De Gulden Passer. Jaargang 66-67
(1988-1989)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Auteursrechtelijk beschermd
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Les editions Plantiniennes des tragiques grecs par G. Canterus
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part de rééditions: les deuxièmes éditions augmentées d'un fragment attribué à Aristote, Pepli fragmentum (1571) et du traité De ratione emendandi Graecos auctores syntagma (1571) et la troisième édition augmentée du receuil de Novae Lectiones (1571). Mais on trouve également des productions nouvelles: Canter collabore aux éditions des Epistolae familiares (1568, 1577) et du De officiis (1568) de Cicéron, des Dionysiaca de Nonnos de Panopolis (1569), du traité Ethicae seu de moribus philosophiae brevis et perspicua descriptio (1567, 1568, 1572, 1574, 1575, 1582), ainsi qu'au ‘magnum opus’ de Plantin, la Bible polyglotte (Variarum in Graecis Bibliis lectionum libellus, 1572). Enfin, on doit à sa seule compétence une édition et un commentaire des poèmes de Properce (1569), une édition et une traduction des Eclogae de Stobée (1575), sans compter les éditions d'Euripide (1571), de Sophocle (1579) et d'Eschyle (1580), qui nous retiendront ici.Ga naar voetnoot2 Ces dernières forment, en effet, un ensemble homogène et constituent un échantillon valable de la production de l'humaniste. Différents indices montrent que ces trois ouvrages furent conçus comme les volets d'un triptyque et qu'ils étaient destinés à sortir de presse dans des délais rapprochés. Leur organisation est identique: ils contiennent une lettre-préface rédigée en grec, des prolégomènes latins exposant les buts poursuivis par Canter, le chapitre IV du 5e livre des Novae Lectiones, fixant la chronologie des événements décrits dans les 33 drames conservés, des épigrammes de l'Anthologie Palatine, qui célèbrent chacun des Tragiques.Ga naar voetnoot3 De même, le texte grec est suivi de brèves notes et d'un recueil de sentences empruntées au corpus et à Stobée. Par ailleurs, l'édition d'Euripide était achevée le 18 décembre 1569 et celles de Sophocle et d'Eschyle, le 1er avril 1570, comme en témoignent le privilège et l'imprimatur insérés respectivement dans le volume d'Euripide et dans celui d'Eschyle: Cautum est Regio Privilegio, ne quis alius praeter Christophorum Plantinum librum hunc, cuius titulus est ‘Euripidis Tragoediae, industria Gulielmi Canteri castigatae, et Notis illustratae, etc...’ intra sexennium imprimat, aut alibi impressum in | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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suas ditiones importet, venalemve habeat. Qui secus faxit, poena fisco Regio exolvenda mulctabitur, ut latius in Regio diplomate expressum est. Dato Bruxellae 18. Decemb. 1569. Signat. I. De Witte.Ga naar voetnoot4 Approbatio. Sophoclem et Aeschylum et notas in eosdem per Guilielmum Canterum observatas perlegi, et nihil reprobandum deprehendi. Actum Lovanii 1. Aprilis Anni 1570. Thomas Gozaeus a Bellomonte, Sacrae Theologiae Professor et librorum visitator.Ga naar voetnoot5 Le texte d'Euripide fut cependant le seul à être publié du vivant de Canter. Les deux autres volumes attendirent près de 10 ans pour sortir des presses de Plantin et on ignore à ce jour les raisons de ce retard.Ga naar voetnoot6
L'apport de Canter en ce qui concerne les Tragiques athéniens se situe à deux niveaux, comme l'humaniste s'en explique à maintes reprises dans ses différentes lettres-préfaces et dans ses prolégomènes. D'une part, il a été premier à identifier explicitement les mètres utilisés et à rétablir la structure des passages lyriques, que les éditions antérieures ne permettaient pas de percevoir; d'autre part, il a corrigé de nombreuses fautes du texte grec, que celles-ci aient été léguées par la tradition ou, pire encore, introduites par des éditeurs ignorants ou distraits. Pour mener à bien cette double tâche, le savant louvaniste s'est appuyé essentiellement sur les ressources de son intelligence et sur sa vaste expérience de la langue et de la littérature grecques. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Tout au plus reconnaît-il certaines dettes à l'égard de divers scoliastes, du commentaire que Jean Brodeau consacre à plusieurs tragédies d'Euripide et qui est diffusé en 1562, des listes de variantes relatives aux pièces de Sophocle et d'Euripide qu'Henri Estienne publie en 1568 et de l'enseignement dispensé par Jean Dorat sur Sophocle et sur Eschyle.Ga naar voetnoot7 Mais il devait sans doute bien davantage aux études de ses contemporains et d'aucuns, tel Joseph Scaliger, lui ont reproché à bon droit de s'être servi, sans le dire, de suggestions formulées par autrui.Ga naar voetnoot8 En revanche, il ne semble pas avoir eu accès aux manuscrits et n'en évoque même pas la possibilité. Eschyle, Sophocle et Euripide ne sont d'ailleurs pas nommés dans la lettre-préface de la 2e édition du De ratione emendandi Graecos auctores syntagma, où le jeune | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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érudit dresse une liste des auteurs dont il a collationné l'un ou l'autre manuscrit.Ga naar voetnoot9 Guillaume Canter se montre particulièrement fier de son activité de métricien. Certes, ses prédécesseurs n'ignoraient pas la scansion des vers et Robortello, par exemple, affirmait dans le titre même de son édition d'Eschyle, avoir restitué les mètres de l'auteur.Ga naar voetnoot10 Mais les chants choraux ne faisaient que refléter la disposition colométrique des manuscrits et les scolies métriques dont on disposait jusque-là étaient de valeur inégale. Ainsi, Canter dénonce vigoureusement l'insuffisance des scolies euripidéennes concernant Hécube, Oreste et une partie des Phéniciennes, qui avaient été publiées dès 1534Ga naar voetnoot11: Hoc porro totum quoque nobis fere deberi, non iniuria quis dixerit. Nam quae in duas primas Euripidis tragoedias, et partem tertiae sunt a grammaticis de metris conscripta, nec plena semper sunt, nec vera, remque per se satis obscuram saepe obscuriorem reddunt. Quod idem etiam Sophocli usuvenisse video, multoque magis Aeschylo primo.Ga naar voetnoot12 En revanche, lorsqu'il s'attaque à Sophocle, il est favorablement impressioné par les scolies du philologue byzantin Démétrius Triclinius, que Turnèbe a publiées dans son édition de 1553 et il les utilise largementGa naar voetnoot13: In hoc poeta contra D. Triclinio magnam partem ferimus acceptum, qui non parvo nos hac in re labore (verum enim fatendum est) levavit. Cum enim ea, quae in reliquos duos tragicos a Grammaticis de carminum ratione scripta sunt, partim sint | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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mutila, partim falsa, ideoque saepe plus obsint quam prosint, in hoc quidem tragico solo tum plena, tum fere semper vera carminum est ratio a Triclinio tradita. Nos porro quae fere semper vera fuerant, ut ubique vera essent, ingenii nostri ope (verum enim et heic fatendum est) effecimus, et ubi Triclinium fuisse lapsum deprehendimus, nostris eum observationibus et grammaticorum vetustiorum praeceptis adiuti correximus.Ga naar voetnoot14 Celles-ci contrastent avantageusement, nous dit-il, avec les scolies d'Eschyle publiées par Vettori-Estienne en 1557. Il n'a pas tort: ces dernières - d'origine triclinienne cependant - ont été tirées de manuscrits d'inspiration différente et regroupées dans un amalgame confus, dont les spécialistes dénoncent les contradictions et les absurditésGa naar voetnoot15: Primum igitur carminum rationem omnium in Aeschylo, magisquam in Sophocle aut Euripide perturbatam, sic in integrum restituimus, ut ex difficillima et obscurissima facillimam eam et apertissimam reddiderimus. Id autem eo nobis gravius fuisse credendum est, quod omnia fere nobis nostro Marte fuerunt indaganda, postquam a Grammaticis parum erat subsidii relictum.Ga naar voetnoot16 C'est pourquoi Guillaume Canter décide de remonter par-delà les scolies, aux sources qui ont inspiré celles-ci, à savoir les travaux des métriciens grecs, parmi lesquels Héphestion figure en bonne place. C'est à cet érudit | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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du IIe siècle ap. J.-C. qu'en définitive il demande des principes d'organisation. Les prolégomènes de l'édition d'Euripide explicitent longuement sa démarche. Canter commence par dénombrer et décrire les différentes structures dans lesquelles Héphestion enferme la poésie grecque.Ga naar voetnoot17 Mais la complexité et parfois même l'excessive subtilité des classements du célèbre métricien ne lui paraissent pas s'adapter parfaitement à la matière tragique. Aussi propose-t-il ses propres schémas, beaucoup plus simples, qui procèdent toutefois directement du traité d'Héphestion: Atque haec fere sunt, quae de poematum et carminum generibus Hephaestio tradidit, obscure quidem ab illo praescripta, verum a nobis exemplis illustrata. Iam ut haec ad tragicos et Euripidem nostrum applicemus, multas partes in paucas contrahemus, et quae superflua sunt, nec in usum cadunt, resecabimus.Ga naar voetnoot18 Il distingue dès lors trois catégories de poèmes, celle des vers semblables (versus similes), celle des vers dissemblables (versus dissimiles), celle des vers semblablement dissemblables (versus similiter dissimiles). La première comprend les séries homogènes d'iambes, d'anapestes, de trochées et d'hexamètres. La seconde est constituée par les poèmes dits monostrophiques (μονοστροφικά), qui combinent des mètres différents assemblés sans aucune règle apparente, et par les poèmes alloiostrophiques (ἀνομοιόστροφα), divisés en groupe de côla ou de vers sans qu'il y ait une trace de correspondance strophique. Ces derniers sont désignés par le terme σύστημα quand ils ne comportent que quelques vers. La troisième catégorie regroupe les poèmes antistrophiques (ἀντιστροφικά), dans lesquels strophe et antistrophe se répondent, les poèmes épodiques (ἐπῳδικά), composés de deux strophes semblables et d'une strophe différente et les poèmes appelés περικόμματα, dans lesquels deux séries de strophes dissemblables correspondent exactement entre elles. A l'aide de ces subdivisions, Guillaume Canter prétend recouvrir toutes les structures attestées dans le théâtre tragique: | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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His igitur septem generibus omnia comprehendi posse, quae ad carminum rationem in tragicis explicandam pertinent existimo, neque nos aliis utemur in Euripide toto nominibus, verum singulis versuum speciebus suum praefigemus indicem.Ga naar voetnoot19 Il ne lui reste plus désormais qu'à préciser les préférences manifestées par chacun des dramaturges athéniens. C'est ce qu'il fait dans les prolégomènes des éditions de Sophocle et d'Eschyle. Dans la première, il signale que Sophocle ne recourt jamais aux poèmes alloiostrophiques, qu'il utilise sept fois les περικόμματα, dont il exploite les différentes possibilités, tandis qu'Eschyle a composé un poème alloiostrophique et n'emploie jamais les περικόμματα.Ga naar voetnoot20 Dans la seconde, il avertit son lecteur qu'Eschyle se distingue des autres Tragiques par la façon dont il jongle avec la structure des poèmes antistrophiques.Ga naar voetnoot21 Les résultats de cette étude approfondie de métrique sont incontestablement positifs. Sans doute décèle-t-on des erreurs d'identification pour l'un ou l'autre chant choral: ainsi les poèmes monostrophiques dissimulent régulièrement des poèmes antistrophiques, que Canter n'a pas réussi à décrypter; le chant des vv. 205-224 des Trachiniennes devrait être classé parmi les poèmes monostrophiques, alors qu'il nous est présenté par l'humaniste comme un poème épodique; le célèbre commos des Choéphores (vv. 308-478) apparaît plus compliqué encore que le schéma déjà bien complexe, proposé dans l'édition plantinienne d'Eschyle, et on pourrait multiplier les exemples de ce genre.Ga naar voetnoot22 De même, le découpage en côla se révèle bien différent de l'usage moderne et s'affranchit difficilement de la répartition attestée par les manuscrits. Il serait cependant injuste de reprocher à Canter de n'avoir pas résolu définitivement des problèmes qui, aujourd'hui encore, divisent les philologues. Au contraire, on lui saura gré d'avoir donné à ses lecteurs une idée plus exacte du lyrisme de la tragédie antique. Grâce à ses recherches, ils peuvent enfin réaliser que les chants du choeur ne servent pas uniquement à exprimer les sentiments et les réflexions de gens impuissants à modifier le drame, mais qu'ils constituent des ensembles savamment éla- | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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borés, ‘psalmodiés, parlés, chantés, selon des rythmes qui changent en fonction de la pensée et des sentiments, avec des refrains, des reprises et, au centre, la pensée la plus haute, isolée du reste’.Ga naar voetnoot23
En ce qui concerne l'établissement du texte, Guillaume Canter ne se démarque pas de ses contemporains par une approche originale. Il amende, à l'aide de leçons venues d'ailleurs,Ga naar voetnoot24 ou en recourant à ses propres corrections et conjectures, le texte qui lui est fourni par une édition de base, invariablement celle qui est considérée à son époque comme le ‘textus receptus’. Il s'agit, pour Eschyle, de l'édition de Vettori-Estienne (1557), la première qui contienne le texte complet de l'Agamemnon,Ga naar voetnoot25 pour Euripide, de l'Aldine (1503), fondée sur des manuscrits peu corrects,Ga naar voetnoot26 et de l'Electre éditée scrupuleusement par Pier Vettori (1545); enfin, pour Sophocle, l'humaniste s'appuie sur la célèbre édition de Turnèbe (1553), fondée sur la recension de Triclinius et dont l'influence demeurera prépondérante jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, au grand dam de certains philologues modernes, qui lui reprochent de trop s'écarter du texte transmis (textus traditus).Ga naar voetnoot27 Le travail de Canter se situe sur deux plans: tantôt il intervient directement dans le texte, tantôt il signale dans les notes insérées à la fin de chaque volume, les choix | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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qui lui semblent préférables. Si l'on en croit la lettre adressée à Jean Craton, qui figure dans l'Euripide plantinien, les leçons introduites dans le corpus l'ont été parce qu'elles étaient jugées indiscutables; en revanche, celles qui apparaissent dans les notes laissent planer un certain doute et ne s'imposent pas de façon péremptoire. Les notes comprennent également des renvois à des extraits des Novae Lectiones, dans lesquels Canter a déjà abordé des problèmes de critique textuelle, mais aussi d'autres questions: Et quoniam permultos Euripidis locos iampridem nos in libris Novarum Lectionum castigavimus et enarravimus, ad eos lectorem in his Notis, quoties erit occasio, remittemus, ne quis nos δὶς ταὐτὸν εἰρηκίναι cum Aeschylo dicat. In prioribus porro septem tragoediis, non raro Scholiastes Graecus nobis veram Euripidis lectionem suppeditavit, id quod nunc inter Notas referemus, nunc in contextum, ut apertius, quam de quo dubitari possit, recepimus. Similiter quoque in octo posterioribus tragoediis, quae sunt ab H. Stephano et I. Brodaeo emendata, haec nos partim in his Notis, cum erunt vera, vel saltem verisimilia, suffragio nostro confirmabimus, partim, quae extra omnem erant controversiam, praesertim cum librorum antiquissimorum testimonio niterentur, in contextum itidem retulimus. In reliquis denique tam insignes tot locorum correctiones proferemus, ut, quod initio dixi, nunc repetere iure possim, paucos admodum in tota re literaria scriptores, quibus tantundem remedii sit adhibiturum, repertum iri.Ga naar voetnoot28 Qu'il s'agisse d'interventions dans le corpus ou dans les notes annexes, Canter est guidé par les mêmes principes. Certains de ses choix sont dictés par sa connaissance de la métrique grecque, comme il le proclame lui-même dans ses prolégomènes.Ga naar voetnoot29 C'est ainsi que s'expliquent notamment les modifications que voici: | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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D'autres corrections s'imposent à cause de la paléographie, à laquelle, ne l'oublions pas, Canter a consacré un manuel:
D'autres enfin sont jugées indispensables au sens, à tort ou à raison, car en cette matière, l'humaniste souffre de son ignorance des manuscrits relatifs aux oeuvres qu'il édite. Peut- être subit-il également ici l'influence de ses maîtres Dorat et Turnèbe et d'Henri Estienne, lesquels maniaient volontiers la conjecture pour éclairer un vers jugé obscur, sans se sentir liés par une leçon difficile, même attestée par toute une tradition.Ga naar voetnoot30 On acceptera volontiers de suivre Canter lorsque celui-ci propose dans une note, pour le v. 543 d'Oedipe-roi, οἵσθ᾽ ὡς ποιήσων... la forme ποίησον réclamée par le sens et par la scansion, ou encore, pour le v. 458 d'Oedipe à Colone, σὺν ταῖσι ταῖς σεμναῖσι δημούχοις θεαῖς l'expression ταῖσδε ταῖς au lieu du doublet ταῖσι ταῖς. En revanche, on ne voit pas pourquoi il faudrait transformer, comme il le suggère, λυπεῖν en λιπεῖν dans les vv. 363-364 de l'Electre de Sophocle, ἐμοὶ γὰρ ἔστω τοὐμὲ μὴ λυπεῖν μόνον | βόσκημα et νοσοῦντι en νοσοῦν τι aux vv. 434-435 des Tranchiniennes, τὸ γὰρ | νοσοῦντι ληρεῖν ἀνδρὸς οὐχὶ σώφρονος et on pourrait multiplier les exemples de ce genre... Dans ce domaine donc, comme dans le précédent, l'ap- | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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port de Guillaume Canter est incontestable, mais il ne doit pas être ratifié sans examen. S'il a souvent restauré avec bonheur le texte des Tragiques, il l'a également encombré de corrections inutiles, rendant encore plus aléatoire la recherche du texte original. Toutefois il ne se distinguait pas en cela de la plupart de ses contemporains et il y était d'autant plus contraint qu'il ne disposait pas de manuscrits pour Eschyle, Sophocle et Euripide.
Quelles que soient les lacunes que l'on peut relever dans les éditions de Guillaume Canter, les avantages l'emportent largement sur les inconvénients. Car elles ont révélé au public lettré la composition chorale, dont il n'avait aucune idée auparavant, et présenté dans l'ensemble un texte amélioré ou, en tout cas, plus aisé à comprendre. Les générations d'érudits ne s'y sont pas trompées et leur ont assuré une survie honorable jusqu'au moment où l'étude renouvelée des manuscrits et l'affinement des méthodes philologiques les ont rendues périmées. Ainsi, et cette enquête est loin d'être exhaustive, l'édition de Sophocle est réimprimée par Frans Raphelengius à Leyde en 1593.Ga naar voetnoot31 Le corpus des tragédies sophocléennes sera ensuite reproduit, tel qu'il figurait dans l'édition de 1579, mais sans les notes de Canter, dans le volume imprimé par Jérôme Commelin en 1597Ga naar voetnoot32; il inspirera également l'organisation métrique du texte que Paul Estienne lance sur le marché en 1603.Ga naar voetnoot33 L'édition plantinienne d'Eschyle est utilisée par Tho- | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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mas Stanley dans le ‘magnum opus’ que celui-ci consacre au vieux Tragique en 1663 et les notes de Canter figureront sous le nom de leur auteur dans les éditions de Stanley (1663) et de Jan Cornelis de Pauw (1745).Ga naar voetnoot34 Quant à l'édition d'Euripide, elle influencera directement celles de Commelin (1597) et de Paul Estienne (1602).Ga naar voetnoot35 Enfin, le nom de Canter ne cesse de figurer dans les apparats critiques de nos éditions modernes, où on lui attribue nombre de conjectures heureuses. Christophe Plantin ne s'était donc pas trompé en publiant ses oeuvres, même à titre posthume.
Université Catholique de Louvain (UCL) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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SamenvattingDe Plantijnse edities van de Griekse tragici, bezorgd door Willem Canter, hebben een diepe invloed uitgeoefend op de receptie van deze teksten. Canter was de eerste die de ingewikkelde structuur van de lyrische passages herkende en ontleedde. Hoewel hij zich niet baseerde op (nieuw ontdekte) handschriften en niet altijd de, in latere ogen althans, meest waardevolle oudere editie als legger nam, heeft hij toch vele ingenieuze tekstverbeteringen voorgesteld, waarvan een aantal een plaats kregen in het kritisch apparaat van latere uitgaven. Deze Plantijnse uitgaven werden derhalve tot het einde van de achttiende eeuw, geheel of ten dele, herdrukt. |
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