De Gulden Passer. Jaargang 70
(1992)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Auteursrechtelijk beschermd
[pagina 69]
| |||||||||||||||||||||||
Qui peut avoir traduit en anglais le premier livre de comptabilité paru en français?
|
1. | Wolfgang Schweicker, Zwifach Buchhalten, Nürnberg: J. Petreius, 1549. |
2. | Sebastian Gam(m)ersfelder, Buchhalten nach italianischer Art und Weise, [Danzig: J. Rhode], 1570. |
3. | Gospodarstwo, Krakowie: J. Siebeneycher, 1588, un livre polonais qu'on crut d'abord avoir été écrit par un anonyme se cachant sous un nom de plume (St Gro), en réalité écrit par Anzelm Gostomski. Il y a eu de ce traité, relatif à la gestion des biens, sept éditions, dont la dernière en 1951. |
4. | Enfin, le quatrième traité du recueil factice a réellement été traduit en anglais par un anonyme. Il date de 1547 et est intitulé A notable and very excellente woorke, expressyng and declaryng the maner and forme how to kepe a boke of accomptes or reconynges, verie expedient and necessary to all marchantes, receiuers, auditors, notaries, and all other. Translated with greate diligence out of the Italian |
toung into Dutche, and out of Dutche, into French, and now out of Frenche into Englishe. |
On connait plusieurs exemplaires des livres de Schweicker, Gamersfelder et Gostomski. Par contre, le traité anglais semblait être un exemplaire unique, sa présence n'ayant jamais été signalée ailleurs. C'est la raison pour laquelle un autre historien de la comptabilité, le Dr. O. Bauer, vivant alors à Moscou, se déplaça expressement à Reval en 1910 pour prendre connaissance du contenu du livre. La photocopie n'ayant pas encore été inventée, il recopia entièrement le texte à la main, y compris la page de titre - laquelle est fort fouillée, car elle donne, en dehors du titre de l'ouvrage, la généalogie d'Henry VIII (voir ill. 1).
L'historien comptable hollandais P.G.A. de Waal a cependant prétendu que la page du traité anglais avec la reproduction des têtes des monarques fut en réalité copiée en 1911 par l'artiste russe M. Scheverdjajev. Dans son oeuvre Van Pacioli tot StevinGa naar voetnoot2, De Waal nous parle du traducteur anglais du traité d'Ympyn, mais ce traducteur lui est resté absolument inconnu.
Puis la première guerre mondiale éclata et le livre disparut pendant les hostilités. On croyait savoir qu'il avait été évacué à Nijni Novgorod en 1917, mais depuis lors sa trace était perdue. En 1927, l'historien comptable P. Kats analysa cette oeuvre dans une série d'articles parus dans The Accountant, en se basant sur la reproduction manuscrite du Dr. O. Bauer.Ga naar voetnoot3 En 1934, l'original étant toujours introuvable, le texte entier fur réimprimé à partir de la même source avec un article de De Waal.Ga naar voetnoot4
Comme nous avons déjà eu l'occasion de l'écrire dans l'article chronologique ‘Ronald Robert Coomber, historien comptable (1901-1974)’,Ga naar voetnoot5 ce dernier ne parvenait pas à se consoler de la perte de cet exemplaire unique. Nous nous souvenons des conver-
sations que nous eûmes à l'époque avec lui. Il estimait impossible qu'un livre qui avait survécu à 400 ans puisse être anéanti par la faute des hommes. Certainement on avait du avoir pour lui les égards dus à tous livres anciens.
Mais en 1918 la ville de Reval avait beaucoup souffert. Les allemands y entrèrent en février 1918. En novembre de la même année, la ville fut défendue contre les bolcheviks par les corps estoniens et des marins anglais. Reval était ancienne. Ayant pour origine un château-fort élevé de 1219 à 1225 par Valdemar II, roi des danois, la cité construite à cet endroit, et que les anciens historiens russes appelaient Kalivan, fut visitée trente ans plus tard par des négociants de Lubeck et de Brème qui y créèrent des comptoirs. Dès 1284, elle entra dans la ligue hanséatique. Puis l'Ordre livonien l'acquit en 1374 pour 19.000 marcs d'argent, avec le reste de l'Estonie. A la dissolution de cet Ordre, Reval échut au roi de Suède qui la fortifia sérieusement. Précaution inutile: conquise en 1710 par Pierre le Grand de Russie, l'Estonie appartint à ce pays jusqu'à la création d'un Etat indépendant après la première guerre mondiale. Puis elle rentra dans le giron de la sainte Russie après la deuxième guerre mondiale, mais ceci est une autre histoire.
Coomber, après avoir questionné les autorités estoniennes s'adressa à celles d'U.R.S.S. Mais ces pays avaient bien d'autres choses à faire que de rechercher un vieux livre. Pendant des années et des années, Coomber se battit contre des moulins à vent, jusqu'au jour pourtant où le chef du département d'échange international de livres de la bibliothèque Lénine à Moscou, un certain Monsieur B.P. Kanevsky, lui écrive vers 1955 que l'ouvrage en question se trouvait effectivement dans le département des livres précieux, et que les érudits d'U.R.S.S. et de l'étranger pouvaient facilement en disposer dans le cabinet de lecture. ‘Monsieur Coomber n'avait qu'à se rendre à la bibliothèque de Moscou et retirer une carte de lecteur qu'il obtiendrait sur présentation de son passeport’.Ga naar voetnoot6
La traduction en anglais a été réimprimée en 1975 à Kyoto d'après la photocopie reçue de Moscou.Ga naar voetnoot7 Cette reproduction montre un manque (coin arraché) à la page contenant le premier chapitre au verso et le deuxième chapitre au recto. Ces pages ne sont pas numérotées. La page initiale ainsi que les lettres capitales ornant le début de chaque chapitre ont permis de retrouver l'imprimeur de ce livre. Il s'agit de Richard Grafton de Shrewsbury. Entré au service de John Blage en 1526, il termina son apprentissage en 1534 et s'installa comme imprimeur, portant principalement son attention à l'impression de Bibles et de livres de prières.Ga naar voetnoot8
D'autre part, déjà au siècle passé, la description faite par Hugo Balg avait permis à l'historien comptable Carl Peter KheilGa naar voetnoot9 de démontrer qu'il s'agissait bien de la traduction du livre d'Ympyn. Reste à découvrir le nom du traducteur.
Jan Ympyn Christoffels
Qui était-il? Question superfétatoire. Tous ceux qui s'intéressent un tant soit peu à l'histoire de la comptabilité savent que c'est un belge, né près d'Anvers, qui voyagea pendant une grande partie de sa jeunesse. Il visita divers pays, notamment l'Espagne, le Portugal et l'Italie. Il s'installa pendant plus de douze ans à Venise, et y apprit non seulement les secrets du commerce, mais encore l'usage de la comptabilité par parties doubles.
Rentré au pays en 1519, il s'installa comme mercier sédentaire et ne tarda pas à acquérir une honnête aisance bourgeoise. Il fut reçu dans la gilde des merciers et devint citoyen d'Anvers. Il se maria aux environs de 1525 et eut trois enfants.Ga naar voetnoot10
Dans l'introduction qui précède son traité de comptabilité, Ympyn mentionne ses sources: Luca Pacioli, Antonio Tagliente, et quelques autres italiens et germains non désignés par leur nom, et dont il parle avec un peu de dédain. Cependant, il ajoute être redevable à Jehan Paulo de Bianchi d'un traité manuscrit qu'Ympyn considéra de valeur plus grande que tous les autres textes imprimés relatifs à la tenue des livres dont il avait connaissance. On a beaucoup cherché pour découvrir qui était ce Paulo di Bianchi (ou Biancy). C'est à notre avis sans grande importance. Au surplus, De RooverGa naar voetnoot11 a mentionné qu'un marchand italien nommé Jehan Pauli à résidé à Anvers en 1540. Plus que vraisembablement, ce Jehan Pauli est la même personne que le Jehan Paulo di Bianchi mentionné par Ympyn.
On a beaucoup ergoté aussi pour savoir qui avait finalement écrit les premiers traités de comptabilité en néerlandais et en français, si c'était Ympyn ou si c'était sa femme. Il est exact que sur la page de titre, il est mentionné: ‘Nouvelle instruction et remonstration de la tres excellente science du livre de compte (...). Translatte a grande diligence d'Itallian en Flameng, & dudict Flameng en Francoys, par la vefve de feu Iehan Ympyn Cristophle’ ce qui semble vouloir dire que c'est la veuve qui a fait les traductions. Cependant, dans la préface, Anne Swinters se présente aux ‘humbles lecteurs’ comme étant la veuve de feu Jehan Ympyn Cristophe, traducteur et compositeur de ce présent traité. Il est bien évident que les livres néerlandais et français ont été écrits par Ympyn et édités après sa mort par les soins de sa veuve. Pourquoi tergiverser la dessus?
Les deux livres sont sortis de presse la même année 1543, mais ils n'ont pas le même format. On connait actuellement trois exemplaires en néerlandais et trois exemplaires en français.
Trois exemplaires de la Nieuwe instructie (ill. 2), imprimé à Anvers par Gillis Coppens van Diest aux dépens de Anna Swinters en 1543 sont conservés:
- Bibliothèque de la Ville d'Anvers (R 3694). |
- Bibliothèque royale Albert Ier à Bruxelles (LP 3426 C). |
Exemplaire abimé et incomplet des feuillets blancs, acheté chez P. Van der Perre à Bruxelles en 1967. |
- Bibliothèque des Chartered Accountants à Londres. Très bel exemplaire. |
Trois exemplaires également de la Nouvelle instruction (ill. 3), imprimée par le même en la même année sont conservés: |
- British Library à Londres (C.31.h.25). L'exemplaire fut acheté le 2 septembre 1889 à William Carew Hazlitt (1834-1913), critique anglais ayant écrit de nombreux ouvrages. |
- University of California Library à Berkeley. |
L'exemplaire fut acheté en 1933 à la vente publique de Karl und Faber. Il provient des Fugger d'après l'emblème sur le plat de la reliure. |
- Bibliothèque royale Albert Ier (LP 5050 A). Bel exemplaire acheté chez Van Gendt à Amsterdam en 1975. |
Le traducteur anglais
Les livres d'Ympyn en néerlandais et en français ayant paru en 1543, une édition anglaise apparut quatre ans plus tard, 1547, sans nom d'auteur, ni d'imprimeur, ni de traducteur.
Les deux premiers étant maintenant connus, il reste à trouver le nom du troisième. Ce traducteur - quel qu'il soit - devait être de nationalité anglaise et nulle autre. Il dit notamment: ‘For the love I bear unto Merchants of England’. Parlant de la Bourse: ‘the place... called the Bourse, which is a place where Merchants certain times of the day resort in like manner as they do in Lombard Street in London. And this court is called in the Italian tongue Rialto, that is in English, the Royalty’. Il a changé les noms propres dans les exemples, mais en choisissant d'autres noms qui, comme par hasard, sont ceux de merciers anglais de l'époque. Ceci semble prouver que le traducteur était lui même mercier, tout comme Ympyn. Il devait bien connaître le français, de façon à pouvoir traduire correctement l'oeuvre originale dans sa langue maternelle. Parfois même, il a été entrainé à reprendre dans sa version des mots d'origine française alors qu'il en existe d'autres en anglais. C'est ainsi que le verbe ‘appartenir’ est traduit par lui ‘to appertain’ plutôt que ‘to belong’. Il devait forcément s'être
procuré, avoir lu et connaître l'oeuvre d'Ympyn. Il devait avoir senti et compris le besoin d'utiliser la comptabilité commerciale et en aimer les applications pour l'aide qu'elle pourrait lui apporter dans ses affaires. Pour cela, encore une fois, on peut être amené à croire que le commerce du traducteur se rapprochait de celui de l'auteur. Deux comptabilités absolument différentes n'auraient pas excité le même intérêt de la part du traducteur.
Il fallait que le traducteur soit suffisamment à l'aise que pour pouvoir faire imprimer son livre. L'édition à toujours coûté cher, et comme le nom de l'imprimeur n'est pas mentionné, il y a beaucoup de chance pour que l'impression se soit faite à compte d'auteur.
Il fallait aussi qu'il ait suffisamment de fair-play pour ne pas s'approprier l'oeuvre d'autrui, et la faire imprimer sous son nom à lui, quitte à changer quelques détails. Cette pratique était courante à l'époque où chacun critiquait son prédécesseur tout en le copiant sans vergogne. Antich RochaGa naar voetnoot12 a traduit sous son nom en catalan en 1564 l'oeuvre que Valentin Mennher de Kempten produisit en 1550, mais sans citer ce dernier. Jacob KaltenbrunnerGa naar voetnoot13 a fait imprimer sous son nom en 1565 le traité écrit originellement par Heinrich Schreiber en 1518. Mais c'est en vain que vous chercheriez dans l'oeuvre de Kaltenbrunner la moindre référence au travail de Schreiber.
Tout ceci ne nous dit pas encore qui était le traducteur, mais nous mène sur la bonne voie. Peut-être le lecteur trouvera-t-il utopique de rechercher qui a bien pu traduire et faire imprimer en Angleterre en 1547 un livre édité à Anvers en 1543. Et cependant la démarche semble pouvoir être entreprise. O. de Smedt donne dans son ouvrage sur la nation anglaise à AnversGa naar voetnoot14 les noms des commerçants anglais connus, séjournant à Anvers pendant la période citée. A.J.E.M. SmeurGa naar voetnoot15 nous donne égale-
ment quelques renseignements en rapport avec notre thèse.
Il y a eu beaucoup de commerçants anglais venus dans les Pays-Bas à cette époque pour apprendre le commerce et qui sont susceptibles d'avoir pu traduire l'oeuvre d'Ympyn. Cependant - après un tri sévère - il semble que peu de candidats puissent répondre à toutes les conditions indiquées plus haut. N'ayant aucune preuve formelle, nous nous garderons bien d'imposer nos idées, mais il nous paraît qu'un homme pourrait bien remplir ces conditions.
Il s'agit de Thomas Gresham. Il était anglais. Il était mercier. Il est venu travailler aux Pays-Bas en 1543. Il était à Bruxelles en 1544-1545 et n'a quitté définitivement les Pays-Bas qu'en 1569. Il était au courant de la comptabilité, tenant lui-même ses livres par parties doubles. Ces registres existent encore et sont entreposés à la Compagnie des Merciers. Il faut dire que les Anglais sont conservateurs. Thomas Gresham connaissait bien le français et pouvait donc traduire dans sa langue sans aucune difficulté. Le ton dont il a écrit la préface est bien en rapport avec ce que l'on connait de l'homme, car ce n'est pas un inconnu. Qui ne connait la loi de Gresham: Lorsque dans un pays circulent deux monnaies dont l'une est considérée par le public comme bonne et l'autre comme mauvaise, la mauvaise monnaie chasse la bonne.
Les Gresham
H. Gordon SelfridgeGa naar voetnoot16 nous donne dans son très beau livre sur le commerce un passage consacré aux Gresham, marchands fameux d'Angleterre au XVIe siècle, dont un membre de la famille, notamment Thomas, se rendit à Anvers où il fut dans la suite agent du roi Henry VIII. D'après le texte de Selfridge, nous pouvons établir un tableau synoptique de la vie de Sir Thomas Gresham (1519-1579):
1519 Naissance à Norfolk |
1525 début d'une éducation sans gâteries |
1535 fréquentation du collège Gonville à Cambridge |
1537 son père est Lord-Maire de Londres |
1543 T.G. est membre de la Cie des merciers et commence sa vie commerciale |
1544 marié à Anne Ferreleys (Veuve W. Read); l'entente entre époux restera imparfaite |
1543-1545 est à Bruxelles; est chargé des fonctions de Fondé de Pouvoir de la Couronne |
1545 est agent financier d'Henry VIII (1491-1547) |
1546 commence son journal et livre de comptes en suivant les directives d'Ympyn |
1547 agent financier d'Edouard VI (1547-1553) |
1549 son père expose un projet de création d'une Bourse |
1551 nommé marchand du roi aux Pays-Bas |
1553 reçoit une donation de terres d'un revenu annuel de 100 £ |
1553 agent aux Pays-Bas de la reine Mary Ière Tudor (1516-1558) |
1558 agent aux Pays-Bas de la reine Elisabeth Ière (1533-1603) |
1560 abandonne la direction de la maison d'Anvers à son fondé de pouvoir Richard Clough; s'occupe de ses bureaux de Lombard Street à Londres |
1562 reprend le projet de son père pour la création d'une Bourse; Richard Clough s'occupe de ses bureaux à Londres |
1566 Recueille 750 souscriptions s'élevant à ± 4000 £ pour l'achat d'un terrain |
1567 pose de la première pierre de la Bourse |
1569 Bataille de Jarnac; T.G. abandonne complètement Anvers, d'où par prudence, il s'enfuit en hâte, suivi bientôt du fidèle Clough |
1569 achèvement de la Bourse pour les marchands de Londres; ce bâtiment sera détruit par le feu en 1666 |
1570 reçoit la reine Elisabeth à Osterley House |
1571 la reine dîne chez T.G., puis se rend à la Bourse qu'elle inaugure et nomme le ‘Royal Exchange’, nom qui lui restera désormais |
1579 mort de T.G. à Londres |
Nous sommes tenté d'ajouter une ligne à cette biographie: |
1547 sortie de presse de la traduction anglaise du livre d'Ympyn.Ga naar voetnoot17 |
Le livre de comptes de Thomas Gresham
Le livre de comptes de Thomas Gresham est resté longtemps dans la famille Goodrich sans qu'on sache comment il y était entré. Il a été acheté en 1952 par la Mercers' Company après le décès de Miss S.A. Goodrich qui vivait à St Johns, Palgrave, dans le Suffolk.
En examinant la première page du livre, on reste songeur. Comparez les pages initiales du journal d'Ympyn en français (ill. 4) avec celle du livre journal de Thomas Gresham (ill. 5). L'un est la copie (traduite) de l'autre, et le journal de Gresham à débuté le 26 avril 1546, c'est à dire avant l'édition de la traduction.
Ceci veut seulement dire que Thomas Gresham a vu l'édition française et l'a traduite pour la première page de son journal personnel, mais un avocat du diable pourrait également avancer que Thomas Gresham peut avoir vu la version anglaise en manuscrit avant de commencer son journal.
La préface du traducteur ‘To the Reder’ ne semble être de la sorte de celles écrites par un maître d'école ou un marchand ordinaire, mais elle a le ton de grand seigneur qui convient parfaitement à ce que l'on connaît de la personnalité de Thomas Gresham.
Encore une fois, ceci ne prouve pas que ce dernier ait été le traducteur. Il avait 28 ans lorsque le livre a été imprimé. On peut se demander si c'est un âge compatible avec la référence aux ‘divers marchands dont les livres ont été trouvés si obscurément et si mal tenus qu'après leur mort, ni femme ni serviteur, ni exécuteur ou autre ne pourraient retracer l'état réel de leurs affaires’.
Personnellement, nous pensons que oui.
Des passages insérés par le traducteur décrivent la place où les marchands se réunissent deux fois par jour à la Lombard Street (chapitres V et XX). Au chapitre XX également, on donne la description des activités des orfèvres sur les marchés d'Angleterre, ceci en connection avec les effets de commerce et les lettres de change. Ceci pourrait être un point en faveur de notre thèse, car la famille Gresham a été intéressée dans la fondation du ‘Royal Exchange’ et Thomas lui même a aidé financièrement à le construire quelques années plus tard près de chez lui, car il habitait à la Lombard Street. Mais on pourrait dire d'autre part que tout ce ui a été imprimé dans le livre par rapport aux financiers anglais devait normalement être connu par tous les commerçants de ce pays.
Conclusion
D'autres personnes que nous ont déjà essayé d'éclaircir le mystère. De Waal - nous l'avons dit - n'était arrivé à aucune conclusion. Kats a prétendu dans un de ses articles que Sir Francis Bryant (ou Briant ou encore Bryan) qui effectua plusieurs missions diplomatiques en France et en Italie, pouvait avoir traduit le livre d'Ympyn, de français en anglais. Les suppositions de Kats sont basées sur le fait que Francis Bryant, chevalier du roi, connaissait parfaitement le français et avait fait imprimer chez Richard Grafton en 1548 un traité A Dispraise of the Life of a Courtier (...), composé en castillan par Antonio de Guevara, puis traduite du castillan en français par ‘Antony Alaygre’ (Antoine Allègre), et enfin du français en anglais par Francis Bryant luimême.Ga naar voetnoot18
Kats ajouteGa naar voetnoot19 que Bryant était non seulement un soldat et un diplomate, mais aussi un poète, un traducteur et le chiffreur du roi pour les messages en code. Mais cela ne veut pas dire qu'il connaissait quoi que ce soit en comptabilité, ni qu'il se soit pas-
sionné pour cette science. Seuls concordent l'époque, le nom de l'imprimeur et les caractères employés qui sont les mêmes que ceux ayant servi pour le livre d'Ympyn en traduction anglaise.
Il nous parait évident, comme l'imprimeur était le même dans les deux cas, qu'il ait employé les caractères en sa possession. Mais nous rejetons l'hypothèse que Francis Bryant puisse être le traducteur.
La question reste posée; nous croyons cependant avoir apporté notre pierre à l'édifice.
Ernest Stevelinck
Historien comptable
5/2 Chaussée de Bruxelles
B-1300 Wavre
- voetnoot1
- E. Stevelinck, La comptabilité à travers les âges: exposition à la Bibliothèque royale Albert Ier, Bruxelles 1970, nos 15, 38, 11 et 14.3. Ce catalogue existe en version néerlandaise sous le titre De comptabiliteit door de eeuwen heen.
- voetnoot2
- P.G.A. de Waal, Van Pacioli tot Stevin: een bijdrage tot de leer van het boekhouden in de Nederlanden, Roermond 1927, p. 94-98.
- voetnoot3
- R. de Roover, ‘Een en ander over Jan Ympyn Christoffels, den schrijver van de eerste Nederlandsche handleiding over het koopmansboekhouden’, dans Tijdschrift voor geschiedenis, 52, 1937, p. 163-179, principalement p. 166.
- voetnoot4
- P.G.A. de Waal, ‘De Engelsche vertaling van Jan Ympyn's Nieuwe Instructie’, dans Economisch-Historisch Jaarboek, 18, 1934, p. 1-58.
- voetnoot5
- Dans Revue belge de la comptabilité et de l'informatique, 16, 1975, 1, p. 36-37.
- voetnoot6
- R.R. Coomber, ‘The English Translation of Ympyn Christoffels's Nouvelle Instruction of 1547’, dans Accounting Research, 6, 1955, p. 281-284.
- voetnoot7
- A notable and very excellente woorke... 1547. [Followed by] Appendix I: A Selection of Material from Ympyn's ‘Nouvelle Instruction’ of 1543 by B.S. Yamey. Appendix II: Ympyn and his works, in Japanese and English by O. Kojima [and] The Authorship and Sources of the ‘Nieuwe Instructie’ by B.S. Yamey. Kyoto, Daigakudo Books, 1975.
- voetnoot8
- E.G. Duff, A Century of the English Book Trade, London 1905, p. 59. Voir aussi A Short-Title Catalogue of Books Printed in England, Scotland, & Ireland, and of English Books Printed Abroad, 1475-1640, 2nd ed., London 1976-1991, t. II, p. 483 no 26093.5 (= STC2).
- voetnoot9
- C.P. Kheil, Ueber einige ältere Bearbeitungen des Buchhaltungs-Tractates von Luca Pacioli: ein Beitrag zur Geschichte des Buchhaltung, Prag 1896.
- voetnoot10
- Voir le catalogue La comptabilité à travers les âges, p. 28.
- voetnoot11
- Voir note ci-dessus.
- voetnoot12
- Voir La comptabilité à travers les âges, no 8.
- voetnoot13
- Ibidem, no 37.
- voetnoot14
- Oskar de Smedt, De Engelse Natie te Antwerpen in de 16de eeuw, 1492-1582, Antwerpen 1954, t. II, p. 486-489.
- voetnoot15
- A.J.E.M. Smeur, De zestiende-eeuwse Nederlandse rekenboeken, 's-Gravenhage 1960.
- voetnoot16
- Harry Gordon Selfridge, The Romance of Commerce, London-New York, 1918. Traduit en français par C. et A. Hirsch sous le titre L'apologie du commerce, Paris 1931, p. 176.
- voetnoot17
- Le beau portrait de Gresham par Anthonis Mor von Dashorst (Antonio Moro), provenant de Sir Robert Walpole, de l'Impératrice Cathérine de Russie et de l'Hermitage, est conservé à présent au Rijksmuseum d'Amsterdam. Il a orné l'affiche et la couverture du catalogue de l'exposition Antwerpen: verhaal van een metropool, 16de-17de eeuw, Hessenhuis (Anvers) 25 juin - 10 octobre 1993, Gand 1993. Voir la notice de K. van der Stighelen p. 236-237, no 86.
- voetnoot18
- Un exemplaire se trouve à la British Library (C.38.c.52). STC2, t. I, p. 543 no 12431.
- voetnoot19
- Dans The Accountant, 20 août 1927.