De Gulden Passer. Jaargang 84
(2006)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Auteursrechtelijk beschermd
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Ginette Vagenheim
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La formation du corpus de SmetiusL'histoire du recueil manuscrit de Smetius, intitulé Inscriptiones antiquae cum graecae tum latinae per Urbem Romam diligenter collectae et ex aliis non modo Italiae sed et reliquarum totius locis studiose conquisitae fidelissimeque uti in ipsis marmorib[us] aut aereis tabulis legebantur descriptae, nous est essentiellement connue par les informations qu'il nous livre en début du recueil, dans la lettre de dédicace à son ami Marcus Laurinus (1530-1581), jadis son condisciple au Collegium Trilingue.Ga naar voetnoot2 | |
1. L'epistula dedicatoriaSmetius avait recueilli avec soin un grand nombre d'inscriptions durant son séjour à Rome et ses voyages en Italie, entre 1545 et 1551, lorsqu'il était secrétaire du cardinal Rodolfo Pio di Carpi:Ga naar voetnoot3 Inscriptiones itaque omnes, quas olim per sexennium, ab anno videlicet mdxlv usque ad mdli magna diligentia, cum per urbem Romam ubi tunc agebam, tum per alia multa Italiae loca, quae cum hero meo Rodulpho Pio, cardinale Carpensi, proficiscens obiter perlustravi, tumultuarie ipse collegeram. | |
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Il avait également reçu des copies d'inscriptions de ses amis érudits dont certains sont nommés, comme Benedetto Egio de Spolète, le bourguignon Jean Matal (Metellus), Antoine Morillon et Stephanus Winandus Pighius:Ga naar voetnoot4 [...] vel quas a Benedicto Hegio Spoletino, a Iohanne Metello Burgundo, ab Antonio Morillonio, aut a Stephano Vinando Pighio Campensi, viris utique doctissimis, et antiquitatis omnis observatoribus diligentissimis acceperam [...]. De retour dans sa patrie, Smetius classe ses inscriptions en quatre catégories pour former le volume destiné à Laurinus: les inscriptions relatives aux édifices publics et privés (Ordo primus operum et locorum publicorum), les inscriptions sacrées (Ordo secundus ararum ac basium sacrarum), les inscriptions des hommes illustres (Ordo tertius. Bases tabulaeque honorariae) et finalement les inscriptions militaires et celles qui concernent les officia minora liés à la Domus Augusta: [...] In quatuor primarios ordines seu classes summatim distribui. Primo ordine quicquid ad rationem locorum, operum atque aedificiorum seu publicorum seu privatorum pertinere videbatur, complexus sum. Secundo, divina omnia hoc est, non solum deorum dearumque, titulos ad statuarum dedicationes, sed etiam sacerdotum utriusque sexus magistratuum ministrorumque sacrorum, histrionum ac ludionum epigraphas comprehendi. Tertio loco, hominum illustrium, videlicet imperatorum, caesarumque, consulum atque aliorum magistratuum maiorum, cum Romanorum tum provincialium elogia monumentaque posui. In quartum ultimumque ordinem, militum et eorum qui officia publica minora gesserunt, artificum et ministrorum domus augustae: communium deinde hominum ac postremo Christi anorum [sic] aliquot vetustiorum epitaphia congesti. Ce travail était en grande partie achevé (bonamque exemplaris partem iam absolvissem) quand, le 13 janvier 1558, un incendie fatal (fatalis ignis) détruit le volume ainsi que les fiches qui avaient servi à sa réalisation: Non modo aedes ipsas cum tota supellectili domestica librariaque, verumetiam opus illud antiquarium cum universis schedis libellisque autographis e quibus confectum erat, penitus absumpsit. Smetius ne put sauver des flammes que les 51 premiers feuillets qu'il avait mis à l'abri un peu auparavant: Remanentibus mihi solummodo quinquaginta et uno eiusdem exemplaris quod tibi scribebam foliis, quae paulo ante in scrinium quoddam humi positum ubi incendii vis minus grassabatur, seposueram; solis scilicet atque unicis totius huius mei studii sexennalisque industriae ac laboris reliquiis. Découragé par ce drame, Smetius retrouva portant la force de reconstituter son corpus grâce au soutien de Laurinus et de ses amis érudits qui lui envoyèrent leurs propres fiches: | |
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Quo infortunio quum adeo consternatus essem, ut spe omni de libro recuperando aut exemplari perficiendo abiecta, et illas reliquias perditas optarem; tu pro tua humanitate, atque ea qua studiosos omnes foves pietate, non modo literis consolatoriis, verum muneribus etiam missis, me ita erexisti ac refecisti ut resumpto postmodum animo, et conquisitis per tuam commendationem, totiusque impensis, quibusdam aliorum eiusdem studii amatorum exemplaribus calamum rursus arripuerim, ut coeptum exemplaris opus quoquo modo finirem. En conclusion, Smetius implore l'indulgence de son ami pour l'imperfection des 144 derniers feuillets qu'il avait été obligé de rédiger sur la base de fiches de seconde main: Porro si quid in posterioribus centum vigintiquatuor foliis erratum fore erit, precor, ut id benigne condones et non mihi sed detestando illi incendio, quod primitiva mea exemplaria atque αὐτόσχϵδα ita crudeliter perdidit, imputes.Ga naar voetnoot5 | |
2. Pars prima (ff. 1-51)Quand on ouvre le recueil, on découvre sans étonnement que Smetius a copié lui-même la plupart des inscriptions dont il rapporte souvent avec précision les circonstances de découverte. Il décrit ainsi la dédicace au dieu Vortumnus (f. xxv, 19: ‘Basis marm[orea] praegrandis, effossa Romae anno 1549, in vico Tusco, inter columnas templi Iulii aedemq[ue] Theodori et spondus palatii maioris in hortosq[ue] Consolationis. Ego ipse vidi descripsiq[ue].’Ga naar voetnoot6 Les informations contenues dans la préface sont complétées par celles que nous livre l'érudit mais aussi par les indices que nous fournit l'analyse minutieuse du recueil lui-même. Ainsi, quand aucune précision n'est fournie, on peut parfois déduire du contexte que le Flamand a bien vu l'original; c'est le cas du texte conservé Apud Gentilem Delphinium in basi (f. xxxiii, 17), dont Smetius connaissait bien la collection. C'est ce que révèle un passage de sa préface où il évoque le transfert des inscriptions d'une propriété à une autre, en précisant que celles d'Angelo Colocci furent dispersées à travers trois collections: celle du cardinal Farnèse, celle de Delfini et celle du cardinal di Carpi (‘Sicuti exempti gratia de Colotianis factum esse memini quorum bona pars, defuncto hero, ad palatium Farnesianum atq[ue] ad Gentilem Delphinium delata: altera ad vineam cardinalis Carpensis, meo etiam instinctu operaque transvecta fuit’). Smetius a parfois ajouté des feuillets qui n'appartenaient pas chronologiquement à cette première partie; c'est ce qui s'est passé pour le bout de papier inséré entre les ff. xii-xiii, que Smetius reçut de Nicolaus Florentius après 1562 (‘Fragmentum tabulae marm[oreae] quadratum, altum plus minus palmos 3. Effossum in vinea quadam Romae prope arcum | |
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s[anc]ti Viti, circa annum 1562. Quod nunc asservatur in Musaeo card[inalis] S[anc]ti Angeli. Missum Roma per Nicolaum Florentium’). On verra plus loin qu'au moment de l'édition, Lipse se débrouillera pour incorporer ce texte au reste du f. xii, entre les inscriptions 12-13.
Un autre type d'addition est illustré par l'inscription à Apollon du f. xxi, 8 dont la dernière ligne sort du champ d'écriture. Smetius dit clairement que l'inscription a été ajoutée (addidi), comme le révèle ultérieurement la différence d'encre (‘Romae in aedibus privatis circa agoram. Hoc ex Mazochio addidi’). Il s'agit, comme on verra, d'un indice de première importance qui constitue un fil conducteur dans l'analyse du recueil. Les amis que Smetius avait cités dans la préface apparaissent bien dans le recueil, directement ou de manière détournée. Pighius lui fournit le plus grand nombre d'inscriptions, comme la copie de deux dédicaces à Cérès reçue du cardinal Marcello Cervini, le futur pape Marcel ii (f. xviii, 8-9: ‘Stephanus Vinandus Pighius Campensis subsequentia duo e schedis Marcelli Cervini Card[ina]lis sanctae Crucis ac postea summi pontificis, collegit: sed unde descripta primum sint ignorat’), ou encore ce fragment d'une inscription d'Espagne qui vient également des schedae du futur pontife (f. vi, 18: ‘Menoreae in Hispania fragm[entum]. Steph[anus] Pighius e schedis Car[dina]lis s[anc]tae Crucis descripsit’). Pighius lui envoie encore une inscription à Diane Nemorensis découverte en 1554 au lac de Nemi (f. xii, 9: ‘Repertum ad lacum Nemorensem, xv ab urbe miliari. Anno 1554. Haec tria a Pighio accepi’). L'envoi se situe donc après le départ de Smetius de Rome (1551) et avant l'incendie qui va détruire toutes ces fiches, quatre ans plus tard (1558). | |
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Le nom de Matal apparaît aussi plusieurs fois, notamment à propos d'inscriptions ombriennes. Il donne ainsi à Smetius la copie d'une dédicace à Janus Portunus trouvée à Spolète, la patrie de son ami Egio (f. xxv, 18: ‘Io[hannes] Metellus Burgundus mihi communicavit’). Ce témoignage nous permet de dire que Matal a voyagé à travers l'Italie pendant le séjour qu'il effectua à Rome de 1545 à 1551, comme secrétaire d'Agustin. C'est encore de Matal que Smetius tient la copie de l'inscription grecque qu'il avait pourtant vue luimême (f. xix, 1: ‘Ego ipse vidi et ex Ioh[annis] Metelli autographo descripsi’). On découvre ainsi que dans certains cas, la difficulté à transcrire un long texte en grec a poussé certains érudits à se contenter d'une copie de seconde main.Ga naar voetnoot7 Egio est cité comme traducteur d'un texte grec (f. v, 2: ‘Romae in aedibus Colotianis ad aquam Virginem, in columella marmorea superne confracta, literis inaequalibus ac magnopere detritis. Benedictus Hegius Spoletinus sic vertit [...]’). La contribution de Morillon à la formation du recueil de Smetius fut considérable; il lui procura une cinquantaine d'inscriptions recueillies pendant son séjour en Italie.Ga naar voetnoot8 En 1549, Morillon lui fait parvenir un groupe d'inscriptions provenant du nord de l'Italie; la date de cet envoi est connue grâce au témoignage de Matal conservé dans l'un de ses recueils épigraphiques, le Vat. lat. 6039 (f. 385v: ‘Antonius Morillonius misit sequentes inscriptiones Martino Smetio Flandro 1549. Patavii in Francisci Quirini et Alexandri Bassant domo’). D'autres inscriptions furent copiées par Morillon dans le sud de l'Italie et notamment à Naples; c'est le cas de la Lex parieti faciundo qu'il vit en même temps que Pighius et d'autres érudits dans la demeure d'Hadriano Gulielmo Spadafora (f. xiii: ‘Neapoli in domo Hadriani Guilielmii ad s[anc]tum Ioannem maiorem. Tabula marm[orea] lata pedes iv, alta pedes ii, crassa uno pollice. Sic in tres paginas divisa, litera satis bona, sed alicubi incorrecta. Ant[onius] Morillonius et Steph[anus] Pighius aliique non pauci viderunt legerunt et exscripserunt’). La date de la copie de l'inscription est 1547 et elle nous est connue, une fois de plus, par les paroles de Matal conservées dans le Vat. lat. 6038; il nous indique en outre que c'est Pighius qui procura les mesures du marbre (‘Antonius Morillonius Belga et aliquot Galli, ex ipso saxo descripserunt; descriptamque contulerunt 1547. Ex illo hoc exemplum sumpsi. Pighius qui vidit et exscripsit refert latam esse p[edes] iv, altam p[edes] ii, crassam pollicis magnitudine. Ex quo quidem Pighio emendavimus’). On apprend finalement, à travers la copie de la même inscription conservée cette fois dans le Vat. lat. 6039, que l'un des Galli qui accompagnait Morillon et Pighius était le médecin français Simon de VallambertGa naar voetnoot9 (‘Neapoli in Adriani Guglielmi domo ad Ioannis maioris. Tabula marmorea. Extremi versus desunt comeso marmore et qui extant ultimis litteris truncati, foraminibus quibus tabella parieti haerebat. Ant[onius] Morillonius exsc[ripsit]. Et Vallamb[ertus] Heduus ex quo correximus’). Les travaux de Morillon suscitaient l'admiration de ses contemporains comme le révèle entre autres le témoignage de Johannes Goropius Becanus (Jan Gerartsen van Gorp, 1519-1572)Ga naar voetnoot10 qui précise en outre que Morillon copiait lui-même les inscriptions qu'il décrivait et commentait (‘Pauci sunt in Italia litteris humanioribusque disciplinis clari homines quibus ille Antonius Morillonius tuus non fuerit notus. Non perlegerat modo et | |
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annotaverat et in adversaria pertulerat sed suis etiam manibus’).Ga naar voetnoot11 Smetius lui emprunte ainsi la description de plusieurs statues antiques qu'il avait pourtant vues lui-même, comme l'Hercule Farnèse (f. xxiiii, 2): In palatio novo Farnesiorum ad Tiberim, Hercules colosseus est, ex Antonianis thermis eo advectus, qui sinistro bracchio innititur clavae cum leonina, super saxum, tristis cogitabundus, demissa manu, duobus digitis primis extensis cum pollice qualis oratorum gestus est: altera in tergum reducta, tria cotonea tenet; valido corpore est, ubiq[ue] contentis musculis, ac tota specie plenus fortitudinis et consilij; capite ad proportionem minore, velut in longitudinem decimo altior sit. Id fortuiti trans Tiberim inventum est, oculis diversae materiae alabastrinis. Altitudo totius statuae ex pede colligitur, qui facit Romanos quadrante minus duos. Incisum est in basi nomen autoris: ΦΛΥΚΩΝ / ΑΘΕΝΑΙΟΣ / ΕΠΟΙΕΙ. Haec ipsemet quidem vidi, sed observationibus Ant[onii] Morillonii magna ex parte descripsi. D'autres humanistes non cités dans la préface apparaissent dans la première partie du recueil: Goropius, qualifié de Batavus, qui lui fournit deux inscriptions de Campanie (f. xxvii, 14-15: Haec duo vidit et exscr[ipsit] Viperni in Campania; f. xxxxvi, 6-7: Cecanii in Campania), Petrus Wastelius dont il reçoit une inscription de Pesaro (f. vii, 4), Giovanni Pontano, ou plus précisément son recueil resté à Naples entre les mains de Spadafora (f. i, 10: ‘In Pedemonte, ditionis Neap[olitano] loco. Ex libro Io[hannis] Pontani’); des anonymes comme ce prêtre d'Agnani (f. x, 5: ‘sacerdos quidam Anagnin[us]) exscr[ipsit]’) et Pirro Ligorio dont les rapports avec Smetius remontent à 1545Ga naar voetnoot12 (f. viii, 2: Pyrrhus Logorus Neapolitanus vidit et exscripsit').Ga naar voetnoot13 L'antiquaire napolitain lui procurera également de fausses inscriptions comme la double dédicace à la divinité Scythe Vénus Artimpasa connue par HérodoteGa naar voetnoot14 (f. xxvi, 6-7: ‘Reperta fuerunt haec duo in agro Tusculano, et postmodum in calcem redacta; sed Pyrrhus Logorus Neapolitanus prius exscripserat, e cuius archetypo ego postea descripsi’). Smetius cite encore, parmi ceux qui lui ont fourni des inscriptions, le chanoine de Salamanque Alfonso Castro (f. ii, 1-2: ‘Missa fuerunt ex Hispanis ab Alfonso Castro canonico salamantino, qui diligentissime ac nitidissime descripserat’). Castro avait envoyé un recueil épigraphique à son compatriote Antonio Agustín, à l'époque où le prélat se trouvait à Rome, comme auditeur à la Rote (f. iv, 3-4: ‘Ab Alfonso Castro canonico salamantino descripta et Romam ad Antonium Augustinum transmissa’). C'est de cet exemplaire que Smetius va tirer les textes qu'il copie dans son recueil, comme il le précise à propos d'une inscription de Zamorra (f. xxxii, 16: ‘Zamorrae in Hispania a la puerta de las casas de Consistorio. Alphonsus de Castro canonicus Salamantinus hoc exscripsit et Romam transmisit, e cuius archetypo ego descripsi’). On peut en déduire que c'est de là aussi que viennent les autres | |
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copies d'Espagne et du Portugal que Smetius cite sous le nom de Castro dans cette section (f. xxxiii, 7,16-17 et xxxv, 15: ‘Corunae in Hispanis. Alfonsus de Castro Hispanus exscr[ipsit]. In Hispaniis alicubi. Haec duo Alfonsus de Castro Hispanus. Cornuae in Lusitania in viva rupe ad farum. Alphonsus de Castro hispanus vidit et descripsit et Roman ad suos transmisit’). L'exemplaire que Castro envoya à Agustin arriva dans les mains de Smetius à travers Matal, son secrétaire. Il semble même que l'on puisse identifier ce recueil avec celui que Matal incorpora à la fin du Vat. lat. 6040. On y retrouve toutes les inscriptions que Smetius reçut de Castro et qu'il introduisit, comme on vient de le dire, dans la première partie de son recueil; c'est le cas, par exemple, de l'inscription cil ii 2559 au dieu Mars conservé chez Smetius au f. xxxv, 15 et que l'on retrouve au f. 198 du recueil de Matal. Toute la lumière n'est pas encore faite sur l'auteur de ce corpus d'inscriptions ibériques. En effet, on trouve au sein de ce recueil une lettre envoyée de Ledesma à Agustin, le 26 avril 1551, signée du nom de Caspar de Castro. C'est le même nom qui apparaît au début du recueil dans l'intitulé du titre précédant le recueil rédigé, semble-t-il, par Matal (f. 150r.). Notons toutefois que ce nom est une correction d'un nom précédant qui a été gratté, toujours par Matal selon toute vraisemblance: variae inscriptiones ex saxis antiquis Romanae et Hispanicae [erasum et corr. Gasparis] Castro Bletisani manu. Matal précise encore, au bas du feuillet, qu'il a reçu cet exemplaire d'un certain Jac[obus] Tavera (Io[annis] Metelli Sequani; Jac[obi] Taverae munere). Dans un autre recueil de Matal, le Vat. lat. 6040, on trouve, parmi les récoltes épigraphiques d'Espagne qu'il a réunies,Ga naar voetnoot15 une nouvelle allusion à Tavera, possesseur d'un corpus d'inscriptions (f. 445r.): il semble que ce corpus désigne le recueil incorporé au Vat. lat. 6039 que Tavera a offert à Matal, sauf qui'ici, Matal cite l'auteur non comme Jacobus mais comme Alfonsus Tavera (f. 445: ‘Inscriptiones quaedam Hispanicae selectae ex libro quodam antiquitatum Alfonsi Taverae ex alio descripto, in quo tamen perquam multas fictas fuisse deprehendimus’). Combien de personnes se cachent sous la double identité d'Alfonso/Caspar Castro et de Jacobus/Alphonsus Tavera? Pour le moment, il n'est pas possible de le dire. | |
3. Pars secunda (ff. 51-143)Le passage à la deuxième partie se fait, entre autres, par un élément que l'on a déjà évoqué et qui n'avait jamais été noté jusqu'ici: la couleur des encres. Smetius tient à distinguer explicitement les inscriptions qu'il a copiées lui-même de celles qu'il a reçues de ses amis comme l'inscription n. 5 du f. 66; c'est, en effet, la seule qu'il déclare n'avoir pas vue (‘Brixiae. Hoc ab aliis accepi. Reliqua vero egomet vidi’). En outre, l'encre avec laquelle il a ajouté Brixiae au-dessus du texte épigraphique est beaucoup plus noire que le reste. La même encre foncée apparaît au feuillet précédent, en marge de l'inscription n. 8, dans l'addition de la seconde ligne: il s'agit du fruit de la collation du texte épigraphique avec un autre exemplaire | |
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(‘Apud S[anctum] Celsum sub monte Iordano. In cippo Tiburtino. In alio exemplari legitur pro Gallvs Aristo’)Ga naar voetnoot16. D'autres nuances d'encres révèlent des interventions successives qu'il n'est pas toujours possible de dater, du moins à ce stade de notre enquête. Ainsi, à partir du f. lxvii, l'indication ‘ego ipse haec omnia vidi’ est rédigée à l'encre grise délavée, tandis que les inscriptions du f. lxix et suivants sont tracées à l'encre plus foncée et les chiffres sont d'un rouge plus vif. D'autres gammes de rouge apparaissent par exemple au f. lv: les nombres 2, 3, 5 sont tracés d'une encre rouge délavée tandis que les nombres 1, 4, 6 sont d'un rouge vif; on retrouve la même teinte dans les soulignements y compris ceux des textes 2, 3, 5 et dans les deux indications suivantes: ‘hoc ab aliis accepi; reliqua vero egomet vidi’. Au f. 79, c'est l'encadrement unissant les deux premières inscriptions qui est tracé en rouge. L'encre des textes épigraphiques aussi changent, fatalement; à partir du f. lxix, l'encre brune utilisée au début du corpus devient plus foncée. L'encre rouge apparaît encore dans les chiffres placés en face de certaines inscriptions ibériques dont une note, en rouge aussi, précise qu'elles furent copiées à partir des exemplaires de Castro, l'érudit déjà rencontré dans la première partie (f. lii, 4 et f. lv, 11: ‘Aquiflaviae, quae nunc vulgo in Portugallia in columna. Hoc ex Alfonsi Castri exemplari descripsi. Sesquilatero miliarii a civitate Legionensi in Hispaniis, loco appellato Ruiforco in templo. Tabula marmorea. Ad exemplar Alfonsi Castri descriptum’). Malgré la référence explicite à Castro, il semble que les inscriptions ibériques de cette seconde partie ne viennent pas de lui; l'addition en rouge signifierait alors dans ce cas que Smetius a quand même tenu à préciser que jadis à Rome, il avait pu copier ces mêmes textes directement sur l'exemplaire du chanoine espagnol. L'encre semble encore souligner des différences de mains dans la rédaction du recueil. Ainsi, au f. lv, on découvre une inscription rédigée par Smetius qui la fait précéder de l'indication suivante: ‘Formijs, in via Appia, in basi statuae, litera absolutissima’. Dans la marge apparaît une note qui signale qu'Harduinus a vu l'inscription: ‘Dionysius Harduinus vidit et exscripsit Molae haud procul a Caieta’. Elle est tracée à l'encre mauve-rouge d'une écriture qui ne semble pas être celle de Smetius; c'est ce que ferait croire la différence de cursus dans t'attaque de la lettre v initiale (cf. la boucle de via et le trait droit de vidit). C'est la même encre mauve-rouge qui apparaît encore à plusieurs reprises, comme au f. lvi, 7, dans la seconde ligne, à propos d'une variante d'Harduinus relative à une inscription de Macerata (‘In marmore reperta apud Maceratam Piceni oppidum, in colonia Helvia. Dionysius Harduynus vidit et exscripsit et legit Colonia. Helvia. Ricina.’).Ga naar voetnoot17 À côté des encres, on peut noter d'autres détails révélant les étapes de la reconstitution de ce recueil. Ainsi, dans certains cas (f. lxv), Smetius a voulu masquer la première version d'une inscription en collant sur les premiers textes des feuillets portant la nouvelle version. Certaines autres modifications sont plus brutales comme les feuillets arrachés ou découpés; c'est le cas du bifeuillet qui précédait l'actuel bifeuillet lxviii-lxix; en revanche le bifeuillet | |
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lxxi-lxxii a été ajouté au recueil comme le révèle en outre l'état du papier beaucoup plus neuf que le feuillet lxxiii. En même temps que Castro réapparaissent dans cette seconde partie d'autres collaborateurs de Smetius comme Pighius (f. lii, 5: ‘Praeter hoc quod a Pighio accepi, omnia ipsemet vidi’) qui est associé à Morillon dans le cas des inscriptions de Naples (f. lxxxiv: ‘Haec partim ab Ant[onio] Morillonio, partim a Steph[ano] Pighio accepi’); on retrouve aussi Matal, qui est bien allé en Ombrie (f. lvi, 4: ‘Camerinii, ad fores templi, in Umbria, in basi statuae. Haec duo Jo[annes] Metellius mihi communicavit; reliqua egomet vidi’), Mazzocchi (f. lii, 3: ‘Hoc ex Mazochio libro asscripsi’)Ga naar voetnoot18 et Florentius dont le nom apparaît cette fois au sein du recueil (f. lix); ici encore, l'encre révèle différentes rédactions: les inscriptions 1 à 3 sont rédigées à l'encre noire délavée et les inscriptions 4 à 6 sont tracées à l'encre noire plus foncée et l'indication des chiffres est rédigée à l'encre rouge. La note qui précède les textes nous apprend la date de découverte des inscriptions en 1562 et celle de leur envoi de la part de Florentius l'année suivante (‘Eruta Romae anno mdlii et a Nicolao Florentio ad nos transmissa. Missum Roma per Nicolaum Florentium anno 1563’). On peut supposer que c'est à la même date que remonte l'envoi par Florentius de l'inscription que Smetius avait insérée entre les feuillets xii-xiii et qui fut, elle aussi, trouvée en 1562; ou encore l'envoi des copies des Fasti triumphales que Smetius introduit au f. lxiv. On y retrouve, en effet, l'encre noire foncée dans la rédaction de l'inscription et l'encre rouge foncée pour tracer la même indication que celle qui apparaît, avec l'indication de la date, au f. lix (‘Missum Roma per Nicolaum Florentium’). Des noms nouveaux apparaissent aussi dans cette partie, comme celui de Nicolas Michaut, à propos d'une inscription de Pérouse (f. lv, 7: ‘In Umbria in basi statuae. Hoc a Nicolao Michault [...] accepi’); Onofrio Panvinio à qui Smetius emprunte des inscriptions de Naples publiées dans son livre sur les FastesGa naar voetnoot19 en cherchant parfois à préciser davantage leur provenance (f. lxxxiv: Ex Onuphrii Panvinii Reip[ublicae] Rom[anae] et fastorum commentarijs adiecta; f. lxxxvi: ‘Onuphrius Panvinius se ab Antonio Augustino accepisse, sed ubi extet non indicat’). C'est sur l'édition de Panvinio que Smetius va fonder une grande partie de son Auctarium. | |
4. L'Auctarium primum (ff. 144-175)L'Auctarium de Smetius, pour lequel il avait imploré l'indulgence de Laurinus dans la préface, est décrit comme un groupe d'inscriptions provenant des Fasti de Panvinio, publiées l'année même de l'incendie qui anéantit le corpus de Smetius, du recueil épigraphique de Petrus ApianusGa naar voetnoot20 et des observationes aliorum nonnullorum: Quae posthac sequuntur partim ex Onuphrii Panvinii Veronensis reipubl[icae] Romanae et fastorum consularum commentariis desumpsi; partim ex Petri Apiani Ingolstadiensis inscriptionum antiquarum libro atq[ue| aliorum nonnullorum observationibus nuper transcripsi. Quae quia serius quam ut superioribus sua quaeque loco intersererentur accepi, hic separatim auctarij vice adscribere volui. | |
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On y trouve, effectivement, un grand nombre de copies venant de l'érudit véronais (f. clxvi, 1-3, 5-6: ‘Ex Onuphr[io] Panvinio’) et d'Apianus (ff. clxvi-clxvii: ‘Ex Apiano’), mais aussi de sources imprimées non citées au début de l'Auctarium, comme les Epigrammata de Mazzocchi à qui Smetius emprunte beaucoup d'inscriptions funéraires (f. cx: ‘Postrema haec quinque e Mazochii libro adscripsi: reliqua superiore egomet vidi’); les ouvrages de Petrus Martyr (f. clxx, 13-26: ‘Polensia haec omnia ex Petro Martyre historiographo descripta sunt’)Ga naar voetnoot21, Sebastian Munster (f. cxlv: ‘Ex cosmographia Munsteri, fol. 561’)Ga naar voetnoot22, Pierre Belon du Mans (f. cli, 1-3: ‘Haec ex observationib[us] Petri Belloni Cenomani addita sunt’)Ga naar voetnoot23, Gabriele Simeoni (f. clxix, 3, 6, 8, 9, 12, 13, 15: ‘Ex libello Gabr[ielis] Simeoni Florentini’)Ga naar voetnoot24, Torello Sarayna (f. clxxi, 12-15: ‘Ex Torello Sarayna’)Ga naar voetnoot25, Carlo Sigonio dont l'ouvrage que cite Smetius, sur le droit italique, vit le jour en 1560 (f. clxviii, 17: ‘Ex Caroli Sigonii de antiquo iure Italiae libro’)Ga naar voetnoot26, Johannes Poldus (f. clxixv: ‘Haec omnia descripta sunt ex libro antiquitatum Nemausensium Ioannis Poldi’Ga naar voetnoot27; f. clviii, 7: ‘Nemausi, in Gallia, in horto Io[hannis] Poldi, antiquitatum Nemausensium descriptoris’) et aussi quelques sources non imprimées comme les fiches d'Augustinus Piersonius (f. clxix, 1-2, 4, 7, 10-11: ‘Observata ac descripta ab Augustino Piersonio’), celles de Florentius qui lui envoie les notae des poids antiques qui se trouvaient à l'époque chez Achille Maffei (f. clxxv): Pondera antiqua marmorea aereaque, cum suis notis, tam in superficie quam lateribus, omnia apud doctiss[imum] et clariss[mum] virum d[ominum] Achillem Maffeium asservata, et ad pondera Romana huius temporis, anni videlicet 1562 examinata. Missa fuerunt haec Roma a Nicolao Florentio mense novembre anno 1562 et olim meipso magna ex parte visa atque observata. et les fiches de Carolus Clusius sur lequel on reviendra à la fin de l'article (f. clxix, 14: ‘Excerptum a Carolo Clusio Atrebate’). | |
5. L'indexUne fois le corpus terminé, Smetius l'a parcouru une nouvelle fois pour composer son index; c'est à ce moment qu'il a indiqué en marge des feuillets les diverses entrées; ainsi, en marge du feuillet intitulé Ordo tertius bases tabulaeque honorariae Imperator[um] Caesarumq[ue], on lit ‘Constantini, Helenae, Maximiani, etc.’. Au cours de ce travail, Smetius a constaté qu'il y avait des répétitions; il signale ainsi, au bas du f. ii contenant des inscriptions relatives aux travaux publics, que d'autres textes du même genre se trouvent au f. cxiv (‘Plura huius generis habentur infra fol. cxiv, 1.2.3.4.5.6.’). Il signale également que dans certains cas, le classement n'est pas parfait (‘Multa habes infra fol. clv et clvi quae suis quaeque locis hic commode inseri possent, ut Decii Traiani clv, 10 etc.’). Quand l'index fut à son tour achevé, Smetius put offrir en 1565 l'ouvrage à Laurinus. | |
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Lipse et l'édition du corpus de SmetiusDans la lettre de dédicace placée en tête de son édition et dans une lettre à Clusius dont il sera question plus loin, Lipse nous raconte la suite de l'histoire du recueil de Smetius.Ga naar voetnoot28 On apprend ainsi que durant la guerre civile qui faisait rage en Flandres, le volume en possession de Laurinus tomba entre les mains des Anglais et traversa la Manche avec ses ravisseurs. Par un très heureux hasard, il fut acheté par Janus Dousa et Paulus Buys, curateurs de la jeune université de Leyde, qui se trouvaient, au mois de juillet 1585, en mission en Angleterre. De retour à Leyde, Dousa confia à son ami Lipse le soin d'éditer le manuscrit. Au terme de l'édition et sous la pression de ses amis, Lipse ajouta un appendice au corpus du Flamand. | |
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1. L'Auctarium alterumLipse expose son projet d'appendice dans la lettre de dédicace à son ami Petrus Delbenius. Il s'agit de compléter le corpus de Smetius avec des inscriptions qui ne furent découvertes qu'après son séjour à Rome ou qu'il n'avait pas pu copier parce qu'elles se trouvaient dans des collections qu'il n'avait pas visitées (p. 38: ‘Romae in aedibus privatis ad forum piscatorium: pro salvte / Flaviae Parthae. Vidi’). D'autres textes lui venaient de fiches d'amis comme Florentius dont on se souvient qu'il avait envoyé à Smetius aussi un lot d inscriptions en 1563. Florentius fournit à Lipse des copies d'inscriptions romaines et d'autres venant de diverses parties de l'Italie, comme ce texte de Rieti (p. 50: ‘Ibidem (i.e., Reate) in aedibus Petri Silverii Dis Manibus / C. Ivlio C.F. / Voltinia Longino domo. A Nic[olao] | |
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Flor[entio]’). Lipse reçut aussi de nombreuses copies de son ami Fulvio Orsini (p. 23: ‘Puteolis. A Fulvio’).Ga naar voetnoot29 Dans une lettre qu'il lui adresse six mois après son départ de Rome (1570), Lipse commence par remercier Orsini de lui avoir fait découvrir et aimer les antiquités pendant son séjour dans l'Urbs (‘Antiquitatum informatam dum Romae essem cognitionem nunc eo ardentius amplector quo ea res in dies mihi maiori voluptati est et fructui’)Ga naar voetnoot30. Il lui demande ensuite de lui faire parvenir, par le truchement de Florentius, toute nouvelle découverte In quo genere quoniam omnium iudicio facile princeps, non miraberis si hoc a te potissimum petam ut si quid a discessu meo inventum aut erutum est novi, quod legi nostrae interesse putabis, id ad me per N[icolaum] Florentium transmittas. In quo incredibile dictu est quam gratum mihi facuturus sis.Ga naar voetnoot31 On peut donc en conclure que la vingtaine d'inscriptions reçues de Florentius dans cette partie du volume arrivèrent dans les mains de Lipse entre 1570 et 1388. À Rome, Lipse eut aussi l'occasion de copier lui-même des inscriptions de la collection d'Orsini,Ga naar voetnoot32 comme le long décret d'époque hellénistique provenant de Théra (ig xii, 331). Sa copie, dont les corpus épigraphiques ignorent l'existence, est conservée dans son cahier de notes, les adversariaGa naar voetnoot33; elle ne fut pourtant pas reproduite dans l'Auctarium parce que Smetius, qui avait vu le marbre à l'époque où il se trouvait chez le cardinal di Carpi, l'avait copié dans son recueilGa naar voetnoot34. | |
2. Le corpusDe manière générale, Lipse se livra à une sorte d'édition fac simile du manuscrit de Smetius. Toutefois, le passage du manuscrit à l'imprimé, en effaçant les nuances de l'encre, a fait inévitablement disparaître certaines étapes de la composition du recueil. Lipse a néanmoins cherché à respecter au mieux les moindres détails, comme le rendu des termes qui sont soulignés chez Smetius. Ainsi, pour l'inscription insérée dans la couture de son livre, avant le f. xxvi, Smetius avait souligné apud Batavos et Dordraci dans l'indication de lieu (‘In basi Martis Victoris apud Batavos reperta. Haec basis nunc extat Dordraci apud Martinum de Beaumont et in ipsa supersunt adhunc pedes statuae olim impositae sed postea confractae’). Lipse remplace te soulignement par une modification typographique qui consiste à mettre en italique tout le reste de l'indication (‘In basi Martis Victoris apud Batavos reperta. Haec basis nunc extat Dordraci apud Martinum de Beaumont et in ipsa supersunt adhunc pedes | |
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statuae olim impositae sed postea confractae’),Ga naar voetnoot35 il trouve en outre une place pour publier cette inscription au sein des dédicaces au dieu Mars du f. xxv et reproduit fidèlement la variante que Smetius avait notée en marge de ia dernière ligne: MARTI VICT. Certaines additions de Smetius eurent des conséquences plus importantes sur la mise en page des textes édités; c'est le cas pour les fragments des Fasti. Dans le premier cas, Smetius avait collé sur le bord extérieur du f. xxxvi, le bout de papier sur lequel il avait rédigé le fragment des Fasti découvert au pied de la Trinité-des-Monts (‘Fragmentum tabulae marm[oreae] longum uncias vi, effossum ante paucos annos sub monte Trinitatis sive colle Hortulorum, dum ibi fundamenta poneret splendidissimi sui aedificii Monsignor del Vigli’); Lipse dut modifier la place des textes du f. xxxvi pour pouvoir insérer au centre du feuillet la nouvelle inscription. Pour ce qui concerne les fragments des Fasti Capitolini, Smetius avait collé un bout de papier portant trois petits fragments au bas du feuillet lxi. Lipse, dans la partie supérieure de ce même feuillet restée vide avait ajouté de sa propre main: ‘haec, loco non capiente, infra referenda ad hanc notam’; au moment de l'édition, l'érudit plaça les fragments dans la partie supérieure, en reproduisant aussi sa note manuscrite. | |
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Si l'identification de la main de Lipse est ici certaine, on s'était demandé plus haut si la main qui avait ajouté les notes relatives aux inscriptions d'Harduinus était celle de Smetius. On se demande encore si ce n'est pas une main étrangère qui a rédigé la note 3 ajoutée en marge de l'inscription portugaise du f. ii. Smetius avait tiré la copie du recueil que Castro avait envoyé à Rome à Agustín (‘Missa fuerunt ex Hispanis ab Alfonso Castro, canonico Salamantino, qui diligentissime ac nitidissime descripserat’). La première note fut rédigée par Smetius en même temps que le texte épigraphique et que les renseignements marginaux relatifs à la borne milliaire: In Lusitania (quam Portugalliam nunc vocamus) in via militari ad Emeritam Augustam, a militibus emeritis ab Aug[usto] Caesare deducta sic appellatam Romanorum quondam nobilissimam coloniam: singula miliaria singulis columnis distincta sunt, quarum una hanc inscriptionem habet. La deuxième note pourrait avoir été rajoutée par Smetius dans un second moment; elle concerne le témoignage du célèbre botaniste Carolus Clusius (Charles de l'Écluse) sur l'emplacement de l'inscription (‘Clusius scribit esse propre Caparram’)Ga naar voetnoot36. La troisième note, qui pourrait être de la main de Smetius ou plus vraisemblablement celle de Lipse, pour des raisons que l'on verra bientôt, spécifie une nouvelle fois que Clusius a copié le texte (‘Descripsit et Car[olus] Clusius’). Une telle hésitation sur l'identité de l'auteur des deux additions concernant Clusius s'explique par les relations que le botaniste entretint tour à tour avec Smetius et Lipse, précisément durant la constitution du présent corpus. | |
La contribution de ClusiusDans une lettre à Clusius datée du début de l'année 1588, Lipse raconte à son ami les péripéties du recueil de Smetius qu'il évoque aussi dans la préface de l'édition qu'il était en train d'achever. Il y exprime aussi le regret de ne pas avoir pu profiter de la contribution du botaniste | |
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Unde vos illud nacti? Inquies. Dicam quod rideas, praedones a praedonibus. Milites, inquam, nostri in tumultu hoc Belgio res Marci Laurini diripuerunt, inter eas hunc thesaurum. Centurio qui habuit, in Angliam venalem detulit; emerunt illic Academiae nostrae (cum casu pro legatis adessent) Curatores. Ego auctor divulgandi et adiutor. Auctarium enim addidi inscriptionum aliquot, quas Smetius aut non vidit aut omisit. Utinam tu propior nobis fuisses! Nec enim dubito, quin iuvare largiter potuisses et bonam symbolam conferre ex aere, quod peraegre collegisti. At nunc serum, nam liber lucem iam spectat [...] Postrid[ie] Idus Ianuarii 1588.Ga naar voetnoot37 Trois mois plus tard, Clusius, qui se trouvait à Vienne, lui écrit qu'il se réjouit du projet de Lipse et se plaint également que Laurinus ne lui a jamais rendu le recueil d'inscriptions d'Espagne qu'il lui avait envoyé pour aider Smetius à reconstituer son corpus, et cela malgré ses nombreuses requêtes. Clusius offre ensuite généreusement à Lipse de lui procurer ses copies au cas où il aurait l'intention d'ajouter un appendice au corpus déjà sous presses De Smetiano thesauro recte factum, velim, quod libentissime fecissem, symbolam conferre potuissem: habeo enim, quae in his regionibus collegi quaepiam fideliter descripta, nam meis oculis plus fidere soleo quam alienis, praesertim in veterum inscriptionum excerptione. Non credas, quam turpiter Lazius interdum sit lapsus. Quae in Hispanica peregrinatione collegeram dedit M[arcus] Laurinus Smetio, at meum exemplar numquam restitutum, tametsi saepiuscule repetierim ante quam huc accerserer. Ea forte suis locis in volumine distribuit Smetius. Si in animo habueritis appendicem aliquam aliquando addere ad opus quod nunc sub praelo est, quae habeo conferam ex animo.Ga naar voetnoot38 Clusius ajoute encore qu'il est curieux de voir la façon dont Smetius a exploité dans son recueil le matériel qu'il lui a procuré. Quelques mois plus tard, l'édition de Lipse voit le jour et Clusius s'en procure aussitôt un exemplaire.Ga naar voetnoot39 Il se hâte de contrôler la manière dont Smetius a reproduit les inscriptions qu'il lui avait fait parvenir par l'intermédiaire de Laurinus. Clusius exprime alors sa déception dans une lettre qu'il transcrit à la fin de l'exemplaire en question, à la suite de la copie d'inscriptions qu'il avait recueillies en Autriche, en Hongrie ainsi que celles d'Espagne qu'il n'avait pas données à Smetius.Ga naar voetnoot40 Clusius y précise qu'il a copié avec un soin particulier un grand nombre d'inscriptions au cours de ses pérégrinations botanistes en Espagne; qu'à Valence il a recopié les inscriptions récoltées par un nobilis Hispanus; il renouvelle sa plainte contre Laurinus en précisant cette fois que c'est en 1565, lors de son retour en Belgique, qu'il lui envoya les inscriptions d'Espagne. À propos de Smetius, Clusius fait plusieurs constats: primo, le Flamand n'a ajouté à son corpus que quelquesunes des inscriptions qu'il lui avait envoyées; secundo, il n'avait pas toujours fait la différence entre les copies personnelles de Clusius et celles que celui-ci avait reçues d'autres personnes et tertio, Smetius n'avait pas retenu les belles inscriptions qu'il avait copiées à Cordoue, à Valence et en Lusitanie: In Hispanica mea peregrinatione ego, Carolus Clusius, multas inscriptiones veteres observabam et fideliter excipiebam. Deinde Valentiae a nobili quodam Hispano, qui longe plures, quas observasse aiebat, descriptas habebat, ut exciperem impetrabam. In Belgium redux anno 1565 Brugis Flandriae nobili viro Marco Laurino, domino de Watervliet, mutuo dabam sed numquam illas deinde recipere ab illo potui. Video Smetium nonnullas in librum suum intulisse, non tamen | |
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omnes, nec distinxisse illas quas ego observabam ab iis quas ex alio descripseram. Cordubae tamen et Valentiae tum etiam in Lusitania elegantes quasdam a me observatas ab ipso neglectas animadverti. Les griefs de Clusius à l'encontre de Smetius se révèlent justifiés sur le troisième point; en effet, Smetius ne transmet aucune inscription de Cordoue dans son corpus. Lipse va combler cette lacune en publiant dans son Auctarium des inscriptions de Cordoue reçues de son ami Augerius BusbequiusGa naar voetnoot41 et qu'il avait rassemblées dans son cahier de notes (adversaria).Ga naar voetnoot42 Pour revenir au corpus de Smetius, l'on y trouve, en effet, que de rares inscriptions de Lusitanie venant de Clusius. Pour l'inscription f. ii, 2 par exemple nous avions dit que Smetius en avait reçu la copie de Castro (‘Missa fuerunt ex Hispanis ab Alfonso Castro canonico salamantino, qui diligentissime ac nitidissime descripserat’); nous avions aussi souligné qu'il y avait deux notes en marge de cette inscription précisant que Clusius avait copié cette borne milliaire (‘Clusius scribit esse prope Caparram’ et ‘Descripsit et Car[olus] Clusius’). Il semble bien que Smetius a comparé la copie reçue de Clusius en 1565, c'est-à-dire après l'achèvement de son corpus, avec la version de Castro qu'il avait recopiée au f. ii; il se serait alors limité à préciser que Clusius avait un autre lieu de conservation (‘prope Caparram’); la seconde note relative à Clusius est peut-être aussi de Smetius ou de Lipse qui aurait accepté l'offre faite par son ami en 1588, de lui envoyer son recueil épigraphique. Ce n'est pas la première fois que Lipse interviendrait de sa main dans le corpus de Smetius. Pour ce qui concerne le second grief, il est vrai que dans son corpus Smetius a attribué à Clusius la variante à l'inscription de Valence du f. clv, 13 (‘descripsit et Car[olus] Clusius sed ita Gnaeae / Seiae Heren etc.’) alors que Clusius nous dit clairement dans sa dernière lettre que ces inscriptions lui venaient d'un nobilis Hispanus. Néanmoins, de manière générale, Smetius a collationné avec grand soin les copies des inscriptions d'Espagne reçues de Clusius avec les versions déjà présentes dans son exemplaire et il a noté les variantes quand il y avait lieu de le faire. C'est le cas pour l'inscription à Isis que Smetius tire du recueil d'Apianus (f. cxlviii, 14: ‘Tarraconae, urbe Hispaniae. Ex libro Apiani. Descripsit et Car[olus] Clusius in vinea Martini Blasco sive Gorris’). Smetius note en marge de la ligne 5 la variante Ivliae due à Clusius et qui est de fait la bonne leçon par rapport au terme Boliae de la copie d'Apianus. Grâce à la rigueur apportée par Smetius dans la collation des fiches de Clusius, on peut partiellement reconstruire le corpus perdu du botaniste. Ainsi, à propos de l'inscription de Tarragone que Smetius tient d'Apianus (f. cl: ‘Tarraconae Hispaniae citerioris urbe. Ex Petri Apiani inscriptionum antiquarum libro’), l'érudit ajoute deux choses à l'encre noire: l'indication que Clusius a vu l'inscription et le lieu de conservation de la pierre (‘Exscripsit et Carolus Clusius. In ecclesia S[ancti] Michaelis’); cette indication, qui n'apparaît pourtant pas près du nom de Clusius doit cependant lui être attribuée. On a dit plusieurs fois que Clusius avait offert à Lipse de lui envoyer des inscriptions pour son Auctarium. Il est très probable que l'inscription de Vienne que Lipse publie à la p. 44 de son appendice lui vienne de Clusius (‘Extra Vienna[m], ad flumen Vienna[m]; figura equi | |
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cum insessore et pone calo'); les seules fiches autographes de Clusius connues jusqu'ici sont conservées à la Bibliothèque Royale de La Haye (cod. 72b22). Emil Hübner, l'éditeur du volume du cil consacré à l'Espagne (vol. ii) nous raconte dans l'index auctorum que Christopher Saxius eut entre les mains le corpus de Clusius mais qu'il l'endommagea de façon irrémédiable en découpant chaque inscription; il perdit ainsi la moitié du corpus et priva les autres inscriptions de leur commentaire (‘Saxius pessimo consilio schedas Clusianas dissecuit et ad corporis Gruteriani ordinem redegit, quo facto et dimidia fere pars interiit (opistographae enim erunt) e locorum indicationes fere omnes et nexus qui olim fuit hodie non amplius apparet’). On trouve, en effet, dans le corpus de Clusius, l'inscription de Vienne accompagnée d'un dessin, soigneusement découpée et par conséquent privée de tout commentaire. Pour trouver le commentaire, il faut se reporter à l'édition de Saxius (Lapidum vetustorum epigrammata et periculum animadversionum in aliquot classica marmorum syntagmata, Lipsiae 1746)Ga naar voetnoot43 où l'inscription apparaît sans image également mais précédée de la note suivante: ‘Extra Viennam ad flumen Viennam in tabula ubi eques vexillum dextra tenet, sinistraque caudam equi prehendens sequitur’. Il s'agit, sans aucun doute, du commentaire original de Clusius. Le seul autre érudit contemporain à transmettre cette inscription est Wolfgang Lazius dont Clusius avait dénoncé la mauvaise qualité des copies dans sa lettre à Lipse de 1588Ga naar voetnoot44. C'est encore Saxius qui nous fournit le commentaire de l'inscription cil iii 4472; dans le corpus de Clusius, on ne conserve que l'indication que le monument est un ‘cippus quadrangulus’; chez Saxius on découvre le commentaire du botaniste dans son intégrité et la précision qu'il vient bien de Clusius: Cippus quadratus ex arce Petronel translatus Eberstorfium ab illustri D[omino] Hieron[ymo] Beck a Leopolstorff et insertus parieti sive muro qui separat aream, quae est ante arcem, ab horto cum plerisque aliis; dum enim annonae praefectus esset is nobilis per Ungariam, ut erat antiquitatis diligentissimus observator, quoscumque lapides scriptos adquirere potuit in suam arcem congessit. Vectura autem corruptiores redditi sunt huius lapidis characteres, quam, dum Petronellae eram a[nno] 1577, observarem. Clusius. L'histoire du corpus de Smetius, ébauchée ici, illustre mieux que tout autre recueil d'inscriptions latines antérieur ou contemporain, la genèse de l'activité épigraphique au xvie siècle et nous permet d'établir certaines caractéristiques de la recherche historique de l'époque. Après l'exposé des tribulations qui ont marqué la naissance, la conception et l'édition du recueil de Smetius, la présente étude a cherché à construire matériellement ces mêmes étapes en se fondant pour la première fois sur des indices de caractère codicologique, diplomatique et paléographique. L'examen des encres, des feuillets anciens et récents, ajoutés ou | |
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arrachés, de leur reliure ont ainsi signalé des envois échelonnés dans le temps, mais parfois de même provenance, comme dans le cas de Nicolaus Florentius qui de Rome procure des inscriptions à Smetius puis, plus de vingt ans plus tard, à Lipse. Ce dernier se révèle être un éditeur très consciencieux et soucieux d'améliorer l'ouvrage qui lui a été confié. De manière plus subtile, les encres indiquent d'autres fois les traces de collations qui permettent de découvrir les leçons d'autres témoins et de reconstruire ainsi, texte après texte, la physionomie de recueils perdus, en tout ou en partie, comme celui de Carolus Clusius. Cette recherche, destinée initialement à décrire avec plus de précision la chronologie dans l'élaboration de l'oeuvre de Smetius, a bientôt révélé, derrière les inscriptions, la participation des humanistes les plus célèbres de l'époque à cette entreprise et permis d'illustrer leur passion à copier, étudier et à communiquer les uns aux autres ces témoignages privilégiés de l'antiquité. Elle a ainsi permis de montrer que l'étude des inscriptions était sans aucun doute l'activité antiquaire la plus répandue parmi les humanistes du xvie siècle et à ce titre méritait qu'on explore davantage cet aspect encore trop méconnu de la Classical Scholarship à la Renaissance. | |
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SamenvattingDit artikel vormt een bijdrage tot de geschiedenis van de Latijnse epigrafie tijdens de renaissance. Door toedoen van Justus Lipsius verscheen in 1588 de bundel met Latijnse opschriften van de Vlaamse erudiet Martinus Smetius onder de titel Inscriptionum antiquarum quae passim per Europam liber. Accessit auctarium a Iusto Lipsio. Het was het eerste wetenschappelijk instrument dat op dit domein gepubliceerd werd. Het handschrift van Smetius' bundel kwam tot stand in Rome, toen Smetius werkte voor kardinaal Rodolfo Pio da Carpi (1545-1551), en in Brugge. Het kende een bewogen geschiedenis: het ging ten onder in een brand, maar werd snel hersteld met de hulp van Marcus Laurinus en dankzij de kopieën van zijn andere vrienden, allen Italiaanse en andere erudieten die in Rome verbleven tijdens de tweede helft van de 16de eeuw. Ook Lipsius' rol als tekstbezorger wordt behandeld. Daarbij wordt aandacht besteed aan de betekenis van zijn Auctarium achteraan de bundel, en aan de verhouding tot Lipsius' eigen bundel opschriften, die in Leiden bewaard wordt (Adversaria, Lips. 22). Op zijn beurt stond Lipsius in contact met erudieten als Augerius Busbequius en Carolus Clusius; de ontdekking van de opschriftenbundel van deze laatste maakt het mogelijk om zijn belang in te schatten voor een activiteit die zo populair was onder humanisten. | |
SummaryThe publication by Justus Lipsius of the corpus of Latin inscriptions of the Flemish scholar Martinus Smetius (Inscriptionum antiquarum quae passim per Europam liber. Accessit auctario Iusto Lipsio, 1588) allows us to add an important page to the history of compilations of antiquities in the Renaissance. Smetius's compilation was the first scientific instrument in the field of Latin epigraphy. The present study illustrates the methods used by Smetius in composing his collection in manuscript, in Rome during his years in the service of cardinal Rodolfo Pio da Carpi (1545-1551), then in Bruges. When his original manuscript went up in flames, the collection was easily restored thanks to Marcus Laurinus's help and to the copies of his other friends, all Italian and foreign erudites staying in Rome in the second half of the 16th century. The article also examines the role of Justus Lipsius as a publisher, by looking at the place of his Auctarium added at the end of the collection, and by analyzing the links with his own compilation (Adversaria), which is currently kept in Leiden. Lipsius also had contacts with scholars such as Augerius Busbequius and Carolus Clusius. The discovery of the compilation of inscriptions by the latter allows us to better assess his role in the development of this activity which was so popular among humanists during the Renaissance. | |
RésuméL'édition du corpus d'inscriptions latines de l'érudit flamand Martinus Smetius procurée en 1588 par Juste Lipse (Inscriptionum antiquarum quae passim per Europam liber. Accessit auctarium a Iusto Lipsio) nous permet d'écrire une page importante de l'histoire des recueils d'antiquités à la Renaissance; en effet, c'est la première fois qu'est offert à la Res publica litterarum, dans le domaine de l'épigraphie latine, un instrument de travail scientifique. L'étude présente voudrait illustrer la manière dont Smetius a composé son recueil manuscrit, à Rome dans les années passées au service du cardinal Rodolfo Pio da Carpi (1545-1551), puis à Bruges, à travers plusieurs vicissitudes dont la destruction de son recueil par un incendie et sa reconstitution rapide grâce à l'aide de Marcus Laurinus et aux copies de ses autre amis qui représentent l'ensemble des érudits italiens et étrangers qui séjournèrent à Rome dans la seconde moitié du xvie siècle. Le rôle d'éditeur de Lipse est également étudié à travers le corpus de Smetius; on y examine la place de son Auctarium placé à la fin du recueil et les rapports avec son propre recueil d'inscriptions (Adversaria) conservé à Leyde; Lipse eut à son tour des contacts avec des érudits tels qu'Augerius Busbequius et Carolus Clusius, dont la découverte du recueil d'inscriptions permet de mieux définir son rôle dans cette activité qui fut la plus répandue parmi les humanistes de la Renaissance. |
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