son talent. Commençons par les vers adressés à Théodore, Dominique Bex. Théodore, Dominique Bex né à Maestricht fit avec le plus grand succès ses humanités au collége de cette ville. Il remporta les premiers prix dans les cinq classes, fut pro- | |||||||||||||||||||||
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clamé primus perpetuus le 23 Août 1787 et prononça le discours latin à la distribution solennelle des prixGa naar voetnoot(1). La même année il se rendit à Louvain où il entra dans la pédagogie du castrum, pour étudier la philosophie. Au printemps de 1788 il dut quitter l'université dont les cours venaient d'être fermés par suite des événements politiques; les leçons ayant été reprises en 1790, Bex se hâta de retourner à ses chères études; il rentra au castrum et le 17 Août suivant il fut proclamé premier au concours des quatre collèges; on sait combien cette palme académique était alors ambitionnée. La ville de Maestricht fit au lauréat une réception triomphale le 31 Août. Schols à cette occasion fit un petit poëme en 134 vers. Cette pièce fut imprimée et beaucoup lue dans le temps; elle renferme de nombreuses allusions aux événements du jour, qui en rendent actuellement l'intelligence parfois assez difficile. En voici du reste un passage qui est l'expression du patriotique enthousiasme du poëte: Te decet ergo novo; Castrum gestire triumpho;
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Dilia jam flavos, jam flavos Dilia fluctus
Altius extollas, jam laetior allue castrum!
Nec tibi, Mosa pater tali victore silendum,
Plaude tot heroësGa naar voetnoot(2) te produxisse sequentes
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Unum post alium, rupto tamen ordine, laudes
Heroüm ingeminent praerupta cacumina ripae
Proxima! praesertim Theodori Saepius Echo
Laete repercussum tollat super aethera nomen!
Et tu Trajectum tot jam memorabile primis,
Queis olim vitam, queis cunas ante dedisti,
Plaude, novum Victor tibi Bexius addit honorem.
Ille tuam subiit (liceat repetisse) palaestram;
Illic ingenio, nec non virtutibus auctum
Quinque sibi lauros studio peperisse videbas,
Excipe nunc, sextam qui laurum gestat alumnum,
Excipe nunc dignum, quid cessas? Excipe natum.
Ille decus nostrûm, sero decus ille nepoti,
Ille suis exstat decus immortale magistris!
On voit avec quelle facilité Schols maniait l'hexamêtre latin; on en trouverait également la preuve dans divers morceaux de la traduction du Télémaque, mais ici le choix | |||||||||||||||||||||
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serait fort difficile, peut-être un jour publiera-t-on dans son ensemble ce beau travail. Ce serait une bonne fortune pour les amis des muses latines. Mais le genre auquel notre poëte s'exerca surtout et qu'il semble avoir cultivé avec prédilection, est le genre lyrique. A l'occasion du jubilé de l'Immaculée Conception célébré le 8 Décembre 1814 à l'église de St. Nicolas il composa la paraphrase suivante du Salve Regina: ô Quae supremo proxima numini
Incedis aequis praedita honoribus,
Cui plaudit aether, terra servit,
Et domitus famulatur orcus,
Regina Salve! rité vocabere
Novae salutis per populos parens,
Et Vita Mundi, Spes, voluptas,
Praesidium columenque nostrum.
Attende praesens vocibus omnium,
Quos poena vindex exilii premit
Transmissa per seros nepotes
Et miserae Genitricis Hevae
Testata primum perfidiae scelus!
Hâc in dolorum valle sedentibus
Quam tristé nobis Filiisque
Heu fugiunt, redeuntque soles!
Hîc, hîc profusas in lacrymas eunt
Soluta luctu lumina, quas tamen
Subindé suspensas moratur
Pectoribus repetitus imis
Suspiriorum tractus amarior;
Nec, sol ab undis dum redit aureus,
Nec, dum Serena Luna Candet,
Tristitiae fugit atra nubes.
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Huc ergò, mites huc oculos age
Et prona votis annue supplicum,
Qui te Patronam nominare
Et Dominam coluisse gaudent!
Da blanda, Clemens, Virgo puerpera,
Maria puro Melle Suavior,
Ruptis catenis exulantes
Ad patriam remeare sedem,
Et quem tonantem terrigenae stupent,
Quem fontem amoris Christiadae vocant,
Intaminatae Pignus alvi
Astra super Celebrare Jesum!
Notre compatriote ainsi que nous l'avons déjà dit savait aussi parfois faire servir les langues modernes à ses poëtiques épanchements. En 1824 l'abbé Lux, curé de la paroisse de St. Matthias décéda et fut remplacé par le père Wynandts, ancien dominicain, savant théologien, homme très-littéraire et prédicateur de premier ordre. Le 13 Juin, jour de la fête de St. Antoine de Padoue Schols adressa une ode en langue flamande au nouveau curé. Pour l'intelligence de cette pièce il faut se rappeler d'une part qu'un père dominicain d'après un ancien usage faisait chaque Dimanche un sermon de controverse religieuseGa naar voetnoot(1), et d'autre part que Wynandts avait éte du temps de la république recherché par la police comme prêtre non assermenté. | |||||||||||||||||||||
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Voici cette ode: Mogt ik begaafd, op zoete snaren,
Na kunst en met vereischten zwier,
Den vreugde-kreet met droefheid paren
Op Apols fraaije zilv'ren lier!
Ik zou, met ingespannen krachten,
Het onheil zoeken te verzachten,
Dat wreedst doorgriefde uw aller hart;
En tevens droogen op uw' wangen
Liefde-tranen met rouw omhangen,
Afgeperst door bittere smart.
Maar, neen! Laat ruim de diepe zuchten
Voor hem, die u zoo dierbaar was,
Uwe opgépreste borst ontvlugten;
Gij moogt wel schreijen op zijne Asch.
Ja! ja! Laat heete tranen vloeijen,
Die u 't luidsnikkend hart ontboeijen;
Eene stem roepen keer op keer;
Terwijl Cypressen 't kil gebeente
Omkransen op zijn Lijkgesteente:
De goede Herder is niet meer!.....
Is niet meer?.... Doch, ontruste Schapen!
Die sidderend en zonder moed
Den Wolf met open muil te gapen
Vreest; gij wordt voor den roof behoed.
Weêrhoudt uw' tranen, wilt niet weenen;
Uw Herder voor Gods troon verschenen
Bidt, dat de keuze vall' op hem,
Die thans u allen 't best' kan hoeden,
Die sedert lang, om u te voeden,
Geroepen werd door de Volks-stem.
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Door wil van 't eindloos Alvermogen
Aan 't weedombarend lot ontrukt,
Dat u zoo even onbewogen,
Door rampen hield ter neêrgedrukt;
Zult gij gerust uw' droefheid stuiten
Voor Vreugde weêr uw hart ontsluiten,
En tot des Nieuwen Pastors eer,
Wiens waardig Hoofd we thans bekroonen,
Juichend zingen op zuiv're toonen;
Hier is de Goede Herder weêr!....
Hier is Hij weêr!... Laat vreugde galmen:
Wel aan! mijn waarde Vrienden-schaar,
Strooit Rozen, Mirten, Laauwren, Palmen;
Knielt dankend neêr voor Gods-Altaar
Uw Herder met bekransten Schedel,
Door Kunde, Wijsheid Groot en Edel,
Betrad reeds van zijn vroegste jeugd,
In Letteren en Wetenschappen,
Die Hij doorliep met Reuzen stappen,
Altoos het ware pad der Deugd.
Tot Godes-tempel opgewassen
Verkoos Hij ras dien levens-Kring,
Waar vrij van 't ijd'le wereld-brassen
Hij, door een driftige oefening,
Doorgrondde Kristi ware Wetten,
Om zich, zoo noodig, te verzetten
Tegen der onkristenen Leer,
En met een heilzaam oog te waken,
Dat niet een Dwaalgeest mogte laken
Den zuiv'ren Godsdienst van den Heer.
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Gedurende ruim twintig jaren,
Zag men, met een onwrikb're vlijt,
Hem hier, als puik der Redenaren,
Der Moeder-Kerke toegewijd.
Bij dag, bij nacht, tot aan den morgen,
Beladen met der Zielen-zorgen,
Zocht Hij weêr vurig, als voorheen,
Den Godsdienst eenen Troon te stichten;
Door wijze lessen te verlichten
De botte harten van 't Gemeen.
Nu, tot het Herders-ampt verheven,
Zal Hij, in zijnen heil'gen pligt,
Nooit, nooit, voor Kroon, noch Schepter beven,
Hij, die zelfs nimmer heeft gezwicht
Voor het schrik-bewind, dat op de Aarde,
Noch Bloed, noch Vuur, noch Vlammen spaarde
Tegen alles wat Heilig was:
Ja, eeuwen-staande Troonen vielen,
Vorsten, Koningen, moesten knielen,
Maar Hij.... Hij stond bij de Kerk vast.
Dierb're Schapen! Hij zal u hoeden
Veilig onder zijn Herders-Staf,
Met zorge weert Hij van de goeden
De zielhong'rige Gieren af.
De booze en hardversteende Wichten
Roept Hy terug.... Zij moeten zwichten
Voor zijn Godlijke Herders-stem.
Armen, Bedrukten, Weeûwen-tranen
Kunnen den weg vrij tot hem banen;
Elk Sterveling vindt troost in Hem.
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O wijs, ontzagelijk Opperwezen!
Gij, Gij, die met een billijk oog,
Kunt in der menschen harten lezen,
Gun Onzen Herder, van omhoog,
Hier, vrij van alle norsche vlagen,
In voorspoed, onbegrensde dagen:
Gun ons Broeders, ook Hem ter eer,
Als ware Kristen-stervelingen,
Nog lang juichend te mogen zingen:
Hier is de Goede Herder weêr!.....
Le père Wynandts ne jouit pas longtemps de la vénération et de l'amour de ses paroissiens. Il décéda subitement le 29 Mars 1826Ga naar voetnoot(1). Notre poëte consacra aux mânes de son ami ces vers vraiment touchants: Nam corda praeceps quis stupor occupat?
Mutata pallet cur facies Bonis?
Nunquid recentem tot loquuntur
Et lacrymae et gemitus ruinam?
Invisa, opinor, Mors rapuit virum,
Cinctumve Lauru, sive Oleâ comas,
Regemve tutelam suorum
Divitiis pretiosiorem....
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Confusa vulgi murmura jam silent,
Jamque ung circûm Vox sonat omnibus:
‘Cessavit, heu, vesci Benignus
AEthereâ Leonardus aurâ!
Urgebit ergo perpetuus sopor,
Cui Minerva et Justitiae Dea,
Potensque mellito ore Suada
Substituisse parem laborant?
Ille, ille Amicis flebilis occidit,
Sed multò ovili flebilior suo!!!
Quis nunc luporum se furori
Objiciat, scabiemque pellat?
Quis pandet Agnis prata virentia?
Quis lacte pascet prodigus indigos?
Quis nunc aberrantes reducet
Dulce humeris ad ovile pondus?’
Haec ore fido Cor Populi gemit,
Luctuque eodem percitus obruor;
Testisque defunctique Amicus
Triste gemo, lacrymisque solvor....
At, si superno munere creditum
Trans astra tantum dî tulerint virum,
Quid Terra, nequicquam reposcat
Emeritum, invideatque Coelo?
Lugêre fas sit carum adeò caput;
Sed laude dignum fama vetat mori:
Nec, dum rigentes condit artus,
Arcta viri capit urna Nomen;
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Obliviosi nempe silentii
Nec pura Virtus, nec Sapientia
AEternitati dedicatae
Nocte premi patiuntur altâ.
Sed mox supremum turba frequens feret
Tributum amoris non dubii, et comes
Inter parentantes Amicos
Ad tumulum gemebundus ibo.
Audisne praesens Musa? Pii teget
Avita tellus relliquias viri;
Interque Olivas hospitalem
Sufficiet sacra Laurus Umbram.
Huc tende mecum, nec breve posteris
Carmen recusa incidere Marmori:
Post tot Labores hîc quiescit
Carus adhuc LEONARDUS Agnis.
Enfin nous voulons donner comme dernier échantillon de la verve originale de notre compatriote une pièce inédite et peu connue. Il ne la montra qu'à un petit nombre d'amis; il nous permit cependant d'en prendre copie, et c'est ce qui nous met aujourd'hui en état de la sauver d'un oubli, dans lequel certes elle ne mérite pas de tomber. Voici à quelle occassion ce petit poëme fut composé. Le 13 Juin 1827 M. R...... professeur de poësie latine à l'athénée de Maestricht, homme d'esprit et de coeur, fit une ode en l'honneur du chanoine Lysens alors curé de St. Matthias. Nous donnons cette pièce, qui contient de bons vers, et sera encore lue, pensons nous, avec plaisir. | |||||||||||||||||||||
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Majore leti flebilibus modis
Vates rapacem personuere vim
Plectro: mihi nunc laeta parvo
Carmina fingere Musa suadet.
Relinque sedes, dum melius nitet
Sol, et canorum, o Calliope melos
Super Richardo, gratiore
Concine eunte die, impetrato.
Custode rerum te, Mosae amaenae aqua
Fugax laboret leniter arduum
Subire castellum Mavortis
Et trepidare strepente rivo.
Novâ, fugatis nunc aquilonibus,
Comâ virescens praebet amabilem
Umbram, atque sublimi decore
Vertice sidera pulset arbos.
Intenta laetis ludere ovis quoque
Gaudebit herbis, nec metuens lupum
Depulsum ovilibus redibit
Lacte salutifero referta.
Vitae reduces integer aureos
Mores; paternis inque greges tuos
Laboribus, priscum redibunt
Tempora mox meliora in aurum.
Virtute felix tu propria, cui
Doctrina semper fidi comes, nites
Totum per aevum intaminatis,
Pastor, honoribus involutus.
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Laete Mosam qui dulcisonam bibunt,
Atra soluti sollicitudine,
Uno ore dicent: ecce Pastor
Ecce bonus rediit; triumphe!
Le professeur R...... envoya ce morceau à son ami Schols en le qualifiant de poëtarum princeps; la modestie de notre poëte fut offusqué de cet éloge, qu'il trouva exagéré et dans un moment de mauvaise humeur il adressa à son ami les strophes suivantes: Ad Doctum Dominum Quid me superbo nec meritis pari
Tentare gaudes nomine? Principem
Cur me Poetarum salutas?
Pubis Appollineae magister,
Sic ergo Olori dulcisono lubens
Male instrepentem sufficis anserem,
Arguta sic ergo loquaci
Posthabita est Philomela Picae?
Sed te fefellit credo fides meî,
Examinato non bene nomine;
Dotumne subridere Phaebum,
Ingenuasque vides camaenas?
Non faeta semper secula vatibus,
Nec Flacce semper, nec tibi, Virgili,
Natura propignit secundos,
Difficili extenuata partu.
Sed si canendo laudem aliquam tuli;
Quâ Mosa amaeni praeterit arduas
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Mavortis arces, et canalem
Bethasicum penetrare certat,
Sunt destinatae quorum ego laureae
Adnuto, et impar demo hederam comis;
Sunt qui reponunt clara fastis
Facta virûm graviore cantu.
Ast umbra mendax gloria.... si sapis
Henrice curam nominis ejice
Ingentis, erroremque mecum
Corrige veridico falerno.
Nul doute que ce ne soient là des vers du meilleur alloi. Si par ce que nous venons de communiquer à nos compatriotes, nous contribuons à raviver et à conserver la mémoire d'un homme qui par son caractère noble et franc non moins que par son talent, fit honneur à sa ville natale, notre but sera atteint.
G. STAS. |
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