Publications de la Société Historique et Archéologique dans le duché de Limbourg. Deel 10
(1873)– [tijdschrift] Jaarboek van Limburgs Geschied- en Oudheidkundig Genootschap– AuteursrechtvrijHerman de Lynden.
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Herman d'Aspremont-Lynden, libre baron de Ryckholt, seigneur de Houtain-St.-Siméon, Once-sur-Geer, Tongrenelle, Wanfercée-Baulet, Crenwyck, était le plus jeune fils de Thierry, vicomte de Dormael, et de Marie d'Elderen (Odeur), qui portait vairé d'argent et d'azur à la fasce haussée d'orGa naar voetnoot(1). Sans entrer dans tous les détails de sa carrière militaire, rapportés par Butkens et longuement reproduits par M. WoltersGa naar voetnoot(2), nous rappellerons que Herman de Lynden manifesta, tout jeune encore, un goût prononcé pour le métier des armes. Dès l'année 1555, il laissa là ses livres, pour accompagner son frère Robert en Italie, et faire ses premières armes sous l'amiral André Doria. Ayant dû quitter Gènes pour échapper aux suites d'un duel, il passa en Hongrie, où il guerroya contre les Turcs, et donna de nouvelles preuves de son humeur un peu trop chatouilleuse. Il partit de Vienne, en 1567, après avoir reçu l'ordre de chevalerie des mains de l'empereur Maximilien, et revint dans les Pays-Bas, où il prit part à la bataille de Mookerheyde, et réussit à sauver le fort de Muyden, qui lui avait été confié. Quand l'archiduc Mathias arriva en Belgique, il le nomma capitaine de sa garde, puis le chargea, sans succès, de négocier son élection au siége de l'évêché de Liége. Après le départ de l'archiduc, Herman resta au service du prince de Parme; mais il paraît qu'il avait des ennemis jaloux de sa fortune, si bien qu'après avoir échappé, non sans blessures, à une tentative d'assassinat, il céda aux sollicitations de ses frères, et vint s'établir à la cour de l'évêque de Liége, Ernest de Bavière. Ce prince l'admit | |||||||||||
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dans ses conseils, et le fit gentilhomme ordinaire de sa chambre et colonel. Peu de temps après, Herman de Lynden épousa Marie, fille de Constantin de Halmal de Langdris (portant de gueules billeté d'or au lion de même) et de dame Catherine Van der Werve, comme il appert par le contrat de mariage passé à Liége, le 5 novembre 1581Ga naar voetnoot(1). L'office de lieutenant des fiefs ou chef de l'état-noble du pays de Liége, étant devenu vacant par la mort de messire Erard d'Aerschot-Rivière, Herman de Lynden en fut investi, par commission donnée à Augsbourg, le 6 novembre 1582. Mais de nouveaux évènements devaient bientôt rendre carrière à son activité. Le pays de Cologne était profondément troublé par la révolte ouverte de l'ancien archevêque, Gebhard Truchses, qui, après un scandaleux mariage avec Agnès de Mansfeld, avait embrassé la réforme de Luther. Excommunié, mis au ban de l'Empire et remplacé par le duc Ernest de Bavière, évêque de Liége, il eut recours à l'appui des princes protestants. Jean-Casimir, frère de l'électeur palatin du Rhin, menaçait déjà les troupes colonaises, quand arrivèrent successivement du pays de Liége le colonel de Lynden, avec un régiment d'infanterie et une compagnie de lances à cheval, le baron de Schwartzenberg, et le seigneur de Haneffe. Après que les Liégeois eurent empêché l'ennemi de passer le Rhin, Herman fut assailli dans Koenigswinter, d'où il reprit bientôt l'offensive, avec l'aide des cavaliers du baron de Groesbeck. Il poursuivit ses succès jusqu'à la retraite de Jean-Casimir, rappelé dans le Palatinat par la mort de son frère et les menaces de l'empereur. | |||||||||||
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Au siége de Bonn, défendue par Charles Truchses, frère de Gebhard, il se distingua de nouveau sous les ordres de Ferdinand de Bavière, frère de l'électeur. Après la reddition de cette ville, Truchses fut enfermé au château de Huy, et Herman, qui ne cessait de remporter de nouveaux avantages, rejoignit encore l'armée électorale, avant la déroute complète de Gebhard dans le comté de Zutphen. On voit qu'une bonne part du succès de cette campagne, notamment la conservation de la ligne du Rhin, doit être attribuée au colonel de Lynden, et bien des années après, le comte de Tilly, qui avait servi sous ses ordres, se plaisait encore à le reconnaître dans sa correspondance avec Ernest, le fils de Herman de Lynden. Celui-ci revint dans sa patrie, et fut nommé, en 1586, grand-maître d'hôtel de l'électeur de Bavière, puis souverain-mayeur de la cité de Liége, et chargé par le prince-évêque de plusieurs missions diplomatiques. Le 8 janvier 1592, le baron de Reckheim obtint la charge de gouverneur et capitaine-général du pays de Cologne, où il transporta sa résidence. Peu d'années après, il céda son poste à Ferdinand de Bavière, neveu de l'archevêque Ernest, et revint s'établir à Liége; mais il n'y resta pas longtemps: il avait contracté dans ses nombreuses campagnes un mal qui devait bientôt le rendre presque impotent; des douleurs de goutte le retenaient souvent chez lui, et plusieurs fois le prince, qui appréciait sa haute capacité, fit assembler son conseil devant le lit du malade. Il arriva même, en 1598, qu'il le fit transporter, tout souffrant qu'il était, à la maison de ville, où la bourgeoisie avait été convoquée à propos d'une émeute; là, le baron de Reckheim se mit à haranguer le peuple, lui fit de sages remontrances et réussit à calmer les espritsGa naar voetnoot(1). | |||||||||||
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Enfin, ayant obtenu la faveur d'être remplacé par son gendre Jean de Mérode, seigneur de Jehay, dans la charge de souverain-mayeur de Liége, Herman de Lynden pria le prince de lui permettre de se retirer au château de Reckheim, qu'il venait de faire rebâtir à grands frais. Ce fut là qu'il termina sa carrière, le 5 juin 1603, à l'âge de cinquante-six ans, sept mois et quinze jours. Son coeur fut placé dans la chapelle castrale, ses entrailles dans l'église paroissiale, et son corps dans l'abbaye de Reckheim. La pierre qui recouvrait son coeur, se voit encore aujourd'hui dans le mur de la cour intérieure du château, où elle a été enchassée après la démolition de la chapelle; sur une banderole entourant une urne, on lit l'inscription: ‘Hic jacet cor generosi dni Hermanni de Aspre.lynd’. Nous n'avons pas cru devoir interrompre ce récit, pour nous occuper du pays de Reckheim, sous l'administration de Herman de Lynden. Fervent catholique, son premier soin avait été d'en extirper l'hérésie, de réintégrer dans leurs biens les établissements religieux, et d'y placer des prêtres de bonne vie. Puis il restaura les églises, se plut à les embellir et leur fit diverses donations. Sa libéralité fut même si grande, qu'il fit rebâtir le monastère de Reckheim, récemment détruit par un incendie, et que les hôpitaux de Wezet et de Boorsheim, également consacrés au logement des pauvres, furent réparés à ses frais. Les revenus de ces deux établissements s'accrurent encore des largesses de Marie de Halmal, qui, pendant son veuvage, s'occupait d'oeuvres pies et charitables. Etant venue à son tour à mourir, le 5 novembre 1609, elle fut inhumée dans l'abbaye, auprès de son mari. Herman de Lynden eut sept enfants:
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