Publications de la Société Historique et Archéologique dans le duché de Limbourg. Deel 10
(1873)– [tijdschrift] Jaarboek van Limburgs Geschied- en Oudheidkundig Genootschap– AuteursrechtvrijErnest de Lynden.
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du fief de Reckheim à l'empereur Rodolphe, le 25 octobre 1604Ga naar voetnoot(1), et à l'empereur Mathias, le 15 avril 1613Ga naar voetnoot(2). Par cette charte, Ferdinand II reconnut non seulement les priviléges de la baronnie, mais encore le droit d'y frapper toute espèce de monnaies d'or, d'argent et de cuivreGa naar voetnoot(3). Ernest obtint, la même année, un brevet qui érigeait la baronnie de Reckheim en Comté impérial, et, dans le diplôme qui lui fut délivré le 31 mars 1623Ga naar voetnoot(4), l'empereur, après avoir rappelé les services militaires qu'il avait rendus récemment à l'Allemagne, pendant la guerre civile, déclare expressément que le comté de Reckheim est considéré comme relevant immédiatement de l'Empire et placé sous sa protection. Il ajoute, qu'Ernest de Lynden et tous ses descendants sont autorisés à prendre le titre d'illustres et généreux comtes ou comtesses du S.E., avec le droit de porter leurs anciennes armoiries, étendues et modifiées de la manière suivante: Ecartelé: aux premier et quatrième cantons, la croix de Lynden, aux deuxième et troisième, le lion de Reckheim langué d'azur, et sur le tout l'aigle d'AspremontGa naar voetnoot(5). L'écu est timbré d'une couronne et de trois casques grillés, couronnés d'or; celui du milieu ayant pour cimier l'aigle | |||||||||
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d'argent, celui de droite le lévrier noir au collier d'or, et celui de gauche le lion de gueules. Les armoiries, entourées d'un collier d'or et de gueules, ont pour supports deux lévriers noirs. Le comte de Reckheim, libre baron de Ryckholt, seigneur de Houtain, Once, Tongrenelle, Wanfercée, UlestratenGa naar voetnoot(1), était également considérable par sa brillante position de fortune. Sa femme, Anne-Antoinette Gouffier, née le 3 mai 1580Ga naar voetnoot(2), de Henri, marquis de Bonnivet, et de Jeanne de Bocholt, lui avait apporté en dot, par contrat du 13 décembre 1609Ga naar voetnoot(3), la moitié des baronnies de Thiennes et de Steenbeek, et des seigneuries de Blaringen, Calonne-sur-la-Lys et La Vieuville, que son mari acquit plus tard entièrement, en achetant l'autre moitié de son beau-frère Charles de Créqui, comte de Bernieulles. Les Gouffier portaient écartelé: aux premier et quatrième, d'or à trois jumelles de sable en fasce, aux deuxième et troisième, d'or à la croix de gueules, cantonnée de seize alérions d'azur, qui est Montmorency. Le moine Butkens s'est complu à célébrer les vertus et la piété de l'épouse d'Ernest de Lynden. A peine mariée, elle eut le chagrin de voir le cloître de Reckheim entièrement saccagé et brûlé par les soldats des Provinces-Unies. Ce nouvel incendie eut lieu le 1er mai 1610, lorsque les troupes autrichiennes, conduites par l'archiduc Léopold, furent mises en déroute et le comte d'Anhalt fait prisonnier. Anne-Antoinette obtint alors de son mari, que le monastère serait reconstruit et pourvu, à leurs dépens, de tous les objets nécessaires à l'exercice du culte. | |||||||||
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Elle fit aussi bâtir une chapelle à Wezet, en l'honneur de Ste Pétronille, et y déposa la tête de la sainte, dont elle s'était procuré les reliques. Les religieux des ordres mendiants, les pauvres, les malheureux de toute espèce n'imploraient pas en vain sa libéralité, et l'on peut dire que sa maison ressemblait plutôt à un cloître ou à un hospice, qu'à une habitation de grand seigneur. Anne-Antoinette mourut pendant sa cinquième grossesse, le 7 juillet 1620, regrettée de tous, même à la cour du roi d'Espagne et à celle de Bruxelles, où elle avait toujours brillé au premier rang. Elle fut inhumée dans le cloître de Reckheim, où l'on voyait cette épitaphe: Per illustri ac generosae Dominae Annae Anthoniae de Govffier uxori suae suavissimae foeminae, Ernest de Lynden eut beaucoup de peine à faire respecter ses droits et son indépendance. Il avait fait exécuter depuis trois ans de grands travaux, en réparant les digues qui préservaient ses terres des inondations de la Meuse. Une grande pierre armoriée, destinée à en conserver le | |||||||||
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souvenir, se voit même encore dans le mur qui borde les eaux du fleuve; on y lit, sous la date de 1628, l'inscription suivante, que nous reproduisons avec ses obscurités et ses incorrections: HERMANNI COMITIS MEMORANDA nepotIBVS ACTA ASPRIMONTIS AVIS, PROAVISQVE ET LYNDEN ET HEMMEN NATI (QVI COMITES LIBRIQVE FVERE BARONES) AGGERIBVS TESTATA DAMVS, VALLENTIBVS ARCEM, EXSTRVCTAM PIETATE PARI, COMMVNIS VT ESSET OMNIBVS VNA SALVS, MERGENTIBVS VSQVE COLONIS, DVLCE REFRIGERIVM RECREANS MEDIANTE FAVORE CAESAREO, (QVO LIBRA SIBI REGALIA FECIT) TOT PROAVIS CONCESSA PRIVS, QVE LYNDIVS HAERES HERMANNVS PRO DOTE TVLIT, QVAE ET DOTE RECEPIT FILIVS ERNESTVS, CVI VIRTVS AEMVLA PATRIS, QVOD RESTAVRAVIT GENITOR, QVOD ET IPSA VETVSTAS VIDIT, QVANS PERFECIT OPVS, LEGEMQVE PROCELLIS IMPONENS MOSAE, TVMIDAS COMPESCVIT IRAS VIVA SVI (MISERANTE DEO) MONVMENTA RELINQVENS. Ferdinand II, pour le récompenser de ces dépenses si profitables à l'Empire, et l'encourager à terminer la reconstruction des remparts de la ville de Reckheim, lui accorda, le 4 décembre de cette même année, la faveur, pour lui et ses successeurs, de pouvoir laisser son comté à ses filles, s'il venait à décéder sans héritier mâleGa naar voetnoot(1). Mais presque en même temps, l'empereur se vit obligé d'intervenir entre le comte et l'infante Isabelle, souveraine des Provinces belges, qui s'opposait à la continuation des travaux de la Meuse. | |||||||||
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Une autre fois, le 11 mai 1630, Ferdinand écrivit encore à l'intante, pour se plaindre de ce que, en dépit de la sauvegarde impériale et de la neutralité du comte dans la guerre des Pays-Bas, ses sujets avaient à souffrir des incursions armées et des exactions, qui, en se renouvelant chaque jour, amenaient la ruine presque totale du paysGa naar voetnoot(1). Déjà auparayant, Ernest s'était fait délivrer par les magistrats de Maestricht, une attestation en faveur des priviléges du comtéGa naar voetnoot(2); de même en 1629, les états et ensuite le codirecteur du cercle de Westphalie, l'archevêque de Cologne, avaient certifié que le comte de Lynden, chambellan, colonel et conseiller du prince, était membre immédiat de l'Empire, qu'il payait régulièrement sa taxe particulière, et devait par conséquent être exempt de toute contribution étrangère. Pour compléter ces mesures de précaution, le privilége de non evocando, non appellando et non arrestanto reçut une nouvelle consécration, par le diplôme du 13 mai 1630. Cependant toutes ces démarches ne servirent pas à grand' chose: il fallut une seconde charte, celle du 6 novembre 1630, assurant, comme deux ans auparavant, au pays de Reckheim la protection spéciale de l'EmpireGa naar voetnoot(3); il fallut enfin une nouvelle intervention, celle des états du cercle de Westphalie, pour rappeler à Isabelle, le 16 octobre 1631, la lettre de Ferdinand en faveur des malheureux habitants du comtéGa naar voetnoot(4). Ernest avait certes bien mérité de l'Empire; aussi fut-il autorisé, par diplôme du 20 octobre 1631, à joindre à son titre le prédicat de Hoch und wohlgebohrenGa naar voetnoot(5). | |||||||||
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Vers cette époque, d'autres difficultés surgirent à l'intérieur même du pays. Les Norbertines voulurent prouver un jour qu'elles n'étaient redevables de leur maison qu'à la faveur impériale, et elles obtinrent, à l'appui de leur prétention, une charte confirmatoire de leurs anciens priviléges. Mais le comte, ayant fait interdire à la communauté l'usage du couvent, les religieuses se décidèrent à le reconnaître comme leur fondateur et seigneur légitime. Ernest agréa leur soumission, le 8 mai 1631, et comme son père, quand il reconstruisit le monastère, n'avait soumis aux tailles que la moitié des terres exploitées par les religieuses, il les autorisa à jouir encore de cette exemption, aussi longtemps qu'il conviendrait au seigneurGa naar voetnoot(1). Ernest de Lynden mourut en 1636Ga naar voetnoot(2), laissant quatre enfants:
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